Robert Heinlein - Job - une comédie de justice

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Job : une comédie de justice: краткое содержание, описание и аннотация

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Promis à une brillante carrière militaire lorsqu’une grave maladie l’obligea à y renoncer en 1934, il est devenu un des auteurs les plus prolifiques de notre époque. Qui donc se mêle de bouleverser ainsi la vie du pasteur Alex Hergensheimer alors qu’il regagne son cher Kansas après un long voyage ? Dieu ou Satan ?
Tout commence par un épisode de très païenne magie lors d’une escale en Polynésie…
Et quand il se retrouve à bord, l’honorable pasteur découvre que tout a changé, y compris lui-même : pour ses compagnons, il est Alec Graham, homme d’affaires, et pour Margrethe, la jolie stewardess, un parfait amant ! Plus dangereux encore : il se retrouve à la tête d’un million de dollars fort mal acquis.
Quant au temps historique, là, c’est le total chamboulement. Dans quel passé… ou quel futur est-il ?
Sentant se perdre son identité et son âme, Alex s’affole, craint l’approche de quelque Armaguedon…

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Margrethe a tourné la tête de mon côté, elle m’a souri et elle avait vraiment l’air d’un ange qui n’avait pas dépassé seize ans.

(Aux globes tendres de tes seins s’accrochent deux églantines… Ah, beauté à nulle autre pareille !)

— Bonjour, ma belle.

Elle a eu un petit rire tendre.

— Bonjour, mon prince charmant. Avez-vous bien dormi ?

— Margrethe, pour être franc, je n’ai pas dormi aussi bien depuis un mois. Bizarre. Maintenant, tout ce dont j’ai besoin, c’est d’un bon petit breakfast au lit.

— Tout de suite, monsieur. C’est comme si c’était servi !

— Non, ne te donne pas cette peine. Je n’aurais pas dû parler de manger. On se contentera d’un baiser. Tu crois qu’on peut y arriver sans retomber à la mer ?

— Oui. Mais il faut faire très attention. Tourne-toi comme ça, là. Et ne bascule pas.

Ce fut un baiser symbolique et non l’un de ces baisers foudroyants qui étaient la spécialité de Margrethe. Nous veillions tous deux à ne pas mettre en péril la stabilité précaire de notre radeau de fortune. Et nous avions d’autres soucis en tête – moi en tout cas – pour ne pas nous permettre de replonger dans l’océan.

J’ai décidé d’aborder franchement le sujet, afin que nous ayons au moins une préoccupation commune.

— Margrethe, si j’en juge d’après la carte qui se trouvait à l’extérieur de la salle à manger, la côte mexicaine, à la hauteur de Mazatlan, devrait se trouver immédiatement à l’est. Je veux dire : quand s’est produit la collision ?

— Je ne sais pas.

— Et moi non plus. En tout cas, après minuit, je suis au moins sûr de ça. Le Konge Knut devait arriver au port à huit heures du matin. Donc, la côte ne devrait pas être à plus de cent cinquante kilomètres à l’est. Il se pourrait même qu’elle soit presque à portée. Il y a des montagnes dans cette direction et nous devrions les apercevoir quand le plafond nuageux se lèvera. Il s’est levé hier et il le fera peut-être encore aujourd’hui. Mon cœur, est-ce que tu es une bonne nageuse de fond ? Si nous voyons les montagnes, es-tu prête à tenter ta chance ?

Elle mit un certain temps à répondre.

— Alec, si tu le souhaites, nous tenterons notre chance, oui.

— Ce n’est pas exactement ce que je t’ai demandé.

— C’est exact. Dans des eaux tièdes, je crois que je peux nager aussi longtemps que nécessaire. J’ai nagé une fois dans la Grande Barrière de Corail, et l’eau était plus froide qu’ici. Mais, là-bas, Alec, il n’y a pas de requins. Ici, il y en a. J’en ai vu.

J’ai poussé un soupir.

— Je suis heureux que ce soit toi qui l’aies dit. Chérie, je pense que nous devrions rester ici et ne pas bouger. Ne pas attirer l’attention. Pour cette fois, je crois que je me passerai de breakfast. Et les requins s’en passeront eux aussi.

— On ne meurt pas très vite de faim.

— Mais nous ne mourrons pas de faim. Si on te donnait le choix, que préférerais-tu ? Mourir de faim ? Brûlée par le soleil ? Dévorée par les requins ? Mourir de soif ? Dans toutes les histoires de naufrages de Robinson Crusoé que j’ai lues, le héros invente toujours quelque chose. Mais je n’ai même pas un cure-dent. Faux : je t’ai toi, ce qui change tous les enjeux. Margrethe, je te le demande : que devons-nous faire ?

