Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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— J'ai l'impression que vous n'avez pas le culte des exégètes et des théoriciens, remarquai-je.

— Je ne rends de culte à personne, mon cher Martín, et surtout pas à ce genre de saints qui se canonisent entre eux quand ils ne se canonisent pas eux-mêmes. La théorie est la pratique des impuissants. Je vous suggère de vous écarter des encyclopédistes et de leurs gloses pour puiser aux sources. Avez-vous lu la Bible ?

J'hésitai un instant. La cabine fut propulsée dans le vide. Je gardai les yeux rivés sur le plancher.

— Des fragments par-ci, par-là, je suppose, murmurai-je.

— Vous supposez. Comme presque tout le monde. Grave erreur. Tout un chacun devrait lire la Bible. Et la relire. Croyants ou non, c'est pareil. Je la relis au moins une fois par an. Elle est mon livre préféré.

— Et vous ? Êtes-vous un croyant ou un sceptique ?

— Je suis un professionnel. Et vous aussi. Ce que nous croyons ou non n'a aucune importance pour la réalisation de notre travail. Croire ou ne pas croire est un acte de lâcheté. On sait ou on ne sait pas, un point c'est tout.

— Dans ce cas, j'avoue que je ne sais rien.

— Suivez ce chemin et vous deviendrez un grand philosophe. Et en chemin, lisez la Bible, de bout en bout. C'est une des plus grandes histoires jamais racontées. Ne commettez pas l'erreur de confondre la parole de Dieu avec l'industrie du missel qui en vit.

Plus je passais de temps en compagnie de l'éditeur, moins il me semblait le comprendre.

— Je crois que j'ai perdu le fil. Nous parlons de légendes et de fables, et vous m'exhortez maintenant à penser à la Bible comme à la parole de Dieu ?

Une ombre d'impatience et d'irritation voila ses traits.

— Je parle au sens figuré. Dieu n'est pas un charlatan. La parole n'est que monnaie humaine.

À cet instant, il me sourit comme on sourit, pour ne pas avoir à gifler un enfant incapable de comprendre les propos les plus élémentaires. En l'observant, je me rendis compte qu'il était impossible de distinguer quand l'éditeur parlait sérieusement et quand il plaisantait. Aussi impossible que de deviner le but de cette entreprise extravagante pour laquelle il me versait un salaire de régent d'un royaume. Et pour ne rien arranger, la cabine se balançait dans le vent comme une pomme sur un arbre secoué par la tempête. Jamais, de toute ma vie, je ne m'étais tant souvenu d'Isaac Newton.

— Vous avez du sang de navet, Martín. Cette machine est absolument sûre.

— Je vous croirai quand je foulerai de nouveau la terre ferme.

Nous approchions du point central du trajet, la tour de San Jaime, qui se dressait sur les quais voisins du grand bâtiment des Douanes.

— Ça ne vous dérangerait pas que nous descendions ici ? demandai-je.

Corelli haussa les épaules et accepta à contrecœur. Je ne respirai tranquillement que lorsque je fus dans l'ascenseur de la tour et l'entendis toucher le sol. En sortant sur les quais, nous avisâmes un banc face aux eaux du port et à la montagne de Montjuïc, et nous nous y assîmes pour voir le téléphérique voler en plein ciel ; moi avec soulagement, Corelli avec regret.

— Parlez-moi de vos premières impressions. De ce que vous ont suggéré ces jours d'études et de lectures intensives.

Je résumai ce que j'estimais avoir appris ou désappris durant es quelques jours. L'éditeur écoutait attentivement, en approuvant de la tête et en agitant les mains. Au terme de ce rapport circonstancié sur les mythes et les croyances de l'être humain, Corelli manifesta sa satisfaction.

— Vous avez réalisé un excellent travail de synthèse. Vous n'avez pas trouvé la fameuse aiguille dans la botte de foin, mais vous avez compris que le seul élément véritablement digne d'intérêt dans toute cette montagne de foin est un vulgaire bout de métal, le reste ne servant qu'à nourrir les ânes. À propos d'ânes, les fables vous intéressent-elles ?

