Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes

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Un meurtrier anonyme, un poète vengeur, un parfumeur amoureux, un antiquaire combattant, un enfant silencieux, un milliardaire misanthrope.
Les personnages de ces six histoires ont un point commun : leur vie intérieure est bien plus exaltante que leur vie quotidienne. Et leur part d’ombre n’est rien en comparaison de leur part lumineuse.
Une vérité que l’on tait, un exploit que l’on cache, un passé inavouable. Lequel d’entre nous ne garde pas, enfouie au plus profond, sa gloire secrète ?

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En pleine nuit je me réveille, taraudé par un coin de phrase. Phalanges réduites en miettes . Lu comme ça, j’ai l’impression de m’être acharné comme un barbare. C’était surtout la main droite qui tenait bon, je l’ai entendue craquer, puis la gauche a lâché très vite. À jeun, il se serait sans doute accroché avec plus de force, mais il aurait été plus sensible à la douleur.

Le lendemain, juste un encart à la une, le reste en page 4. Si je ne fais plus le gros titre il y a cependant une évolution notable dans la désignation de mon forfait : Meurtre dans la rue des Cascades est devenu Meurtre de la rue des Cascades . Sérieuse promotion ! Ce petit de n’a l’air de rien mais il en dit long. J’ai l’impression d’être l’auteur d’un classique. Le fameux, l’inénarrable meurtre de la rue des Cascades. C’est du Edgar Poe. C’est Rouletabille. C’est Whitechapel. C’est la gloire ! L’article ne dit rien de plus que la veille, sinon que la fille continue d’être cuisinée par un cador de la Crim. On s’acharne sur la malheureuse, qui nie avoir connu la victime, mais qui refuse toujours de donner la moindre information sur son visiteur nocturne. Moi seul connais l’injustice qu’elle endure.

La meute s’égare, le flair désorienté par des traces qui la détournent, mais bientôt elle viendra aboyer devant mon terrier. Depuis que la photo de mon défunt salaud a été publiée, le bistrotier de Pigalle et tous ceux qui ont trinqué avec nous ce soir-là peuvent donner mon signalement, trop heureux de faire avancer l’enquête sur le Meurtre de la rue des Cascades .

L’idée de quitter le territoire m’obsède mais je crains de ne pas en avoir l’envergure. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, il faut du courage pour fuir. Si qui que ce soit m’avait dit une chose pareille au doux temps d’avant, j’aurais crié à l’affabulateur. Fuir, je ne suis pas de taille. Il me faudrait des tripes, du sang dans les veines, il me faudrait prouver que l’ailleurs existe, il me faudrait employer toute la ruse qui déjà me manquait enfant. Passer de la crainte à l’espoir, de l’espoir à l’action, de l’action à la délivrance, de la délivrance à l’oubli. Aborder des rivages, lire des cartes, réapprendre à parler, franchir des latitudes comme on traverse la rue, se faire accepter quelque part où l’on ne connaît ni l’homme blanc ni le vieux monde qu’il traîne derrière lui, n’avoir peur de rien, reprendre de zéro, disparaître. Ceux qui y sont parvenus ne se sont jamais manifestés. J’ai croisé un jour un Marseillais qui partait rejoindre un pasteur en Thaïlande. J’ai gardé sur un sous-bock le nom du saint homme et celui du camp où il officie. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Pas de questions. Depuis le temps, le Marseillais a dû engendrer une ribambelle d’enfants qui courent nus dans les plantations. Ils prononcent quelques mots de français avec l’accent de la Canebière. Moi qui, hier encore, cherchais ma place sur Terre, et un boulot, et une femme, moi qui cherche désormais une bonne conscience, je pourrais tout trouver là-bas d’un coup. Quelle meute irait m’y débusquer ? Au train où c’est parti, un petit bout de temps va s’écouler avant que les flics fassent circuler mon portrait-robot comme une image pieuse. Je me donne un an pour me faire adopter par les indigènes, tant je travaillerai fort, le sacrifice vissé au corps, corvéable à toute heure. Je sauverai des miséreux, j’irai les chercher jusqu’au fond des rizières, je jeûnerai avec les plus fervents, je me vêtirai couleur d’épices, j’aurai la peau tannée, le teint cuivré des hommes de là-bas, les femmes me masseront, elles me surnommeront celui qui ne sourit plus , et d’autres vies encore je sauverai, inlassable.

Impossible ? Et pourquoi donc ? Je n’ai pas un sou, c’est entendu, mais je sais où le cousin cache des florins qui lui viennent de notre grand-mère. Il ne sait pas que je le sais. Ce ne serait pas un vrai vol, je laisserais un mot. Ensuite je filerais chez un numismate de la rue Vivienne qui a un faux air de fourgue. Il ne demande jamais de certificat, possession vaut titre comme il dit. Je les braderais, certes, mais j’en tirerais assez pour un aller simple Paris-Bangkok. De là, un car direction Chiang Mai. Auprès du missionnaire, je jouerais le pauvre gars arrivé au bout de la route, il m’indiquerait un bungalow où dormir, pas plus grand qu’ici, et dès le lendemain, à moi de jouer.

