Tonino Benacquista - Homo erectus

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Homo erectus: краткое содержание, описание и аннотация

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Et s’il existait, au cœur de Paris, une société secrète où les hommes puissent enfin confier leurs dérives sentimentales, leurs expériences rocambolesques, leurs fantasmes inavouables ?
C’est à cette société que ce roman de Benacquista inscrit ses lecteurs et surtout ses lectrices. « Pour certains, il s'agissait d'un rendez-vous réservé aux hommes, où il était question de femmes. D'autres, en mal de solidarité, y voyaient le dernier refuge des grands blessés d'une guerre éternelle. Pour tous, d'où qu'ils viennent et quoi qu'ils aient vécu, c'était avant tout le lieu où raconter son histoire. »

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Sans doute se dirigeait-il vers un lieu inconnu, perdu, au centre de rien. Mais où il serait enfin seul. Et tant pis si ce lieu se révélait triste et désert. Denis était déjà bien trop las pour faire demi-tour.

Chapitre 4

Dans la chambre : un simple lit, une table de chevet, une chaise pour les visiteurs et, en surplomb, là où jadis on trouvait un crucifix, une télévision toujours éteinte. Le cadre n’avait pas d’importance, rien n’en avait, Denis dormait la plupart du temps. Au pire, il somnolait entre deux passages de l’infirmière, maintenu en apesanteur par une médication variable d’un jour à l’autre. Les rares fois où on le tirait de sa léthargie, une image floue entrait dans son champ de vision, le plus souvent un plateau repas, une blouse blanche, une poignée de comprimés dans un gobelet. Quand un interne pressé s’annonçait d’un retentissant : Comment on va aujourd’hui ? Denis s’interrogeait sur la notion d’« aujourd’hui ». Lorsqu’il était assez conscient pour mettre en corrélation deux idées à la suite, il essayait de retracer l’enchaînement cotonneux qui l’avait conduit jusque dans cette chambre nue et silencieuse où il ne craignait plus l’effondrement. Le reste, c’était de l’oubli, du vrai, celui qui happe. Le corps n’éprouvait aucune des sensations, agréables ou non, qui rappellent à la vie, à l’exception d’une seule. Au réveil, Denis retournait son oreiller pour goûter la fraîcheur sur sa joue ; le seul instant de la journée où les nerfs affleuraient sa peau.

Cette fin d’après-midi-là, un psychiatre se tint un long moment à ses côtés pour tenter de décrypter les origines de sa dépression. Les yeux mi-clos, le souffle calme, Denis répondait au praticien, certes bienveillant, mais si loin de la moindre piste. Comment délivrer à cet inconnu un message inavouable : en vivant sans aimer, il avait peu à peu perdu confiance en l’humain. Puis en lui-même.

Ils tombèrent d’accord sur le mot surmenage qui n’en appelait pas d’autres. Dès qu’il fut seul, Denis jeta un regard vers le jour déclinant et n’eut qu’à clore les paupières pour s’abîmer dans la nuit.

* * *

Des deux, ce fut Mia qui se manifesta. En aucun cas Philippe n’aurait pris l’initiative. La tradition galante qui commandait aux hommes de solliciter la compagnie des femmes n’avait pas cours dans le cas présent. Si Mia avait été de celles que l’on croise dans la vie quotidienne, il aurait fait le premier pas, puis tous les autres. Mais l’image de Mia peuplait les rues et les rêves de millions d’hommes, son seul prénom sonnait comme un label de luxe, son rayonnement traversait les frontières. Comment Philippe Saint-Jean, qui à la fois interrogeait et fuyait les valeurs d’un monde sacrifié au paraître, aurait-il pu briguer un objet de convoitise universel ? Un seul coup de fil au top model et il se rendait coupable d’allégeance. À l’inverse, il lui semblait naturel que la planète futile et tapageuse où vivait Mia fût attirée par la sienne, où la curiosité de l’autre restait intacte, où les réponses avaient bien moins d’importance que les questions.

Elle lui proposa de dîner dans un restaurant presque secret, fréquenté par une poignée d’initiés en mal d’anonymat. Comme à son habitude, Philippe arriva à l’heure et le regretta — à longueur d’année, sa fichue ponctualité l’obligeait à attendre des indélicats. On le dirigea vers un recoin feutré où le velours rouge le disputait à l’argenterie design, on lui proposa de choisir entre eau plate ou gazeuse, il opta pour la seconde comme un pis-aller à la bière dont il avait envie. Pour se trouver une attitude, il hésita entre étudier la carte et prendre une note, sans réelle nécessité, dans son calepin. Aux tables voisines, il repéra quelques visages connus sans les situer vraiment, hommes et femmes aux silhouettes parfaites, comme conçus pour le cadre. Dans son calepin, Philippe nota : me réabonner à Paris Match . Il jeta enfin un œil sur le menu, qui l’exaspéra d’emblée. Philippe n’avait rien d’un goinfre et se préoccupait peu de gastronomie, mais il détestait par-dessus tout le terrorisme diététique, ultime hypocrisie d’une poignée de nantis prêts à payer le prix fort l’angoisse de prendre un gramme. Il lui suffisait de lire Saint-Pierre juste vapeur et son buisson de pousses de cresson 45 € pour lui donner envie de rôtir en broche le cuisinier, avec une pomme dans la bouche.

