Frédéric Dard - Les prédictions de Nostrabérus

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Les prédictions de Nostrabérus: краткое содержание, описание и аннотация

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Tu sais qu'il se passe des drôles de choses en Suède ?
Viens-y avec moi, tu verras !
Tu verras ce que t'as encore jamais vu.
Tu verras : des merderies modèles, des partouzes géantes, des mariages d'hommes, que sais-je ?…
Tu crois que c'est à cause du froid que les frangines de là-bas ont le réchaud incandescent, toi ?
Et ce serait les brunes nordiques qui refileraient à Béru ce don de double vue ?
Je le savais déjà voyeur, le Gros.
Pas mal voyou, aussi, dans son genre.
Mais voyant, alors ça, je te jure !
Viens te rendre compte comme les petites Suédoises s'enflamment facilement.
Suffit de savoir les frotter !
Viens, je te dis !

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Mesieur le directeur,

J’espère que vous ne prandrez pas en movaise parti ce qui va suivre. Consécament à mon don que vous savez, le préfaire quitté la police pour consacré à mon don que je peut me rendre hutil a l’umanitet. Qu’en cé qu’on n’a la chance d’avoir un don come moi, fodrait haitre le dernié des unconciants pour pas profite de son don. Je vous prille donc de bien vouloir agrégé ma démicion que cé à regrait que je vous la done et dont nez an moindre je raiste à votre déposicion pour chac foi que vous z’en nauré de besoin.

Vous avai vautre caraterre, mé vou n’aitre pas le maichant t’home et je me pairmètré de gardé un bon souvenir de vou.

Avec mon resse-pet respétieu.

A.-B. Bérurier.

— Charmant, n’est-ce pas, aboie le Dirloque. Et savez-vous pour quoi il nous quitte, ce gros paltoquet ? Pour jouer les saltimbanques ! Il se produit dans un cirque, ce veau ! Vous n’ignorez pas qu’en ce moment même on se bat pour assister à son gala organisé par M. Alain Delon. D’ailleurs, je crois savoir qu’il est télévisé.

Il marche à sa bibliothèque. Un panneau pivote, découvrant un énorme téléviseur. L’appareil chauffe en zonzonnant. Des lividités tremblotent sur l’écran. Le son vient. L’image se précise.

Tout de suite, on pourrait croire à la retransmission d’un match de boxe. Ça hurle, ça trépigne dans le public. On perçoit des vivats, des coups de sifflet. Le cameraman cadre une série de visages en délire. Puis l’objectif va chercher deux personnages sur un podium.

En smoking, tous les deux.

L’un est Bérurier, l’autre M. Léon Zitrone, de l’Académie française.

Le fameux interviouveur est en train d’interroger le mage.

— Monsieur Nostrabérus, pouvez-vous nous dire, compte tenu des données fondamentales de la conjoncture actuelle et eu égard à la situation internationale, ce que sera le devenir français au sein du concert des nations ?

Le divin renifle.

— En somme, dit-il, vous voudriez savoir l’avenir ?

— Précisément, monsieur Nostrabérus, et particulièrement l’avenir de la France.

Le voyant ferme ses yeux pour mieux voir. Il se défourrage le calbute d’une grattée puissante et attaque :

— Pas laubé laubé. Le franc va démerder de plus rechef. Un petit malin est en train de mijoter une caravane de nouveaux impôts. La vie augmentera que vous pouvez pas vous figurer. Les curés toucheront les allocations familiales. On remplacera le président de l’Orertéhef. Huit fois !

Le commentateur se hâte de prendre le virage.

— Et l’horizon politique, monsieur Nostrabérus ?

Le mage redouble de concentration.

— Eh ben, mon pote, je peux déjà vous dire que c’est rincé pour la Cinquième, à bref déchéance. Le régime va nous interpréter « Raccrochez, c’est t’une erreur ». Y sera remplacé par un autre dont m’sieur Marchais sera président et m’sieur Séguy agent général pour la France.

Le téléphone retentit dans le bureau du Vieux. Celui-ci, très pâle, baisse le son du téléviseur et décroche.

— J’écoute ?

Sa figure devient autre, dans les teintes roses.

— Mes respects, monsieur le ministre. Pardon ? Oui, oui, j’étais précisément en train de visionner cette lamentable… Vous dites ? Naturellement ! Comptez sur moi. Un scandale, en effet. Dont les éclaboussures… J’appelle immédiatement le colonel des C.R.S. Pour la retransmission, je crois qu’une panne… Ah, la voici qui se produit, justement. Oui, ils passent le carton d’excuses. Je fais le nécessaire de mon côté. Mes res… Je vous le promets, monsieur le ministre. Mes res… Dans les règles, monsieur le ministre. Mes res… Avec quoi, dites-vous, monsieur le ministre ? La dernière quoi ?… Vigueur ! alors là, faites-nous confiance. Mes res… pects, monsieur le…

Clic.

Je suis allé porter une boutanche à Béru, le lendemain, à l’hôpital. Berthe était à son chevet, qui lui caressait amoureusement le visage à travers ses bandages. Il avait une jambe dans le plâtre, ainsi que le nez, fracturé en deux endroits. Son crâne où fourmillaient les points de suture ressemblait à une gigantesque fermeture Eclair.

Il parlait avec difficulté, à cause de ses lèvres éclatées.

Il respirait mal du fait de ses trois côtes cassées.

— Mon pauvre Gros, mon Pauvre Gros, ai-je lamenté, dans quel état es-tu !

Je surpris un regard navré à travers les boursouflures lui servant d’yeux.

— Tout ça n’est rien, fit-il péniblement. Il y a bien pire : ces vaches m’ont tellement cogné sur le crâne que j’ai perdu mon don.

FIN

Примечания

1

Comme on dit en suédois.

2

Censuré par l’Éditeur.

3

Béru veut dire « rabbit », c’est-à-dire en anglais : lapin.

4

C’est pas la première fois !

(N. d. l’Editeur.)

5

Je devrais écrire « cataputent ».

6

Le plus fort c’est que c’est vrai !

SAN-A.
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