Adrien Goetz - Une petite légende dorée

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Pendant la semaine où s’écroule le bloc de l’Est, Carlo, jeune dandy américain, espion et diplomate, parcourt l’Europe.
Ce qui le conduit à Lugano, à Budapest, à Prague et enfin à Sienne, le matin du Palio, doit rester secret. Il n’en parlera ni à Marge avec qui il vit, ni à Irène, lancée à sa poursuite. Il ose à peine se l’avouer : c’est l’amour de l’art, un coup de foudre, la découverte d’un artiste siennois oublié dont il a vu une œuvre par hasard à la National Gallery de Washington.
Le « Maître de l’Observance », peintre énigmatique de la Renaissance, commence à le hanter et transforme sa futile existence en une petite légende dorée.
Adrien Goetz fait de la peinture sa trame romanesque. Il entraîne le lecteur dans une troublante enquête à travers musées et collections privées. Un nouvel hymne à l’Italie par l’auteur de
(Prix des Deux Magots, Prix Roger Nimier).

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Il s’efforça de ne pas regarder l’immense affiche qui promettait une rétrospective consacrée à « Matisse et les plantes vertes » pour la semaine suivante, les oreilles lui tintaient déjà. La veille, un de leurs amis avait fêté son anniversaire dans un club à la mode : ils avaient eu droit à une chorale de nains, un combat de gladiatrices, pour finir la soirée à barboter en smoking dans la piscine remplie de confiture verte à la menthe. Carlo se demandait qui cela pouvait amuser à part le gars du pressing. Il accéléra l’allure. En tête cette fois, La Force du destin, morceau de bravoure de son répertoire secret, dirigé par Kurt Warum en 1956. Dans la Gallery, il n’alla pas bien loin, monta quatre à quatre l’escalier qui tourne, admira deux par deux les colonnes de porphyre du vestibule, se mit en demeure d’inventorier les tableaux un à un. Il avait le temps, dix minutes d’avance. Autant commencer par le début, avec en tête le plan qu’on lui avait fourni dans le dossier. Il regardait machinalement. Napoléon passant en revue.

Des icônes, des fonds d’or, des madones grognardes à n’en pas finir, pas vraiment des icônes en fait, car sur certaines on voyait de petites scènes avec des personnages, plus de mouvement que sur une icône, des « primitifs italiens », ou ce genre-là. S’il fallait voir encore cinq ou six salles de cette veine, autant prendre son mal en patience. Les petits personnages, coincés entre le Moyen Âge et la Renaissance, faisaient des gestes expressifs, se lançaient des regards qui parlent. Carlo ne comprenait rien à ce théâtre de marionnettes, toutes ces légendes dont on a perdu les clefs. Mais il regardait. Pour le décor, on n’avait pas lésiné sur le marbre. C’était bien le moins : la collection privée des Etats-Unis, rien de trop beau. La propriété de chaque citoyen de l’Union. Il regarda sa montre et pensa : « Pourquoi suis-je en avance ? Encore cinq minutes à tuer. » Et il promena, une seconde, sur la Vierge à l’œillet de Giotto, le regard d’assassin qui lui semblait de circonstance. Elle ne trembla pas.

Il s’arrêta devant un panneau peint. Pas de cadre. Une baguette de bois et un verre. Pas de reflet. Petites dimensions. Cela représentait un homme sur un lit dans une maison qui avait l’air d’une boîte à chaussures, avec deux autres qui lui soulevaient une jambe. L’homme était blanc, malade. La jambe noire. Peut-être les deux hommes lui portaient-ils secours. Il y avait aussi un bouquet dans une vasque de terre, une estrade, une porte, et les murs passés à la chaux. La chambre était petite, presque entièrement remplie par le lit. Sur celui-ci, la couverture ressemblait aux plaids écossais que l’on met à l’arrière des voitures. Le vernis, par endroits, composait un minuscule réseau d’écailles. Les yeux de Carlo se perdaient dans les couleurs, les hachures des joues roses qui laissaient apparaître, entre les lignes, une légère teinte verte qui, à un pas de distance, était imperceptible. Carlo sourit. Dieu sait pourquoi, il y regarda à deux fois. « Jamais deux sans trois » — une des expressions françaises qu’utilisait Marge : il sembla n’en plus pouvoir bouger. Le cosmos lui parut tenir tout entier dans ces couleurs si douces.

Ce tableau lui rappelait des images qu’il voyait enfant avec ceux qu’il appelait ses « premiers parents » — la période de sa vie que nul, parmi ceux qu’il fréquentait alors, ne connaissait. Une époque dont il n’y avait aucun survivant. Quand il était petit, en France, quand il ne savait pas qu’un jour il partirait, qu’il ne voudrait plus revenir, qu’il abandonnerait tout et parlerait une autre langue.

