Frédéric Dard - Mesdames, vous aimez « ça » !

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Mesdames, vous aimez « ça » !: краткое содержание, описание и аннотация

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La vérité ?
Rarement je suis passé aussi près de la grande faucheuse que dans ce book.
Un tout petit peu plus, c'était : « bon suaire, m'sieurs-dames » sur l'air des lampions.
Et tout ça, tu veux que je te dise ?
A cause d'une gentille opticienne qui n'avait pas mis de culotte pour faire sa vitrine.
Nous autres tringleurs, on est peu de chose, tu sais !
Pendant que j'y pense : n'en parle pas à maman, elle se ferait du mouron. Tu connais Félicie !…

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Autant te dire, Casimir, que je suis rien moins que rassuré, comme l’écrirait « la gonzesse de Sévigné » (Béru dixit). Je regarde sans relâche autour de moi avec, constamment, la sensation qu’une de ces bestioles m’escalade les montants pour aller rendre visite à mon serpent de mer.

On attend de la sorte quatre heures à l’ombre du bosquet, changeant de position quand l’ankylose nous biche.

Au moment où je commence à désespérer de voir les perdreaux lever le siège, les nains jaunes brouhahatent. C’est, pour commencer, les motards qui larguent le barrage. Les bourdilles qui se déplacent à bord d’un grand véhicule grillagé ne tardent pas à se ramasser et les voici qui s’en vont, rendant la route à une relative fluidité.

— On dirait que ça recommence à carburer ? fais-je à mon pote.

Il ne répond rien. Paraît dubitatif comme un fauve flairant un piège.

— Attendre encore ! dit-il.

— Attendre quoi, tête d’haineux ?

Il ôte ses lunettes teintées. Dans ces cas-là, il redevient franchement monstrueux, avec sa gueule de gorille pris à partie par un bulldozer.

— Je sais les manières de la police : souvent, elle fait semblant de s’en aller.

— Tu crois qu’il s’agit d’un piège ?

— Possible.

Je décide de lui faire confiance et de poireauter encore un peu. Bien m’en prend : une demi-heure plus tard, quatre autres motards déferlent sur la route.

— Toujours ainsi quand ils recherchent quelqu’un en fuite, m’apprend l’homme à la gueule défoncée. Après un barrage, d’autres policiers surviennent à toute vitesse.

Je regarde les quatre guirlandes de gaz bleu qui tire-bouchonnent au fion de leurs péteuses. Ensuite, plus rien que la circulation normale.

Nous repartons. L’ankylose m’a saccagé les cannes.

La vie est dure pour l’homme courageux.

MALAISE EN MALAISIE

La chose, simplement, d’elle-même arriva.

Nous arpentions la route de la forêt, sur le côté gauche pour voir les voitures arriver, ainsi qu’il est recommandé dans les manuels : « Comment vivre en se déplaçant pédestrement ». La circulation restait fluide. A un moment donné (tout se passe à un « moment donné », bien évidemment ; si on supprimait de notre langage toutes les locutions superflues, que de temps et de papier on gagnerait !) une Mercedes jaune nous a dépassés, roulant à une allure modérée. Elle a parcouru environ deux cents mètres puis a stoppé et s’est mise à reculer.

Dans ma poitrine, c’est devenu glacé comme le regard d’une directrice d’internat religieux quand elle apprend que la meilleure élève du pensionnat s’est fait foutre en cloque par le gars de la pompe à merde venu vider les gogues. J’ai illico ressenti dans ma viande que je l’avais in the babe (comme disent les gars du Foreign Office) et que ma destinée risquait fort de reprendre sa liberté sur cette route thaïe. Le conducteur semblait capable de conduire aussi vite en marche arrière qu’en marche avant. Ils étaient deux, pas très beaux ni très joyeux, à bord du carrosse. Des franchement vilains, tu peux m’en croire ; j’ai du reste remarqué, au cours de ma tumultueuse existence, que les méchants sont rarement beaux. Leur âme noire les défigure.

Mais je n’ai pas le temps de te faire une disserte sur le sujet.

Voilà donc ces deux vilains branques qui nous apostrophent. En thaï, naturellement ; tu penses qu’ils vont se gêner ! N’entravant que pouic à leur discours. non seulement je continue de chiquer les infirmes, mais en outre les crétins (rôle où j’excelle).

