Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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La porte s'ouvrit un moment plus tard. Un homme à l'air las et aux épaules tombantes qui semblait au courant de ma visite m'invita d'un signe à entrer. Son accoutrement suggérait qu'il s'agissait d'une sorte de majordome ou de valet. Il n'émit pas un son. Je le suivis dans le corridor où je retrouvai les photos ornant les murs, et il me céda le passage sur le seuil du grand salon, d'où l'on pouvait contempler de loin toute la ville. Après une légère révérence, il me laissa seul en se retirant toujours aussi lentement. Je m'approchai des fenêtres et, pour tuer le temps dans l'attente de Corelli, j'entrouvris les rideaux. Quelques minutes s'écoulèrent ainsi, quand je remarquai une forme humaine qui m'observait depuis un coin de la pièce. Elle était assise dans la pénombre, complètement immobile, et seule la lumière d'une lampe à huile révélait les jambes et les mains posées sur les bras de son fauteuil. Je le reconnus à l'éclat de ses yeux qui ne cillaient jamais et au reflet, provoqué par la lampe, de la broche en forme d'ange qu'il portait toujours à son revers. Dès que je posai les yeux sur l'homme, il se leva et vint vers moi d'un pas rapide, trop rapide, avec aux lèvres un sourire carnassier qui me glaça le sang.

— Bonsoir, Martín.

Je m'efforçai de lui rendre son sourire.

— Une fois de plus, je vous ai surpris, dit-il. Excusez-moi. Puis-je vous offrir quelque chose à boire, ou passons-nous sans préambule au dîner ?

— Pardonnez-moi, je n'ai pas faim.

— La chaleur, sans doute. Si vous voulez, nous pouvons aller discuter dans le jardin.

Le majordome silencieux réapparut pour ouvrir les portes qui donnaient sur le jardin, où un sentier de bougies fixées sur des soucoupes à café menait à une table de métal blanc entourée de deux chaises disposées face à face. La flamme des bougies brûlait toute droite, sans la moindre variation. La lune répandait une faible clarté bleutée. Je pris place et Corelli fit de même tandis que le majordome nous servait deux verres d'une carafe de ce que je supposai être du vin ou un autre genre d'alcool que je n'avais nulle intention de goûter. À la lueur de cette lune à son troisième quartier, Corelli me parut plus jeune, les traits de son visage plus affilés. Il m'examinait avec une curiosité voisine de la voracité.

— Vous êtes inquiet, Martín.

— J'imagine que vous avez entendu parler de l'incendie.

— Une fin lamentable et cependant poétiquement juste.

— Vous trouvez juste que deux hommes meurent de la sorte ?

— Une mort moins cruelle vous semblerait-elle plus acceptable ? La justice est une question de perspective, pas une valeur universelle. Je ne vais pas feindre une consternation que je ne ressens pas, et que, je suppose, vous n'éprouvez pas non plus, quoi que vous prétendiez. Mais si vous préférez, nous pouvons observer une minute de silence.

— Ce ne sera pas nécessaire.

— Évidemment pas. Cela n'est nécessaire que si l'on n'a rien de valable à dire. Le silence pare les sots d'intelligence, l'espace d'une minute. Quelque chose d'autre vous préoccupe, Martín ?

— Apparemment, la police croit que j'ai une responsabilité dans cet accident. Ils m'ont posé des questions sur vous.

Corelli ne parut pas troublé.

— À la police d'exécuter son travail, et nous le nôtre. Considérons que nous avons épuisé ce sujet, n'est-ce pas ?

J'acquiesçai lentement. Il sourit.

— Tout à l'heure, pendant que je vous attendais, je me suis rendu compte que, vous et moi, nous devions avoir une petite conversation sérieuse. Plus tôt nous nous en serons débarrassés, plus vite nous pourrons aborder les questions pratiques, annonça-t-il. J'aimerais vous interroger sur ce qu'est la foi pour vous.

Je réfléchis quelques instants.

