Franck Thilliez - Conscience animale

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Conscience animale: краткое содержание, описание и аннотация

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Et si se terrait en chacun de nous une animalité sanguinaire ? Et s'il était possible par un sacrifice bien mené de la réveiller ? Et si un homme avait précisément en tête d'user de ce savoir secret pour mettre en place une gigantesque entreprise assassine ? C'est dans le tourbillon de tous ces « si » que vont être aspirés Warren, père de famille presque ordinaire, Sharko, inspecteur tenace et téméraire, Moulin, jeune recrue faisant ses premières armes, et Neil, linguiste pour le moins singulier.
Nouant leur destin dans une enquête balisée par le sang et la cruauté, ils devront affronter l'impensable pour réaliser l'impossible. Mais quel sera le coût de cet impossible ?

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Une nouvelle surprise se tramait à l'intérieur du volatile ! Son ventre se gonfla, puis se craqua sans un bruit. Enveloppées d'une maigre pellicule de placenta, deux longues pattes velues tâtèrent le terrain. Warren s'éloigna, happé par une terreur aigre.

Le corps continua à se craqueler sur toute sa longueur, pour finalement s'ouvrir en deux, tel un oeuf en chocolat. Une araignée difforme, noire, enfantée par les entrailles du volatile, en sortit. Son abdomen monstrueux, luisant comme s'il venait d'être lustré, exposait une fine croix blanche qui faisait ressembler le corps au drapeau d'un bateau pirate. De minuscules bulles de salive s'organisaient entre ses deux mandibules qui s'agitaient latéralement comme le feraient les lames d'un sécateur. Elle lorgna durement Warren, prête à jaillir, mais avait toujours les pattes arrière coincées à l'intérieur du moineau. Acculé contre le mur, gélifié et à la limite de la crise cardiaque, il se sentait incapable d'affronter sa peur, emmurée à ses côtés dans cette pièce. Il tambourina de toutes ses forces sur la porte en hurlant, effort vain puisque les tronçons coupe-feu étouffaient ses cris. Il cognait, cognait, désespérément. Il ne la quittait pas des yeux, cherchant un ustensile pour l'écraser. Pas une arme dans ce caveau, à part le plateau-repas sur le sol. Faute de mieux, il ôta une de ses claquettes. Outillé si maigrement et paraplégique de ses moyens, il s'avança cependant d'un pas. Le répugnant arthropode, qui grossissait à vue d'œil pour atteindre pratiquement la taille d'un poing, crachait une sorte de mousse blanchâtre, propulsant un puissant jet parfaitement ajusté qui lui atteignit presque le visage. L'esquivant de justesse, il se scotcha derechef contre le mur, bras écartés. Le liquide expulsé par la couturière à ses heures attaqua la moquette pour la digérer en moins de dix secondes, générant une émanation acide qui emplit instantanément le cageot à lapins de toute sa puanteur.

Warren hurlait toujours, contrairement à ses deux voisins qui imitaient ses cris et se moquaient de lui, en explosant de leurs bonds les ressorts de leur lit. Il lança la sandale qui la frôla. En riposte, l'arachnide lui allongea un filet de poison qui lui lécha presque les pieds. Sûre d'elle, la tisseuse bondit jusqu'au rebord du lit pour l'atteindre plus facilement, tandis que ses mandibules oscillaient de plus en plus rapidement comme pour générer une nouvelle réserve de venin. Dos dans le coin formé par le mur et la porte, il ne pouvait s'éloigner plus. S'il n'agissait pas dans l'immédiat, elle le consommerait à distance.

