Tatiana Rosnay - Elle s'appelait Sarah

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— Très bien. Je vous rejoins dans votre quartier. Vous connaissez un endroit où nous pourrions aller ?

— Vous voyez le Café Mozart ? Au croisement de la soixante-dixième Rue Ouest et de Broadway ?

— Je vois. Parfait. Disons dans une demi-heure ? » Quand je raccrochai, mon cœur battait si vite que je pouvais à peine respirer. J'allai réveiller mon petit monstre, ignorai ses protestations, attrapai la poussette et sortis.

Il était déjà là quand j'arrivai. Je le vis d'abord de dos, mais reconnus immédiatement les épaules puissantes, les cheveux épais et argentés où ne subsistait plus une trace de blond. Il lisait le journal. Et comme s'il avait senti mes yeux se poser sur lui, il se retourna au moment où je m'approchais. Il se leva et il y eut un moment embarrassant où nous restâmes sans savoir si nous devions nous embrasser ou nous serrer la main. Il se mit à rire, moi aussi, puis, finalement, il me serra dans ses bras, bien fort, si fort que mon menton heurta ses clavicules. Il passa la main dans mon dos et se pencha vers la petite.

« Quelle jolie princesse ! » dit-il d'une voix charmeuse.

Elle lui tendit très solennellement sa girafe en caoutchouc préférée.

« Et c'est quoi ton nom ? demanda-t-il.

— Lucy, répondit-elle en zozotant.

— Ça, c'est le nom de sa girafe… » commençai-je, mais William jouait déjà avec et les pouet-pouet couvrirent ma voix, à la plus grande joie de la petite.

Nous nous installâmes à une table et je laissai ma fille dans sa poussette. William étudiait la carte.

« Vous avez déjà pris le cheesecake Amadeus ? me demanda-t-il en levant un sourcil.

— Oui, il est diabolique ! »

Mon commentaire le fit sourire.

« Vous êtes resplendissante, Julia. New York vous va bien au teint. »

Je rougis comme une adolescente, sûre que Zoë aurait levé les yeux au ciel si elle m'avait vue.

Puis son portable se mit à sonner. Il répondit. Je savais à son expression qu'il s'agissait d'une femme. Sa femme ? L'une de ses filles ? Il avait l'air gêné de parler devant moi. Alors, je me penchai vers ma fille et jouai avec la girafe.

« Désolé, c'était ma petite amie.

— Oh. »

Il avait senti mon incompréhension. Il précisa dans un rire :

« Je suis divorcé maintenant, Julia. »

Il dit cela en me regardant droit dans les yeux. Son visage devint plus grave.

« Vous savez, après ce que vous m'avez dit, tout a changé. »

Enfin. Enfin, il me confiait ce que je voulais savoir. S'il y avait eu un après, des conséquences.

Je ne savais trop que dire. J'avais peur qu'il se taise si je l'interrompais. Je m'agitai autour de ma fille, lui tendant un biberon d'eau, prenant garde à ce qu'elle ne s'en mette pas partout, jouant de la serviette.

La serveuse arriva pour prendre les commandes. Deux cheesecakes Amadeus, deux cafés et un pancake pour la petite.

« Tout s'est effondré. C'était l'enfer. Une année terrible. »

Il se tut. Nous regardions autour de nous. Il y avait du monde. C'était un café bruyant, plein de lumière et de musique classique. La petite nous souriait en gloussant et en brandissant sa girafe. La serveuse revint avec nos gâteaux.

« Et maintenant, vous allez mieux ? tentai-je.

— Oui, esquissa-t-il. Oui, ça va mieux. Mais ça m'a pris du temps pour m'habituer à cette nouvelle vie, pour comprendre et accepter l'histoire de ma mère, pour assumer la douleur. Parfois, je me laisse submerger. Mais je m'accroche. Je lutte. Il y a aussi deux ou trois choses indispensables que j'ai faites.

— Comme quoi ? » demandai-je, en donnant le pancake par petits bouts à ma fille.

