Charles Dickens - Les Grandes Espérances (Édition intégrale)

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Les Grandes Espérances (Édition intégrale): краткое содержание, описание и аннотация

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Dans un petit village anglais du Kent, le jeune orphelin Pip mène une existence humble auprès de sa sœur acariâtre et de son mari, le bienveillant forgeron Joe Gargery. Un soir, dans le cimetière où l'enfant est venu s'incliner devant la tombe de ses parents, se produit un événement qui changera plus tard le cours de son existence : il est surpris par un vieux forçat fraîchement échappé de prison qui le contraint violemment à aller chercher des outils dans la forge pour scier ses entraves et l'aider dans sa fuite. Malgré l'adversité de son existence, Pip mène une vie insouciante jusqu'au jour où il est pris comme garçon de compagnie par l'antique Miss Havisham qui vit retirée du monde dans un vaste manoir délabré, cerné d'herbes folles, Satis House.
Les Grandes Espérances est l'un des romans les plus universellement connus de Charles Dickens.

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« Assurément ! dit Joe étonné. Mais je me demande comment elle a connu mon petit Pip !

– Imbécile ! dit ma sœur, qui t’a dit qu’elle le connût ?

– Quelqu’un, reprit Joe avec beaucoup d’égards, a dit qu’elle le demandait et qu’elle avait besoin de lui.

– Et n’a-t-elle pas pu demander à l’oncle Pumblechook, s’il ne connaissait pas un garçon qui pût la distraire ? Ne se peut-il pas que l’oncle Pumblechook soit un de ses locataires et qu’il aille quelquefois, nous ne te dirons pas si c’est tous les trois mois, ou tous les six mois, ce qui serait t’en dire trop long, mais quelquefois, payer son loyer ? Et n’a-t-elle pas pu demander à l’oncle Pumblechook s’il connaissait quelqu’un qui pût lui convenir, et l’oncle Pumblechook, qui pense à nous sans cesse, quoique tu croies peut-être tout le contraire, Joseph, ajouta-t-elle d’un ton de profond reproche, comme si Joe eût été le plus endurci des neveux, n’a-t-il pas bien pu parler de ce garçon, de cette mauvaise tête-là ? Je déclare solennellement que moi, je ne l’aurais pas fait !

– Très-bien ! s’écria l’oncle Pumblechook, voilà qui est parfaitement clair et précis, très-bien ! très-bien ! Maintenant, Joseph, tu sais tout.

– Non, Joseph, reprit ma sœur, toujours d’un ton de reproche, tandis que Joe passait et repassait le revers de sa main sous son nez, tu ne sais pas encore tout, quoi que tu en puisses penser, et quoi que tu puisses croire que tu le sais ; mais il n’en est rien, car tu ne sais pas que l’oncle Pumblechook, prenant à cœur tout ce qui nous concerne, et voyant que l’entrée de ce garçon chez miss Havisham, était un premier pas vers la fortune, m’a offert de l’emmener ce soir même dans sa voiture ; de le garder la nuit chez lui ; et de le présenter lui-même à miss Havisham demain matin. Eh ! mon Dieu, qu’est-ce donc que je fais là ? s’écria ma sœur tout à coup, en rejetant son chapeau par un mouvement de désespoir, je reste là à causer avec des imbéciles, des bêtes brutes, pendant que l’oncle Pumblechook attend ; que la jument s’enrhume à la porte ; et que ce mauvais sujet-là est encore tout couvert de crotte et de saletés, depuis le bout des cheveux jusqu’à la semelle de ses souliers ! »

Sur ce, elle fondit sur moi comme un aigle sur un agneau ; elle me saisit la tête, me la plongea à plusieurs reprises dans un baquet plein d’eau, me savonna, m’essuya, me bourra, m’égratigna, et me ratissa jusqu’à ce que je ne fusse plus moi-même. (Je puis remarquer ici que je m’imagine connaître mieux qu’aucune autorité vivante, les sillons et les cicatrices que produit une alliance, en repassant et repassant sans pitié sur un visage humain.)

Quand mes ablutions furent terminées, on me fit entrer dans du linge neuf, de l’espèce la plus rude, comme un jeune pénitent dans son cilice ; on m’empaqueta dans mes habits les plus étroits, mes terribles habits ! puis on me remit entre les mains de M. Pumblechook, qui me reçut officiellement comme s’il eût été le shériff, et qui débita le speech suivant : je savais qu’il avait manqué mourir en le composant :

« Mon garçon, sois toujours reconnaissant envers tes parents et tes amis, mais surtout envers ceux qui t’ont élevé, à la main !

– Adieu, Joe !