Le gazier qui se tient au côté du conducteur descend de la tire et nous rejoint. Il m’examine, sort un mouchoir cradoche de sa fouille et me frotte les lotos après l’avoir humecté de sa salive, pouah ! Il sourit sinistrement en découvrant le barbouillage qui en résulte. Il se retourne pour apprendre la bonne nouvelle (en anglais : the good new ) à son coéquipier. Fatal réflexe ! Il déguste un formid coup de béquille sur l’os-qui-pue, Béru dixit). Le voilà tout mollasson. Avec une présence d’esprit foudroyante, je le soutiens devant moi pour m’en servir de bouclier.

— Prends mon revolver dans le pansement ! enjoins-je à mon guide.

C’est risqué, mais je compte qu’il restera dans mon camp par crainte des deux gonziers.

Il prend mon feu comme indiqué.

— Donne !

Je tends la main dans mon dos tout en continuant de soutenir mon estourbi.

Au lieu de me remettre l’arme, mon guide vient à ma hauteur. Il allonge le bras et praline le conducteur de la Mercedes presque à bout portant. La tronche du mec explose, aspergeant tout le pare-brise.

— Oh ! le con ! mugis-je. Qu’est-ce qui t’arrive, gueule de rat ?

Putain cette béchamel ! Mais qu’est-ce que j’ai fait au Seigneur pour toucher un branque pareil ! Il se prend pour Al Capone ou quoi, ce nœud ?

Mais attends, c’est pas fini. Voilà-t-il pas qu’il appuie le canon de l’arme sur la nuque du mec que je soutiens et presse la détente. Le gus meurt sans avoir repris conscience. J’ai la gueule pleine de raisiné, au point d’en être aveuglé. Il m’en est entré dans la bouche, pour te dire toute l’horreur, bien comme il faut, sans rien omettre ! De quoi perdre la raison. J’ai tout de même le temps de penser que si je ne récupère pas l’arme illico presto je vais avoir droit à mon infusion de plomb.

Heureusement, mon pote guide ne songe pas à me seringuer. Son bras pend, avec l’arme au bout. Je l’en soulage. Il semble en état d’hébétude.

Avant de gueuler et quoi ou qu’est-ce, je mate la route. Déserte. J’ai du bol dans mon malheur. Rapide, je balance le corps qui se trouve à l’extérieur dans le bois que nous longions. Il gît au milieu d’un roncier inextricable.

Au loin, se pointe un énorme camion jaune qui ressemble à une fête foraine. Comme beaucoup de poids lourds dans ce pays de cons, il est constellé de feux multicolores, de peintures de pin-up, d’étoiles scintillantes. Une baraque foraine, on dirait !

Vitos, je me place côté route pour masquer le cadavre sanglant du conducteur ainsi que le pare-brise ruisselant de sang. Le camion passe. Puis c’est une bagnole déglinguée, et encore un camion aussi clinquant que le précédent. Enfin, une accalmie.

— Fous le chauffeur à l’arrière ! hurlé-je à mon camarade d’équipée.

Je dois le lui répéter avant qu’il ne s’exécute (après avoir exécuté les deux tomobilistes).

Juste qu’il achève le transbordement, quelques véhicules passent, en paquet, sans prendre garde à nous. Ensuite, j’enjoins à mon ami « Ça flingue » de se mettre au volant. Pas très prudent, car il claque des chailles.

— Ressaisis-toi, Ducon, et emporte-nous d’ici ; tu sais conduire, oui ?

— Oui.

Il pilote laborieusement, en grande lenteur de corbillard dans l’allée centrale du cimetière. N’importe ; l’essentiel est d’avancer, non ?

On parcourt quelques kils de cette allure funèbre, parfaitement appropriée à notre passager.

Pendant que mon camarade drive, je me livre à un acte pas très joli : je fais les poches du mort allongé à l’arrière. Y trouve une couleuvrine gros calibre à la panse garnie de six jolies bastos au groin doré. L’empoche discrètement. Juste que j’achève cette fouille, le mec ralentit et se range sur le bas-côté. Devant nous, à environ cinq cents mètres, la circulation semble agglutinée.

Custom ! qu’il dit, l’apôtre.

La douane ! Mon guignol bat la chamade. Va-ce être la fin de ma terrifiante randonnée ? Ou bien touché-je au salut ? Prière de faire une croix devant la bonne réponse, et une plus grande devant la mauvaise !

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