Il s'approcha, courbé et utilisant le plateau-repas comme bouclier. Déjà rechargée en munitions, elle essaya de lui vomir sur la jambe, giclée qu'il para de peu à l'aide de sa protection providentielle. Le plastique se troua aussitôt, émettant un bruit de pneu qui crève. Warren avait dix secondes, le temps qu'elle recharge, aussi il jaillit, bras levés. Au moment où il allait frapper de toute sa hargne, la massive boule à huit pattes s'éjecta pour glisser dans les plis des couvertures du lit. Tel un détraqué, il cogna partout sur le matelas aux endroits où le tissu ondoyait. Il leva les draps, elle n'était plus là. En un plongeon, il se plaqua sur le sol pour lorgner sous le lit, serrant le plateau par la tranche pour l'utiliser comme couperet. La fille du Mal courait sur la moquette dans sa direction, les deux mandibules à ras du sol comme un chasse-neige ! Le dévorant du regard de ses dizaines d'yeux globuleux, elle lui sauta au visage, et il eut à peine le temps de rouler sur le côté pour l'éviter. Elle revenait à la charge, plus furieuse que jamais, désormais aussi grosse qu'une boule de bowling ! Ses huit pattes de la taille de pinces de crabes se synchronisaient parfaitement, alors que ses griffes, semblables à des crocs de loup, arrachaient sur leur passage des mailles de moquette. Il feignit de ne pas bouger, et, comme lorsqu'on fait un coup droit au tennis, lui administra un coup de plateau alors qu'elle était en plein vol. Il réussit à peine à la décaler sur le côté, tellement elle était lourde ! Il se plaça sur le matelas, et dès que son corps, monstrueuse boule de suif, réapparut de dessous le lit, il sauta pieds joints sur la croix blanche. L'abdomen ne craqua pas tout de suite, exploitant son maximum d'élasticité tel un ballon de baudruche. Puis finalement, troué en son centre comme une bouée, le monstre au baiser empoisonné explosa. Un jus épais s'incrusta dans la moquette, tandis que les pattes restèrent plantées exactement là où elles se trouvaient avant l'impact.

— Je t'ai eue, sale putain !! maugréa-t-il en se relevant.

Il piétinait encore, de la même façon que le font les vendangeurs dans une volumineuse bassine de raisin. Ses pieds semblaient tout droit sortis d'un bain de lait, criblés d'espèces de pelures de peau. Après s'être abondamment rincé les orteils, il retourna auprès de la carcasse de l'oiseau pour finalement l'envelopper dans une serviette en papier. Il le déposa tendrement au fond de sa poubelle, avant de s'allonger pour reprendre son souffle.

Cette chose, qui est sortie de ma bouche… C'était… elle, c'était l'araignée !! C'est… c'est elle qui m'envahissait, toutes les nuits !! Oui ! L'eau de javel, pour dissoudre les corps ! Les araignées digèrent leurs proies de l'extérieur, avant de les manger ! Elles les remplissent de venin, et ensuite, elles les aspirent ! Les deux trous, c'était pour l'injection, comme deux crocs !! Ma peur soudaine des araignées !! Elles… elles se dévorent entre elles, elles se redoutent !!

Profondément dégoûté par l'idée de savoir que ce monstre avait été en lui, il se grattait à sang, comme si le fait de se stigmatiser de la sorte le nettoierait de l'intérieur. Il savait qu'elle n'était pas physiquement en lui, du moins l'espérait-il, mais le petit vieux, l'oiseau, avait réussi à la faire se matérialiser pour pouvoir finalement l'extraire. Quand il se rendit compte qu'il empourprait les draps et que des morceaux de peau s'accumulaient sous ses ongles, il s'arrêta brusquement.

Une clé tournait dans la porte.

— Monsieur Wallace, vous avez de la visite ! Qu'est-ce que c'est que ça ??

L'infirmier pointa son doigt en direction du mont visqueux.

— C'est… c'est une araignée… Je l'ai écrasée… Elle était monstrueuse…

Écœuré, le mastodonte fronça les sourcils.

— Vous rigolez ou pas ? C'est… impossible !! Il considéra la double rangée de pattes, encore plantées tels des piquets de tente. Mais d'où ça sort, bon sang ??

Warren l'attendait déjà dans le couloir. La blouse blanche, encore toute retournée, l'emmena dans une salle de repos où Sharko et Neil l'attendaient, la bouche semblable à une fine cicatrice.

— Bonjour messieurs… Inspecteur… je… je suis désolé pour votre femme… J'ai appris… Les infirmiers me l'ont dit…

L'inspecteur se leva pour le prendre dans ses bras, tandis que Neil lui caressait la main.

— Je suis désolé pour vous… Tout… tout ce qui vous arrive… Votre femme… vos enfants…

— Je vous présente mes sincères condoléances, compléta Neil, abattu. Je suis de tout cœur avec vous…

L'accompagnateur, qui se rendit compte qu'il était de trop, disparut dans le couloir, puis s'enfonça discrètement dans la chambre de Warren pour lorgner d'un peu plus près la bizarrerie éclatée sur la moquette. Les deux hommes, veufs, ne purent s'empêcher de verser une larme. Après une longue étreinte, qui fit un bien incommensurable, ils s'assirent autour de la table ronde.

— Il… il faut le crever, ce salopard, murmura Warren, balayant les alentours pour voir si personne n'écoutait. Je… je veux le tuer de mes propres mains… Je veux lui faire tout ce qu'il a pu faire aux autres…

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