Carlos Zafón - L'ombre du vent

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Julián Carax était la seule personne que Fumero s'était proposé de tuer sans pouvoir y parvenir. Peut-être parce qu'elle avait été la première, et que, pour cela comme pour le reste, il faut du temps pour apprendre. En entendant de nouveau ce nom, il esquissa ce sourire qui faisait si peur à ses deux voisines : le regard fixe, en se passant lentement la langue sur la lèvre supérieure.

Il se souvenait de Carax embrassant Penélope dans la villa de l'avenue du Tibidabo. Sa Penélope. Son amour à lui avait été pur, vraiment pur, pensait Fumero : pareil à ceux que l'on voit dans les films.

Fumero aimait beaucoup le cinéma, il y allait au moins deux fois par semaine. C'est dans une salle de cinéma qu'il avait compris que Penélope avait été l'amour de sa vie. Les autres, en particulier sa mère, n'avaient été que des putains. En écoutant les 516

L’ombre du vent

dernières péripéties du récit d'Aldaya, il décida que, tout compte fait, une lettre ne le tuerait pas. En fait, il se réjouissait que le destin les au réunis.

Il eut une vision, semblable aux films qu'il goûtait tant : Aldaya allait lui servir les autres sur un plateau. Tôt ou tard, ils finiraient tous attrapés dans sa toile.

6

Au cours de l’hiver 1934, les frères Moliner parvinrent à déshériter Miquel et à l'expulser de l'hôtel de la rue Puertaferrisa, aujourd'hui vide et en ruine. Ils voulaient juste le voir à la rue, dépouillé du peu qui lui restait, de ses livres, de cette liberté et de cet isolement qu'ils considéraient comme une offense et qui leur mettaient la rage au cœur. Il refusa de m'en parler et de faire appel à mon aide. C'est seulement quand je vins le chercher à ce qui avait été son domicile que je sus qu'il était devenu un quasi-clochard. J'y trouvai les hommes de main de ses frères en train de se livrer à l'inventaire des lieux et de faire main basse sur ses quelques biens personnels. Depuis plusieurs nuits, Miquel dormait dans une pension de la rue Canuda, un bouge lugubre et humide qui avait la couleur et l'odeur d'un charnier. En découvrant la chambre dans laquelle il s'était confiné, une sorte de cercueil sans fenêtres avec un châlit de prison, je pris Miquel et l'emmenai chez moi. Il n'arrêtait pas de tousser et semblait à 517

Nuria Monfort : mémoire de revenants bout II me dit souffrir d'un rhume mal soigné, un bobo de vieille fille qui finirait par le quitter à force d'ennui. Quinze jours plus tard, son état avait empiré.

Comme il s'habillait toujours en noir, je mis du temps à comprendre que les taches sur ses manches étaient du sang. J'appelai un médecin qui, dès qu'il l'eut ausculté, me demanda pourquoi je ne l'avais pas fait venir plus tôt. Miquel avait la tuberculose. Ruiné et malade, il ne vivait plus que de souvenirs et de remords. C'était l'homme le plus généreux et le plus fragile que j'aie jamais connu, mon unique ami. Nous nous sommes mariés un matin de février, à la mairie.

Notre voyage de noces se limita à prendre le funiculaire du Tibidabo pour contempler Barcelone du haut des terrasses du parc, ville miniature dans le brouillard. Nous ne fimes part de notre union à personne, ni à Cabestany, ni à mon père, ni à sa famille qui le donnait pour mort. Je finis par écrire une lettre à Julián pour le lui annoncer, mais je ne l'envoyai pas. Notre mariage resta secret. Plusieurs mois après la cérémonie, un individu sonna à la porte. Il dit s'appeler Jorge Aldaya. C'était un homme détruit, le visage ruisselant de sueur – et pourtant il gelait à pierre fendre. En retrouvant Miquel au bout de plus de dix ans, Aldaya eut un sourire amer et dit :

« Nous sommes tous maudits. Toi, Julián, Fumero et moi. » Il prétendit être venu se réconcilier avec son vieil ami Miquel, en espérant que celui-ci lui ferait assez confiance pour lui donner le moyen d'entrer en relation avec Julián Carax, car il avait un message très important pour lui de la part de son défunt père, M. Ricardo Aldaya. Miquel déclara ignorer où se trouvait Carax.

