Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Les mauvaises idées viennent toujours par deux. Pour fêter ma découverte d'une sorte de chambre noire cachée dans mon domicile, je me rendis à la librairie Sempere & Fils dans le but d'inviter le libraire à la Maison dorée. Sempere père était en train de lire une édition rare du Manuscrit trouvé à Saragosse de Potocki et ne voulut pas en entendre parler.

— Si je veux voir des snobs et des imbéciles jouer les importants et se congratuler mutuellement, je n'ai pas besoin de payer, Martín.

— Ne soyez pas grognon. Puisque c'est moi qui vous invite.

Sempere refusa. Son fils, qui avait assisté à la conversation du seuil de l'arrière-boutique, me regardait, l'air hésitant.

— Et si j'emmène votre fils ? Vous ne m'adresserez plus la parole ?

— Tu es libre de gaspiller ton temps et ton argent à ta guise. Moi, je reste ici à lire, la vie est courte.

Sempere junior était un modèle de timidité et de discrétion. Nous avions beau nous connaître depuis l'enfance, je ne me souvenais pas d'avoir eu avec lui plus de trois ou quatre conversations en tête à tête dépassant les cinq minutes. Je ne lui connaissais aucun vice ni défaut. Je savais de bonne source que les filles du quartier le considéraient comme le type parfait du joli garçon et du célibataire rêvé : une occasion en or. Plus d'une entrait dans la boutique avec la première excuse venue ou s'arrêtait devant la vitrine pour soupirer, mais le fils de Sempere, si tant est qu'il s'en apercevait, n'avait jamais fait un pas pour toucher les dividendes de ces démonstrations de ferveur, lèvres entrouvertes à l'appui. N'importe qui d'autre possédant le dixième de ce capital aurait fait une superbe carrière de don Juan. N'importe qui sauf Sempere junior, auquel on se demandait parfois s'il ne fallait pas décerner le titre de grand nigaud.

— Au train où il va, il finira par se faire curé, se lamentait parfois Sempere.

— Avez-vous essayé de lui mettre une pincée de piment dans sa soupe pour le réveiller un peu là où il faut ? lui demandais-je.

— Tu peux rire, garnement, mais je vais sur mes soixante-dix ans, et pas un petit-fils en vue.

Nous fûmes reçus par le même maître d'hôtel que lors de ma dernière visite, mais sans le sourire servile ni les gestes de bienvenue. Quand je lui appris que je n'avais pas réservé, il hocha la tête avec une moue de désapprobation et, d'un claquement de doigts, appela un garçon qui nous escorta sans cérémonie vers ce que je supposai être la plus mauvaise table de la salle, reléguée dans un coin obscur et bruyant près de la porte des cuisines. Au cours des vingt-cinq minutes suivantes, personne ne se présenta, ni pour nous donner le menu, ni pour nous servir un verre d'eau. Le personnel passait devant nous en donnant des grands coups dans la porte et en ignorant complètement notre présence et nos signes pour attirer l'attention.

— Ne devrions-nous pas nous en aller ? s'enquit finalement Sempere junior. Moi, avec un sandwich n'importe où, je suis content…

Il n'avait pas fini de prononcer ces mots que je les vis entrer : M. Vidal et Mme se dirigeaient vers leur table, escortés par le maître d'hôtel et deux garçons qui se répandaient en compliments. Ils prirent place et, dans les deux minutes suivantes, commença le défilé des baisemains des commensaux qui, à la queue leu leu, venaient féliciter Vidal. Il les recevait avec une grâce charmante et les congédiait presque aussitôt. Sempere junior, qui s'était rendu compte de la situation, m'observait.

— Martín, tu ne te sens pas bien ? Pourquoi ne partons-nous pas ?

J'acquiesçai lentement. Nous nous dirigeâmes vers la porte en longeant la salle à l'extrême opposé de la table de Vidal. Juste avant de sortir, nous passâmes devant le maître d'hôtel qui ne daigna même pas nous remarquer, et j'aperçus, dans le miroir fixé sur l'encadrement de la porte, Vidal se pencher et embrasser Cristina sur les lèvres. Une fois dans la rue, Sempere junior me regarda, mortifié.

— Je suis désolé, Martín.

— Ne t'inquiète pas. Mauvais choix, c'est tout. Mais si tu veux bien, j'aimerais que ton père…

— … n'en sache rien ! assura-t-il.

— Merci.

— Il n'y a pas de quoi. Et si c'était moi qui t'invitais à un festin plus plébéien ? Il y a un restaurant dans la rue du Carmen dont tu me diras des nouvelles.

