Robert Heinlein - Vendredi

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Vendredi: краткое содержание, описание и аннотация

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Un cerveau d'ordinateur, un corps surentraîné à tous les risques, et la beauté en plus : telle est Vendredi. L'agent idéal en ce monde futur, en ce monde de demain.
Et, en effet la voici qui rentre de la planète Ell-Cinq, mission accomplie une fois de plus, et quelle mission ! Félicitations du Grand Patron et droit aux vacances.
Heureuse, Vendredi ? Non, tourmentée comme jamais encore, hantée d'images : le viol atroce qu'elle a subi, les meurtres qu'elle a commis. Vendredi la non-humaine aurait-elle une conscience ?

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Ils élisent tout et n’importe qui : du petit parasite responsable de district au chef de la Confédération lui-même (le Chef). Mais ils peuvent les déboulonner tout aussi vite et bien. Le Chef, par exemple, est censé gouverner pour six ans. Mais, parmi les neuf derniers, il n’y en a eu que deux qui aient duré le temps de leur mandat. Les autres ont été démis, à l’exception d’un seul qui a fini lynché. Dans la plupart des cas, un fonctionnaire au pouvoir ne résiste pas à la première pétition.

Mais il ne faudrait pas croire que les Californiens se contentent d’élire, de désavouer ou de lyncher leurs gouvernants. Ils sont également capables de légiférer directement et, à chaque élection, les bulletins de vote proposent plus de lois que de candidats.

Vox populi, vox Dei. Personnellement, je trouve cela très bien. En principe, tout le monde s’y retrouve, si l’on excepte quelques esprits chagrins. Et, de plus, ça ne coûte rien.

Aux environs de quinze heures, nous avons traversé la National Plaza, en face du palais du Chef, en direction du quartier général de la MasterCard.

Georges était en train de m’expliquer qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que nous nous arrêtions à un Burger King pour un lunch rapide. A son avis, le giant, confectionné avec un ersatz de filet de bœuf et une boisson au chocolat calcaire, à base de craie, d’ailleurs, représentait l’essentiel de l’apport de la Californie à la cuisine internationale.

Cela m’a donné quelques haut-le-cœur et j’ai approuvé en silence. A cet instant, une vingtaine de personnes venaient d’apparaître en haut des marches du palais et Georges se portait sur le côté pour éviter de les rencontrer. C’est alors que j’ai remarqué le petit homme coiffé de plumes d’aigle, au milieu du groupe. Ce visage avait été photographié tant de fois. J’ai immédiatement arrêté Georges.

Et j’ai surpris quelque chose à l’extrême limite de mon champ visuel. Une silhouette qui venait de se matérialiser derrière une colonne, tout en haut des marches.

Immédiatement, quelque chose s’est déclenché en moi. J’ai bondi vers l’escalier, renversé le Chef en bousculant pas mal de monde autour de lui avant de me propulser vers cette colonne, tout en haut des marches.

Je n’ai pas tué l’homme qui était là. Je lui ai simplement brisé le bras qui tenait l’arme avant de le neutraliser d’un coup de pied parce qu’il tentait de s’échapper. Je n’avais aucune raison d’agir aussi rapidement que je l’avais fait la veille. Ayant mis hors de danger l’excellente cible que constituait le chef de la Confédération (quelle idée de porter une coiffe de plumes !), j’avais eu quelques fractions de seconde pour me dire que l’assassin devait être capturé vivant parce qu’il pouvait peut-être nous fournir des indices sur ces séries de meurtres.

Mais mes réflexions s’arrêtèrent là parce que deux policiers venaient de me bloquer les bras. Aussitôt, j’ai songé au mépris du Patron ; une arrestation en public ! J’ai songé brièvement à leur échapper et à disparaître. Ce qui n’était pas impossible : l’un des policiers faisait de l’hypertension et l’autre, plus âgé, portait d’énormes lunettes.

Trop tard. En passant en survitesse, j’étais certaine de leur échapper, bien entendu. En moins de deux secondes, je me perdrais dans la foule. Mais ces deux gros crétins étaient capables de griller une dizaine de personnes en essayant de m’arrêter. Non, ce n’était pas du travail de pro ! Pourquoi ces gardiens ne protégeaient-ils pas leur chef au lieu de s’en prendre à moi ? Ou plutôt de me laisser leur travail ! Un tireur planqué derrière une colonne ? Grands dieux ! On n’avait pas connu ça depuis l’assassinat de Huey Long.

