Jean-Christophe Grangé - Kaïken

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Kaïken: краткое содержание, описание и аннотация

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Quand le Soleil Levant devient un Soleil noir,
Quand le passé devient aussi tranchant qu’une lame nue,
Quand le Japon n’est plus un souvenir mais un cauchemar,
Alors, l’heure du kaïken a sonné.

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Parfois, Naoko lui passait des produits cosmétiques nippons — la plupart portaient la mention bihaku , ce qui signifie plus ou moins « beauté pâle ». Naoko était l’incarnation parfaite de la bihaku . Elle avait la tête de quelqu’un qui se nourrit exclusivement de riz, de lait et d’eau d’Evian. Ce qui était faux : elle mangeait comme quatre et connaissait toutes les pâtisseries de Paris. Par mesquinerie, Sandrine tentait parfois de l’imaginer avec trente ans de plus. Pas moyen. Son teint l’éblouissait comme un soleil : impossible de voir au-delà.

— Désolée pour le retard, fit-elle en reprenant son souffle.

Naoko répondit d’un sourire qui signifiait : « Comme d’habitude. » Mais aussi : « Pas grave. » Sandrine posa son sac et s’installa. Ôtant son manteau, elle se sentit cernée par sa propre odeur de transpiration. Un autre effet de la chimio : la moindre fragrance l’étouffait, lui donnait envie de vomir.

— T’as vu la carte ? Il paraît que c’est un des meilleurs japonais de Paris.

Naoko esquissa une moue dubitative.

— Quoi ? fit Sandrine, feignant la panique. Ils sont pas japonais ?

— Coréens.

— Merde. J’ai lu un article dans Elle qui…

— Laisse tomber.

C’était devenu un sujet de blague entre elles. Depuis des années, Sandrine s’évertuait à lui faire découvrir de nouveaux restaurants nippons. Une fois sur deux, ils étaient en fait tenus par des Chinois ou des Coréens.

Elle ouvrit la carte. Inutile de se contrarier pour si peu. Elle voulait profiter à fond de sa phase de rémission. Depuis une semaine, elle avait retrouvé l’usage de ses papilles après avoir souffert de mucites à répétition.

— Je vais prendre le maki moriawase . Un bon plateau de sushis, c’est tout ce dont j’ai besoin !

— Ce ne sont pas des sushis, mais des makis. Maki , ça veut dire « rouler ».

Naoko avait dit cela d’un ton rogue, où pointait une espèce d’amertume. Sandrine avait déjà compris que son amie était dans un mauvais jour.

— Et toi, fit-elle avec désinvolture, qu’est-ce que tu choisis ?

— Une soupe miso, ça ira très bien.

— C’est tout ?

La Japonaise ne répondit pas. Elle avait les yeux si noirs qu’il était impossible de discerner la prunelle de l’iris.

— Tu t’es encore engueulée avec Olive ?

— Même pas. Il reste dans son sous-sol. On n’a aucun contact. De toute façon, il part ce soir.

Le serveur arriva et prit leur commande.

Après un bref silence, Sandrine préféra crever l’abcès :

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Rien de plus, rien de moins que d’habitude. Je me suis levée avec un monstrueux cafard, c’est tout. Mon mariage est un naufrage complet.

— Original.

— Tu ne comprends pas. J’ai le sentiment qu’Olivier ne m’a jamais aimée.

— J’en connais pas mal qui rêveraient de ne pas être aimées de cette façon.

Naoko nia de la tête :

— Olivier aime le Japon. Il aime un fantasme, une idée. Quelque chose qui n’a rien à voir avec moi. D’ailleurs, ça fait des années qu’il ne me touche plus…

Sandrine réprima un soupir. Une heure de trafic pour jouer à la psy. Mais elle ne se plaignait pas. Elle écoutait la musique des mots et elle adorait ça. Cet accent délicat qui n’avait toujours pas trouvé le moyen de prononcer les « r » ou les « u ».

— Son sentiment pour moi a toujours été abstrait, continua Naoko. Au début, j’ai cru que cette adoration allait se préciser, qu’il allait s’intéresser à la femme sous la Japonaise. C’est le contraire qui s’est produit. Il s’est enfoncé dans son obsession. Il passe encore ses nuits à regarder des films de samouraïs, à lire des écrivains dont je ne connais même pas le nom ! Il écoute des vieux machins au koto qu’on n’entend plus au Japon, excepté à la fin de l’année, dans les grands magasins. T’aimerais vivre avec un mec qui écoute toute l’année « Petit Papa Noël » ?

