Pierre Rey - Le Grec

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Ayant pour cadre le monde, pour décor la mer, pour parfum le pétrole, pour enjeu la domination des océans,
est le plus étourdissant des romans jamais consacrés aux coulisses de la « Jet society ». S’y affrontent en un ballet fiévreux et mortel, les dieux hors série de cette caste secrète et impitoyable : les super-riches. Tissant sa toile autour des continents, affamé, féroce, attendrissant, le plus fascinent d’entre eux : Socrate Satrapulos. Ses ennemis l’ont baptisé S.S. mais pour tout l’univers, il a un autre nom : le Grec.

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Lena Satrapoulos regardait Marc à la dérobée. Voilà dix minutes qu’ils ne s’adressaient plus la parole, chacun feignant d’être absorbé par ses pensées et grignotant distraitement ce qui se trouvait dans son assiette — poussin pané pour elle, steack tartare pour lui. Sous la table, Lena, par habitude, avait déchaussé son pied droit, mais celui de Marc n’était pas venu le rejoindre. Par la trouée de la terrasse grande ouverte, on voyait, au-delà de la Seine, l’hôtel de la Monnaie, haché dans sa perspective lointaine et dorée par le flot continu des voitures glissant en premier plan sur le quai du Louvre. Parfois, le jeu des feux rouges rendait quelques secondes les rives du fleuve silencieuses. On entendait alors le pépiement des oiseaux exotiques, en cage dans la boutique jouxtant le restaurant, répondre à celui des moineaux, invisibles dans les platanes dont les feuilles étaient si drues qu’on avait peine à croire qu’elles pourraient tomber un jour.

Lena cherchait désespérément le moyen de rompre ce rideau d’hostilité qui s’était abattu entre eux, là, presque visible, avec pour frontière, la ligne imaginaire passant par le pot de moutarde, se faufilant jusqu’à la base de la bouteille de Château-Lafite pour venir mourir à l’angle supérieur du briquet de Marc. C’était curieux, comme les mêmes choses, placées dans un contexte différent, pouvaient prendre un sens opposé. Autant le silence de son mari lui permettait de ne plus être présente à ses côtés, autant celui de son amant la rendait pleine de lui. Il faut dire que S.S., sous ses dehors de potentat, était un angoissé chronique, se précipitant dans les phrases, comme s’il y cherchait refuge. Il lui arrivait, de peur qu’on lui coupe la parole, de boire précipitamment tout en faisant de grands gestes de sa main libre pour signifier à son auditeur qu’il n’avait pas encore tout dit.

Lena se souvenait parfaitement du jour où elle avait vu Satrapoulos pour la première fois. C’était près de quatre ans après la mort de son père. Elle était une petite fille de treize ans. Le Grec en avait près de quarante. Elle était entrée dans le bureau de sa mère pour y reprendre un de ses cahiers de classe qu’elle avait voulu examiner. De l’un des immenses fauteuils réservés aux visiteurs, elle avait vu dépasser la pointe d’un cigare et deux chaussures noires, incroyablement brillantes. Puis un petit homme noir, aux bizarres cheveux rouille, s’était dressé, et elle avait aperçu un nez, pas ridicule, non, mais qui sortait vraiment de l’ordinaire. Comme la fillette n’était pas portée sur les quadragénaires au grand nez, elle avait fait une brève révérence, saisi le cahier que lui tendait sa mère et regagné sa chambre où l’attendait sa gouvernante anglaise — en Grèce, elles sont traditionnellement britanniques, car l’anglais est la langue, dans laquelle on compte le mieux. Si on avait dit à Lena qu’un jour, elle épouserait le petit homme… Et pourtant…