Et alors ?… Pourquoi m’étais-je donc mêlée de cette histoire ? J’aurais pu laisser le tueur faire son travail et descendre le vénéré chef de la Confédération californienne avec son chapeau si ridicule et tellement repérable.

Mais j’avais été conditionnée pour cela, ne l’oubliez pas. J’avais tout simplement obéi à mes réflexes. Me battre ne me passionne pas. Vraiment. Mais je le fais, un point c’est tout. C’est comme ça.

Mais je n’ai pas eu trop le temps de m’appesantir sur mes responsabilités : Georges venait de prendre les siennes. Jusqu’à présent, je l’avais entendu pratiquer un anglais canadien presque parfait, et voilà qu’il s’exprimait en français, de façon violente, incohérente, tout en essayant de me dégager de l’emprise de mes deux prétoriens.

L’homme aux lunettes m’a lâché le bras gauche parce qu’il essayait de repousser Georges, et je lui ai envoyé un coup de coude juste en dessous du sternum. Il a poussé un très gros soupir avant de s’effondrer. L’autre se cramponnait toujours à mon bras droit. Je l’ai frappé au même endroit que l’autre, juste avec trois doigts de ma main gauche. Il est tombé sur son camarade et ils se sont mis à vomir tous les deux en même temps.

Tout cela s’est passé évidemment plus vite que je ne le raconte. En deux secondes, peut-être, entre le moment où Georges est intervenu et celui où je me suis libérée. En tout cas, l’assassin avait disparu.

Je m’apprêtais à l’imiter. Et j’étais prête à porter Georges. Mais il avait déjà décidé pour moi. Il me tenait par le coude et nous grimpions vers l’entrée du palais, au-delà des colonnes. Comme nous pénétrions sous la coupole, il me souffla :

— Doucement, maintenant, chérie… doucement… Prends mon bras.

J’ai obéi. Il y avait pas mal de monde sous la coupole mais l’ambiance était plutôt calme. Impossible de deviner ici que le chef de l’exécutif venait juste d’échapper à un attentat. Les loges de pari et de loterie étaient bondées. A quelques pas sur notre gauche, une jeune femme vendait des billets de loterie, ou du moins telle était son intention car je ne voyais aucun client à proximité et elle semblait surtout s’intéresser au feuilleton projeté sur son terminal.

Georges s’approcha d’elle. Sans même lever les yeux, elle lui dit :

— Ça va bientôt être fini. Je suis à vous tout de suite. Faites un petit tour.

Les loges occupaient toute la périphérie. Georges parut soudain leur porter un intérêt intense et surprenant, et je l’imitai. Quelques minutes s’écoulèrent. Les publicités succédèrent au feuilleton, et la jeune femme coupa brusquement le son avant de s’intéresser à nous.

— Je vous remercie d’avoir attendu, dit-elle avec un sourire aimable. Je ne manque jamais Chagrin de femme. Surtout que Mindy Lou est encore une fois enceinte et que son oncle prend ça très mal… Vous suivez ça, ma chérie ?

Je lui ai dit que je n’en avais pas vraiment le temps, à cause de mon travail.

— Quel dommage… C’est très instructif, vous savez. C’est comme Tim, mon petit copain : il ne regarde que le sport. Et il manque tout ce qu’il y a de meilleur dans la vie. Le problème de Mindy Lou, par exemple. Son oncle Ben ne la persécute que parce qu’elle ne veut pas lui dire qui l’a mise enceinte. Ça, Tim s’en fiche. Ce que personne ne comprend, c’est qu’elle ne peut rien dire parce que la chose s’est passée pendant une réunion de district. Dites-moi : vous êtes née sous quel signe ?

Je devrais toujours avoir la même réponse prête pour ce genre de question parce que, inévitablement, les gens la posent, quelles que soient les circonstances. Mais quand on n’est pas vraiment né, on a tendance à évacuer ce genre de problème. J’ai pris une date au hasard.

— Un 23 avril.

Shakespeare est né un 23 avril. Ça m’était venu comme, ça…

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