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Jean-Marie Le Clézio: Étoile errante

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Jean-Marie Le Clézio Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père. Comme dans  , avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans  le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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M. Heinrich Ferne, Esther l’aimait beaucoup, à cause du piano. Il habitait le rez-de-chaussée d’une vieille villa un peu délabrée, en contrebas de la place, dans la rue qui descendait vers le cimetière. Ce n’était pas une belle maison, plutôt sinistre on aurait dit, avec son jardin à l’abandon envahi par les acanthes, et les volets de l’étage toujours fermés. Quand M. Ferne n’enseignait pas à l’école, il restait enfermé dans sa cuisine, et il jouait du piano. C’était le seul piano du village, et peut-être même qu’il n’y en avait plus d’autre dans aucun village des montagnes jusqu’à Nice et à Monte-Carlo. On racontait que lorsque les Italiens s’étaient installés à l’hôtel, le capitaine des carabiniers, qui s’appelait Mondoloni et qui aimait la musique, avait voulu installer le piano dans la salle à manger. Mais M. Ferne avait dit : « Vous pouvez emporter le piano, naturellement, puisque vous êtes les vainqueurs. Mais sachez que jamais je ne jouerai pour vous là-bas. »

Il ne jouait pour personne. Il vivait seul dans cette villa délabrée, et quelquefois, l’après-midi, quand elle passait, Esther entendait la musique qui s’envolait par la porte de la cuisine. C’était comme le bruit des ruisseaux au printemps, un bruit doux, léger, fuyant, qui semblait sortir de partout à la fois. Esther s’arrêtait dans la rue, près de la grille, et elle écoutait. Quand c’était fini, elle s’en allait vite, pour qu’il ne la voie pas. Un jour, elle avait parlé du piano à sa mère, et sa mère avait dit que M. Ferne avait été un pianiste célèbre, autrefois, à Vienne, avant la guerre. Il donnait des concerts le soir, dans des salles où venaient les dames en robe du soir et les messieurs en veste noire. Quand les Allemands étaient entrés en Autriche, ils avaient mis en prison tous les Juifs, et ils avaient emmené la femme de M. Ferne, et lui avait pu s’échapper. Mais depuis ce jour, il ne voulait plus jouer du piano pour personne. Quand il s’était installé au village, il n’y avait pas de piano. Il avait pu en acheter un sur la côte, il l’avait fait venir en camionnette, caché sous des bâches, et il l’avait installé dans sa cuisine.

Maintenant qu’elle savait cela, Esther osait à peine s’approcher de la grille. Elle écoutait les notes de musique, le glissement doux des notes, et il lui semblait qu’il y avait quelque chose de triste, qui faisait monter les larmes dans ses yeux.

Cet après-midi-là, il faisait chaud, et tout semblait dormir dans le village, Esther est allée jusqu’à la maison de M. Ferne. Dans le jardin, il y avait un grand mûrier. Esther est montée sur le mur, en s’agrippant à la grille, à l’ombre du mûrier. Par la fenêtre de la cuisine, elle a vu la silhouette de M. Ferne penchée sur le piano. Les touches d’ivoire luisaient dans la pénombre. Les notes glissaient, hésitaient, repartaient, comme si c’était un langage, comme si M. Ferne ne savait plus très bien par où commencer. Esther regardait de toutes ses forces à l’intérieur de la cuisine, jusqu’à avoir mal aux yeux. Alors la musique a commencé vraiment, elle a jailli tout d’un coup du piano et elle a empli toute la maison, le jardin, et la rue, elle a tout rempli de sa force, de son ordre, puis elle est devenue douce, mystérieuse. Maintenant elle bondissait, elle se répandait comme l’eau dans les ruisseaux, elle allait droit jusqu’au centre du ciel, jusqu’aux nuages, elle se mêlait à la lumière. Elle allait sur toutes les montagnes, elle allait jusqu’aux sources des deux torrents, elle avait la force de la rivière.

Les mains agrippées à la grille rouillée, Esther écoutait le langage de M. Ferne. Il ne parlait plus comme le maître d’école, à présent. Il racontait de drôles d’histoires, dont elle ne pouvait pas se souvenir, des histoires comme celles des rêves. Dans ces histoires, on était libre, il n’y avait pas de guerre, il n’y avait pas d’Allemands ni d’Italiens, rien qui pouvait faire peur ou arrêter la vie. Pourtant, c’était triste aussi, et la musique ralentissait, interrogeait. Il y avait des moments où tout se déchirait, se brisait. Puis le silence.

