Jean-Marie Le Clézio - Histoire du pied et autres fantaisies

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Histoire du pied et autres fantaisies: краткое содержание, описание и аннотация

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« Jusqu'où irons-nous ? Jusqu'à quand serons-nous vivants ? Quelles raisons donnerons-nous à notre histoire ? Parce qu'il faudra bien un jour trouver une raison, donner une raison, nous ne pourrons pas accréditer notre innocence. Où que nous soyons, quelle que soit notre destination finale (si une telle chose existe), il nous faudra rendre compte, rendre des comptes.
J'ai été, j'ai fait, j'ai possédé. Et un jour je ne serai plus rien. Pareil à ce wagon lancé à une vitesse inimaginable, incalculable, sans doute voisine de l'absolu, entre deux mondes, entre deux états. Et pas question qu'aucun d'entre nous retourne jamais à ses états, je veux dire à son passé, à ce qu'il, à ce qu'elle a aimé. Pour cela les visages sont figés, immobiles, parfois terreux, on dirait des masques de carton bouilli ou de vieux cuir, avec deux fentes par où bouge le regard, une étoile de vie accrochée au noir des prunelles. »

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Comme ce n’est pas facile de ne pas répondre au téléphone, Ujine a changé son numéro. Plus trop rien à attendre maintenant. Mais ça n’est pas suffisant. Elle veut comprendre ce qui s’est passé, comment elle s’est laissé prendre au piège. Elle essaie de remonter le cours de l’histoire. Ainsi elle pourra effacer les blessures, brouiller les traces. Les voir d’abord, avec netteté, les effacer ensuite. Toutes ces mises à l’épreuve, ces bassesses. Tout ce qu’elle a cru être un jeu, avant de comprendre qu’elle était jouée. Est-ce que l’amour suffit à cacher les offenses ? Ou bien ce n’est pas de l’amour, mais de l’amour-propre. Elle repère ses souvenirs, elle voudrait les écrire dans un livre de comptes, elle appellerait ça Assets and Liabilities .

Voyons, par exemple. Un rendez-vous, elle a attendu sous la pluie froide, devant le métro, parce que Samuel avait envoyé un message : Sortie 2, 15 heures .

Elle revient à cet endroit, pour vérifier, pour comprendre. Il y a toujours autant de monde, c’est la station près de la Bourse, avec une foule affairée qui se bouscule. Devant le métro les marchands à la sauvette, les bandes d’étudiantes qui ressemblent à des sauterelles. Le mendiant qui fait la manche, et toujours cet homme sans âge, ses cheveux teints en noir, sa figure blême, il reste debout contre le mur, il regarde passer les filles, elles lui ont donné un sobriquet, elles l’appellent Beethoven. Il a cette expression figée, la légende raconte qu’il a perdu sa fiancée autrefois, et qu’il continue à l’attendre à cette même station, tous les jours. Ujine est revenue à la sortie n o 2, maintenant elle ressent une sorte de rage à penser qu’elle a ressemblé à Beethoven, elle aussi, à attendre debout, les cheveux mouillés, à guetter l’arrivée du fiancé qui ne vient pas. Parce que Samuel n’est pas venu au rendez-vous. Mais s’il avait été là ? De l’autre côté de la rue, caché par un pilier, ou bien du côté de la sortie n o 1, ou encore en bas des escaliers, près des guichets automatiques ? Son cœur bat fort dans son cou, elle sent la colère qui l’envahit. De chacun de ces points, on voit parfaitement la sortie n o 2.

Voyons autre chose. Ce coup de téléphone, un matin, alors qu’elle sort du cours avec Micha et d’autres filles, elles doivent faire le point sur la préparation de l’exposé sur King Lear . Elle a quand même répondu à l’appel, elle a dit : « Ne quitte pas, je te prends tout de suite. » Aux filles elle a dit : « Commandez les sashimis, du thé vert, je reviens tout de suite. » Elle sort de la cafète, c’est trop bruyant, elle déborde d’une onde bienfaisante en approchant ses lèvres du téléphone, elle l’entend, sa voix cassante, méchante : « Je t’ai déjà dit, je déteste que tu parles à quelqu’un d’autre quand je te téléphone. Je te laisse à tes occupations. » Puis le silence, elle a beau essayer de rappeler, il n’y a personne au bout du fil. Ce n’est pas un silence qu’on peut rompre. C’est l’éternel (ou presque) silence mécanique d’une communication interrompue. Est-ce à moi qu’il a fait ça ? Et tout de suite elle donne la réponse à haute voix : « Eh bien oui, c’est à toi, tu l’as mérité, tu as accepté ! » Ne plus rien accepter désormais, plus rien de ce type, plus rien de n’importe quel autre type.