Des décennies se sont écoulées depuis que la tentation de cette folle épopée m’a traversé l’esprit. Aujourd’hui on peut en rire, mais en 1961, ça n’était pas une utopie. J’aurais été un précurseur. C’était bien avant que des chevelus en baskets se passionnent d’Orient, bien avant que des passeurs d’opium aillent se faire peur en charter, bien avant que nos drapiers se délocalisent, et bien avant qu’une poignée de parvenus se partagent les archipels. Quel vieillard serais-je aujourd’hui si j’avais suivi cette impulsion ? J’y ai repensé souvent, à mon double des tropiques, à mon fantôme aux yeux bridés. Combien de vies aurais-je dû sauver pour m’absoudre d’en avoir pris une ?

La suite ne fut pas celle-ci. À choisir, je préférai qu’on vienne me cueillir, persuadé qu’il est plus facile de virer taulard endurci qu’aventurier au grand cœur. J’ai peut-être eu tort, qui saura jamais ?

* * *

Les journées passent sans que je prenne la direction d’Orly. Dans la presse, les épisodes de mon feuilleton, ceux qui proposent de vrais rebondissements, se font rares. Au 10 août, la starlette n’a toujours rien dit de son hôte mystère, nous sommes suspendus à son silence. Près de mon lit, la pile de Parisien m’arrive au genou. J’épluche tout, même le carnet mondain, la page des sports, les petites annonces et, parmi elles, les offres d’emploi. On y réclame des bras. Mille occasions pour l’homme de la rue de finir homme de peine. Quelque chose m’attire dans ces colonnes, comme une façon de conjurer le sort. Faute de prendre le large, j’inverse la logique : s’il existe un contraire à la fuite, c’est bien l’embauche. Trouver un travail pour à la fois m’extraire de mon grabat de remords et changer le cours des choses, déjouer la fatalité, entrer dans la vie active, histoire de prendre la voie la plus imprévisible pour un condamné en sursis. Postuler à un emploi, participer au monde en marche, n’est-ce pas le moyen le plus ingénieux et le plus pervers de m’acheter une conduite d’honnête homme ? Qui irait me retrouver dans le monde du travail quand on me traque dans tous les autres ? On épluche le trombinoscope des vauriens, on maraude dans les coupe-gorge, on surveille les réseaux mondains, mais qui irait me chercher à l’usine ? Les assassins sont des fainéants, c’est bien connu, on ne les cueille pas en bleu de chauffe à l’heure de la pause. Pour la toute première fois, je sais combien je m’y sentirais bien, dans mon costume de salarié prêt à construire son petit bonheur à la force du poignet. Hier encore je criais vive la liberté, vive la misère, vive tout et son contraire tant que je reste éloigné d’une pointeuse. Aujourd’hui j’envie mon cousin que j’ai tant plaint. J’ai eu honte pour lui, j’ai raillé sa bonne volonté, son obéissance d’homme de la rue, celui qui traverse aux clous. Il m’est même arrivé de le traiter d’esclave sur le ton de l’humour, quand en fait je le pensais vraiment. Lequel de nous deux est l’esclave désormais ?

La locataire du 91 rue des Cascades qui a un trou dans sa verrière refuse toujours de révéler l’identité de son visiteur. Le Parisien publie d’elle une superbe photo de studio qui aurait illuminé la page spectacles mais qui prend de mauvais reflets dans celle des faits divers. Comment s’étonner de voir cette fille mêlée à une affaire louche ? Son regard boudeur et sa lippe mutine cachent la pire dépravation. Sa pose de trois quarts, légèrement ombrée, révèle toute la noirceur de son âme. Qui sait comment j’aurais réagi si j’étais tombé sur ce portrait, affalé dans un transat, un pastis à la main ? Sans doute y serais-je allé aussi de mon petit commentaire sur le vice qui joue l’innocence. Sur les célébrités qui, à force de s’exposer, finissent par s’attirer des embrouilles. Sur le glamour qui fait si bon ménage avec le sordide. Le petit minois de la malheureuse a dû prendre quelques rides depuis que la Brigade criminelle la travaille, que les journalistes la traquent. Elle prétend que son amant, connu et marié , a fui en pleine nuit pour éviter le scandale. Cruelle ironie : il est aujourd’hui l’inconnu le plus célèbre du pays. Sa notoriété l’a obligé à fuir, le pantalon sur les genoux. Si cette version-là est la bonne, je plains ce pauvre gars qui avait su éviter les mille dangers qui guettent le mari adultérin ! Au prix d’une clandestinité finement élaborée, il passait un moment charmant, les mains pleines des formes généreuses de sa cabotine, mais voilà que tant de volupté est ruinée par un clochard céleste qui s’écrase dans leur lit. On peut convoquer la disgrâce pour moins que ça. Moi aussi j’aurais trouvé la saynète grotesque si je n’étais, avec cette fille et son amant, le seul à connaître la vérité.

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