Paul Féval - Annette Laïs

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Ma tante Kerfily-Nougat, au contraire, appartenait corps et âme au camp de mon frère Gérard, le vicomte. Elle avait sur sa tabatière le portrait de Gérard en chef d'escadron de cuirassiers, et je dois dire tout de suite que ce portrait, non flatté, représentait un des plus beaux soldats de l'armée française. Le sobriquet de ma tante Nougat avait rapport à ses goûts, non point à sa figure; son péché d'habitude était la gourmandise, et ce n'était pas un péché mignon. Ses repas étaient généralement suivis de désastres. M. Souyoux, le célèbre médecin à qui ses succès valurent le surnom d'Hippocrate de Ploërmel, lui avait dit une fois que le nougat d'amandes au caramel était un digestif puissant. A dater de ce jour, ma tante exigea le nougat partout où elle se trouvait, et prit l'habitude de couronner ses réfections trop copieuses par une prise de nougat capable d'incommoder trois lycéens. Le docteur Souyoux est au-dessus de toute insinuation malveillante. Aussi puis-je dire que son nougat finit par étrangler ma pauvre tante. Nous sommes tous mortels.

Il y avait donc chez nous deux partis: celui de la marquise et celui du vicomte.

Ces deux partis s'accusaient mutuellement de tirer trop , et je crois bien qu'ils avaient un peu raison tous les deux. Le ménage de ma sœur avait de grands besoins, et un homme comme mon beau-frère ne pouvait par liarder. D'un autre côté, on sait ce que dépense un jeune officier supérieur de cuirassiers, brillant, charmant, lancé à miracle et qui court après les épaulettes de colonel. Saperbleure! si vous l'ignorez, mon père aurait pu vous le dire, et aussi ma tante Nougat, pauvre bonne femme!

Outre mon père et Nougat, le parti du vicomte Gérard se composait de la presque totalité des autres tantes et cousines, car nous étions tout un clan de Kervigné. L'abbé Raffroy en était un peu; mon oncle Bélébon, l'esprit de la famille, n'en était pas du tout.

Dans le parti de ma sœur, il y avait ma mère, Bel-Œil et presque tous les oncles et cousins. Ma mère était là pour les petits-enfants et Bel-Œil pour le marquis, très joli homme, dont la seule vue mettait son petit zieu en ébullition. Ils causaient tous deux parfois, en tête-à-tête, de la rareté toujours croissante des cœurs vertueux, mais sensibles. Le marquis de Tréfontaines s'astreignait à lire des histoires traduites de l'allemand, et détrônait volontiers le bon Dieu pour mettre à sa place le Créateur de toutes choses ou la vaste intelligence qui préside aux destinées de l'univers. Cela lui valait bien cinq à six cents écus par an. L'abbé Raffroy appartenait un tantinet à ce parti, mais pas du tout l'oncle Bélébon.

De quel parti était-il donc, cet oncle Bélébon, l'esprit de la famille?

Mon oncle Bélébon n'avait que son esprit: il n'était pas riche; il était de son propre parti ou plutôt du parti de Vincent Bélébon, son petit fils, épais balourd qui engraissait quelque part, vers Saint-Anne d'Auray, courant le lièvre, chassant les filles de campagne, buvant du cidre à deux sous le pot. Ce n'est pas cher, mais il avait grand soif, et l'oncle Bélébon tirait pour désaltérer ce pataud. L'abbé Raffroy n'était pas sans tenir une petite idée au parti de Vincent Bélébon.

Hélas! moi, je n'avais pas de parti, si ce n'est une fraction infinitésimale de ce bon abbé Raffroy et toute ma tante Renotte Kervigné, qui faisait valoir une douzaine d'hectares au bourg de Landevan: la paysanne, le bas bout, la dernière des dernières! Celle-là ne donnait rien à Julie ni à Gérard; quand elle venait à Vannes, elle me glissait quelques louis pour faire le jeune homme. Elle ne brillait pas dans la famille.

Le 5 juin 1842, midi sonnant, mon père tapa doucement sur le petit ventre hémisphérique de l'oncle Bélébon et prononça ces paroles à haute et intelligible voix:

«Allons, tonton! la main aux dames! Bon appétit! bonne conscience! A table, saperbleure! On ne jeûne qu'en carême et aux quatre temps! Ma soupe va tomber jusqu'au fond de mes bottes!»