Enfant, il s’allongeait par terre pour grouper les étoiles. C’était un peu cela : comme si ce tableau lui eût parlé français. Il y pensa, du premier coup, en français. Une langue que ne comprenaient ni Marge — à une dizaine de citations près —, ni certainement cette femme avec laquelle on lui avait donné rendez-vous ici, ni ses collègues de Washington. Preuve qu’il rattachait cette peinture à ce cercle si reculé de son esprit — Carlo divisait en cercles —, à ce domaine, ce temps définitivement écoulé. Jamais Carlo ne pensait en français pour des choses nouvelles, mais toujours pour des souvenirs, quand il revoyait ses vrais parents, leur ville, le moment du départ. Les souvenirs, d’habitude, il évitait.

Ce tableau à ses yeux n’était rien. Ni sa jeunesse, ni telle ou telle maison, aucune particulière image d’autrefois, ni le bord de la mer qu’il aimait, même à Newport, ni ses chères randonnées dans les Appalaches, ni sa bande d’amis, cette jeunesse dorée du temps de Yale. Il ne lui rappelait pas Marge. Dans cette peinture, il n’y avait pour lui ni nostalgie, ni sentiment, ni rêve — ni la mort, ni la vie, ni son passé, ni l’avenir. Il la regardait avec fixité. Il ne savait même pas ce que cela représentait, combien cela avait coûté, comment c’était arrivé ici. Cela ne l’intéressait pas. Cette peinture ne le rattachait à rien de connu. Une terre nouvelle. Île ou continent ?

Puisque c’était en français, il n’en parlerait pas à Marge. D’une manière ou d’une autre, il aurait fallu lui traduire, exprimer ce qu’il avait senti devant cette toile — toile ? non, tableau ? pan de bois ? pan de mur ? panneau ? — avec des mots qui n’iraient pas. Un « panneau », un piège oui. En face de cette « peinture », le français convenait, s’imposait. Son enfance n’était pas véritablement un jardin secret. Ou alors si secret qu’il ne voyait pas bien lui-même de raison d’y pénétrer. Jardin désert, peu conçu pour la promenade, vaste comme un parc, avec une foule de badauds qui se pressaient aux grilles. Il y entrait peu, sans plaisir, sachant trop bien quelles zones de marécages invisibles il contenait. Carlo ne se sentait pas nostalgique de ses années françaises. Moins en tout cas que de ses années de Yale quand il se passionnait surtout pour les chevaux de l’écurie. Et puis, avec qui en parler ? Pour Yale, c’était un bon sujet de conversation avec les camarades de l’université, nombreux à Washington. Quel intérêt ? Monologuer ?

Ce tableau lui plaisait comme si on lui eût offert, par surprise, un souvenir d’enfance de plus : morceau de sa jeunesse qu’il n’aurait pas encore vécu, qui dormait là, dans ce musée, sans qu’il ait jamais soupçonné qu’il ait pu l’y attendre. Un fragment d’une autre adolescence : si ses parents n’étaient pas morts et s’il avait grandi avec eux. Un souvenir qui, pour une fois, ne lui eût pas fait mal. Il se sentit bien. Au bon endroit, au bon moment.

Seul, parlant sa langue maternelle, pour lui-même, il regarda.

Il pensait à Marge, à force de s’être dit que ce qu’il était en train de voir ne la concernait pas. Il crut avoir senti son parfum. Il changea de disque : comme souvent, il passait de Verdi à Rossini et il entonna, dans la belle salle à l’italienne aménagée à l’intérieur de sa boîte crânienne, l’ouverture de La Donna del Lago. Carlo n’aimait pas Newport. Même en France, on avait dû entendre parler de la station. Dans ces années, cela disait quelque chose à tout le monde parce que c’est dans ce coin que les Kennedy ont leur maison. On avait vu, sur toutes les télévisions du monde, la vieille madame Rose Kennedy faire les honneurs de son intérieur et montrer les photos sur son piano. Était-ce à Newport ou dans la maison de famille des Kennedy à Hyannis Port ? Carlo confondait un peu, comme un Anglais qui ne saurait plus très bien si le hall moquetté en tartan se trouve à Windsor ou à Balmoral. Tout le monde savait, même dans les coins les plus perdus du Middle West, que Newport comptait, face à la mer, d’autres villas où d’autres familles, peut-être devenues moins illustres, mais tout aussi anciennes et influentes, collectionnaient sur des pianos et des cheminées, dans des cadres en argent, des photos d’équipes de hockey, de distributions de prix, et de chevaux qui gagnaient des concours. Les familles plus modestes collectionnaient les mêmes photos, moins celles de chevaux, mais fixées sur la porte du réfrigérateur par de petits objets magnétiques. Marge avait emmené Carlo au vernissage d’un peintre qui reproduisait à l’aquarelle ces Portes de réfrigérateurs dans un style hyperréaliste. Il montrait huit cents laraires de cette sorte, et elle en avait acheté un.

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