Frédéric Dard - Mes hommages à la donzelle

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Mes hommages à la donzelle: краткое содержание, описание и аннотация

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Il y a une multitude de choses dont j'ai horreur. Les jeunes filles de plus de quatre-vingt-dix-sept ans, tout d'abord. Le poisson mal cuit, aussi. Puis les liaisons mal-t-à-propos ; les ouatères de wagons de seconde classe ; les bitures de Bérurier et les imparfaits du subjonctif de Pinaud. Mais s'il y a une chose qui m'énerve par-dessus tout, qui me file au bord du delirium très mince, c'est qu'on s'asseye sur mon chapeau… Surtout au cinéma… Surtout quand on l'a fait exprès… Surtout quand c'est le dargeot d'un truand qui est l'outrageur… Surtout quand tout ça cache le commencement d'une aventure insensée !

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J’allume une cigarette.

— Tout ça pour t’expliquer que tu ferais bien de parler. Sois gentil. Très gentil…

Je désigne le père Bouboule.

— …Ou bien je te lâche encore mon bouledogue dessus.

Il réprime un geste d’effroi.

— Où se trouve Héléna ?

— Ici, dit une voix.

La donzelle se tient dans l’ouverture du coffre.

CHAPITRE XX

ET MES HOMMAGES À LA DONZELLE !

Elle fait un pas en avant. Elle tient une mitraillette sous le bras avec la même aisance qu’un parapluie. Un autre zig se pointe sur ses talons : Maubourg. Lui aussi a ce qu’il faut comme seringue.

L’effet de surprise est tel que ni Bouboule ni moi ne songeons à intervenir.

Il y a un silence. Tout le monde se regarde sans piper mot.

C’est bibi qui reprends l’initiative de la jactance.

— Alors toi, dis-je à Héléna, je te tire mon chapeau, parce que pour ce qui est d’être gonflée, tu l’es… Oui, t’as droit à mes hommages…

Elle paraît pressée.

— Jetez vos armes ! ordonne-t-elle à mon compagnon et à moi.

Bouboule soupire et prend son revolver ; je connais mon gros pote et je sais qu’il va risquer. En effet, mes pronostics s’avèrent exacts. Il fait le geste de jeter l’arme sur le tapis, mais au dernier moment il l’ajuste dans sa grosse patte et balance une dragée à Maubourg. Il s’est dit qu’entre un homme et une femme mieux valait mettre l’homme K.-O. en premier. Son calcul s’annonce inexact : Héléna n’est pas tout à fait une femme comme les autres. D’une rafale elle ôte à Bouboule toute envie de chiquer.

Cet échange de mauvais procédés a eu lieu en un temps record. Évidemment mon feu a son mot à dire, mais je n’ai pu le sortir efficacement car au moment où je tirais, la femme de chambre que j’avais perdue de vue s’est jetée sur mon bras et la balle se perd dans le plancher.

C’est le signal de la ruée. Toute la meute se jette sur moi et ce ne sont pas les éclopés qui billent le moins fort. Je ne sais pas quelle jouvence ont avalé Long-pif et Bertrand, mais qu’est-ce que je déguste, Auguste !

C’est le grand bidule, le patacaisse maison. En moins de deux je suis truffé comme une dinde de Noël…

Je tente en vain de réagir. Je suis renversé sur le divan et il m’est tout à fait impossible de me dégager de là.

Je prends mon mal en patience. Comme encaisseur, je bats ceux de la Banque de France et du Palais des Sports.

Je serre les mâchoires. J’en ai vu d’autres. Et puis je suis philosophe… Je joue une partie dans laquelle le vaincu n’a pas à attendre de tendresse du vainqueur.

— Laissez-le ! fait soudain Héléna.

À regret, les loups enragés me lâchent. J’essaie timidement de bouger et je m’aperçois que j’y parviens assez aisément.

— Debout ! ordonne la jeune femme.

Je me redresse.

— En route !..

Je me dirige vers la porte d’entrée, mais elle me stoppe.

Pas par là !

Du canon de sa mitraillette, elle me désigne l’issue secrète.

Bertrand, serrant sa main sanglante contre sa poitrine, s’engage le premier dans l’étroit escalier. Je le suis. Les autres ferment la marche, abandonnant les corps dans le bureau. Un grand claquement ! Le coffre a repris sa place dans le mur. Cette fois les carottes sont archicuites. Personne ne découvrira jamais ce passage clandestin. D’ici pas longtemps, je vais aller rejoindre Héléna II dans la chaudière ; la chose est courue.

