Pierre Rey - Le Grec

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Le Grec: краткое содержание, описание и аннотация

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Ayant pour cadre le monde, pour décor la mer, pour parfum le pétrole, pour enjeu la domination des océans,
est le plus étourdissant des romans jamais consacrés aux coulisses de la « Jet society ». S’y affrontent en un ballet fiévreux et mortel, les dieux hors série de cette caste secrète et impitoyable : les super-riches. Tissant sa toile autour des continents, affamé, féroce, attendrissant, le plus fascinent d’entre eux : Socrate Satrapulos. Ses ennemis l’ont baptisé S.S. mais pour tout l’univers, il a un autre nom : le Grec.

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Quand il était gosse, il se trouvait un jour dans la banlieue d’Athènes, sur le terrain d’élection — une décharge à ordures — que les autres garçons avaient choisi comme haut lieu de leurs jeux. Tony proposa un concours, destiné à établir, d’une façon irrévocable, lequel d’entre eux urinerait le plus loin.

« Avec élan ? » avait demandé Socrate. « Sans élan », lui répondit-on. Il y eut de longues palabres pour préciser les règles permettant de contrôler la joute. Socrate, à juste titre, estimait que si Tony avait proposé la compétition, c’est qu’il était assez sûr de ses talents pour pouvoir la remporter. Et Socrate ne supportait pas que qui que ce fût pût remporter, en sa présence, quoi que ce soit. Pendant que la discussion s’envenimait, il réfléchissait intensément au moyen de ne pas être battu. Il le trouva : « Je n’ai pas envie de pisser tout de suite, j’ai déjà pissé il y a dix minutes. » On lui objecta qu’il se dérobait. Il riposta que l’idée du concours ne venait pas de lui, mais bel et bien de Tony. « D’ailleurs, ajouta-t-il, je ne demande qu’à participer. Accordez-moi quelques instants, le temps d’aller boire de l’eau à la maison, et je reviens. » Magnanimes, les autres acquiescèrent.

Socrate se précipita sur la place qui jouxtait le terrain vague, la traversa, s’engouffra dans la chambre de sa tante qui cria, de la cour intérieure où elle était en train d’étendre du linge : « Qu’est-ce que c’est ? » Socrate fourragea dans une boîte à couture, fit tomber des écheveaux de fils, des épingles et un métrage de dentelles, et mit la main sur ce qu’il cherchait. « C’est moi ! » répondit-il. Il entendit seulement « Peux-tu me dire… » et le reste de la phrase se perdit, car il s’était enfermé dans les cabinets, si l’on peut appeler ainsi un trou dans une plaque de ciment. Là, il se livra à une besogne mystérieuse, qui lui arracha des tics d’énervement.

Lorsqu’il revint sur l’aire de la décharge, il apprit qu’il avait été convenu que les concurrents se mettraient le dos contre la palissade, et qu’ils urineraient chacun à leur tour. La longueur du jet serait établie rigoureusement à l’aide d’un jeu de ficelles par tous les autres participants faisant office de commissaires. Socrate se déclara d’accord. Et le tournoi commença. En son absence, les autres avaient fabriqué de petits drapeaux formés de bouts de bois et d’un morceau de papier. Bientôt, les pavillons, plantés dans le sol, se déployèrent autour de flaques. Vint le tour de Socrate.

« Tu la caches ou quoi ? » interrogèrent ses amis, étonnés par un excès de pudeur qui ne leur semblait pas de mise dans un enjeu d’une telle importance. Adossé aux vieilles planches, Socrate ne dit mot, se concentrant, supputant ses chances en dépit de la prodigieuse arabesque du jet de Tony. Il donna l’impression de se gonfler littéralement, sous l’effet de deux actions contraires, rétention et évacuation, l’une et l’autre simultanées et violentes. Il resta quelques secondes encore en équilibre, puis se relâcha : Tony était battu. Plus tard, piégé par sa victoire, Socrate ne savait plus comment se débarrasser de ses copains pour s’isoler une minute et enlever ce tortillon de caoutchouc qui lui enserrait la verge et le blessait. Il n’avait jamais raconté cette histoire à personne. Mais pourquoi, en cet instant, lui revenait-elle en mémoire alors que, si souvent, pour ses triomphes, il avait suppléé par la ruse aux forces qui lui manquaient ?

Dans laquelle de ces cabanes à lapins pouvait-elle bien habiter ? À un homme, qu’il pressentit plutôt qu’il ne le vit, derrière la toile de sac protégeant l’entrée de sa maison, il demanda : « Athina ? » L’homme écarta son rideau, contempla S.S. et indiqua le haut du chemin : « La dernière. » D’un geste vague, Satrapoulos remercia.