Mia entra dans le restaurant comme une balle, claqua deux bises sur les joues de Philippe, ôta casquette de baseball et lunettes noires, déposa son téléphone mobile sur la table et but d’un trait le verre d’eau fraîche qu’on venait de lui servir.

— Qu’est-ce qu’on fait, on se tutoie… ?

— Comme vous préférez, répondit-il afin de ralentir le rythme.

Philippe profita de ce court instant où elle ouvrait la carte pour la regarder de près, à peine maquillée, naturelle, mais toujours vigilante — Mia vivait en permanence avec un troisième œil qui la maintenait en état de représentation. Que l’on fût sensible ou non à ce type de physique, il lui était impossible de passer inaperçu. Une telle harmonie entre toutes les composantes du visage humain, bouche, yeux, nez, peau, ne pouvait être due au hasard et avait pour seule vocation d’être admirée. Ces lèvres pulpeuses, mais si fines aux commissures, ne lui servaient ni à parler ni à se nourrir ni à embrasser, mais à sourire aux hommes de bonne volonté. Ces yeux immenses aux éclats de saphir ne lui servaient pas à découvrir le monde mais à subjuguer les foules, toujours en recherche d’idoles païennes. Cette peau d’ambre et de cuivre, par l’infinité de ses reflets, réunissait à elle seule toutes les races. Philippe croyait au déterminisme de la nature qui toujours tendait vers un but précis : en faire profiter le plus grand nombre.

D’emblée, ils évitèrent de tomber dans les ornières du précédent dîner qui les avait opposés sur tout, quitte à sombrer dans l’excès inverse : l’autocritique appuyée, et l’hommage constant à ce que vivait l’autre. Mia regrettait un trop-plein d’agitation dans sa vie et craignait de passer à côté de l’essentiel. Philippe, lui, privilégiait sa tranquillité d’esprit mais redoutait une certaine inertie, prisonnier d’un confort intellectuel qui l’excluait de la tourmente contemporaine. Afin de trouver des terrains d’entente, ils se plaignirent de nuisances communes. Quand Mia évoqua les affres de la notoriété, il renchérit sur l’inévitable risque d’être exposé . Quand elle avoua une certaine confusion entre sa vie professionnelle et sa vie privée, Philippe regretta que sa mécanique mentale ne le laissât jamais en paix. Quand, à son tour, il mentionna la poignée de détracteurs qui mettaient en pièces le moindre de ses articles, elle invoqua cette presse indigne qui la traquait en permanence. Au fil de la soirée, leur bavardage atteignit un juste point d’équilibre ; quand l’un se risquait à la confidence, l’autre donnait un peu plus de lui-même. Ils comparèrent leur solitude, fatale chez l’une, nécessaire chez l’autre, éprouvante pour les deux. Ah, leur chère solitude ! Compagne de toujours, que l’on soit seul ou entouré. Solitude qui revenait plus fort encore après s’être bercé de l’illusion d’être deux. Mais avant de s’aventurer sur ce terrain-là, il leur fallait trouver une ambiance plus intime ; elle proposa d’aller boire un verre dans un autre de ses repaires.

Ils s’installèrent sur les banquettes en cuir beige d’un 4 × 4 Rover, avec chauffeur, que l’agence de Mia mettait à sa disposition. Après une journée grise et laborieuse, Philippe se laissait entraîner dans une spirale de luxe sans lui chercher de légitimité. Demain, il serait bien temps de remettre la soirée en perspective. À peine arrivée au Carré Blanc, Mia se jeta dans les bras du patron comme s’ils s’étaient mutuellement sauvé la vie, ce que Philippe prit pour d’indispensables simagrées mondaines, codes de reconnaissance, signes aigus de notabilité. On les installa au premier étage, dans un bar américain cossu où se croisaient d’impeccables serveurs en livrée, un air de jazz en fond sonore. Mia commanda un dry Martini bien tassé, gin Tanqueray et olive. Philippe se demanda où était soudain passée sa peur panique de la calorie et toute sa science du light et du diet . Mais peut-être que ces calories-là se comptabilisaient différemment puisqu’elles proposaient bien plus que de l’énergie, mais de l’apaisement ou du rêve, et l’on ne saurait se priver des deux.

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