Nous aboutissons dans la petite pièce où ronfle la fameuse chaudière.

— Commissaire, fait Héléna, j’ai le regret de vous annoncer que je vous juge, que je vous condamne à mort, que je rejette votre pourvoi en grâce et que je vous exécute.

Elle pose l’ouverture (ou plutôt la sortie) de sa mitraillette sur ma poitrine.

— Une seconde, dis-je.

J’ai parlé d’un ton si ferme, si péremptoire, qu’elle sursoit à sa décision.

— Héléna, fais-je, je ne voudrais pas [ ?] avec de la curiosité plein le citron. Or, une chose me turlupine : pourquoi, après le coup fourré de cette nuit, au lieu de ne songer qu’à vous planquer, n’avez-vous eu qu’une idée en tête : me supprimer ?

— Elle est bonne, celle-là, s’exclama Bertrand.

Héléna le foudroie du regard.

Elle redresse sa mitraillette. Mais les femmes, je vous l’ai dit, feront toujours des c… ries de femmes ; heureusement pour les jules.

Héléna m’appuie son arme sur la poitrine. Elle savoure ma mort. Elle veut voir la peur dans mes yeux. Elle guette ça âprement, cette hyène !

Je ne puis bouger les mains car elle presserait la détente. Alors, j’y vais au culot. Je fonce en avant. Il se produit un truc inouï, c’est que le canon de l’arme me sert de bélier. La crosse lui frappe la poitrine, l’obligeant à se reculer. Le hasard veut qu’en reculant, son coude entre en contact avec le tuyau incandescent de la chaudière. Elle pousse un hurlement et lâche son appareil à débiter des permis d’inhumer. Les autres ont vu le danger. Ils ne sont pas armés, mais ils se précipitent. Il ne faut pas qu’ils puissent s’emparer de la mitraillette car ce serait le tableau final. Comme je ne puis me baisser pour la ramasser, je n’ai pas d’autres ressources que de poser le pied dessus.

Je me mets donc à boxer en essayant de ne pas reculer. Long-pif et Bertrand y vont de bon cœur. Héléna et la femme de chambre itou. La situation est sans issue. D’autant plus que Bertrand vient de saisir un tisonnier de sa main valide et le lève pour m’en fracasser le crâne tandis que les trois autres me tiennent le bras.

Hands up !

La porte de la cave vient de s’ouvrir, pas celle conduisant à l’escalier secret, mais l’autre, qui doit aboutir à l’autre immeuble. Un homme se tient dans l’encadrement de la porte.

Je n’y pensais plus à celui-là : il s’agit de l’homme au regard d’aveugle. Le meurtrier de Ferdinand.

— J’arrive à temps, monsieur le commissaire, fait-il avec un accent à couper au sécateur.

Je constate avec surprise que les autres le considèrent avec surprise, comme s’ils ne le connaissaient pas.

— Mande pardon, fais-je, mais lorsque je dis merci à quelqu’un, j’aime bien savoir le nom de ce quelqu’un.

Il s’incline :

— Jo Joyce, de l’Intelligence Service…

— Ah bon !

On se serre la paluche.

— Je suis sur l’affaire depuis quelques jours, me dit-il. Exactement depuis qu’un garde-côte a découvert le cadavre du véritable professeur Stevens dans les environs de Douvres. Comme la disparition du savant n’était pas signalée par les services français, on m’a envoyé sur place. J’ai compris que le professeur Stevens de Paris n’était pas celui qui était parti de Londres. Il s’agissait d’un savant allemand, spécialiste des questions atomiques, qu’une puissance étrangère avait substitué au premier. J’ai attendu pour dévoiler le pot aux roses, afin d’avoir la possibilité de coffrer tout le réseau. J’avais découvert que les habitants de la maison de la rue Gambetta sortaient parfois par la rue de derrière. Ce matin j’ai donc surveillé l’issue de secours. J’ai vu entrer Héléna avec un autre homme. Comme ils ne ressortaient, je me suis hasardé et…

— Et vous avez bigrement bien fait.

— Je le pense, en effet.

Nous entravons les bras de notre personnel et nous remontons. Nous débouchons dans une maison assez semblable à celle du faux Stevens.

— Je vais téléphoner à la boîte pour demander qu’on nous envoie des autos et des ambulances…

Joyce opine du bonnet.

Je passe donc mon coup de bigophone au boss.

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