La suite, elle en avait reconstitué une partie par les confidences que lui avait faites S.S., une autre en confrontant la version du Grec à celle de sa mère. Elle avait deviné le reste. Au moment où elle sortait de la pièce, Satrapoulos était resté debout, immobile, silencieux, hors du temps. Puis, redescendant sur terre, et gêné de sentir le regard de Médée Mikolofides peser sur lui, il avait demandé avec une brutalité trahissant l’excès de son trouble : « Quel âge a votre fille ? — Treize ans », avait-elle répondu « Pourquoi ? » Le Grec avait balbutié : « Elle est… elle est… je la trouve ravissante. » La mère de Lena, qui était au moins aussi fine que son interlocuteur, s’était empressée de changer de sujet. Le lendemain, Satrapoulos acceptait, ce qui n’était pas dans ses habitudes de jeune loup, de signer un contrat qui lui était défavorable. À l’intention de Médée qui pourtant ne lui demandait rien, il avait précisé : « Vous savez, ne vous imaginez pas que j’ignore où sont mes intérêts. » Médée, que la phrase de Satrapoulos venait de priver de la joie de sa victoire, devint brusquement glaciale. « Expliquez-vous ! » avait-elle exigé d’un ton de commandement. Après tout, elle était l’armateur le plus riche du monde et ne tolérait pas qu’un nouveau venu, aussi doué fût-il, lui parlât avec cette ambiguïté insolente : le solliciteur, c’était l’autre, pas elle. Curieusement, Satrapoulos, sans transition, était devenu humble, sans défense, presque enfantin. Il avait expliqué en bredouillant qu’il avait eu le coup de foudre pour la petite Helena ce qui avait eu le don de choquer Médée. « Vous ne semblez pas vous rendre compte qu’elle a treize ans et que vous… vous…

— Je sais, s’était exclamé le Grec, moi j’en ai trente-huit. Mais dans quatre ans, elle en aura dix-sept, et moi quarante-deux seulement, ce qui n’est pas si terrible comme différence. Je vous demande une seule chose, permettez-moi de l’attendre. » La veuve de Mikolofides se rendait bien compte qu’il était sincère. Très doucement, elle essaya de lui faire comprendre que cette union, dans l’état actuel des choses, était impossible, qu’elle ne dépendait même pas d’elle et qu’Helena, devenue jeune fille, aurait son mot à dire, ses choix à assumer. Mais Satrapoulos resta inébranlable, à tel point que Médée touchée alla même jusqu’à lui dire : « Écoutez, je vais vous parler franchement. J’ai trois filles, et les deux autres sont aussi jolies que Lena. Si vous avez l’idée d’entrer un jour dans la famille, pourquoi ne choisissez-vous pas l’une de ses sœurs ? Pas Melina, non, elle n’a que quinze ans, mais Irène qui en a dix-neuf ? » Le Grec secoua doucement la tête. « Madame Mikolofides, j’attendrai tout le temps qu’il faudra, mais j’attendrai, pour qu’un jour Helena puisse devenir ma femme. »

Il attendit quatre ans. Et ce fut le mariage. Lena était presque d’une beauté surnaturelle, mais elle était la dernière à sembler s’en apercevoir. Un mince visage fin, une peau transparente, des yeux immenses embusqués derrière une lourde frange de cheveux blond cendré, un petit nez fin et rectiligne, elle était l’incarnation de cette perfection esthétique, gravée cinq siècles avant Jésus-Christ par des génies anonymes sur la terre cuite des poteries. Pendant un an, le Grec, conscient d’avoir réussi à s’offrir le plus beau jouet de sa vie, fut le mari le plus fou qu’on puisse rêver, imprévisible, à la fois père et amant.

Puis sa nature reprit le dessus. Entre Lena et lui, il y eut désormais un téléphone, posé devant eux sur la table, pendant le petit déjeuner, au chevet du lit, en vacances. Et les voyages en coup de vent, qui l’emmenaient aux quatre coins du monde, pour deux jours ou une semaine, c’était selon, au gré des affaires, sans cesse plus exigeantes, plus énormes, plus cannibales. Lena, qui avait fini par s’habituer à ces excès de tendresse, se sentit soudain nue, froide, délaissée. Elle n’avait pas eu le temps de faire la transition entre l’affection de son père et la sensualité de Socrate. Elle était passée, sans heurts, sans rupture, des bras de ce père dans le lit de son mari, considérant ce dernier comme un père en second qui lui aurait fait l’amour. Et elle se retrouvait orpheline, malgré une grossesse survenue deux ans après son mariage, alors qu’elle ne voyait déjà plus Socrate qu’entre une étude de marché à Cuba ou la réunion de ses directeurs sur une côte d’Arabie Saoudite. À sa grande stupéfaction, elle avait donné le jour à des jumeaux, Achille et Maria, ce qui lui avait valu la désagréable impression de se sentir non seulement orpheline, mais fille mère. Elle s’était refermée sur elle-même, vaguement intéressée par ces deux petites choses vagissantes, retrouvant machinalement les gestes de son enfance, s’enfermant des heures entières dans sa chambre pour y écouter des disques, aussi isolée par sa fortune, le nom de sa mère et la célébrité croissante de son mari, que si elle s’était trouvée sur une île déserté.

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