Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas

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Tempête. Deux novellas: краткое содержание, описание и аннотация

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En anglais, on appelle « novella » une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines.
J. M. G. Le Clézio

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June m’attend. Elle veut me poser des questions. Parfois j’ai envie d’être violent avec elle. J’ai envie de lui dire, avec des mots méchants, des mots qui font mal : « Je vais vous expliquer, petite fille. J’ai été en prison pour complicité de viol sur une fille qui avait à peu près votre âge. Des types l’ont tenue au sol et ils l’ont violée l’un après l’autre, et moi je suis resté à regarder sans rien faire. C’était la guerre, tout était permis. J’ai fait de la prison, regardez, j’ai mon numéro de détenu tatoué sur mon bras gauche, c’est pour ça que je ne porte que des chemises à manches et des vestons. » Je sais que je le lui dirai. Je hais ses petites mines sucrées, son babillage d’enfant. Je le lui dirai pour qu’elle ait peur de moi, pour qu’elle comprenne que je peux récidiver, la renverser dans les rochers et faire d’elle ce que je voudrai, et mettre ma main sur sa bouche pour l’empêcher de crier, et la tenir contre la terre par ses cheveux, mes doigts accrochés à sa tignasse, et respirer sa peur dans sa bouche ! Quand je la retrouve sur la côte, j’ai encore la fureur de la nuit en moi, cette onde aveugle qui vient de la mer et marmonne et ressasse toute la nuit, mêlée au vent froid et à la brume, cette nappe opaque qui recouvre le ciel et éteint la lune et les étoiles ! June est assise dans les rochers, vêtue de sa robe longue, ses cheveux défaits sur les épaules, elle tourne son visage quand j’arrive, le soleil éclaire sa peau et fait briller ses yeux. Et moi je viens vers elle avec la noirceur de la nuit, des haillons de rêves et de cauchemars sur les épaules, mon visage gris, mes cheveux gris, comme si je sortais d’un lit de cendres.

« Ben, vous n’avez pas bien dormi ? » Elle a ce ton enjoué que je déteste. « Pourquoi les vieux n’arrivent pas à dormir ? » Elle a trouvé la réponse : « Parce qu’ils dorment le jour, ils aiment trop faire la sieste, c’est pour ça qu’ils ne peuvent pas dormir la nuit. » Elle a raison. Ce n’est pas aujourd’hui que je lui raconterai mes crimes.

J’ai rêvé que Monsieur Kyo était mon père. Ce n’est pas à cause de la couleur de sa peau et de ses cheveux frisés que j’ai fait ce rêve. C’est parce que je crois bien qu’il se soucie de moi comme l’aurait fait mon vrai papa. Depuis quelque temps, Jo est devenu très agressif. Quand je sors de l’école, il m’attend au coin de la rue et il s’amuse à me tourmenter. Quand ce sont seulement des gros mots et des insultes, je le laisse dire et je continue ma route. Mais à présent il m’attrape et il fait semblant de m’étrangler avec une clef au cou, et puis il accroche ses doigts dans mes cheveux et il m’oblige à baisser la tête jusqu’à ce que je tombe à genoux. J’ai des larmes dans les yeux, mais je résiste. Je ne veux pas lui donner ce plaisir. Je ne sais plus quand, j’en ai parlé à Monsieur Kyo. Il a écouté sans rien dire, j’ai pensé qu’il s’en fichait, de ces histoires de sales gosses. Et un jour, je sortais de l’école, vers trois heures, Jo était là, il m’a prise par les cheveux comme d’habitude. Alors Monsieur Kyo est arrivé, il marchait vite, il a traversé la rue et il est venu jusqu’à Jo, il l’a attrapé par les cheveux à son tour et il l’a obligé à se mettre à genoux devant moi. Il a maintenu Jo un bon moment, et le garçon se débattait, cherchait à s’en aller, mais Monsieur Kyo tenait bon. Il n’est pas très grand, comme je l’ai déjà dit, mais il a beaucoup de force dans les bras et les mains. Je m’étais écartée, je regardais cette scène, et j’étais fière parce que quelqu’un avait pris ma défense. Monsieur Kyo avait une expression étrange sur son visage, une expression que je n’avais jamais vue avant, de la colère, de la violence, ses yeux brillaient dans son visage sombre, deux rayons de lumière verte, non pas froide, mais à cet instant brûlante, aiguë. Et j’ai entendu sa voix qui disait : « Vous ne recommencerez jamais, vous entendez ? Vous ne recommencerez jamais ! » Il parlait en anglais, Jo ne pouvait pas le comprendre, mais sa voix grondait, j’avais l’impression qu’elle roulait en tonnerre, et le garçon tremblait de l’entendre. Mais moi je n’avais pas peur. Monsieur Kyo était si fort, si beau, j’avais l’impression qu’il était venu d’un autre monde, ou du fond du ciel, pour me trouver sur mon île et m’enlever à mon malheur. Comme si je l’avais toujours attendu, depuis mon enfance, et qu’il avait entendu mes prières. Non pas un ange, ni un esprit bienfaisant, mais plutôt un guerrier, un combattant sans armure, un chevalier sans cheval. Je le regardais, et soudain il a lâché le garçon qui s’est enfui en courant. Et lui, Monsieur Kyo, ne s’est pas retourné pour le regarder partir. Il est resté un instant, son visage encore noirci par la colère, ses yeux verts pareils à des morceaux de miroir, et je ne pouvais pas détacher mon regard. Puis il est reparti à grandes enjambées, et j’ai compris que je ne devais pas le suivre.