Quelques mètres encore et tout, peut-être, allait se dénouer. Ou se compliquer, se durcir, il ne savait pas. Nul ne peut choisir son terrain quand la vie propose ses moments clés. Satrapoulos était sans doute l’un des hommes les plus riches du monde, mais dans la masure, ses milliards ne lui serviraient à rien, ni ses dizaines de milliers d’employés, et pas davantage ses flottes de pétroliers, ses mines d’étain ou ses exploitations aurifères, ni ses banques ni ses hommes de loi, ses hommes d’État ou ses hommes de main. Maintenant, il était devant la porte, petit cep noir dans les éclaboussures du soleil, et il ne pouvait pas se décider à entrer, indécis, malheureux, incertain, privé de ses moyens, dépouillé de sa superbe. Comme dans la maison où il avait demandé son chemin, l’ouverture était masquée par une toile de jute déchirée, s’il y avait quelqu’un à l’intérieur, on devait l’observer. Un bruit lui parvint, celui des brindilles de bois qu’on casse. Il hésita une dernière seconde et articula, d’une voix qu’il ne reconnut pas : « Il y a quelqu’un ? »… Pas de réponse. Toujours le craquement des branches rompues.

D’une voix plus haute et mieux assurée, il répéta : « Il y a quelqu’un ? » La voix d’une vieille femme lui répondit : « Qui est là ? » D’un geste, S.S. écarta le rideau. En un instant, son visage s’était métamorphosé. De soucieux, il était devenu affable, d’angoissé, détendu. « On peut entrer ? » demanda-t-il avec un grand sourire. Ses yeux essayaient de percevoir des détails, alors qu’ils ne captaient que de grandes formes sombres, une cheminée peut-être, et une silhouette devant. Il ôta ses lunettes, ce qui rendit à son visage ses dimensions originales : un nez, mais un nez surprenant, ne semblant pas faire corps avec les autres parties de la figure, comme si le visage tout entier avait choisi de s’ordonner autour de lui — ainsi que, dans les villages, les maisons autour de l’église — les muscles peauciers s’y rattachant, le creux des orbites y prenant naissance, le dôme du front s’y appuyant. Bien entendu, le nez de S.S. était célèbre dans le monde entier. Ses relations y voyaient pour corollaire un phallus hors mesure, ce qui n’était pas, à proprement parler, une contrevérité, mais n’était pas tout à fait exact non plus. Simplement, nul ne pouvait s’empêcher, même et surtout à contrecœur, de faire l’association nez-phallus. À quelques intimes, assez familiers pour pouvoir se permettre de lui poser des questions gênantes, mais qui secrètement le ravissaient, Satrapoulos répondait d’un geste plein de confusion, un geste et des battements de tête qui disaient non, alors que son sourire et son expression entière criaient oui. Pour rétablir dans le bas l’équilibre de ce visage fuyant trop vers le haut, deux sillons très marqués encadraient la bouche, large et charnue, aux lèvres volontiers scellées en affaires, gourmandes, enfantines et gloutonnes en amour.

Il voyait maintenant la vieille ; elle s’était arrêtée de casser du bois. Elle dit :

« Qui êtes-vous ? »

Socrate susurra :

« Vous ne me reconnaissez pas ?

— Qu’est-ce que vous voulez ?

— Voyons…

— Je vous ai déjà tout dit.

— À moi ?

— Vous et les autres, vous venez pour la même chose.

— Pas moi. Je suis Socrate.

— Qui ça ?

— Socrate.

— Socrate ?… Socrate qui ?

— Enfin, maman, tu me reconnais… »

Elle resta interdite, dépassée, ne comprenant pas.

« C’est toi, Socrate ?

— Puisque je te le dis. »

La voix de S.S., malgré lui, s’était adoucie. Et il s’en voulait. Pourtant, cette créature usée, semblant faite de même bois noir qu’elle brisait, c’était sa mère. Il lui semblait inconcevable qu’elle ne l’eût pas reconnu du premier coup, que la voix du sang — quel bobard ! — n’eût point joué en sa faveur. Il est vrai qu’en ce jour d’août 1952, il y avait très exactement trente-trois ans qu’il ne l’avait pas revue. On change… Il revoyait la maison minuscule où il avait été élevé, dans le village de Moutalaski, perdu dans l’ancien pays de Cappadoce, en Turquie. Et une autre, plus tard, du côté de Salonique. Il se rappelait aussi l’appartement au pied du Pirée, derrière Nikéa, au bout de la rue Ikonioy, ses deux sœurs, son frère, sa mère qui les laissait seuls dans la journée pour aller travailler comme tricoteuse dans une boutique de lainages, son père, Alexandre, rêvant d’impossibles combinaisons pour devenir armateur, alors qu’il vivotait en employant quelques plongeurs qui allaient pêcher l’éponge. Et un autre village, en Turquie, alors qu’il était presque un bébé, et où des choses atroces avaient dû se passer, qui le tourmentaient parfois sourdement, sans qu’il puisse bien les préciser. En cette seconde, ne lui revenaient pas seulement des images, mais des odeurs, jalonnant l’espace où s’étaient situés les grands axes de sa vie, celle surtout du salon d’un coiffeur, à une autre époque, dans une autre bourgade, du côté de Smyrne, un mélange de violette, de transpiration, de vapeur d’eau et de crème à raser bon marché, au moment où l’homme vous enveloppait le cou des serviettes que sa femme mettait à bouillir une fois par semaine, le lundi, jour de fermeture.

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