Luca Fulvio - Le gang des rêves

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Une Italienne de quinze ans débarque avec son fils dans le New York des années vingt…
L’histoire commence, vertigineuse, tumultueuse. Elle s’achève quelques heures plus tard sans qu’on ait pu fermer le livre, la magie Di Fulvio.
Roman de l’enfance volée,
brûle d’une ardeur rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la terreur et la pitié, toujours garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans.
Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma ; ce sera le destin du
, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
Traduit de l’italien par Elsa Damien

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Ruth s’était tournée pour le regarder. En silence.

Son père gardait la tête baissée, enfoncée dans les épaules. Enfin, il avait levé les yeux vers sa fille :

« Essaie de guérir vite, ma chérie, avait-il dit d’une voix redevenue douce. Je ne sais pas pendant combien de temps encore je pourrai te garder ici », et sa tête s’était à nouveau inclinée, presque indépendamment de lui. Il avait tendu la main et avait caressé doucement la jambe de sa fille.

Ruth avait observé cette main. Ses articulations commençaient à être noueuses. Comme celles de son grand-père. Et les premières taches apparaissaient sur le dos de la main. Comme chez son grand-père.

« Je suis désolé… » avait lâché le père, se levant puis se dirigeant vers la voiture.

Ruth avait écouté le bruit des portières que l’on refermait. Celui du moteur que l’on mettait en marche. De la vitesse que l’on enclenchait. Et des roues qui crissaient sur le gravier. Sans lever la tête. Le regard rivé à cette caresse qui réchauffait encore sa jambe.

Et ce fut alors, sans même savoir pourquoi, qu’elle avait saisi l’appareil photo et, à travers le viseur, elle avait regardé l’automobile emporter ses parents. Et elle avait pris une photo.

Sa première photo.

Quand elle fit développer le film, elle découvrit l’auto et le portail en noir et blanc. On apercevait aussi, en noir et blanc, l’écriteau « Newhall Spirit Resort for Women » de la clinique pour maladies nerveuses où elle était internée.

Et elle sentit qu’elle avait conquis un petit espace de paix. M meBailey avait une soixantaine d’années et elle était pensionnaire du Newhall Spirit Resort for Women depuis plus de dix ans. La plupart du temps, elle était assise dans un coin de la salle commune réservée aux patientes considérées « non gênantes ». Les autres, les « gênantes », étaient enfermées dans des cellules capitonnées, et on ne les voyait presque jamais. Les non gênantes, c’étaient les patientes, comme M meBailey et Ruth, qui réagissaient de manière positive aux traitements pharmaceutiques — en réalité, ceux-ci consistaient à administrer des anesthésiques qui devaient faire office de sédatifs. Les gênantes, c’étaient ces patientes hospitalisées pour motifs d’alcoolisme, de drogue et de schizophrénie, dangereuses pour elles-mêmes ou pour les autres. Elles étaient fréquemment soumises à des bains d’eau glacée et enfermées dans des cellules où leurs possibilités de nuisance étaient réduites au minimum. Cela n’empêchait pourtant pas les robustes infirmiers de les maltraiter et de les battre, avec l’aval des médecins. Parce que la violence, associée à un sevrage forcé, c’était en fait la seule thérapie pratiquée. Ce qui différenciait le Newhall Spirit Resort for Women des hôpitaux psychiatriques où l’on oubliait les malades des classes moins aisées, c’était simplement la nourriture, les couvertures, matelas et draps — bref, ce qui se voyait —, et ainsi cette institution devait-elle libérer de tout sentiment de culpabilité les familles qui se débarrassaient de leurs filles, épouses et mères. La différence principale, naturellement, c’était la somme que l’on devait débourser pour ces traitements, autrement dit pour faire semblant de ne pas voir.

Après avoir classé sommairement Ruth comme candidate au suicide et l’avoir isolée lors d’une brève période d’observation, les médecins avaient estimé qu’elle n’était pas gênante et donc ne constituait pas un danger pour autrui, et ils lui avaient attribué une chambre double. L’autre lit était occupé par M meBailey. On avait diagnostiqué chez M meBailey une schizophrénie hésitant entre hébéphrénie et catatonie : aux symptômes de dissociation mentale typiques de l’une s’ajoutaient les troubles de la volonté et du comportement qui caractérisaient l’autre. Au début, Ruth avait eu peur de M meBailey et de son sombre silence.

