Joan Vinge - La reine des neiges

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La reine des neiges: краткое содержание, описание и аннотация

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Après cent cinquante ans de règne, la belle Arienrhod, la Reine des Neiges et de l'Hiver, n'est pas encore lasse du pouvoir. Et pourtant voici que vient le temps de l'Été et des Étésiens. Alors Arienrhod a recours à de secrets clonages... Des êtres naîtront en qui elle pourra se réincarner.
Ce redoutable rôle échoit à Moon, une toute jeune Étésienne pour qui n'ont existé jusqu'ici que les joies de la mer et l'amour de son cousin Sparks…
C'est à elle qu'apparaît la Sybille, porte-parole de la Reine, pour lui annoncer les épreuves qu'il lui faut affronter.
Et Moon est précipitée, seule, dans une autre Galaxie… Reverra-t-elle jamais Sparks ?

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Et, à son baiser imaginaire, il l’avait vue se réveiller de ses rêves agités, le regarder avec un sourire ensommeillé. Il avait vu l’éveil s’épanouir, il avait deviné le désir hésitant qui l’envahissait aussi. Mais il n’avait imploré que des yeux et seuls ses yeux lui avaient répondu. Et maintenant, il n’y aurait plus d’autre matin…

Ils franchirent cette dernière colline, souffrant et grelottant, et la clarté diffuse de l’astroport s’étala devant eux comme un lever de soleil de minuit. Le dôme aplati de son complexe souterrain était une vaste meurtrissure sur la plaine, presque une ville en soi ; une lumière surnaturelle nimbait sa surface arrondie. Il n’y avait plus aucune trace de l’atterrissage des vaisseaux stellaires et aucune ouverture ne gâchait la parfaite rondeur de la coupole. Au loin, du côté de la mer, on apercevait l’immense coquillage lumineux d’Escarboucle qui ne dormait pas.

Gundhalinu soupira en s’étirant un peu. Moon restait muette aux commandes ; il se demandait si la vue de son premier astroport la plongeait en transe, quand il se souvint que ce n’était pas son premier. Elle allongea brusquement le bras et lui pressa l’épaule, moins pour le réconforter que pour se rassurer elle-même. Il voulut lui prendre la main mais s’aperçut qu’il ne pouvait refermer les doigts.

— Ne vous inquiétez pas, marmonna-t-il. Nous devrions bifurquer sur la gauche, nous approcher du côté de l’entrée principale. La sécurité sera augmentée au maxi, pour la visite officielle. Je ne veux pas être victime de la prudence.

Elle obéit sans un mot. Devant eux, la coupole grandit peu à peu. Ils étaient encore à cent mètres de l’entrée du terrain quand ils furent inondés de lumière et une voix désincarnée leur ordonna de s’arrêter. Quatre hommes portant l’uniforme bleu que Gundhalinu avait presque oublié s’approchèrent avec précaution ; il savait que d’autres observaient de l’intérieur le glisseur des neiges. Il ne reconnut aucun des hommes, dont la visière de casque était baissée, et cela ne le rassura guère de savoir qu’ils étaient des collègues. Il resta figé, mal à l’aise, se sentant coupable comme s’il était un criminel au lieu d’une victime.

— Vous vous introduisez en territoire interdit, gronda un policier portant un insigne de sergent. Allez, ouste, fichez le camp, sauvages, et si vous avez amené d’autres voleurs de votre acabit avec vous, remmenez-les avant de nous servir de cible !

Gundhalinu vit rouge.

— Qui diable vous a appris la procédure, sergent ?

— Qui diable veut le savoir ?

Le sergent fit un signe. Deux de ses hommes entourèrent Moon, le troisième traîna Gundhalinu de sa place dans le traîneau, si brutalement que ses genoux fléchirent et il tomba assis dans la neige.

— Laissez-le tranquille, brutes !

— Lâchez-la, bons dieux !

La protestation furieuse de Gundhalinu couvrit celle de Moon qui tentait de courir vers lui ; les deux hommes la tirèrent en arrière. Il rabattit son capuchon et ôta la cagoule qui lui masquait la figure. Puis il fit exprès de parler en klostan, la langue primitive de Newhaven :

— Je m’en vais vous dire qui veut le savoir, sergent ! L’inspecteur de police Gundhalinu !

Le sergent sursauta et remonta sa visière.

— Dieux de dieux…

— Gundhalinu est mort !

Le troisième policier se pencha pour le regarder de près.

— Par le millénaire, c’est bien lui !

Moon se dégagea, courut vers Gundhalinu et l’aida à se relever. Il épousseta ses guêtres et se redressa avec dignité.

— La nouvelle de ma mort a été prématurée, dit-il en s’appuyant lourdement sur Moon.

Le sergent se mit au garde-à-vous. Gundhalinu le reconnut : Tessra-Barde.

