Carlos Zafón - L'ombre du vent

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Toutes ces années, jouer le rôle de Me Requejo fut ma seule distraction. Une fois par mois, j'allais rendre visite à mon père au Cimetière des Livres Oubliés. Il ne montra jamais aucun intérêt pour ce mari invisible, et je ne proposai jamais de le lui présenter.

Dans

nos

conversations,

nous

contournions le sujet comme des navigateurs expérimentés esquivent un écueil qui affleure, en évitant de nous regarder. Parfois, il me contemplait sans rien dire puis me demandait si j'avais besoin d'aide, s'il pouvait quelque chose. Certains samedis, à l'aube, j'emmenais Julián voir la mer. Nous montions sur la terrasse et passions par les toits pour gagner l'immeuble voisin et sortir dans la rue Joaquím Costa.

De là, nous descendions vers le port à travers les ruelles du Raval. Nous ne croisions personne. Julián faisait peur aux gens, même de loin. Il nous arrivait d'aller jusqu'au brise-lames. Julián aimait s'asseoir sur les rochers et regarder la ville. Nous passions des heures ainsi, sans échanger un mot. Un soir, nous nous glissâmes dans un cinéma alors que la séance avait déjà commencé. Dans le noir, personne ne remarquait Julián. Nous vivions la nuit et en silence.

A mesure que les mois passaient, j'appris à confondre cette routine avec la vie normale et, le temps aidant, j'en vins à croire que mon plan était parfait. Pauvre niaise.

570

L’ombre du vent

12

1945, année de cendres. Six ans après la fin de la guerre, on en sentait encore les cicatrices à chaque pas mais presque personne n'en parlait ouvertement.

Ce dont on parlait désormais, c'était l'autre : la guerre mondiale qui répandait sur le monde une puanteur de charogne et de lâcheté dont il ne devait jamais se défaire. C'étaient des années de pénurie et de misère où régnait cette étrange paix qu'inspirent les muets et les infirmes, entre pitié et dégoût. Après avoir longtemps cherché du travail comme traductrice, je trouvait finalement un emploi de correctrice d'épreuves dans une maison d'édition fondée par un patron de la nouvelle génération qui s'appelait Pedro Sanmarti. Ce patron avait édifié son affaire avec la fortune de son beau-père, qu'il avait placé ensuite dans un asile au bord du lac de Bañolas, en attendant de recevoir par la poste son certificat de décès.

Sanmarti, qui aimait courtiser des filles deux fois plus jeunes que lui, était l'incarnation, en voie de béatification, du self-made man si en vogue à l'époque, il baragouinait l'anglais avec l'accent de Vilanova i La Geltrú, convaincu que c'était la langue de l'avenir, et ponctuait ses discours d' Okay .

La maison (que Sanmarti avait baptisée du nom étrange d’« Endymion » parce qu'il trouvait que ça faisait savant et donc que c'était bon pour le tiroir-caisse) publiait des catéchismes, des manuels de savoir-vivre et une collection de romans édifiants à 571

Nuria Monfort : mémoire de revenants l’eau de rose dont les personnages étaient des bonnes sœurs caricaturales, des infirmières de la Croix-Rouge pleines d'abnégation et des fonctionnaires heureux d'exercer leur métier comme un apostolat.

Nous éditions aussi une série de comics de l'armée américaine intitulée Commando Courage, qui faisait un tabac parmi la jeunesse avide de héros dont la mine florissante prouvait qu'ils mangeaient de la viande tous les jours. Je m'étais fait une amie dans la maison, la secrétaire de Sanmarti, une veuve de guerre nommée Mercedes Pietro, avec qui je me sentais en parfaite affinité : un regard, un sourire nous suffisaient pour nous comprendre. Nous possédions, Mercedes et moi, bien des points communs : deux femmes à la dérive, vivant dans la seule compagnie d'hommes morts ou qui survivaient en se cachant du monde. Mercedes avait un fils de sept ans, souffrant de dystrophie musculaire, auquel elle consacrait tous ses instants de liberté. A trente et un ans, on pouvait lire sa vie dans ses rides. Au cours de ces années, Mercedes fut la seule personne à qui je me suis sentie tentée d'ouvrir mon cœur et de tout dire.

