Robert Heinlein - Vendredi

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Vendredi: краткое содержание, описание и аннотация

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Un cerveau d'ordinateur, un corps surentraîné à tous les risques, et la beauté en plus : telle est Vendredi. L'agent idéal en ce monde futur, en ce monde de demain.
Et, en effet la voici qui rentre de la planète Ell-Cinq, mission accomplie une fois de plus, et quelle mission ! Félicitations du Grand Patron et droit aux vacances.
Heureuse, Vendredi ? Non, tourmentée comme jamais encore, hantée d'images : le viol atroce qu'elle a subi, les meurtres qu'elle a commis. Vendredi la non-humaine aurait-elle une conscience ?

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— Pauvre lèche-cul !

Il a voulu me dire quelque chose, mais son petit copain a fermé le capot et ils ont décollé, juste au-dessus de moi, m’obligeant à m’accroupir. Je crois que je n’étais pas leur genre.

Je suis retournée auprès de la clôture en me disant que Hannah Jensen n’était pas très bien élevée. Elle n’avait pas la moindre excuse pour s’être montrée aussi grossière avec les Verts simplement parce qu’ils sont à vomir. Après tout, on laisse bien vivre les poux, les veuves noires, les morpions et les hyènes. Quoique je me demande souvent pourquoi.

Je me suis fait la réflexion que mes plans n’avaient pas été très bien conçus. Le Patron m’aurait sans doute donné une très mauvaise note. Pas très intelligent de découper cette clôture au grand jour, comme ça… Il valait mieux peut-être choisir un endroit plus protégé et revenir à la nuit tombée. Ou alors appliquer le plan numéro deux : essayer de passer la frontière à Roseau River.

Pour ça, je n’étais pas très enthousiaste. Dans cette région, les petits affluents du Mississippi sont du genre glacial. L’avant-veille, j’avais tâté des eaux de la Pembina, et je n’étais pas près de l’oublier. Brrr !

Non, le mieux était de me trouver un bout de clôture, de voir comment j’allais m’y prendre pour la découper, de me choisir un coin à l’abri des arbres, de dormir sous une bonne couche de feuilles en attendant la nuit. Mais, auparavant, il fallait répéter jusqu’au moindre geste afin que ça se passe comme dans du beurre…

J’étais en train de me dire ça quand, juste au sommet d’un petit talus, je suis tombée nez à nez avec un autre membre de l’équipe d’entretien, sexe mâle.

Quand on est en infériorité, on attaque. Ou bien dit-on que l’attaque est la meilleure défense ?…

— Qu’est-ce que vous foutez là, mon gros ?

— Je travaille sur la clôture. Et vous, mignonne ?

— Oh, ça va ! Laissez tomber ! Vous êtes sûr d’être sur le bon tronçon ? A moins que vous ne vous soyez trompé d’heure ?

J’ai remarqué, avec une pointe d’angoisse, que mon réparateur de clôture était équipé, lui, d’un joli talkie-walkie. Mais il fallait bien que j’apprenne le métier.

— Tu parles ! C’est le nouvel horaire : j’arrive à l’aube et on me relève à midi. Et c’est peut-être vous qui me relevez, non ? Ouais, c’est ça. Vous vous êtes fichue dedans en lisant la grille. Je crois que je vais appeler pour vérifier.

— C’est ça, ai-je dit en faisant un pas en avant.

Il a hésité.

— D’un autre côté, on pourrait peut-être…

Moi, je n’ai pas hésité. Je ne tue pas tous ceux avec lesquels j’ai une petite divergence d’opinions et je ne voudrais pas, pour rien au monde, que ceux qui lisent ce journal pensent ainsi. Je ne lui ai occasionné aucune lésion irréversible. Je l’ai simplement endormi. Momentanément.

Ensuite, j’ai pris un rouleau d’adhésif dans ma ceinture et je lui ai attaché les poignets aux chevilles. Avec un peu de sparadrap assez large, j’aurais pu lui faire un bâillon, mais ce n’était pas le cas. Le plus urgent était de couper cette clôture et je pouvais très bien le laisser appeler les coyotes et les lapins à l’aide.

Une torche laser comme celle dont je disposais était tout aussi apte à trancher l’acier qu’à le souder. En quelques secondes, j’ai découpé une longueur bien suffisante pour pouvoir passer. A la seconde où je me relevais, j’ai entendu :

— Eh ! Laissez-moi aller avec vous !