Sandrine sourit sans répondre. Le serveur revenait avec un plateau en forme de navire chargé de poissons crus, agrémenté des touches roses du gingembre et des pointes vertes du wasabi. Elle se réjouissait, au plus profond d’elle-même, des saveurs imminentes. Depuis la découverte de son cancer, chaque plaisir, même le plus infime, ressemblait à la cigarette du condamné.

Naoko saisit son bol de soupe à deux mains et poursuivit, les yeux rivés sur la table :

— En ce moment, son truc, c’est d’écouter les dialogues de vieilles comédies musicales de la Shochiku. Il a commandé des CD obscurs sur Internet. Il les écoute en boucle, au casque, sans comprendre le moindre mot. Tu trouves ça sain ?

Sandrine prit un air compatissant et cueillit un nouveau rouleau d’algues, de thon et de riz. Elle avait déjà bien entamé la proue du bateau.

— Dix ans de mariage et je ne sais toujours pas s’il a compris que je suis une femme. Je suis avant tout une pièce dans son musée.

— La pièce maîtresse.

Naoko eut une moue sceptique. Elle avait une bouche sensuelle. De profil, sa lèvre inférieure était très légèrement avancée, ce qui lui conférait une grâce animale. Sandrine ne connaissait pas le Japon mais elle avait entendu parler d’une ville historique, Nara, où les biches se promènent en liberté. Elle s’était toujours dit que Naoko venait de Nara.

— À ses yeux, c’est une chance inespérée d’être marié avec une Japonaise. À travers moi, c’est mon pays qui l’accepte. Il y a un mot en français pour ça. Quand le roi sacre un chevalier…

— Adouber.

— C’est ça, il a été adoubé par le Japon. Même nos fils font partie du processus. Parfois, j’ai l’impression qu’ils sont une expérience génétique. Sa tentative de mélanger son sang avec celui de mon peuple.

Sandrine aurait voulu expliquer à Naoko qu’il y avait pire dans la vie. Comme d’approcher la quarantaine sans mec, sans enfant, avec en prime un cancer qui vous ronge les seins, le foie et l’utérus.

Mais Naoko voyait plus grand. D’un geste, elle élargit le tableau de son martyre :

— Finalement, mon problème avec lui, c’est celui que j’ai toujours eu avec la France. Je n’ai jamais été ici qu’une bête de foire. Aujourd’hui encore, quand on apprend d’où je viens, on me dit : « J’adore les sushis ! » Parfois même on se trompe et on me parle de nems. D’autres fois, pour me remercier, on joint ses mains sur la poitrine, à la thaïe. Ou on me souhaite « bonne année » en février, au Nouvel An chinois. J’en ai vraiment marre !

Sandrine attaquait le pont arrière du vaisseau. C’était tellement bon de sentir à nouveau ces parfums… Le goût iodé des poissons. La saveur piquante du gingembre. La noire amertume du soja. Des morsures, mais des morsures d’amant.

— Quand on me connaît mieux, marmonna Naoko, toujours concentrée, on me demande si c’est vrai que les Japonaises ont un vagin plus étroit.

— C’est vrai ?

— Quand je suis venue en France, poursuivit-elle sans relever, je pensais…

— Tu voulais devenir française ?

— Non. Juste un être humain à part entière. Pas un produit exotique. Pas un vagin XS.

Sandrine, la bouche pleine, remit la balle au centre :

— Et toi, demanda-t-elle soudain, t’es sûre de ne plus l’aimer ?

— Qui ?

— Passan.

— On n’en est plus là.

— Vous en êtes où ?

— Au solde de tout compte. Dix ans de vie commune et je ne sais même pas si nous avons des souvenirs ensemble. Aujourd’hui, j’éprouve une vraie tendresse pour lui mais aussi de la pitié. Et aussi de la colère, et… (Elle s’arrêta, au bord des larmes.) L’urgence, c’est de ne plus vivre sous le même toit. On ne se supporte plus, tu comprends ?

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