– Dieu te bénisse, mon petit Pip ! »

Je ne l’avais jamais quitté jusqu’alors, et, grâce à mon émotion, mêlée à mon eau de savon, je ne pus tout d’abord voir les étoiles en montant dans la carriole ; bientôt cependant, elles se détachèrent une à une sur le velours du ciel, mais sans jeter aucune lumière sur ce que j’allais faire chez miss Havisham.

CHAPITRE VIII.

La maison de M. Pumblechook, située dans la Grande Rue, était poudreuse, comme doit l’être toute maison de blatier et de grainetier. Je pensais, à part moi, qu’il devait être un homme bienheureux, avec une telle quantité de petits tiroirs dans sa boutique ; et je me demandais, en regardant dans l’un des tiroirs inférieurs, et en considérant les petits paquets de papier qui y étaient entassés, si les graines et les oignons qu’ils contenaient étaient essentiellement désireux de sortir un jour de leur prison pour aller germer en plein champ.

C’était le lendemain matin de mon arrivée que je me livrai à ces remarques. La veille au soir, on m’avait envoyé coucher dans un grenier si bas de plafond, dans le coin où était le lit, que je calculai qu’une fois dans ce lit les tuiles du toit n’étaient guère à plus d’un pied au-dessus de ma tête. Ce même matin, je découvris qu’il existait une grande affinité entre les graines et le velours à côtes. M. Pumblechook portait du velours à côtes, ainsi que son garçon de boutique ; de sorte qu’il y avait une odeur générale répandue sur le velours à côtes qui ressemblait tellement à l’odeur des graines, et dans les graines une telle odeur de velours à côtes, qu’on n’aurait pu dire que très-difficilement laquelle des deux odeurs dominait. Je remarquai en même temps que M. Pumblechook paraissait réussir dans son commerce en regardant le sellier de l’autre côté de la rue, lequel sellier semblait n’avoir autre chose à faire dans l’existence qu’à mettre ses mains dans ses poches et à fixer le carrossier, qui, à son tour, gagnait sa vie en contemplant, les deux bras croisés, le boulanger qui, de son côté, ne quittait pas des yeux le mercier ; celui-ci se croisait aussi les bras et dévisageait l’épicier, qui, sur le pas de sa porte, bayait à l’apothicaire. L’horloger, toujours penché sur une petite table avec son verre grossissant dans l’œil, et toujours espionné par un groupe de commères à travers le vitrage de la devanture de sa boutique, semblait être la seule personne, dans la Grande-Rue, qui donnât vraiment quelque attention à son travail.

M. Pumblechook et moi nous déjeunâmes à huit heures dans l’arrière-boutique, tandis que le garçon de magasin, assis sur un sac de pois dans la boutique même, savourait une tasse de thé et un énorme morceau de pain et de beurre. Je considérais M. Pumblechook comme une pauvre société. Sans compter qu’ayant été prévenu par ma sœur que mes repas devaient avoir un certain caractère de diète mortifiante et pénitentielle, il me donna le plus de mie possible, combinée avec une parcelle inappréciable de beurre, et mit dans mon lait une telle quantité d’eau chaude, qu’il eût autant valu me retrancher le lait tout à fait ; de plus, sa conversation roulait toujours sur l’arithmétique. Le matin, quand je lui dis poliment bonjour, il me répondit :

« Sept fois neuf, mon garçon ? »

Comment aurais-je pu répondre, interrogé de cette manière, dans un pareil lieu et l’estomac creux ! J’avais faim ; mais avant que j’eusse le temps d’avaler une seule bouchée, il commença une addition qui dura pendant tout le déjeuner.

« Sept ?… et quatre ?… et huit ?… et six ?… et deux ?… et dix ?… »

Et ainsi de suite. Après chaque nombre, j’avais à peine le temps de mordre une bouchée, ou de boire une gorgée, pendant qu’étalé dans son fauteuil et ne songeant à rien, il mangeait du jambon frit et un petit pain chaud, de la manière la plus gloutonne, si j’ose me servir de cette expression irrévérencieuse.

On comprendra que je vis arriver avec bonheur le moment de nous rendre chez miss Havisham ; quoique je ne fusse pas parfaitement rassuré sur la manière dont j’allais être reçu sous le toit de cette dame. En moins d’un quart d’heure, nous arrivâmes à la maison de miss Havisham qui était construite en vieilles briques, d’un aspect lugubre, et avait une grande grille en fer. Quelques-unes des fenêtres avaient été murées ; le bas de toutes celles qui restaient avait été grillé. Il y avait une cour devant la maison, elle était également grillée, de sorte qu’après avoir sonné, nous dûmes attendre qu’on vînt nous ouvrir. En attendant, je jetai un coup d’œil à l’intérieur, bien que M. Pumblechook m’eût dit :

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