Robert Heinlein - Une porte sur l'été

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Une porte sur l'été: краткое содержание, описание и аннотация

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Daniel B. Davis s’aperçoit que sa fiancée et son meilleur ami l’ont trahi et évincé de son usine de fabrication de robots. Il décide de fuir vers l’avenir, en compagnie de son chat, Petronius le Sage, même si cela doit l’obliger à quitter Ricky, une petite fille qu’il aime tendrement.
Daniel choisit la route du « long sommeil », c’est-à-dire celle de l’hibernation artificielle. Mais son chat disparaît et c’est seul qu’il affronte le bond dans le temps. Par quel miracle, trente ans plus tard, Rocky est-elle âgée de vingt ans à peine et Petronius le Sage, présent dans ce monde du futur ?

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Je parvins à dissimuler mon émotion en observant la démonstration du vendeur. J’aurais pu lui éviter cette peine : l’appareil et moi étions faits l’un pour l’autre. En dix minutes, je m’en servais mieux que lui. Finalement, je cessai de faire de jolis dessins ; je pris note du prix, des réductions, des arrangements possibles et je partis en promettant au vendeur de lui faire signe dès que je serais sur le point de me décider. C’était une mauvaise blague mais il ne lui en coûta qu’une heure de son temps.

Je pris de là le chemin de l’usine dépendant de la société Robot Maison et m’y présentai pour essayer d’obtenir du travail.

Je savais que Belle et Miles n’avaient plus aucun lien avec cette société. Pendant mes heures de liberté, entre mon boulot et mon travail de mise au courant d’ingénieur, j’avais fait des recherches en vue de retrouver Belle et Miles et plus particulièrement Ricky. Aucun des trois ne se trouvait dans les bottins téléphoniques du Grand Los Angeles, ni, d’ailleurs, dans aucun annuaire des États-Unis. On fit une enquête au Bureau National de Cleveland et je dus payer quadruple taxe, car je fis rechercher Belle à la fois sous le nom de Gentry et sous le nom de Darkin.

Même résultat négatif avec le registre des électeurs de Los Angeles.

Selon une lettre signée par un sous-fifre, la société Robot Maison admit prudemment avoir eu, trente ans auparavant, des dirigeants répondant à ces noms, ajoutant toutefois qu’il ne leur était pas possible de me fournir plus amples renseignements.

Enquêter avec des données vieilles de trente ans n’est pas une tâche pour un amateur ne disposant que de peu de loisirs et de moins d’argent encore. Je n’avais aucune empreinte digitale, j’aurais pu, dans le cas contraire, essayer de m’adresser au F.B.I.

Aucun numéro de Sécurité sociale. Bref, je ne disposais d’aucune référence utilisable.

Peut-être une agence de détectives privés largement rémunérés aurait-elle pu dénicher quelque élément utile ? Mais je n’avais pas les fonds nécessaires, ni par ailleurs le temps ou le flair personnel pour opérer seul.

J’abandonnai l’idée de retrouver Miles et Belle en me promettant de me faire aider par des professionnels pour rechercher Ricky dès que mes moyens le permettraient. Je m’étais déjà résigné à l’idée que Ricky ne devait posséder aucun titre de Robot Maison. Pourtant, j’avais écrit à la National Bank of America afin de savoir si l’on détenait, ou si l’on avait détenu, un avoir à son nom. Je reçus en réponse un formulaire imprimé disant que les sujets de cet ordre étant confidentiels, etc. J’écrivis de nouveau en mentionnant que j’étais un Réveillé récent et que Ricky était ma seule parente survivante. J’eus droit cette fois à une vraie lettre signée d’un responsable m’annonçant que des renseignements sur les clients de la banque ne pouvaient en aucun cas être transmis, même dans des cas exceptionnels comme le mien ; il se croyait toutefois en mesure de répondre par la négative à la question concernant la possibilité que la banque ait, à quelque moment ou à quelque succursale que ce fût, opéré des transactions au nom de Frederica Virginia Gentry.

Voilà qui éclairait un point. Les deux oiseaux étaient parvenus à mettre la main sur Ricky. Selon les dispositions que j’avais prises, les transactions auraient dû obligatoirement se faire par la Bank of America.