– Cela fait des années que nous nous sommes perdus de vue. La dernière fois que j'ai entendu parler de lui, il vivait en Italie.

518

L’ombre du vent

Aldaya s'attendait à cette réponse.

– Tu me déçois, Miquel. J'espérais que le temps et tes malheurs t'avaient rendu plus sage.

– Il est des déceptions qui honorent celui qui les inspire.

Aldaya, minuscule, rachitique et prêt à se liquéfier en fiel, rit.

– Fumero vous envoie ses plus sincères félicitations pour votre mariage, dit-il en regagnant la porte.

Ces mots me glacèrent le cœur. Miquel ne dit rien, mais, cette nuit-là, tandis que nous nous tenions enlacés en faisant semblant de chercher un sommeil impossible, je sus qu'Aldaya avait raison. Nous étions maudits.

Plusieurs mois passèrent sans nouvelles de Julián ou d'Aldaya. Miquel continuait d'assurer quelques collaborations avec des journaux de Barcelone et de Madrid. Il travaillait sans arrêt devant sa machine à écrire, rédigeant des choses qu'il qualifiait de niaiseries tout juste bonnes à être lues dans le tramway. J'avais toujours mon emploi aux éditions Cabestany, peut-être parce que c'était la seule manière de me sentir plus près de Julián. Celui-ci m'avait envoyé une brève missive pour m'annoncer qu'il travaillait à un nouveau roman intitulé L'Ombre du Vent et qu'il espérait le terminer dans quelques mois. La lettre ne faisait aucune allusion à ce que nous avions vécu. Le ton était plus froid et plus distant que jamais. Mes tentatives de le détester furent vaines. Je commençais à croire que Julián n'était pas un homme, mais une maladie.

Miquel ne se faisait pas d'illusions sur mes sentiments. Il me donnait son affection et sa ferveur sans rien demander d'autre en échange que ma compagnie et, peut-être, ma discrétion. Jamais je 519

Nuria Monfort : mémoire de revenants n'entendais de lui un reproche ou un regret. Avec le temps, je finis par éprouver à son égard une infime tendresse, bien au-delà de l'amitié qui nous avait unis et de la pitié qui nous avait ensuite accablés. Miquel avait ouvert un livret de caisse d'épargne à mon nom, sur lequel il déposait presque tout ce qu'il gagnait. Il ne disait jamais non à une collaboration, une critique ou un écho. Quand je lui demandais pourquoi il travaillait tant, il se bornait à sourire, ou me répondait qu'il s'ennuierait trop à ne rien faire. Il n'y eut jamais de mensonge entre nous, même dans nos silences. Miquel savait qu'il allait bientôt mourir, que la maladie lui comptait les mois avec avarice.

– Tu dois me promettre que s'il m'arrive quelque chose, tu prendras cet argent et te remarieras, que tu auras des enfants et que tu nous oublieras tous, moi le premier.

– Et avec qui veux-tu que je me marie, Miquel ?

Ne dis pas de bêtises.

Parfois, il me regardait avec un doux sourire, comme si la simple contemplation de ma présence était plus grand trésor. Tous les soirs, il venait me chercher à la sortie de la maison d'édition, son unique moment de délassement de la journée. Je le voyais cheminé, courbé, toussant, et feignant une force qui n'était plus qu'une ombre. Il m'emmenait manger ou faire du lèche-vitrines dans la rue Fernando, puis nous rentrions à la maison où il continuait de travailler jusqu'à minuit passé. Je bénissais en silence chaque minute que nous vivions ensemble, chaque nuit qu’il passait contre moi, et je devais cacher mes larmes de colère quand je pensais que j'avais été incapable d'aimer cet homme comme il m'aimait, incapable de lui donner tout ce j'avais vainement déposé aux pieds de Julián. Bien nuits je me suis juré d'oublier Julián, de consacrer le reste de ma vie à 520

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