C'est elle qui me raconta que Sanmarti était l'ami intime de l'inspecteur Francisco Javier Fumero, de plus en plus couvert d'honneurs. Tous deux faisaient partie d'un cercle d'individus, surgi des cendres de la guerre, qui s'élargissait comme une toile d'araignée en s'étendant, inexorable, sur toute la ville. Un beau jour, Fumero se présenta à la maison d'édition. Il venait chercher son cher ami Sanmarti pour

aller

déjeuner.

Invoquant

une

excuse

quelconque, je me dissimulai dans la pièce des archives jusqu'à leur départ. Quand je revins à mon bureau, Mercedes me lança un regard qui disait tout.

Dès lors, chaque fois que Fumero apparaissait dans 572

L’ombre du vent

les locaux des éditions, elle me prévenait pour que je disparaisse.

Il ne se passait pas de jour sans que Sanmarti essaie de m'emmener dîner, de m'inviter au théâtre ou au cinéma, sous le premier prétexte venu. Je lui répondais toujours que mon mari m'attendait et que sa femme devait s'inquiéter, qu'il se faisait tard. Mme Sanmarti, qui faisait figure de meuble ou de paquet de linge et que son mari plaçait beaucoup plus bas dans l'échelle de ses affections que l'obligatoire Bugatti, semblait avoir perdu tout rôle dans leur union, une fois la fortune du beau-père passée aux mains du gendre. Mercedes m'avait mise au parfum.

Sanmarti, qui jouissait d'une faculté de concentration limitée dans l'espace et dans le temps, aimait la chair fraîche et à portée de main en exerçant ses talents de don Juan sur les nouvelles venues, ce qui était mon cas. Il employait toutes les ficelles pour lier conversation avec moi.

On m'a dit que ton mari, ce Moliner, est écrivain... Ça l'intéresserait peut-être de faire un livre sur mon ami Fumero. J'ai déjà le titre : Fumero, terreur des criminels ou la Loi de la rue.

Qu'est-ce que tu en penses, ma petite Nuria ?

– Je vous remercie beaucoup, monsieur Sanmarti, mais Miquel est plongé dans la rédaction d'un roman, et je ne crois pas qu'il puisse en ce moment...

Sanmarti riait aux éclats.

Un roman ? Grand Dieu, ma petite Nuria... Le roman, c'est mort et enterré. Un ami qui revient de New York me le disait justement l'autre jour. Les Américains ont inventé un machin qu'ils appellent télévision et qui sera comme le cinéma, mais chez soi. On n'aura plus besoin de livres, ni de messe, ni de rien... Dis à ton mari de laisser tomber les 573

Nuria Monfort : mémoire de revenants romans. Si au moins il avait un nom, s'il était footballeur ou torero... Ecoute, pourquoi ne pas prendre la Bugatti pour aller manger une paella à Castelldefels et discuter de tout ça ? Tu dois agir en femme de tête... Tu sais que j'aimerais beaucoup t'aider. Et ton petit mari avec toi. Tu sais aussi que dans ce pays, sans protections, on n’arrive à rien.

Je me mis à m'habiller comme une veuve éternelle ou une de ces femmes qui confondent lumière du soleil et péché mortel. Je venais travailler coiffée d'un chignon et sans maquillage. Malgré mes efforts, Sanmarti ne cessait de m'accabler de ses avances, toujours accompagnées de ce sourire visqueux et gangrené de mépris, caractéristique des eunuques tout-puissants qui pendent comme des saucissons putréfiés de l'échelon le plus élevé de toute entreprise. Je décrochai deux ou trois entretiens d'embauche dans d'autres maisons, mais, chaque fois, je finissais par me trouver devant une nouvelle version de Sanmarti. Ils poussaient comme des champignons dans le fumier sur lequel sont édifiées les sociétés. L'un d'eux prit la peine d'appeler Sanmarti pour le prévenir que Nuria Monfort cherchait un emploi derrière son dos. Sanmarti me convoqua dans son bureau, blessé par mon ingratitude. Il me passa la main sur la joue et esquissa une caresse. Ses doigts puaient le tabac et la sueur. Je devins livide.

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