Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Je souris. Si je devais reconnaître une qualité à mon grand ami Diego Marlasca, c'était bien le sens de l'humour et le goût pour les surprises. Je ne devais pas m'étonner si dans son zèle, il avait cru bon de devancer les événements et de me préparer un adieu bien senti. Je m'agenouillai près de la dalle et caressai mon nom. Des pas légers et tranquilles résonnaient derrière moi. Je me retournai pour découvrir un visage familier. L'enfant portait les mêmes vêtements noirs que le jour où il m'avait suivi, quelques semaines plus tôt, dans le Paseo del Born.

— La dame va vous recevoir, déclara-t-il.

J'acquiesçai et me relevai. L'enfant me tendit la main.

— N'ayez pas peur, ajouta-t-il en me guidant vers la sortie.

— Je ne crains rien, murmurai-je.

Il me conduisit au bout de la ruelle. De là, je devinai la ligne de la plage, derrière une file de hangars croulants et les débris d'un train de marchandises abandonné sur une voie de garage envahie par les mauvaises herbes. Les wagons étaient rongés par la rouille et la locomotive était réduite à un squelette de chaudière sur des rails, attendant son envoi à la ferraille.

En haut, la lune se montra à travers les éclaircies des nuages de plomb. Au large, on apercevait des cargos plongés au creux des vagues et, devant la plage du Bogatell, un ossuaire de vieilles coques de bateaux de pêche et de caboteurs crachés là par les bourrasques et échoués sur le sable. De l'autre côté, telle une épaisse couche de détritus s'amoncelant derrière la noire forteresse industrielle, s'étendait le champ des baraques du Somorrostro. Les vagues se brisaient à quelques mètres de la première ligne de cabanes en roseau et en bois. Des filets de fumée blanche rampaient au-dessus des toits de cette cité de misère qui n'en finissait pas de s'agrandir entre ville et mer tel un immense déversoir humain. La puanteur des ordures brûlées flottait dans l'air. Nous pénétrâmes dans les rues de cette agglomération oubliée, passages ouverts entre des constructions assemblées avec des briques volées, de la boue et du bois d'épave rejeté par la marée. L'enfant me conduisit vers l'intérieur, indifférent à l'air soupçonneux des habitants du lieu. Journaliers sans travail, gitans expulsés d'autres campements identiques sur les pentes de la montagne de Monjuïc ou face aux fosses communes du cimetière de Can Tunis, enfants et vieillards livrés à leur sort désespéré. Tous m'observaient avec méfiance. Sur notre passage, des femmes d'un âge indéfinissable faisaient chauffer de l'eau ou de la nourriture dans des récipients en fer-blanc devant leurs baraques. Nous nous arrêtâmes devant une construction blanchâtre à la porte de laquelle se tenait une petite fille au visage de vieille qui clopinait sur une jambe rongée par la polio en traînant un seau où s'agitait quelque chose de grisâtre et de visqueux. L'enfant me montra la porte.

— C'est ici.

Je jetai un dernier regard au ciel. La lune se cachait de nouveau dans les nuages et un voile d'obscurité montait de la mer.

J'entrai.

16.

Elle avait le visage buriné de souvenirs et un regard qui aurait pu avoir aussi bien dix ans que cent. Elle était assise auprès d'un petit feu et contemplait la danse des flammes avec la même fascination qu'aurait montrée un enfant. Ses cheveux étaient couleur de cendre, rassemblés en une seule tresse. Elle était mince et austère, ses gestes étaient brefs et posés. Elle était vêtue de blanc et portait un foulard de soie noué autour de la gorge. Elle me sourit avec chaleur et m'offrit une chaise à côté d'elle. Nous demeurâmes quelques minutes sans parler, écoutant le crépitement des braises et la rumeur des vagues. En sa présence, le temps semblait s'être arrêté et, étrangement, la hâte qui m'avait conduit jusqu'à sa porte s'était évanouie. Lentement, l'haleine du feu se glissa en moi et le froid qui m'avait pénétré jusqu'aux os se dissipa à la faveur de sa compagnie. Alors seulement, elle détacha ses yeux du feu et, me prenant la main, elle desserra les lèvres.

