Franck Thilliez - Pandemia

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Pandemia: краткое содержание, описание и аннотация

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« Bientôt, ce monde contaminé par la médiocrité, la misère, l’assistanat va connaître l’embrasement, puis le changement. »
« L’homme, tel que nous le connaissons, est le pire virus de la planète. Il se reproduit, détruit, épuise ses propres réserves, sans aucun respect, sans stratégie de survie. Sans nous, cette planète court à la catastrophe. Il faut des hommes purs, sélectionnés parmi les meilleurs, et il faut éliminer le reste. Les microbes sont la solution. »
Après
, une nouvelle aventure pour l’équipe de Franck Sharko et Lucie Henebelle, renforcée en coulisses par la jeune et courageuse Camille. Et l’enjeu est de taille : la préservation de l’espèce humaine.

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— Vos pompes, ça va pas le faire…

Lui portait de grosses bottines qui montaient jusqu’aux chevilles.

— Je vous dis ça parce que, là où on va, ça craint.

Chombeau prit le té à sa ceinture et souleva avec aisance la plaque d’égout. Puis il tendit une paire de gants et un casque à Sharko. Il était différent de celui qu’il avait retrouvé dans l’étang.

— Le casque, c’est obligatoire. Dites, il y avait d’autres entrées plus proches pour accéder à l’endroit où on va aller.

— Oui, mais je veux passer par ici.

— C’est vous, le chef. À vous l’honneur…

Sharko enfila ses protections et dévala l’échelle à son rythme. L’égoutier descendit de quelques échelons, remit la plaque en place et vint rejoindre le flic. Il alluma sa grosse lampe, en tendit une plus petite à Sharko. Le long tunnel prit une couleur ocre, et l’eau une teinte noir luisant. Elle circulait presque au ralenti, simplement mue par la gravité. Sharko se demanda d’où elle venait et où elle allait.

— Ils vous ont bien vendu le truc, aux services techniques, je présume ? Un réseau moderne, performant. Ah, les bons communicants, c’est pas eux qui descendent ici… Certains disent que les égouts, c’est la conscience de la ville, que tout y converge et s’y confronte. Hormis la merde, je vois pas ce qu’il y a d’autre.

— Contraint et forcé, ce job ?

— Personne n’a envie de passer la journée les deux pieds là-dedans. Mais faut bosser, pas le choix, hein ? Nous autres, on vit dix-sept ans de moins que la moyenne et on se chope tout un tas de saloperies. Alors, ils nous filent une retraite anticipée. C’est bien le seul avantage, mais quand on bosse plus, on est presque déjà morts.

Chombeau déplia une carte et y jeta un œil.

— Enfin bref, sinon, bienvenue dans le Paris sous Paris. Y a juste un peu moins de touristes qu’à la surface, c’est beaucoup plus tranquille, vous allez voir. Suivez-moi.

— Il faut une bonne condition physique pour descendre ici, je suppose ?

— Carrément. On marche beaucoup, on se contorsionne, on porte du lourd. La mairie n’embauche personne au-delà de quarante ans. Faut pas être claustrophobe non plus, mais ça, ça me paraît évident.

Sharko songeait à leur homme. Il avait aussi transporté les parpaings dans les bois, soulevé et lesté les quatre squelettes, porté la victime et son chien sur plus de cinq cents mètres. Il devait donc être jeune, en bonne forme, solide sur ses jambes.

Ils n’avaient pas marché deux minutes que le lieutenant de police vit une forme noire détaler à un mètre à peine, sur sa droite. Un rat au poil rêche, avec une queue plus longue que le reste du corps.

— Nos plus fidèles amis. Ils se jettent sur vous dès que vous vous approchez trop près et font des bonds impressionnants. Faut les voir attaquer, ces saloperies. Ils nous refilent la leptospirose, la maladie du rat, par leur urine. Parfois, on en guérit. D’autres fois, c’est des hémorragies violentes, des maladies graves des reins. Bref, restez loin d’eux, ça vaut mieux…

Sharko ne comptait pas s’approcher, de toute façon. Il fit comme les rats et rasa les murs.

— Vous verrez aussi des blattes, des araignées d’une belle taille. Pour les sauterelles, faut aller du côté de place d’Italie, il y en a un sacré paquet.

— Ça donne envie.

— Un jour, j’ai même vu des tortues de Floride nager comme si elles étaient dans leur environnement naturel. Par contre, pour ces histoires de crocodiles ou d’alligators qui hanteraient les eaux, c’est des conneries.