J’ai hésité. Il m’a dit qu’il avait autant envie que moi de se tirer des pattes des Verts. Qu’il fallait absolument que je le détache.

Ce que j’ai fait dans la minute suivante était complètement idiot. J’ai pris mon couteau et j’ai tranché le ruban avec lequel je l’avais attaché. Eh oui ! Et je suis passée à travers le trou que j’avais découpé sans perdre un instant de plus. Je ne me suis même pas retournée pour voir s’il me suivait.

Au nord, à moins de cinq cents mètres, il y avait quelques arbres. Je me suis élancée dans cette direction à une vitesse record. Ma ceinture me ralentissait et je m’en suis débarrassée sans cesser de courir. L’instant d’après, la casquette a suivi et « Hannah Jensen » est retournée au néant avec les gants, la torche. Tout ce qu’il en restait, c’était un portefeuille.

Je me suis enfoncée dans les arbres avant de me retourner.

Mon ex-prisonnier était à mi-chemin entre la clôture et moi, et deux engins VEA convergeaient sur lui. Celui qui était le plus proche portait la feuille d’érable du Canada britannique. Je ne distinguais pas le blason de l’autre, qui franchissait la frontière.

Le VEA canadien se posa et mon ex-prisonnier parut se rendre sans difficulté. Ce qui était raisonnable, car le deuxième engin se posait à deux cents mètres en territoire canadien, et il arborait le blason de l’Imperium. C’était sans doute celui auquel j’avais eu affaire.

Je ne suis pas une experte en droit international, mais il, me semble qu’on déclenche des guerres pour moins que ça. J’ai retenu mon souffle et augmenté ma perception auditive jusqu’à l’extrême limite.

Apparemment, il n’y avait pas non plus de spécialistes du droit parmi les policiers. L’altercation était bruyante et peu cohérente. Les Impériaux exigeaient la restitution du réfugié en invoquant le droit de poursuite. Un caporal de la Police Montée lui répondait (très justement, selon moi) qu’il ne s’applique qu’aux criminels pris en flagrant délit. Le seul « crime », ici, était le franchissement d’une frontière entre deux points d’entrée légaux, ce qui ne regardait en rien la police de l’Imperium.

— Et maintenant, virez-moi votre tacot et fichez le camp du Canada !

Le Vert jeta une réponse brève qui parut déplaire au Monté. Il claqua le capot de son cockpit et lança dans le haut-parleur :

— Je vous arrête pour violation de l’espace aérien du Canada britannique. Sortez et rendez-vous. N’essayez pas de décoller.

Bien sûr, le VEA impérial décolla immédiatement et refranchit la frontière. C’était sans doute ce que les Montés avaient voulu. Je suis restée où j’étais, parfaitement immobile. Maintenant, ils allaient avoir le temps de s’occuper de moi.

Mais ils ne parurent pas s’intéresser à moi et j’en conclus que mon compagnon de fuite avait à sa façon payé son passage. Il m’avait très certainement vue disparaître entre les arbres. Mais pas les policiers, j’en étais certaine. J’avais fait vite, parce qu’il était évident que découper ainsi la clôture allait déclencher l’alarme dans tous les postes de surveillance alentour. Et que les circuits allaient repérer avec précision le point exact d’effraction.

Mais il serait plus difficile d’établir le nombre de corps chauds qui étaient passés par la brèche. En tout cas, les efforts et les frais que cela supposait pouvaient décourager les meilleures volontés. Grâce à mon ex-prisonnier dont j’ignorerai toujours le nom, les Canadiens ne se lancèrent pas sur ma trace. Une équipe de réparation ne tarda pas à faire son apparition. Je les vis ramasser la ceinture à outils que j’avais abandonnée. Plus tard, une autre équipe apparut du côté impérial. Ils inspectèrent rapidement la réparation des Canadiens et repartirent.

Je me posai une ou deux questions. Si je me rappelais bien, mon prisonnier n’avait pas de ceinture quand il s’était rendu sans résistance. Donc, je pouvais en déduire qu’il l’avait cachée avant de franchir la clôture à ma suite. Il y avait sans doute été obligé puisque j’avais pu à peine me glisser dans la brèche.

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