Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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— Je suis contente d'être votre secrétaire, même si vous êtes comme vous êtes, déclara-t-elle finalement.

La jeune fille me regardait comme si sa vie dépendait d'une parole aimable. Je succombai à la tentation. Les bonnes paroles sont des cadeaux gratuits qui n'exigent pas de sacrifices et font plus plaisir que les vrais.

— Moi aussi, je suis content que tu sois ma secrétaire, Isabella, même si je suis comme je suis. Et je serai encore plus content quand tu n'auras plus besoin d'être ma secrétaire et que tu n'auras plus rien à apprendre de moi.

— Vous croyez que j'ai des dispositions ?

— Je n'en doute pas un instant. Dans dix ans, tu seras le maître et moi l'apprenti, dis-je, répétant des mots qui, aujourd'hui, avaient un relent de trahison.

— Menteur, susurra-t-elle en posant doucement un baiser sur ma joue, pour, tout de suite, dévaler l'escalier.

14.

L'après-midi, je laissai Isabella installée à la table que nous avions disposée pour elle dans la galerie, face aux pages blanches, et je me rendis à la librairie de M. Gustavo Barceló, rue Fernando, dans l'intention de me procurer une bonne édition, bien lisible, de la Bible. Tous les exemplaires de l'Ancien et du Nouveau Testament dont je disposais chez moi étaient imprimés en caractères microscopiques sur du papier pelure à demi transparent, et leur lecture conduisait moins à la ferveur et à l'inspiration divine qu'à la migraine. Barceló, qui, entre autres, était un collectionneur tenace de livres sacrés et de textes chrétiens apocryphes, leur avait consacré un coin particulier dans le fond de sa librairie, bourré d'un choix impressionnant d'Évangiles, de Mémoires de saints et de béatifiés, ainsi que de toutes sortes d'ouvrages religieux.

À mon entrée, un employé courut aviser son chef dans le bureau de l'arrière-boutique. Barceló en émergea, euphorique.

— Je n'en crois pas mes yeux ! Sempere m'avait déjà parlé de votre résurrection, mais elle est digne de figurer dans une anthologie. Vous semblez frais comme la rose. Où donc étiez-vous passé, polisson ?

— Par-ci, par-là, répondis-je.

— Partout sauf aux noces de Vidal. On vous a regretté, cher ami.

— Permettez-moi d'en douter.

À sa mine, je saisis que le libraire comprenait mon désir de ne pas aborder ce sujet.

— Vous accepterez bien une tasse de thé ?

— Même deux. Et une bible. Utilisable, si possible.

— Ça ne sera pas un problème, acquiesça le libraire. Dalmau ?

Un employé accourut avec empressement.

— Dalmau, voici notre ami Martín qui voudrait une bible, pas besoin qu'elle soit décorative, elle doit être lisible. Je pense à un Torres Amat, 1825. Est-ce aussi votre avis ?

L'une des particularités de la librairie de Barceló était qu'on y parlait de livres comme de bons vins, en les classant par bouquets, arômes, consistances et années de récolte.

— Excellent choix, monsieur, quoique je privilégierais la version revue et actualisée.

— 1860 ?

— 1893.

Évidemment. Adjugé. Enveloppez-la pour notre ami Martín et mettez la note sur le compte de la maison.

— Pas question ! protestai-je.

— Le jour où je ferai payer la parole de Dieu à un mécréant comme vous, je veux que le feu du ciel me foudroie, je l'aurai bien mérité.

Dalmau partit dare-dare chercher ma bible, et je suivis Barceló dans son bureau, où il servit deux tasses de thé et m'honora d'un cigare de sa cave personnelle. Je l'allumai à la flamme d'une bougie qu'il me tendit.

— C'est un Macanudo ?

— Je constate que vous vous formez le palais. Un homme doit avoir des vices, si possible de luxe, sinon, de quoi pourra-t-il se repentir, la vieillesse venue ? D'ailleurs, je vais vous accompagner, que diantre !

Un nuage d'exquise fumée nous submergea comme la marée haute.