J'avais perdu tout appétit, mais j'acceptai de bonne grâce.

— Suis-moi.

L'endroit, proche de la bibliothèque, proposait une cuisine bourgeoise à des prix économiques pour les habitants du quartier. Je goûtai à peine aux plats, dont l'odeur était mille fois plus alléchante que tout ce qu'on pouvait sentir à la Maison dorée depuis l'année de son ouverture, mais, arrivé aux desserts, j'avais déjà vidé à moi seul une bouteille et demie de vin rouge et ma tête s'était mise sur orbite.

— Dis-moi, Sempere, aurais-tu une dent contre l'amélioration de la race ? Comment expliquer, sinon, qu'un citoyen jeune et sain, béni du Très-Haut et aussi bien tourné que toi, n'en profite pas pour jouer les coqs de basse-cour ?

Le fils du libraire rit.

— Qu'est-ce qui te fait penser que ce n'est pas le cas ?

Je me touchai le nez de l'index en lui faisant un clin d'œil. Il acquiesça.

— Au risque d'être accusé de puritanisme, j'aime l'idée d'attendre.

— Attendre quoi ? Que l'instrument ne puisse plus jouer sa musique ?

— Tu parles comme mon père.

— Les sages partagent les mêmes pensées et les mêmes paroles.

— Pour moi, il y doit avoir quelque chose de plus, tu comprends ?

— Quelque chose de plus ?

Sempere hocha affirmativement la tête.

— Qu'en sais-je, moi ? dis-je.

— Je crois que tu le sais très bien.

— Peut-être, mais tu as vu comment ça me réussit.

J'allais me verser un autre verre, quand Sempere m'arrêta.

— Sois prudent, murmura-t-il.

— Tu vois comment tu joues les puritains ?

— Chacun ses goûts.

— Ça se soigne. Et si nous allions de ce pas tous les deux voir les filles ?

Sempere me gratifia d'un regard désolé.

— Martín, je crois qu'il vaut mieux que tu rentres chez toi et que tu te reposes. Demain sera un autre jour.

— Tu ne diras pas à ton père que j'ai pris une cuite, hein ?

Sur le chemin de la maison, je m'arrêtai dans au moins sept bars pour y déguster ce qu'ils avaient de plus fort jusqu'à ce qu'on trouve une excuse pour me jeter à la rue et que je fasse encore cent ou deux cents mètres en quête d'un nouveau havre pour une nouvelle escale. Je n'avais jamais été un buveur de fond et, à la fin de l'après-midi, j'étais tellement ivre que je ne me rappelais même plus où j'habitais. Je me rappelle que deux garçons de l'auberge Ambos Mundos de la Plaza Real me soulevèrent chacun par un bras et me déposèrent sur un banc face à la fontaine, où je sombrai dans un sommeil épais et noir.

Je rêvai que j'allais à l'enterrement de don Pedro. Un ciel de sang écrasait le labyrinthe de croix et d'anges qui entouraient le grand mausolée des Vidal au cimetière de Montjuïc. Un cortège silencieux de voiles noirs se pressait autour de l'amphithéâtre de marbre noirci qui formait le portique du caveau. Chaque forme humaine portait un long cierge blanc. La lumière de cent flammes sculptait les contours d'un grand ange de marbre accablé de douleur et de désolation sur un piédestal au pied duquel la tombe béante de mon mentor abritait un sarcophage en verre. Le corps de Vidal, vêtu de blanc, gisait à l'intérieur, les yeux ouverts. Des larmes noires coulaient sur ses joues. La silhouette de sa veuve, Cristina, se détachait du cortège et tombait à genoux en sanglotant face au cercueil. Un à un, les membres du cortège défilaient devant le défunt et couvraient le cercueil en verre de roses noires jusqu'à ce que seule la tête reste visible. Deux croque-morts sans visage le faisaient descendre dans la fosse, dont le fond était inondé d'un liquide épais et obscur. Le sarcophage flottait sur la nappe de sang qui, lentement, s'infiltrait entre les jointures du verre. Peu à peu, le cercueil était envahi et le sang, recouvrait le cadavre de Vidal. Une bande d'oiseaux noirs s'envolaient et je me mettais à courir en me perdant dans les sentiers de l'infinie cité de morts. Seule une plainte lointaine parvenait à me guider vers la sortie, me permettant ainsi d'échapper aux lamentations et aux prières d'ombres obscures qui, sur mon passage, me suppliaient de les emmener avec moi, de les tirer de leurs ténèbres éternelles.

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