La musique reprenait, elle écoutait attentivement chaque parole qui s’échappait. Jamais rien n’avait eu tant d’importance, sauf peut-être quand sa mère chantait une chanson ou quand son père lui lisait les passages des livres qu’elle préférait, comme l’entrée de M. Pickwick dans la prison de Londres, ou la rencontre de Nicolas Nickleby avec son oncle.

Esther a poussé la grille, elle a traversé le jardin. Sans faire de bruit, elle est entrée dans la cuisine et elle a marché jusqu’au piano. Elle regardait chaque touche d’ivoire s’enfoncer avec précision, sous les doigts nerveux du vieil homme, elle écoutait attentivement chaque parole.

Tout à coup M. Ferne s’est arrêté, et le silence est devenu lourd, menaçant. Esther commençait à reculer, mais M. Ferne s’est tourné vers elle. Son visage blanc était éclairé par la lumière, avec sa drôle de barbiche de chèvre.

Il a dit :

« Comment t’appelles-tu ? »

« Hélène », a dit Esther.

« Eh bien, entre. »

Comme si c’était naturel, comme s’il connaissait la jeune fille.

Puis il a recommencé à jouer, sans s’occuper d’elle. Elle l’écoutait, debout à côté du piano, sans oser respirer. Jamais la musique ne lui avait paru aussi belle. Dans la pénombre, le piano noir effaçait tout. Les longues mains du vieil homme couraient sur les touches, s’arrêtaient, repartaient. De temps à autre M. Ferne cherchait sur une pile de cahiers, où il y avait écrit des noms mystérieux.

Sonaten für Pianoforte

von W. A. Mozart

Czerny

Études de petite vélocité, op. 636

Beethoven

Sonaten, vol. II, par Moszkowski

Liszt

Klavierwerke, Band IV

Bach

Englische suiten, 4-6

Il s’est tourné vers Esther :

« Est-ce que tu voudrais jouer ? »

Esther l’a regardé avec étonnement.

« C’est que je ne sais pas. »

Il a haussé les épaules.

« Ça n’a pas d’importance. Essaye, regarde comment vont mes doigts. »

Il l’a fait asseoir sur le banc, à côté de lui. Il avait une façon étrange de faire courir ses doigts sur le clavier, comme un animal maigre et nerveux.

Esther a essayé de l’imiter, et à sa grande surprise elle est arrivée à l’imiter.

« Tu vois ? C’est simple. L’autre main, maintenant. »

Il la suivait, il avait l’air impatient.

« Bon, il faudrait te donner des leçons, tu pourrais peut-être jouer. Mais c’est un travail. Essaye les accords. »

Il plaçait les mains d’Esther, il écartait ses doigts. Il avait lui-même des mains longues et fines, non pas des mains de vieillard, mais des mains jeunes, fortes, avec des veines qui saillaient. Les sons des accords jaillissaient, magiques. Vibraient sous les doigts de la jeune fille, jusqu’à son cœur.

Quand la leçon fut finie, M. Ferne se mit à chercher fébrilement dans la liasse de feuilles en équilibre sur le piano. Il en tira une qu’il tendit à Esther :

« Il faut que tu apprennes à lire les notes. Quand tu sauras, tu reviendras me voir. »

Depuis ce jour, Esther revenait dès qu’elle pouvait, les après-midi. Elle poussait la grille de la villa, elle entrait sans faire de bruit dans la cuisine, pendant que M. Ferne jouait. À un moment, sans tourner la tête, il savait qu’elle était là. Il disait : « Entre, assieds-toi. »

Esther s’asseyait à côté de lui sur le banc, et elle regardait les longues mains qui couraient sur le clavier comme si c’étaient elles qui fabriquaient les notes. Cela durait si longtemps qu’elle oubliait tout, même l’endroit où elle était. M. Ferne lui montrait comment faire glisser ses doigts sur les touches. Sur du papier blanc, il avait écrit les notes, il voulait qu’elle les chante en même temps qu’elle les jouait. Ses yeux brillaient, sa barbiche de chèvre s’agitait. « Tu as une jolie voix, mais je ne sais pas si tu pourras vraiment jouer du piano. » Quand elle se trompait, il se mettait en colère. « C’est fini pour aujourd’hui, va-t’en, laisse-moi tranquille ! » Mais il la retenait par le bras, et pour elle il jouait une sonate de Mozart, ce qu’il préférait.

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