— Quand j'étais enfant, pendant quelques mois, j'ai voulu être Ésope.

— Nous abandonnons tous nos grandes espérances sur la route.

— Et vous, que vouliez-vous être, quand vous étiez petit monsieur Corelli ?

— Dieu.

Son sourire de chacal effaça d'un coup le mien.

— Martín, les fables sont peut-être l'un des mécanismes littéraires les plus intéressants qu'on ait inventés. Savez-vous ce qu'elles nous enseignent ?

— Des leçons de morale ?

— Non. Elles nous enseignent que les êtres humains apprennent et absorbent des idées et des concepts par le biais de narrations, d'histoires, et non de leçons magistrales ou de discours théoriques. Il en est de même pour les grands textes religieux. Tous sont des récits dont les personnages doivent affronter la vie et surmonter des obstacles, s'embarquent dans un voyage d'enrichissement spirituel semé de péripéties et de révélations. Tous les livres sacrés sont, avant tout, de grandes histoires dont les trames abordent les aspects fondamentaux de la nature humaine et les situent dans un contexte moral et un cadre de dogmes surnaturels déterminés. J'ai préféré que vous passiez une semaine misérable à lire des thèses, des discours, des opinions et des commentaires, afin que vous vous rendiez compte par vous-même qu'il n'y a rien à apprendre d'eux, car ils ne sont en vérité rien de plus que les exercices de bonne ou de mauvaise foi, invariablement ratés, d'individus qui voudraient eux-mêmes apprendre. Finies, les discussions académiques. À partir d'aujourd'hui, je veux que vous vous mettiez à lire les contes des frères Grimm, les tragédies d'Eschyle, le Ramayana ou les légendes celtes. Je veux que vous analysiez comment fonctionnent ces textes, ce que distille leur essence, et pourquoi ils provoquent une réaction émotionnelle. Je veux que vous appreniez la grammaire, non la morale. Et je veux que d'ici à deux ou trois semaines vous m'apportiez quelques pages qui viennent de vous, le début d'une histoire. Je veux que vous me fassiez croire.

— Je pensais que nous étions des professionnels et que nous ne pouvions commettre le péché de croire en quoi que ce soit.

Corelli sourit, en exhibant ses dents.

— On ne peut convertir qu'un pécheur, jamais un saint.

13.

Les jours passaient en lectures et en frictions. Accoutumé depuis des années à vivre seul et dans cet état d'anarchie méthodique et négligente propre à tout célibataire endurci, je voyais mes habitudes bien ancrées dynamitées peu à peu, de façon subtile mais systématique, par la présence constante d'une femme dans la maison, même s'il ne s'agissait que d'une adolescente turbulente au caractère imprévisible. Je croyais au désordre organisé ; pas Isabella. Je croyais que les objets trouvent d'eux-mêmes leur place dans le chaos d'une demeure ; pas Isabella. Je croyais à la solitude et au silence ; pas Isabella. Si je cherchais un coupe-papier, un verre ou une paire de chaussures, je devais demander à Isabella où la Providence lui avait inspiré de les cacher.

— Je ne cache rien. Je range les choses là où elles doivent être : ça n'a rien à voir.

Pas un jour ne s'écoulait sans que l'envie ne me vienne une bonne demi-douzaine de fois de l'étrangler. Lorsque je me réfugiais dans le bureau en quête de paix et de calme pour réfléchir, Isabella ne manquait jamais de faire son apparition quelques minutes plus tard, tout sourire, pour m'apporter une tasse de thé ou des petits gâteaux. Elle tournicotait dans la pièce, allait à la fenêtre, rangeait ce qui traînait sur la table, puis s'enquérait de ce que je fabriquais là-haut, toujours muet et mystérieux. Je découvris que les filles de dix-sept ans possèdent des facultés verbales d'une ampleur telle qu'elles sont contraintes par leur cerveau à les exercer toutes les vingt secondes. Le troisième jour, je pris une décision : il fallait lui trouver un petit ami, sourd de préférence.

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