Elle avait été volée tout comme moi. Pauvre Ricky ! Tous deux victimes des mêmes escrocs.

Je fis une autre tentative. Le Bureau des Archives de l’Inspecteur général de l’Instruction publique de Mojave se trouva avoir un dossier au nom d’une élève nommée Frederica Virginia Gentry, mais la dite élève ayant quitté l’école en 1971, il n’existait pas de renseignements postérieurs à cette date.

Ce fut une consolation de trouver quelque part quelqu’un qui admît l’existence de Ricky. Elle avait pu changer d’école. Combien de milliers d’écoles publiques y a-t-il aux U.S.A. ? Combien de temps me faudrait-il pour écrire à chacune d’elles ? Et tenait-on des archives permettant de répondre, si toutefois l’on consentait à répondre ?

Au milieu d’un quart de milliard d’êtres humains, une petite fille disparaît comme un galet dans l’océan.

* * *

L’échec de mes recherches ne m’empêcha pas de postuler auprès de la Robot Maison S.A. un travail dans mes cordes. J’aurais pu essayer une des cent firmes concurrentes de Aladin, mais celle-ci était la plus importante. Ce fut pourtant une raison sentimentale qui me dirigea vers elle : la perspective de revoir le travail de mon passé.

Le lundi 5 mars 2001, je me rendis donc au bureau d’embauche de la société et m’inscrivis sur la liste des postulants aux emplois de bureau. Je remplis une douzaine de questionnaires ne concernant en rien le travail d’ingénieur, et un seul s’y rapportant. Inutile de revenir me dit-on : la firme me ferait signe le cas échéant.

Je restai à traîner dans les couloirs, et parvins à me faire recevoir de l’un des adjoints administratifs. Il lorgna l’unique formulaire présentant quelque signification et m’annonça que mon diplôme d’ingénieur était sans valeur puisque je n’avais pas exercé durant trente ans. Lorsque je lui eus expliqué que j’étais en Long Sommeil pendant cette période :

— Cela rend la chose encore plus impossible. De toute façon, nous n’engageons pas de personnel au-dessus de 45 ans.

— Mais j’en ai 30 !

— Vous êtes né en 1940. Je regrette.

— Que suis-je censé faire ? Me tirer une balle dans la tête ?

Il haussa les épaules.

— A votre place, je postulerais pour une pension de vieillesse.

Je sortis rapidement avant de lui avoir dit ce que j’en pensais. Je couvris ensuite les quelques centaines de mètres qui me séparaient de l’entrée principale et franchis le seuil. Le directeur général s’appelait Curtis, je demandai à le voir. Je parvins à forcer deux barrages en soutenant que j’avais à parler affaires avec lui. (La maison n’utilisait pas ses propres automates comme réceptionnistes, mais du matériel humain.) Je parvins jusqu’à un bureau au deuxième étage situé, du moins je le présumais, à deux portes de celui du patron, quand je me trouvai face à face avec une créature du type infranchissable qui insista pour en savoir davantage sur ce qui m’amenait. Je lançai un coup d’œil dans le bureau. Il était plutôt grand, occupé par une quarantaine de personnes et un nombre impressionnant de machines.

— Eh bien ! aboya-t-elle, exposez votre affaire et je consulterai la personne chargée des rendez-vous de Mr Curtis.

D’une voix haute et bien timbrée, je lançai :

— Je désire savoir quelles dispositions il a l’intention de prendre vis-à-vis de ma femme !

Soixante secondes plus tard, j’étais dans le bureau directorial. Curtis m’examina.

— Veuillez m’expliquer cette histoire de fou ! cria-t-il.

Cela me prit une demi-heure, y compris l’utilisation de quelques références anciennes, pour le convaincre que je n’avais pas de femme, et que j’étais le fondateur de la firme. A partir de là, l’atmosphère se détendit nettement, à l’aide de petits verres et de cigares. On me présenta le directeur commercial, l’ingénieur en chef et différents chefs de service.

— Nous pensions que vous étiez mort, me dit Mr Curtis. D’ailleurs, l’histoire officielle de la compagnie le prétend.

— Simple rumeur. Un homonyme.

Le directeur commercial, Jack Galloway, s’écria subitement :

— Que faites-vous, actuellement, Mr Davis ?

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