— Je pense qu’on va nous repêcher.

C’était ce que je pensais aussi, mais pour une raison dont je ne voulais pas discuter avec Margrethe.

— Je suis heureux de te l’entendre dire. Mais pourquoi le crois-tu ?

— Alec, es-tu déjà allé à Mazatlan ?

— Non.

— C’est un port de pêche très important. A la fois pour la pêche commerciale et la pêche sportive. Dès l’aube, des centaines de bateaux prennent la mer. Les plus gros et les plus rapides vont à des kilomètres au large. Si nous attendons, ils finiront par nous trouver.

— Ils peuvent nous trouver, veux-tu dire. L’océan est grand. Mais tu as raison : nager serait un suicide. Le mieux est de rester ici et de tenir.

— Alec, ils vont nous rechercher.

— Pourquoi ?

— Si le Konge Knut n’a pas coulé, le commandant sait où et quand nous sommes tombés à la mer. Quand il ralliera le port – peut-être en ce moment même – il demandera qu’on lance des recherches de jour. Et s’il a coulé, ils exploreront tout le secteur pour retrouver les survivants.

— Ça me paraît logique. (J’avais, quant à moi, une autre idée, pas très logique.)

— Notre problème, reprit Margrethe, est de rester en vie jusqu’à ce qu’ils nous retrouvent. D’éviter les coups de soleil, la soif et les requins, autant que possible. Et ça signifie qu’il faut bouger le moins possible. Quoique nous devrions nous tourner de temps en temps pour éviter les brûlures.

— Et prier pour que le ciel se couvre. Oui. Et nous pourrions aussi éviter de trop parler. Pour avoir moins soif, non ?

Elle demeura ensuite silencieuse durant si longtemps que je finis par penser qu’elle appliquait d’ores et déjà cette règle. Mais elle dit :

— Mon amour, il se pourrait que nous ne survivions pas.

— Je le sais.

— Si nous devons mourir, j’aimerais mieux entendre le son de ta voix et je voudrais aussi pouvoir te dire que je t’aime – maintenant que je le peux – avec le faible espoir de vivre quelques minutes encore !

— Oui, ma douce, oui.

Malgré cette décision, nous avons très peu parlé. Je me contentais de toucher sa main et cela semblait lui suffire, à elle aussi.

Longtemps après – trois heures selon moi – j’entendis Margrethe étouffer un cri.

— Ça ne va pas ?

— Alec ! Regarde là-bas ! (Elle pointa un doigt et je levai les yeux.)

Ç’aurait dû être à moi de crier, cette fois, mais je crois que j’avais été plus ou moins préparé à ce que je voyais : Haut dans le ciel, une chose cruciforme, comme un oiseau qui planait, mais plus grand et nettement artificiel. Une machine volante…

Je savais que les machines volantes étaient une impossibilité : à l’école technique, j’avais suivi les cours du professeur Simon Newcomb, qui avait apporté la preuve mathématique que les efforts du professeur Langley et de tous les autres pour construire un aérodyne capable d’emporter un homme dans les airs étaient vains et inutiles, car il était aisé de prouver par la théorie qu’un appareil assez important pour emmener un homme ne pourrait porter la pile à énergie thermique nécessaire pour l’enlever du sol.

Tel était le dernier mot de la science à propos de cette folie. Il fallait cesser de gaspiller l’argent de la nation pour de telles fumisteries. Le budget de la recherche et du développement avait été entièrement consacré, et très justement, aux aéronefs, et avec un succès immense et mérité.

Néanmoins, durant ces derniers jours, j’avais été amené à considérer le concept d’impossibilité sous un angle nouveau. Et quand cette véritable machine volante apparut dans le ciel, au-dessus de nos têtes, je ne fus pas absolument surpris.

Je pense que Margrethe dut retenir son souffle jusqu’à ce qu’elle ait fini de nous survoler pour glisser vers l’horizon. Je dus, pour ma part, m’efforcer de respirer calmement ; cette chose avait été si belle, si rapide, harmonieuse et argentée. Je n’avais pu me faire une idée de sa taille réelle, mais, si ces taches sombres que j’avais distinguées sur ses flancs étaient des fenêtres, alors elle devait être énorme.

Je n’avais pu voir ce qui la faisait avancer.

— Alec… est-ce un aéronef ?

— Non. Du moins ce n’est pas ce que je voulais dire par aéronef quand je t’en ai parlé. Je dirais que c’est une machine volante. Mais c’est tout ce que je peux dire. Je n’en ai encore jamais vu de semblables. Pourtant, je peux être certain d’une chose, à présent, une chose très importante.

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