Tonino Benacquista - Quelqu'un d'autre
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- Название:Quelqu'un d'autre
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2003
- Город:Paris
- ISBN:978-2070301027
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Mais on ne devient pas quelqu'un d'autre impunément. On risque, pour le pire et le meilleur, de se trouver soi-même. Un chassé-croisé palpitant qui conjugue humour et suspense. Grand-Prix RTL—
2002
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— Bonjour, Nicolas.
Bardane tendit la main en se forçant à sourire. Gredzinski ne prit pas cette peine.
— Vous tombez mal, je ne peux pas vous recevoir.
À la fois négligé et tiré à quatre épingles, l’ancien directeur de clientèle. Fatigué, le regard rougeaud, les yeux tombants, rien que de très pénible.
— Juste dix minutes, s’il vous plaît, Nicolas.
Les arrogants seront tous un jour serviles. Mais pourquoi justement aujourd’hui, merde !
Depuis le départ de Bardane, Nicolas éprouvait un sentiment proche du remords, mais un remords sporadique, de qualité inférieure, un remords décoratif, une inquiétude de secours qui s’estompait dès la première gorgée d’alcool. Cet homme avait voulu l’humilier à une époque où il n’était pas encore le Gredzinski d’aujourd’hui, il avait peur quand on haussait la voix en sa présence, il avait peur de son ombre, de la vie, de tout ; une proie facile. Aujourd’hui, il avait bien le droit de pousser la rancune à son point ultime.
Il attendait l’ascenseur, Bardane le suivait de près, une précipitation grotesque, comme toute sa gestuelle qui ne s’était pas arrangée depuis le chômage. Nicolas l’ignorait ostensiblement, mais rien n’y fit ; ils se retrouvèrent seuls dans la cabine.
— Je sais que j’ai commis beaucoup d’erreurs avec vous, Nicolas. Je n’aurais pas dû vous infliger cette réunion. Je sais que c’est ce que vous me reprochez le plus, et vous avez raison.
— Je n’ai pas voulu votre poste, on me l’a offert sur un plateau. S’il vous manque tant que ça, reprenez-le, je n’en ai plus besoin, je n’ai même plus besoin de travailler de toute ma vie, je touche par mois dix à vingt fois plus que mon salaire, qu’on a d’ailleurs révisé à la hausse après votre départ. Si j’occupe ce poste, c’est parce que ça m’a amusé jusqu’à aujourd’hui, mais c’est terminé. Ils vont recruter bientôt, mettez-vous sur les rangs.
— Ne plaisantez pas. J’ai perdu le sens de l’humour depuis trop longtemps.
L’a-t-il jamais eu ? se demanda Nicolas en voyant les portes de l’ascenseur s’ouvrir sur l’atrium.
— Je suis venu vous présenter des excuses. Je suis responsable de tout ce qui s’est passé.
— Je suis pressé, ça ne se voit pas ?
— Personne ne veut me reprendre, vu mon âge. J’ai pensé que je pouvais retrouver du boulot dans l’heure et…
Ils arrivèrent sur le parvis. Plus Nicolas accélérait le pas, plus la situation devenait ridicule.
— Broaters ne voit que par vous, il vous suffirait d’un seul mot pour que je retrouve un poste, n’importe lequel, je veux bien être dégradé.
— Vous êtes dégradé.
— Prenez-moi dans le service, je connais la boutique par cœur, je peux être un atout.
Nicolas courait presque sur la passerelle, il allait être en retard, Loraine n’attendrait pas. Il l’aimait, il devait le lui dire séance tenante et la convaincre qu’il pouvait tout entendre. Bardane ne le lâchait plus et risquait de tout fiche par terre.
— Quand les trompettes du Jugement dernier sonneront, dit Nicolas, et que je me présenterai devant l’Éternel, j’avouerai toutes mes fautes : « J’ai volé un Télécran à un gosse plus petit que moi, j’avais six ans. J’ai dit à tout le monde dans ma classe de cinquième que Clarisse Vallée était amoureuse de moi, et tout le monde s’est foutu d’elle. J’ai mis un coup de pied d’une rare violence à un chat qui m’avait réveillé à force de miauler après sa nourriture. » Et quand l’Éternel me demandera, pour me racheter, ce que j’ai fait de bien pour l’humanité, je répondrai : « J’ai cassé Bardane. »
Nicolas s’engouffra dans le métro, arriva devant les composteurs, jeta un œil par-dessus son épaule.
Personne.