Dès le premier jour de leur cohabitation, elle avait remarqué que M meBailey ne supportait pas les chaussures. À tout moment, elle ôtait ses souliers. Puis elle croisait le gros orteil par dessus le deuxième doigt de pied. Et là, enfin, le visage de la femme se détendait. Il semblait empreint d’une sérénité distraite.

« Chacun doit trouver son propre équilibre » avait déclaré M meBailey après une semaine de cohabitation muette, sans cesser de fixer un point vague devant elle, et presque comme si elle avait senti le regard de Ruth sur elle.

M meBailey était la première patiente que Ruth avait photographiée avec son Leica.

« Je peux vous prendre en photo ? lui avait-elle demandé ce jour-là.

— Les poules ne demandent pas l’autorisation de faire un œuf, avait répliqué la femme.

— Comment ?

— Et les renards ne demandent pas l’autorisation de les manger.

— Alors je peux vous prendre en photo ?

— Et le paysan ne demande pas au renard l’autorisation de tendre un piège… »

Ruth avait levé son Leica et avait cadré M meBailey de profil.

« C’est pour ça que je suis ici, avait ajouté la femme sans jamais quitter des yeux le point qu’elle fixait. À cause de ce piège… » Et une larme avait roulé le long de sa joue ridée.

Ruth avait appuyé sur le bouton et fait avancer la pellicule.

M meBailey s’était retournée pour la regarder.

Ruth avait pris une autre photo. Et lorsqu’elle avait fait développer la pellicule, elle avait découvert les magnifiques et dramatiques yeux bleus de M meBailey qui la fixaient depuis le papier. Comme ce jour-là. Mais sans l’effrayer. Ruth avait passé beaucoup de temps à examiner ces yeux, et alors elle avait cru saisir qui était M meBailey. Regarder à travers l’objectif établissait une distance à la fois plus grande et plus petite. Cela lui permettait d’enquêter sans que l’on enquête sur elle. Elle avait l’impression de voir sans être vue. Comme si son Leica était une armure, un paravent ou une cache. Comme si la pellicule servait d’intermédiaire à ses émotions, épurées aussi grâce à l’impression en noir et blanc.

Elle les rendait supportables. Acceptables.

Après M meBailey, elle avait photographié la jeune Esther qui, à chaque fois que le Leica la cadrait, portait une main à ses fines lèvres pour se ronger les ongles, inquiète, et demandait aussitôt la photo prise : « Tu peux aussi en prendre une de ma mère ? » bien que, comme Ruth l’avait découvert, sa mère soit morte en la mettant au monde. Et puis il y avait M meLavander, qui était toujours soucieuse du fond de la photographie : elle ne voulait pas que son mari repère la moindre fissure dans le mur derrière elle, parce qu’il travaillait dans la construction et attachait beaucoup d’importance aux murs. Puis ce fut le tour de Charlene Summerset Villebone, qui n’était consciente ni de Ruth ni de personne d’autre. Et de Daisy Thalberg, qui lui demandait de compter jusqu’à trois à haute voix avant d’appuyer sur le bouton : elle ne supportait pas de ne pas savoir quand le cliché serait pris, ainsi retenait-elle son souffle, arrêtant totalement de respirer, gagnée par une agitation croissante, jusqu’à ce qu’elle entende le clic de l’appareil photo.

« Prends-moi aussi en photo ! lui avait demandé quelque temps plus tard un jeune médecin.

— Non ! avait répondu Ruth.

— Pourquoi ?

— Parce que vous, vous souriez. »

Mais le modèle préféré de Ruth était toujours resté M meBailey.

Elle avait pris plus de cinquante clichés d’elle pendant leurs trois semaines de cohabitation. Elle les gardait tous dans le tiroir de sa table de chevet, séparés des photos des autres résidentes du Newhall Spirit Resort for Women. Peut-être parce que M meBailey était sa compagne de chambre. Peut-être parce qu’elle l’aimait plus que les autres. Peut-être parce qu’elle retrouvait quelque chose d’elle-même dans son regard. Peut-être parce que c’était la seule personne à laquelle elle parlait (le soir, quand les infirmiers avaient fermé leur chambre à clef) d’elle-même, de Bill et de Christmas, bien que M meBailey ne réponde jamais et ne donne aucun signe d’écoute. À moins que ce ne soit précisément pour cette dernière raison.

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