C'était fête doublement à cause du dimanche et de l'anniversaire de la naissance de Julie. J'avais vu à l'office un considérable gâteau sur lequel on avait écrit avec du sucre: Vive madame la marquise! ma bonne mère rajeunissait entre les deux petits enfants qui faisaient le diable, et il y avait chez nous un excellent vent de gaieté.

J'allai m'asseoir au bout de la table, entre Vincent Bélébon, ma bête noire, et ma bonne tante Renotte, qui avait fait ses dix lieues tout exprès pour nous voir. Les dignitaires étaient au centre, où l'oncle Bélébon, bavard comme une pie, soulevait, je n'ai jamais su pourquoi, des applaudissements à chaque parole qu'il disait. Etant accordé, là-bas, ce point qu'on est l'esprit de la famille, il ne reste rien à faire. Les honneurs étaient tout naturellement pour ma sœur Julie et son mari, ménage du haut ton où l'on disait vous devant le monde. Ma mère trouvait cela charmant. Ma tante Renotte en murmurait tout bas: elle était de l'opposition. Elle me marchait sur les pieds depuis le commencement du dîner et je l'entendais qui marmottait à mon oreille:

«Tu vas voir, René, tu vas voir! On va leur lancer un lièvre dans les jambes?»

Le marquis faisait le galant auprès de Bel-Œil et de ma mère qui dévorait les enfants. Julie s'ennuyait comme toute jeune femme qu'on arrache à ce cercle de bonheur égoïste et charmant: la petite famille bornée, serrée, murée, rejetant sans cesse hors de soi tout ce qui n'est pas elle-même. Nougat et mon père trouvaient moyen de causer du vicomte, dont on avait une lettre, tout en ne perdant pas une bouchée. L'oncle Bélébon égrenait son chapelet de vieux bons mots et semblait dire à son petit-fils Vincent: «Quand donc seras-tu aussi aimable que moi?» Vincent buvait du vin pur tant qu'il pouvait. C'était un joli repas.

Quand parut le gâteau qui criait: Vive madame la marquise! on trinqua d'un bout à l'autre de la table, puis ma mère tendit à Julie un gros paquet qu'elle avait sur ses genoux. C'était un très beau cadeau d'argenterie. Julie se leva, rouge de plaisir, tandis que le marquis baisait fort humblement la main de ma mère en disant:

«Chère maman, voilà de vos traits!

– Ah? murmura Bel-Œil, qui mit sur l'assiette de mon beau-frère un petit écrin contenant dix doubles louis, vous avez le cri du cœur, mon neveu. Donner est le plaisir des âmes sensibles. Acceptez cette bagatelle, et choisissez vous-même un objet pour notre belle Julie.»

Mon beau-frère balbutia:

«Je ne sais si je dois…

– Oh! certes, vous devez! gronda la tante Renotte dans mon oreille. A Dieu et à ses saints! et ce n'est pas faute qu'on vous en fourre du matin au soir.

– Ça te passe sous le nez!» me dit cette méchante bête de Vincent.

C'était le vin qui passait sous son nez, à lui. Je ne sais pas où il mettait tout le vin qu'il absorbait.

Julie embrassa ma mère et Bel-Œil, à qui elle dit:

«Chère tante, vous faites bien de parler de colifichets, car il faut se tenir, mais vous avez deviné que nous étions gênés… Avec deux petits enfants…

– C'est le moment! glissa Nougat à l'oreille de mon père, il faut de la justice. On ne peut pas toujours fourrer aux mêmes.»

Fourrer est un mot de famille, amer comme l'absinthe. La jalousie le gonfle. Il est la contre-partie exacte de tirer !

La joue fraîche et dodue de mon père se couvrit d'une rougeur plus vive.

«Madame, dit-il à sa femme, Gérard t'embrasse dans sa lettre, ainsi que tous les parents et amis. Il se trouve avoir besoin d'une cinquantaine de louis, ce pauvre garçon…»

Julie tressaillit. Ne soyez pas plus sévères qu'il ne faut. Il y avait les deux enfants.

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