« J'ai compris que je ne pouvais pas porter seul toute cette histoire. Je me sentais isolé, brisé. Ma femme ne comprenait pas ce que je traversais. Et je ne parvenais pas à lui expliquer. Il n'y avait aucune communication entre nous. J'ai emmené mes filles à Auschwitz, l'année dernière, juste avant les commémorations. J'avais besoin qu'elles sachent ce qui était arrivé à leurs arrière-grands-parents. Ce n'était pas facile, mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé. Leur montrer Auschwitz. Ce fut un voyage émouvant et plein de larmes, mais je me sentais enfin en paix car mes filles avaient compris. »

Son visage était triste et pensif.

Je le laissai parler tout en essuyant la bouche de ma fille et en lui donnant à boire.

« La dernière chose que j'ai faite, c'était en janvier. Je suis retourné à Paris. Il y a un nouveau Mémorial de la Shoah dans le Marais, vous êtes au courant, je suppose. » C'était le cas et j'avais eu dans l'idée de m'y rendre lors de mon prochain voyage. « Chirac l'a inauguré fin janvier. À l'entrée se trouve un mur couvert de noms. C'est une gigantesque pierre grise où sont gravés 76 000 patronymes. Le nom de chaque juif déporté de France. »

Ses doigts jouaient sur le rebord de sa tasse. J'avais du mal à le regarder dans les yeux.

« J'ai cherché leurs noms et je les ai trouvés. Wladyslaw et Rywka Starzynski. Mes grands-parents. J'ai ressenti alors la même paix qu'à Auschwitz. La même douleur. Et un sentiment de reconnaissance aussi. Ils étaient là, on ne les avait pas oubliés. La France ne les avait pas oubliés et les honorait. Des gens pleuraient devant le mur. Des gens âgés, des jeunes, des gens de mon âge, qui touchaient la pierre en pleurant. »

Il s'arrêta et inspira par la bouche. Je gardai les yeux fixés sur la tasse, sur ses doigts. La girafe couina, mais nous l'entendîmes à peine.

« Chirac a fait un discours, que je n'ai bien sûr pas compris. J'ai lu la traduction sur Internet par la suite. Un beau discours. Invitant les gens à se souvenir de la responsabilité de la France dans les événements du Vél d'Hiv. Chirac a prononcé les mêmes mots d'hébreu que ma mère à la fin de sa lettre. Zakhor, Al Tichkah. Souviens-toi. N'oublie jamais. » Il se pencha pour prendre une grande enveloppe kraft dans son sac à dos. Il me la tendit.

« Ce sont des photos d'elle. Je voulais que vous les voyiez. J'ai compris soudain que j'ignorais qui était ma mère. Je savais de quoi elle avait l'air, je connaissais son visage, son sourire, mais je ne savais rien de l'individu qu'elle était à l'intérieur. »

J'essuyai le sirop d'érable qui me collait aux doigts. Il y avait une photo de Sarah le jour de son mariage. Grande, fine, avec son sourire discret et ses yeux mystérieux. Sarah berçant William quand il était bébé. Sarah tenant le petit William par la main. Sarah à trente ans, dans une robe de bal vert émeraude. Enfin, Sarah juste avant sa mort, en gros plan et en couleur. Je remarquai ses cheveux gris. Prématurément gris, mais cela lui allait bien, curieusement. Des cheveux gris comme ceux de William aujourd'hui.

« Je me souviens d'elle comme d'une personne silencieuse, grande et mince, mais silencieuse, tellement silencieuse », dit William tandis que je sentais mon émotion grandir photo après photo. « Elle riait rarement, mais elle avait beaucoup d'intensité, et c'était une mère aimante. Personne n'a pensé au suicide quand elle est morte. Jamais. Pas même Papa. Je suppose qu'il n'avait pas lu son carnet. Personne ne l'avait lu. Il a dû le trouver longtemps après sa disparition. Nous pensions tous qu'il s'agissait d'un accident. Personne ne savait qui était réellement ma mère. Moi-même, je ne le savais pas. Et c'est ça, le plus dur à vivre, cette ignorance. Ce qui l'a conduite à la mort, ce jour froid et neigeux. Ce qui a fait qu'elle a pris cette décision. Pourquoi nous n'avons jamais rien su de son passé. Pourquoi elle n'a rien dit à mon père. Pourquoi elle a gardé sa souffrance, toute sa souffrance, pour elle seule.

— Ces photos sont très belles, dis-je finalement. Merci de me les avoir apportées. »

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