Voyons encore. Lui reviennent les manquements d’égards, les prétendues leçons de la vie. C’est bien ça qu’il appelait le Jeu. Elle a cm que c’était un jeu qu’il avait inventé pour elle, ce garçon si grand, si sûr de lui, elle était alors sa jeune fille sans expérience, sans famille, sans profession, qu’il prendrait sous tutelle et à qui il enseignerait les lois de l’existence. Une danse dans laquelle lui était le guide, elle le modèle. La seule danse qu’il aimait, le tango, et elle l’avait suivi dans cette boîte bizarre, au sous-sol d’un immeuble, où des hommes d’un certain âge virevoltaient avec des toutes jeunes femmes. Il lui avait dit qu’il fallait qu’elle s’abandonne, qu’elle se laisse porter. Maintenant elle comprend cette danse, pourquoi il aime tant cela. Une danse guindée, dramatique, et la musique du bandonéon qui grinçait dans les haut-parleurs. Elle n’y était allée qu’une seule fois. Est-ce qu’il y allait toujours ? Mais la colère lui a fait tout oublier, les pas, la musique, et même l’endroit où cela se cachait. Peut-être qu’il n’y est allé qu’une seule fois, pour lui montrer, ce jeu dont il édictait les règles, et la première règle était qu’il n’aurait jamais à les justifier.

Changer le lieu du rendez-vous à sa guise, téléphoner, envoyer un Texto concis, à sa manière : « RDV HÔTEL HILTON 13 h 30 ». Et Ujine courait, toutes affaires cessantes, bus, métro et, quand le temps manquait, taxi. Arrivait haletante, le cœur battant, les mains moites. Plusieurs fois Samuel était déjà là, l’air de s’ennuyer, les mains dans les poches, discutant avec les hôtesses d’accueil, il ne l’avait même pas reconnue de loin — ah, c’est vrai, ce garçon est très myope, mais pourquoi ne met-il pas ses lunettes ? Plusieurs fois aussi, il n’était pas là. Le hall de l’hôtel, immense, encombré de gens et vide. À la réception, personne ne le connaît. Les hôtesses — mais ce ne sont sûrement pas les mêmes — la regardent, la toisent, peut-être même qu’elles ricanent tout bas. Que faire ? C’est vrai, le Jeu interdit qu’on demande, qu’on pose des questions. Juste cette règle, que Samuel a énoncée une fois pour toutes : « Je n’attends jamais. Trois minutes après l’heure du rendez-vous, je m’en vais. » Pourquoi trois minutes ? Pour le cas où on n’aurait pas l’heure de l’horloge atomique ?

Mais qu’est-ce qui manque si fort à Ujine ? Est-ce le rendez-vous, ou bien ce bref instant de bonheur quand ils se retrouvent, lorsque Samuel semble avoir tout oublié, lorsque leurs corps se glissent l’un sur l’autre, et qu’ils ne font plus qu’un, comme dans ces jeux d’enfant où l’on rapproche son visage de l’autre pour regarder les yeux se fondre et ne faire plus qu’un ? Lorsqu’ils s’endorment côte à côte, emportés par leurs rêves, mais sur le même radeau, jusqu’à l’aube, jusqu’à la plage du réveil, et qu’elle peut regarder son corps, sentir le grain doux de sa peau en haut des cuisses, la chaleur de son épaule à l’attache du cou.

Pour effacer tout — à moins que ce ne soit pour se souvenir de tout, jusqu’à la douleur, jusqu’au nerf —, Ujine refait en sens inverse les chemins qu’elle a parcourus. Les halls des hôtels, des cinémas, les bars, l’église, les marches de la bibliothèque centrale, l’entrée du magasin Daimaru. Tous ces lieux que ses pas ont martelés, ces monuments que l’expectation avait rendus magiques, glorieux, magnifiques, brillants de néons, décorés de marbre ou d’acier, ou bien angoissants, sinistres, solitaires, arches de pont, quais de gare, bouches de métro, terrains vagues.

Que reste-t-il ? Rien, pas même l’amertume. Cette amertume que recherche Samuel, qu’il donne en exemple. Les deux pôles de l’existence selon Samuel : l’ennui, l’amertume. Elle s’en souvient, au début, elle avait répondu : « C’est curieux, moi je ne m’ennuie jamais. » Samuel avait haussé les épaules. « Je ne suis pas en train de te parler d’ennui comme tu dirais je me fais chier. » Il avait montré le café, les miroirs tachés sur les murs, les gens attablés, sa tasse pleine de liquide noir. C’était un café souterrain, installé sous les escaliers du métro, un nom bizarre, inventé, La Crêpe Michèle. « Non, je te parle de ça, tu comprends. Tout ça. » Elle avait commencé à comprendre que c’était une angoisse, une insatisfaction, elle avait senti ce qui était incomplet et qui lui serrait le cœur, comme si jusqu’alors elle n’avait jamais voulu le voir. Plus tard, dans son errance, dans sa folie, les mots de Samuel étaient revenus : « Tout ça. » L’amertume, le vide. Le goût de l’expresso. Les gens qui attendent, le vertige. Ce qui ne s’accomplira pas, ne s’accomplira jamais. Tout ça. Les leçons de vie.

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