— Il y a quelques mois, je suis allé à Paris et j'ai eu l'occasion de faire des recherches sur la question que vous aviez posée à notre ami Sempere, expliqua Barceló.

— Les Éditions de la Lumière.

— C'est cela. J'aurais aimé pouvoir gratter quelques informations, mais malheureusement, depuis que cette maison a fermé, il semble que personne n'en ait racheté le fonds, et je n'ai pas réussi à en récolter davantage.

— Vous dites qu'elle a fermé ? Quand ?

— En 1914, si ma mémoire ne me trompe pas.

— Il doit y avoir erreur.

— Non, si nous parlons des Éditions de la Lumière, boulevard Saint-Germain.

— C'est bien ça.

— Attendez, j'ai tout noté pour ne rien oublier quand nous nous verrions.

Barceló farfouilla dans un tiroir de son bureau et en retira un petit carnet de notes.

— Voici : « Éditions de la Lumière, publication de textes religieux, bureaux à Rome, Paris, Londres et Berlin. Fondateur et directeur, Andreas Corelli. Date d'ouverture du premier siège à Paris : 1881. »

— Impossible, murmurai-je.

— Barceló haussa les épaules.

— Bien sûr, je peux m'être trompé, mais…

— Avez-vous pu voir les bureaux ?

— De fait, j'ai essayé, car mon hôtel était en face du Panthéon, et les anciens locaux de la maison d'édition se trouvaient tout près, sur le trottoir sud du boulevard, entre la rue Saint-Jacques et le boulevard Saint-Michel.

— Et alors ?

— Alors l'immeuble était vide et muré. De toute évidence il a subi un incendie. Ne restait intact que le heurtoir de la porte, un objet vraiment charmant en forme d'ange. En bronze, je pense. Je l'aurais bien emporté, n'eût été la présence d'un gendarme qui me guettait du coin de l'œil, et je n'ai pas eu le courage de provoquer un incident diplomatique : pas question que les Français nous envahissent encore une fois.

— Étant donné la situation, ils nous rendraient peut-être service.

— Si vous le dites… Mais revenons à nos moutons : voyant ce qu'il en était, je suis allé m'enquérir dans le café voisin, et là, on m'a appris que l'immeuble était dans cet état depuis plus de vingt ans.

— Vous avez pu découvrir des informations sur l'éditeur ?

— Corelli ? À ce que j'ai compris, la maison a fermé quand il a décidé de prendre sa retraite, fortement anticipée, d'ailleurs, car il ne devait pas avoir plus de cinquante ans. Apparemment, il a déménagé dans une villa du sud de la France, dans le Lubéron, et est mort peu de temps après. D'une piqûre de serpent m'a-t-on dit. Une vipère. Allez passer votre retraite en Provence, après ça !

— Vous êtes sûr qu'il est mort ?

— Coligny, un ancien concurrent, m'a montré son faire-part de décès qu'il garde encadré comme s'il s'agissait d'un trophée. Il m'a expliqué qu'il le contemplait chaque jour pour bien se rappeler que ce maudit bâtard était mort et enterré. Ces sont ses paroles exactes, sauf que c'était plus joli et plus musical en français.

— Coligny a-t-il mentionné l'existence d'un quelconque descendant ?

— J'ai eu le sentiment que le dénommé Corelli n'était pas son sujet de conversation favori et, dès qu'il l'a pu, Coligny a détourné la conversation. Il semble qu'il y ait eu un scandale : Corelli lui aurait volé un de ses auteurs, un dénommé Lambert.

— Que s'est-il passé ?

— Le plus amusant, dans cette histoire, c'est que Coligny n'a jamais réussi à rencontrer Corelli. Toutes leurs relations se bornaient à une correspondance commerciale. Je crois que l'objet du litige était que monsieur Lambert avait signé un contrat dans le dos de Coligny, pour lequel il travaillait en exclusivité. Lambert était un opiomane en phase terminale et le total de ses dettes aurait suffi à paver la rue de Rivoli de bout en bout. Coligny soupçonnait Corelli de lui avoir offert une somme astronomique, et le pauvre, se sachant mourant, aurait accepté pour ne pas laisser ses enfants sans le sou.

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