Joan Vinge - La reine des neiges

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La reine des neiges: краткое содержание, описание и аннотация

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Après cent cinquante ans de règne, la belle Arienrhod, la Reine des Neiges et de l'Hiver, n'est pas encore lasse du pouvoir. Et pourtant voici que vient le temps de l'Été et des Étésiens. Alors Arienrhod a recours à de secrets clonages... Des êtres naîtront en qui elle pourra se réincarner.
Ce redoutable rôle échoit à Moon, une toute jeune Étésienne pour qui n'ont existé jusqu'ici que les joies de la mer et l'amour de son cousin Sparks…
C'est à elle qu'apparaît la Sybille, porte-parole de la Reine, pour lui annoncer les épreuves qu'il lui faut affronter.
Et Moon est précipitée, seule, dans une autre Galaxie… Reverra-t-elle jamais Sparks ?

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— Je connais peut-être un Herne. Me souviens pas… Pourquoi ? demanda-t-il en secouant la boîte en fer.

Elle fouilla dans sa poche et y jeta quelques pièces.

— Paraît qu’il est dans le pétrin. J’ai peut-être envie de changer ça.

— Toi ? (Il but un coup au goulot, s’essuya d’un revers de main.) Encore une fois, pourquoi ?

— Ça, c’est entre lui et moi, répliqua-t-elle, les bras croisés, en commençant à s’amuser. Alors où il est ?

— C’est moi, Herne, avoua-t-il à contrecœur.

— Toi ? Ha ! Prouve-le !

— Salope !

Elle recula d’un bond, au souvenir de sa force brutale, mais il ne fit que vaciller sur sa caisse et serait tombé si Pollux n’avait pas levé la main droite pour le remettre d’aplomb. Tor, toujours hors de portée, ouvrit des yeux ronds en cherchant à assimiler ce qu’elle venait de voir.

— Ainsi, c’est ça qu’il voulait dire. T’es infirme !

Il grimaça.

— Qui ? Qui t’envoie ?

— Personne d’important. C’est moi qui veux te voir, Herne. C’est de moi que tu ferais mieux de t’inquiéter. (Elle s’appuya contre Pollux, caressa en souriant sa fraîche épaule de métal.) Qu’est-ce que tu me ferais, à ton avis, si les rôles étaient inversés ?

Un début de doute crispa la joue de Herne. Il examina plus attentivement Tor, puis Pollux. Elle crut un instant voir dans ses yeux qu’il la reconnaissait, ou peut-être n’était-ce que la peur de la reconnaître. Combien d’ennemis un homme pareil avait-il, dans une telle ville ? Et combien de vrais amis dans l’univers tout entier ? Il s’adossa contre le mur, résigné.

— Fais ce que tu veux, je m’en fous, marmonna-t-il avant de boire encore au goulot.

Elle secoua la tête et se rappela Marchalaube et ses propres ennuis, avec un sentiment proche de la camaraderie.

— Non… Simple curiosité, mais comment vont les affaires ? demanda-t-elle en regardant dans la boîte en fer.

— Tout doux.

Elle devinait qu’il se retenait de lui demander quelles étaient les siennes ; la moitié de son corps encore animée était subtilement tendue. Des clients du Parallax passaient devant eux en détournant les yeux.

— T’as drôlement dégringolé depuis la dernière fois qu’on s’est rencontrés.

Il ne se souvenait pas. Elle en était certaine, maintenant, sans trop savoir si elle en était contente ou le regrettait.

— Ça m’est déjà arrivé de mendier. Je n’en suis pas mort.

Elle changea de position, toujours appuyée sur Pollux, et toisa lentement Herne.

— Je crois que ça pourrait t’arriver, ce coup-ci.

Il leva les yeux, les rabaissa ; ne répondit pas.

— Paraît que tu connaissais drôlement ton chemin dans le Dédale avant ton… euh… accident, dit-elle en se demandant comment il en était arrivé là et à cause de qui. Paraît que tu sais vraiment où est la puissance, ici ou en extramonde. Eh bien, pour moi, ça vaut quelque chose.

— Pourquoi ? (vivement).

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? répliqua-t-elle en ne sachant pas ce qui allait sortir de sa bouche qui ne serait pas la vérité. Tu poses beaucoup de questions pour un mendigot.

— Je veux savoir pourquoi une Hivernienne s’y intéresse. Il n’y a qu’un Hivernien…

— Nous sommes des milliers et nous tenons autant que toi à réussir, étranger. (Elle déboutonna une poche, retira sa carte de crédit et la tint devant Herne comme Sparks lui avait mis la sienne sous le nez.) Je n’ai peut-être pas envie de rester éternellement manœuvre. Je veux peut-être ma part du gâteau avant que vous filiez tous en extramonde en l’emportant avec vous.