Ils bifurquèrent dans une cavité de forme ovale, propre et presque sèche — seul un filet d’eau courait au milieu. Des tuyaux, des câbles partout. Sharko songea aux coursives d’un vaisseau spatial, comme on en voyait dans les films. Sauf qu’il découvrit, juste au-dessus de sa tête, des champignons qui ressemblaient aux bien nommés champignons de Paris.

— Ils se mangent, il paraît. Perso, j’ai jamais essayé… Au fait, qu’est-ce que vous cherchez au juste ? On m’a demandé de vous amener à l’endroit où une partie de l’ancien réseau d’eau potable a foutu le camp. On va plus dans ce coin-là, vous savez ?

— Justement, c’est ce qui m’intéresse. Aller là où personne ne va.

— Si c’est votre truc. Bon, ça va se compliquer un peu, on va arriver à un embranchement de collecteurs d’eaux usées. Et si vous avez moyen de vous boucher le nez… Ou de respirer par la bouche…

Sharko sortit un masque de sa poche et l’enfila. Chombeau eut un rictus.

— Vous aviez quand même un peu prévu le coup.

— Pas vraiment, non…

Sharko plissa les yeux, l’endroit devenait immonde. Une bande d’eau à la couleur indéfinissable, sortant d’un tunnel étroit, se jetait dans une autre plus large. Des paquets de détritus décomposés — papier toilettes, etc. — s’accrochaient aux canalisations, à un mètre de hauteur. Sharko se demanda un court instant comment ces immondices étaient arrivées là, si haut, et eut la réponse en songeant aux inondations. Quand l’eau montait, tout suivait, évidemment…

Les murs incurvés étaient souillés, les tuyaux attaqués par l’oxydation. L’odeur passait même à travers le masque. Le flic pensa aux extraits de menthe découverts à proximité des lieux des enlèvements et du crime. Était-ce pour atténuer la puanteur ? Et la drogue, le laudanum ? Leur tueur avait-il besoin de se shooter, de planer pour descendre dans ces infectes ténèbres ?

De plus en plus, Sharko se sentait sur la bonne voie. Leur homme évoluait dans ces profondeurs. Il naviguait sous le sol de Paris, à l’ombre des regards, comme une taupe. Au milieu de la société mais invisible.

Dans une dimension parallèle.

Qui était-il ? Pourquoi avait-il enlevé ces hommes pour ensuite décomposer leur corps à l’acide ?

Ils sautèrent d’une rive à l’autre. Pris dans ce labyrinthe, Sharko se sentait incapable de retrouver son chemin sans son guide. Même son téléphone ne captait plus. Il se rendit compte à quel point le Paris souterrain était complexe, improbable, entre les stations de métro, les catacombes, les égouts. La capitale reposait sur un véritable gruyère habité d’étranges animaux, et probablement d’êtres humains qui ne remontaient jamais à la surface. Des habitants de l’enfer…

— C’est encore loin ?

— On est à mi-course environ. Ah, je vous l’avais dit, c’est vous qui l’avez cherché !

Oui, il l’avait cherché, et il le regrettait déjà, lui qui s’était plaint, pas plus tard que la veille, de n’avoir à traquer que des gens derrière des écrans. Aujourd’hui, il préférait les écrans à la merde.

Ils s’enfoncèrent plus encore dans les profondeurs. Les murs se resserraient, le plafond devenait écrasant. Sharko sentait la vie organique bruire tout autour de lui. Des végétaux, des insectes… L’eau clapotait, tandis que sa lampe fouillait l’obscurité la plus totale.

Chombeau signala la présence d’un rat mort sur leur passage.

— Attention.

Franck s’écarta plus que de raison et accéléra le pas. Ses pompes étaient dégueulasses, ses vêtements s’imprégnaient de ces odeurs nauséabondes. Trop tard pour reculer, de toute façon. Ils marchèrent l’un derrière l’autre en silence, mais Chombeau s’arrêtait de plus en plus souvent pour pointer des niches sombres avec sa lampe. L’une des masses éclairées semblait bouger. Sharko plissa les yeux. Oui, l’un des rats morts vibrait, ses poils s’agitaient.

— Il a tellement de puces sur lui qu’on le dirait vivant.

Sharko grimaça, c’était écœurant. Ici, la mort se recyclait, rien n’était perdu. Ils marchèrent encore longtemps, prirent un dernier virage et durent se faufiler entre deux poutrelles qui formaient un X géant. Devant eux, un tunnel carré qui ne devait pas mesurer plus d’un mètre cinquante de côté. Un panneau bleu, comme ceux indiquant le nom des rues, était cloué sur la droite : « Sol fragilisé, risques d’inondation et de noyade. Accès strictement interdit. »

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