C’est cela qui s’est passé. Je ne l’ai raconté à personne, surtout pas à ma mère. Mais j’ai compris qu’à compter de ce jour j’avais un ami. Et même plus que cela, j’ai rêvé qu’il était mon père, qu’il était venu dans l’île pour me trouver, pour un jour m’emmener avec lui très loin, dans son pays, en Amérique.

Un peu plus tard, quand j’ai revu Monsieur Kyo, je lui ai dit : « Est-ce que vous viendrez un jour à la maison pour rencontrer ma mère ? » J’ai dit : « Ma mère, elle parle bien l’anglais. » J’ai ajouté tout de suite, pour qu’il ne croie pas que c’était par politesse : « C’est seulement si vous voulez, bien sûr il n’y a aucune obligation. » Il n’a dit ni oui ni non, il n’a pas répondu à la question, et j’avais un peu honte de la lui avoir posée. Alors je me suis dépêchée de lui parler d’autre chose, de la pêche, des coquillages que ma mère vend aux restaurants, comme si j’avais voulu qu’il devienne son client et qu’il lui achète des ormeaux.

N’empêche que, après ce qui s’est passé à la sortie de l’école, Jo ne m’a plus jamais embêtée. Il grommelle toujours ses gros mots quand je passe devant lui, il me traite de guenon, mais il se méfie. Je vois ses petits yeux chafouins qui regardent à gauche et à droite, il guette si Monsieur Kyo n’est pas dans les parages, caché derrière un pylône, ou dans l’ombre d’une porte. Ou dans la boutique de la pharmacienne, qui est juste au carrefour.

Cela aussi, j’ai oublié de le dire, c’est un fait nouveau dans la vie de Monsieur Kyo. Un jour que nous avions escaladé des rochers, dans les bourrasques, par une mer tempétueuse, j’ai glissé et je me suis écorché le genou contre une pierre pointue. J’avais mal, et puis ça saignait beaucoup. Monsieur Kyo a fabriqué un bandage avec un morceau de sa chemise qu’il a découpée avec son petit couteau de pêcheur. Il a regardé le tissu qui s’imbibait de sang : « Vous feriez mieux d’aller à la pharmacie pour qu’on vous désinfecte et qu’on vous mette un bon pansement. » Il n’y avait pas à discuter. Je ne pouvais pas sauter dans les rochers, alors il m’a portée jusqu’à la route, et malgré la douleur à mon genou j’ai été contente d’être soulevée dans ses bras, il est très fort et je sentais sa poitrine contre moi. Puis nous avons marché vers le village, et je m’appuyais sur lui, je faisais exprès de boiter pour rester bien serrée contre son bras en marchant. Je n’étais jamais allée chez la pharmacienne, elle est nouvelle dans notre île. Elle est jolie, avec un visage un peu blanc et des yeux cernés, sa boutique est minuscule, protégée de la rue par un rideau en toile blanche qu’il faut soulever pour entrer. Monsieur Kyo a passé un long moment dans la pharmacie pendant que la dame nettoyait la plaie à l’alcool, et faisait le pansement avec une pommade, et entourait le genou avec une bande de coton. Je n’avais plus vraiment mal, mais j’exagérais les grimaces et les soupirs pour me rendre intéressante.

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