— Inspecteur ! Nous pensions que les bandits vous avaient tué, inspecteur. Donnez un coup de main, vous autres…

Gundhalinu secoua la tête et Moon resserra son étreinte protectrice, restant sur la défensive et refusant de se séparer de lui.

— Je vais bien. Je vais très bien, maintenant, dit-il en oubliant soudain le froid et la fatigue, réchauffé et réconforté par le soulagement.

— Soyez le bienvenu ! Vous arrivez juste à temps, inspecteur.

Un des trois hommes lui serra la main, en regardant Moon avec curiosité. Gundhalinu vit se former des implications.

— Qui est votre païenne d’amie ?

— C’est bon d’être de retour, vous ne pouvez pas savoir ! répondit-il en jetant un coup d’œil à la figure démasquée de Moon, à son expression effrayée. Ma compagne de voyage était prisonnière avec moi. Et, avant que je parle de nous, nous aurions bien besoin d’un repas chaud et de nous asseoir.

Il toussa à se déchirer la poitrine, pour marquer le coup. Tessra-Barde protesta d’une voix hésitante.

— Comme vous le savez, inspecteur, les… euh… les indigènes ne sont pas autorisés dans le complexe.

— Par tous les dieux, sergent ! Si les bandits hiverniens ne s’introduisaient pas à tout bout de champ dans votre foutu complexe, je ne serais pas là à moitié mort ! Et sans cette femme, je ne serais pas là du tout !… Amenez notre traîneau.

Il se dirigea vers l’entrée du tunnel, soutenu par Moon. Les policiers ne protestèrent plus.

Jerusha se frotta les yeux et étouffa un bâillement. Le bourdonnement de cinquante conversations l’assourdissait, s’enflait jusqu’au plafond et retombait en échos. Il y avait au moins vingt heures qu’elle était debout, après une nuit de sommeil interrompu ; même à cette place d’honneur, à la tête de la grande table parmi les demi-dieux de l’Assemblée hégémonique, elle était à bout. Pour le Premier ministre et l’Assemblée, ce n’était pas le milieu de la nuit mais midi, heure du bord, et cela le devenait donc pour tous les délégués qui les accueillaient.

Ce soir, en grand uniforme de parade de commandant de police, alourdi d’assez d’ors, de soutaches et de fourragères pour rivaliser avec le soleil, elle avait serré la main du Premier ministre Ashwini. Elle s’était crue étincelante, jusqu’à ce qu’elle le voie dans sa tenue de cérémonie couverte de pierreries, admirablement taillée pour mettre en valeur son corps encore juvénile. Elle se demandait quel âge il avait, en temps réel. Quatre cents, cinq cents ans ? Arienrhod elle-même devait éprouver un pincement de jalousie à la vue de tout ce qu’il représentait. (Elle était secrètement enchantée que la reine n’ait pas le droit d’assister à ce banquet.) Premier ministre à vie, il avait succédé à son père comme potiche de l’Hégémonie, quelques siècles après que les rêves de Kharemough de domination de tous les mondes furent anéantis par l’ultime indifférence de l’espace-temps galactique. Il l'avait saluée avec une galanterie polie mais elle avait bien vu sa stupéfaction de découvrir qu’elle était une femme. Le Juge Suprême Hovanesse était assis à côté de lui, à présent, mais Jerusha était devenue presque indifférente aux rapports qu’il devait entendre sur elle.

Un serviteur se glissa près de son siège, ôta prestement le sixième ou septième service auquel elle n’avait pas touché et posa devant elle une nouvelle assiette pleine. Elle but une gorgée de thé d’un noir rougeâtre. Il avait infusé jusqu’à ce que la cuillère menace de s’y dissoudre et elle espéra qu’il serait assez fort pour la maintenir éveillée.

— Est-ce que nous vous privons d’une honnête nuit de sommeil, commandant ?

Jerusha, contrite, se tourna vers son voisin de droite, le Premier secrétaire Temmon Ashwini Sirus, un fils naturel du Premier ministre. C’était un bel homme au teint clair, fortement charpenté pour un Kharemoughi, entrant tout juste dans l’âge mûr. Elle en était surprise, car le Premier ministre paraissait plus jeune. Mais c’était moins étonnant que de voir un métis parmi les membres de l’Assemblée, ce bastion de l’arrogance kharemoughie. Apparemment, il s’était taillé une belle réputation de guerrier et d’homme d’État sur sa planète natale et, rompant avec la tradition, le Premier ministre l'avait nommé à un poste vacant. Pendant la première heure, elle avait échangé quelques paroles banales avec lui et avec le président de l’Assemblée royalement vêtu, assis à sa gauche, dont le parfum la faisait éternuer. Mais la conversation était morte de belle mort et elle avait été reconnaissante quand leur attention avait été attirée ailleurs.

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