Il la chercha dans le café, c’était la mauvaise heure, celle des déjeuners pressés, des clients à l’affût d’un recoin, des serveurs survoltés et bien trop occupés pour s’occuper de lui. Il se fraya un chemin dans le trafic et s’installa, debout, à une extrémité du comptoir envahie par les verres et les tasses de café vides. Pourquoi ne lui avait-elle pas donné rendez-vous dans un endroit qu’ils connaissaient, un bar perdu, un jardin public ? Comment jouer leur heure de vérité dans la bousculade d’un bistrot ? Elle entra, le rejoignit, déposa un baiser furtif sur ses lèvres.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Tu ne veux pas aller ailleurs ? Il doit bien y avoir un endroit calme pas loin.
— Nicolas, je n’ai que dix minutes. Si je suis venue, c’est que j’ai senti une urgence, et une urgence ça ne prend pas des heures, sinon ça n’est plus une urgence.
— Il faut qu’on parle de nous.
— Et merde ! J’ai fait exprès de te donner rendez-vous ici parce que je le sentais venir.
— Tu ne crois pas que j’ai assez attendu ?
— …?
— Je t’aime, nom de Dieu !
— Moi aussi, c’est bien pour ça que je te propose d’oublier ce rendez-vous débile et de nous retrouver vers 21 heures, chez Lynn, comme prévu. Moi, je peux faire ça, mais toi ?
Pour ne pas aggraver son cas, il fut contraint de répondre oui. Après tout ce qu’ils avaient vécu, elle trouvait encore le moyen de le remettre à sa place, comme le premier soir de leur rencontre.
— Alors à ce soir. Embrasse-moi, crétin.
Il la détestait, il l’aimait. Ils s’embrassèrent. L’ Autre avait raison : il fallait être fou pour mettre leur histoire en péril. Elle sortit du bistrot, il la regarda s’éloigner, elle lui fit un signe de la main et descendit la rue Montorgueil.
Il fallait être fou.
Complètement fou.
Pourquoi avait-elle choisi ce café ?
Après tout, ça n’avait aucune importance.
Pourquoi à 13 h 15 ?
Nicolas se demanda où était passée sa belle détermination. Le barman voulut le servir, il commanda une double vodka et la but cul sec à s’en faire monter les larmes aux yeux. Ce café avait-il une importance dans la vie de Loraine ? Dans sa vie professionnelle ? Ou dans sa vie privée, celle dont il se sentait exclu ? Il ressortit dans la rue sur le coup d’une impulsion, s’engagea dans la direction qu’il lui avait vue prendre, s’arrêta à l’angle de la rue Étienne-Marcel. Au loin, il la vit se diriger vers les Halles.
À lui de choisir, et vite.
Obtempérer aux sermons de l’ Autre , rentrer sagement au bureau, se noyer dans le travail plutôt que dans la vodka, retrouver Loraine ce soir et passer la nuit à ses côtés ? Ou jouer les détectives de fortune sans savoir où tout ça le mènerait ?
Il n’eut pas à la suivre longtemps.
Loraine entra dans un magasin dont la façade était bleu et blanc.
À travers la vitrine, entre deux affiches qui proposaient des dos de cabillaud surgelés pour 64 francs le sac de 550 grammes, et des aiguillettes de poulet Nouvelle-Orléans pour 22,80 francs, Nicolas discerna, près de la caisse, une femme qui boutonnait sa blouse blanche.
Loraine, elle, arrêta net son geste quand elle reconnut le visage de Nicolas.
Un sourire qu’il aurait préféré ne pas voir vint se dessiner sur ses lèvres. Elle fit signe à une collègue de prendre sa place derrière la caisse, sortit le rejoindre, se planta devant lui et croisa les bras.