Avec un vague étonnement, elle s’aperçut que ces mots avaient un sens réel pour elle. Il hocha la tête sans se compromettre, comme s’ils avaient même un sens pour lui.

— Tu dis que ça vaut quelque chose. Combien ?

Il clignait des yeux sur la carte.

— Je n’ai pas grand-chose, mais c’est toujours plus que toi. Est-ce que t’as seulement un endroit où coucher ?

Un seul signe négatif de la tête hirsute et sale. Tor jura.

— Je m’en doutais. Tu peux rester chez moi, pour le moment. T’as besoin de quelqu’un pour te nourrir et nettoyer après toi, n’importe comment.

— J’ai besoin d’argent, pas de quelqu’un pour me torcher le nez ! Tu me fais perdre mon temps.

Il se contorsionna pour se gratter le dos, en grimaçant. Elle le regarda faire.

— C’est merveille que des gens s’approchent assez pour jeter quelque chose là-dedans, dit-elle en poussant la boîte du pied. Qu’est-ce que tu feras quand tes loques grouilleront et te tomberont du dos une nuit ?

— Tu veux me les enlever ce soir, chérie ?

Elle pinça les lèvres puis se força à sourire.

— T’es pas mon type, infirme. C’est Pollux qui fait tout mon sale travail. Il a l’habitude de trimballer des poids morts.

— Tu as raison, Tor, entonna aimablement Pollux.

Il y avait une indéfinissable nuance d’approbation dans la voix atone. Elle s’écarta du robot, un peu mal à l’aise. Parfois, c’était difficile de se souvenir qu’il n’était rien qu’un appareil de chargement bien programmé.

— Tu pourras avoir le vivre et le couvert tant que tu auras de la valeur pour moi, Herne. À prendre ou à laisser.

À prendre ou à laisser, bougre de salaud. D’un côté comme de l’autre, je suis baisée.

— Je ne peux pas me tenir au courant de ce qui se passe si je ne circule pas. J’ai besoin d’argent pour ça, j’ai besoin d’un moyen…

— Tu auras tout ce qu’il te faut… tant que j’ai ce que je veux.

Tant que Marchalaube respecte son marché avec nous.

Il sourit et ce fut un vilain rictus dans sa belle figure. Il étira les bras, avec précaution.

— Alors tu t’es engagé un conseiller, trésor.

— Je me suis engagé un sac d’emmerdes, maugréa-t-elle et elle vida dans sa main le contenu de la sébile. Allez, Pollux, trimballe-le à la maison.

19

L’absence illimitée de lumière et de vie enveloppait Moon comme un linceul étouffant, la privait de toute sensation. Tombant dans un puits sans fond, elle se croyait la dernière petite étincelle de vie dans un univers où la Mort régnait en monarque absolu… la Mort dont l’intangible étreinte la drainait de sa force et de sa raison. Elle était arrivée en ce lieu hors de la vie en cherchant son amour perdu, par une porte qu’elle avait souvent franchie ; mais cette fois, elle s’était perdue et il n’y avait personne pour répondre à ses cris, pas d’oreille pour les entendre, pas de voix… Je veux rentrer chez moi !

— Je veux rentrer chez moi !

Moon se redressa dans son lit, en entendant sa voix se répercuter contre les murs de la petite chambre.

— Moon, Moon… ce n’est qu’un cauchemar. Tu es en sécurité avec nous, maintenant. Tu ne risques rien.

Les bras d’Elsevier étaient autour d’elle, la berçaient, comme Grandman avait consolé une enfant dans la nuit ; il y avait longtemps, si longtemps…

La pièce assaillait ses yeux clignotants de son douloureux jour artificiel, la tridi encastrée dans le mur déversait du bruit et du mouvement… comme elles l’avaient fait avant qu’elle sombre dans son sommeil agité. Depuis l’épreuve de la Porte Noire, elle ne pouvait rester dans une pièce obscure. Elle ravala une boule de chagrin, reposa sa tête contre l’épaule d’Elsevier, sentit la fraîcheur de l’air dans le dos de sa chemise moite. Lentement, le monde se congela autour d’elle, réaffirmant la place qu’elle y tenait ; son cœur se calma. Elle écouta le bruit de la mer.

— Ça va. Je vais bien, maintenant, murmura-t-elle d’une voix encore frémissante et peu convaincante.

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