— Je n'ai jamais été religieux. Je ne suis ni croyant, ni incroyant, je doute. Le doute est ma foi.

— Très prudent et très bourgeois. Mais on ne gagne pas la partie en sortant le ballon du jeu. Comment expliquez-vous que des croyances de toute nature apparaissent et disparaissent au long de l'histoire ?

— Je ne sais pas. Je suppose qu'il existe des facteurs sociaux, économiques ou politiques. Vous parlez à un homme qui a cessé d'aller à l'école à l'âge de dix ans. L'histoire n'est pas mon fort.

— L'histoire est le déversoir de la biologie, Martín.

— Je crois bien que le jour de cette leçon-là, je n'étais pas en classe.

— Cette leçon n'est pas enseignée dans les écoles, Martín. Cette leçon nous est enseignée par la raison et l'observation de la réalité. Cette leçon est celle que personne ne veut apprendre et, pourtant, celle que nous devons analyser avec le plus d'attention si nous voulons accomplir convenablement notre travail. Toute chance de réussir une affaire part de l'incapacité d'autrui, de résoudre un problème simple et inévitable.

— Parlons-nous de religion ou d'économie ?

— Choisissez vous-même le terme.

— Si je vous comprends bien, vous suggérez que la foi, l'acte de croire à des mythes, des idéologies ou des légendes surnaturels, est la conséquence de la biologie.

— Ni plus ni moins.

— Une vision quelque peu cynique, de la part d'un éditeur de textes religieux, m'étonnai-je.

— Une vision professionnelle et dépassionnée, nuança Corelli. L'être humain croit comme il respire, pour survivre.

— Cette théorie est de vous ?

— Ce n'est pas une théorie, c'est une statistique.

— J'ai le sentiment que les trois quarts du monde au moins seraient en désaccord avec cette affirmation, insistai je.

— Naturellement. S'ils étaient d'accord, ils ne seraient pas des croyants en puissance. On ne convaincra jamais une personne qu'elle n'a pas besoin de croire à cause d'un impératif biologique.

— Vous suggérez donc qu'il est dans notre nature de vivre dans le mensonge ?

— Il est dans notre nature de survivre. La foi est une réponse instinctive à des aspects de l'existence que nous ne pouvons expliquer autrement, que ce soit le vide moral que nous percevons dans l'univers, la certitude de la mort, le mystère des origines, le sens de notre propre vie ou son absence de sens. Ce sont des aspects élémentaires et d'une extraordinaire simplicité, mais nos propres limitations nous empêchent de donner des réponses sans équivoque à ces questions et, pour cette raison, nous générons pour nous défendre une réponse émotionnelle. C'est de la pure et simple biologie.

— Selon vous, alors, toutes les croyances ou tous les idéaux ne seraient rien de plus qu'une fiction.

— Toute interprétation ou observation de la réalité l'est par nécessité. En l'occurrence, le problème réside dans le fait que l'homme est un animal moral abandonné dans un monde amoral, condamné à une existence finie et sans autre signification que de perpétuer le cycle naturel de l'espèce. Il est impossible de survivre dans un état prolongé de réalité, au moins pour un être humain. Nous passons une bonne part de notre vie à rêver surtout quand nous sommes éveillés. Je vous l'ai dit : simple biologie.

Je soupirai.

— Et après tout ça, vous voulez que j'invente une fable qui fasse tomber les crédules à genoux et les persuade qu'ils ont vu la lumière, qu'il existe quelque chose en quoi l'on doit croire, pour vivre, pour mourir, et y compris pour tuer.

— Exactement. Il n'y a rien, dans ce que je vous demande d'inventer, qui ne l'ait déjà été, sous une forme ou une autre. Je vous demande simplement de m'aider à donner à boire à ceux qui ont soif.

— Un propos louable et généreux, ironisai-je.

— Non, une simple proposition commerciale. La nature est un grand marché libre. La loi de l'offre et de la demande est un fait moléculaire.

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