— Ma mère a vécu dans cette maison pendant quarante-cinq ans. À l'époque c'était tout juste une cabane de roseau et d'épaves. Même quand elle s'est taillé une réputation et a eu la possibilité de partir d'ici, elle s'y est refusée. Elle répétait sans cesse que le jour où elle quitterait le Somorrostro, elle mourrait. Elle était née ici, avec les gens de la plage, et elle y est restée jusqu'à son dernier jour. On a colporté beaucoup d'histoires sur elle. Nombreux étaient ceux qui parlaient d'elle et bien peu l'ont vraiment connue, Nombreux étaient ceux qui la craignaient et la haïssaient. Y compris après sa mort. Je vous raconte tout cela parce qu'il me semble juste que vous le sachiez : je ne suis pas la personne que vous cherchez. La personne que vous cherchez, ou croyez chercher, celle que beaucoup appelaient la Sorcière du Somorrostro, était ma mère.

Je la regardai, décontenance.

— Quand…

— Ma mère est morte en 1905. Elle a été tuée à quelques mètres d'ici, au bord de la plage, d'un coup de couteau dans la gorge.

— Je suis désolé. Je croyais que…

— Beaucoup le croient. Le désir de croire est aussi fort que la mort.

— Qui l'a tuée ?

— Vous savez qui.

Je tardai quelques secondes à répondre.

— Diego Marlasca…

Elle acquiesça.

— Pourquoi ?

— Pour la faire taire. Pour effacer sa trace.

— Je ne comprends pas. Votre mère l'avait aidé… Lui-même lui avait donné beaucoup d'argent en échange de son aide.

— C'est justement pour ça qu'il l'a tuée, pour qu'elle emporte son secret dans la tombe.

Elle m'observa avec un léger sourire, comme si ma confusion l'amusait et en même temps l'apitoyait.

— Ma mère était une femme ordinaire, monsieur Martín. Elle avait grandi dans la misère et l'unique pouvoir qu'elle possédait était sa volonté de survivre. Elle n'a jamais appris à lire ni à écrire, mais elle savait voir dans l'intérieur des personnes. Elle ressentait ce qu'elles ressentaient, ce qu'elles cachaient et ce qu'elles espéraient. Elle le lisait dans leurs yeux, dans leurs gestes, dans leur voix, dans la manière dont elles se déplaçaient se comportaient. Elle savait avant eux ce qu'elles allaient dire et faire. C'est pourquoi beaucoup l'appelaient sorcière, car elle était capable de discerner en eux ce qu'eux-mêmes refusaient de voir. Elle gagnait sa vie en vendant des philtres d'amour et des charmes qu'elle préparait avec de l'eau du ruisseau, des herbes et du sucre en poudre. Elle aidait les âmes perdues à croire en ce qu'elles désiraient croire. Quand son nom a commencé à devenir populaire, beaucoup de gens de la haute société lui ont rendu visite et ont sollicité ses faveurs. Les riches voulaient l'être davantage. Les puissants voulaient plus de pouvoir. Les minables voulaient se sentir des saints et les saints voulaient être punis pour des péchés qu'ils regrettaient de ne pas avoir eu le courage de commettre. Ma mère les écoutait tous et acceptait leur argent. Celui-ci lui a permis de nous envoyer, mes frères et moi, étudier dans les collèges où allaient les enfants de ses clients. Elle nous a acheté un autre nom et une autre vie loin d'ici. Ma mère était une honnête femme, monsieur Martín. Ne vous y trompez pas. Elle n'a jamais profité de personne, elle ne leur a jamais fait croire plus que ce dont ils avaient besoin. La vie lui avait enseigné que tous, petits et grands, nous vivons de mensonges comme de l'air que nous respirons. Elle disait que si nous étions capables d'affronter sans fard la réalité du monde et notre propre vérité, ne serait-ce ce qu'un seul jour, du lever au coucher du soleil, nous nous suiciderions ou nous perdrions la raison.

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