— Je m’appelle Loraine Rigal, j’habite un studio au 146 rue de Flandre, je suis célibataire, sans enfants. Je suis née dans un petit village près de Coulommiers, mon père et ma mère s’occupaient de la ferme. Ils n’étaient pas très riches, mais j’ai pu aller jusqu’au baccalauréat, qui ne m’a pas servi à grand-chose quand je me suis installée à Paris, à dix-neuf ans. J’avais une petite chambre de bonne, rue Madame, avec un réchaud à gaz et une casserole beige au bord de mon lit ; la vue était belle, c’était mon idée de la bohème. Je suis allée de petits boulots en petits studios durant quelques années jusqu’à trouver une place ici, où j’assure le réassort des rayons, je tiens la caisse, et, vu mon ancienneté, je fais tourner la boutique sans qu’on soit sur mon dos. Comme tout le monde, j’ai imaginé que je pouvais vivre un grand amour. Un serveur de restaurant m’avait rangée dans la catégorie « week-end ». Il y avait la fille pour la nuit, la fille pour un mois, et la femme de sa vie. Rien que pour moi, il avait créé une mention spéciale « week-end ». Ensuite, il y a eu Frédéric. Je l’avais rencontré dans une librairie, il était ingénieur du son pour le cinéma, je le trouvais beau, j’avais l’air de lui plaire. Dès le premier café, il m’a demandé ce que je faisais dans la vie. Quand je lui ai répondu que j’étais employée dans une boutique de surgelés, j’ai senti comme une précipitation, et sans savoir qu’il y avait un lien de cause à effet, nous sommes devenus amants très vite. J’étais folle de lui. Le genre d’histoire où l’on se dit que cette fois c’est pour de bon . Un jour, il m’a invitée dans une énorme fête de cinéma. C’était la première fois que je voyais des célébrités d’aussi près. Ce soir-là j’ai observé un phénomène étrange : dès qu’un type m’abordait, il lui fallait moins d’une minute, montre en main, pour me demander qui j’étais et ce que je faisais dans la vie. Quand je répondais, comme une brave fille, que je travaillais dans une boutique de surgelés, il lui fallait moins d’une minute, montre en main, pour trouver quelqu’un d’autre à qui poser la même question. Mais que dire d’autre que caissière dans un magasin de surgelés quand on est caissière dans un magasin de surgelés ? On dit quoi ? Je travaille pour une grande chaîne de distribution dans la troisième gamme alimentaire ? Je suis technicienne en chaîne du froid ? À force de voir des amis lui demander ce qu’il faisait avec moi, Frédéric a fini par se poser la même question. Il m’a fallu près d’une année pour m’en remettre. Ensuite, il y a eu Éric. Comme tous les hommes mariés, il n’aimait pas qu’on nous voie dans les endroits publics. Nos rendez-vous avaient lieu chez moi, et jamais après 2 heures du matin. Il a fini par quitter sa femme pour épouser une directrice de collection dans une maison d’édition. Et je ne parle pas de Fabien, qui, lui, savait ce que je faisais puisque nous nous sommes rencontrés pendant qu’il faisait ses courses à la boutique. À la première dispute, il n’a pas pu s’empêcher de me lancer au visage : « C’est pas une vendeuse de surgelés qui va me dire ce que je dois faire ! » Je ne considère pas comme une honte de faire ce que je fais, mais depuis quelques années, j’ai une autre ambition dans la vie. Je veux vivre un vieux rêve : m’occuper de vin. J’ai fait connaissance avec le vin, toute seule, à Paris. J’allais dans des bars à vins pour le plaisir de la découverte. Pour en savoir plus sur le domaine, j’ai lu des guides, des magazines. Il est impossible de se former un palais seul, je me suis mise à courir les associations de cavistes, les rencontres autour du vin, les dégustations. Dans les endroits plus huppés, je parvenais à me faire embaucher pour le service, on me laissait goûter aux grands crus. J’écoutais les pros, je prenais des notes. Puis je me suis inscrite à un cours de dégustation, ça m’a aidée à différencier les arômes, à les classer. Tout ça devenait de plus en plus sérieux, j’ai mis de côté de quoi m’offrir un premier stage, avec excursion dans les vignobles. C’est là que tout s’est déclenché. On m’a accordé un congé sans solde, j’ai suivi une formation pour obtenir le diplôme de la Fédération nationale des Cavistes indépendants. J’y ai appris à gérer les stocks, à acheter et garder les vins, à prospecter. J’ai peut-être trouvé quelqu’un qui veut s’associer et tenter l’expérience avec moi. Mon projet serait d’ouvrir une petite boutique pour des gens modestes, avec des vins à 20 ou 30 francs la bouteille, parfois 50. Pour ça, il faut sillonner la France à la recherche de petits vignobles qui travaillent encore dans le respect du vin, il faut prospecter dans les régions moins cotées que d’autres, le Lubéron, les Corbières, le Cahors, l’Anjou, le Saumur, le Bergerac, etc. Il y a encore des viticulteurs qui savent ne pas trop produire, attendre la maturité des raisins, ils prennent de vrais risques pour essayer de rivaliser avec la piquette des coopératives, celle qu’on trouve à Paris, dans les grandes surfaces, avec des étiquettes de domaines qui n’existent pas. C’est pour ceux qui ne connaîtront jamais le talbot 82 que je veux ouvrir cette boutique, donner à tous l’occasion de boire du bon vin, parce que tout le monde y a droit.
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