Carlos Zafón - L'ombre du vent

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Nuria Monfort : mémoire de revenants Le lendemain, nous allâmes à la chapellerie Fortuny, sans grand espoir d'y rencontrer Julián. Un habitant de l'immeuble nous informa que le chapelier, terrifié par les événements des derniers jours, s'était enfermé dans son magasin. Nous eûmes beau frapper, il refusa d'ouvrir. L'après-midi même, une fusillade avait éclaté à une rue de là, et les flaques de sang étaient encore visibles sur le boulevard San Antonio où un cadavre de cheval gisait sur la chaussée, à la merci des chiens errants qui lui ouvraient le ventre à coups de crocs pendant que, tout près, quelques gamins les regardaient faire en leur lançant des pierres. Tout ce que nous pûmes obtenir tut de voir le visage épouvanté du chapelier à travers la grille de la porte. Nous lui dîmes que nous cherchions son fils Julián. Il nous répondit que son fils était mort et qu'il allait appeler la police si nous ne partions pas. Nous le quittâmes découragés.

Des jours durant, nous parcourûmes cafés et commerces, en demandant si on avait vu Julián.

Nous enquêtâmes dans des hôtels et des pensions, des gares, des banques où il aurait pu changer de l'argent... Personne ne se souvenait d'un homme correspondant à notre description. Nous craignîmes qu'il ne soit tombé entre les griffes de Fumero, et Miquel s'arrangea pour qu'un collègue du journal ayant des relations à la préfecture vérifie si Julián n'était pas en prison. Il n'en trouva aucun indice.

Deux semaines s'étaient écoulées et la terre semblait l'avoir englouti.

Miquel ne dormait presque pas, attendant toujours des nouvelles de son ami. Un soir, il revint de sa promenade quotidienne avec une bouteille de porto, ni plus ni moins. Ils lui en avaient fait cadeau au journal, après que le sous-directeur lui eut 530

L’ombre du vent

annoncé qu'ils ne pourraient plus publier sa chronique.

– Ils ne veulent pas avoir d'histoires, et je les comprends.

– Que vas-tu faire ?

– Me soûler, et tout de suite.

Miquel but à peine un demi-verre, mais je vidai la bouteille sans m'en apercevoir, avec l'estomac vide.

Il était presque minuit quand je fus prise d'une torpeur irrésistible et m'effondrai sur le canapé. Je rêvai que Miquel m'embrassait sur le front et me recouvrait d'un châle. Quand je me réveillai, j'avais un mal à la tête horrible, signe d'une féroce gueule de bois. Je voulus reprocher à Miquel de m'avoir fait boire, mais j'étais seule dans l'appartement. J'aperçus un mot sur la machine à écrire : il me demandait de ne pas m'alarmer et de l'attendre. Il était parti à la recherche de Julián et allait le ramener à la maison. Il terminait en me disant qu'il m'aimait Le papier m'échappa des mains. Je me rendis compte alors qu'avant de partir il avait enlevé toutes ses amures de sa table de travail, comme s'il pensait qu'il n'en aurait plus besoin, et je sus que je ne le reverrais jamais.

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Cette après-midi-là, le fleuriste ambulant avait téléphoné à la rédaction du Diario de Barcelona et laissé un message pour Miquel : il avait vu l'homme que nous lui avions décrit rôder comme un fantôme autour de la villa. Il était plus de minuit quand 531

Nuria Monfort : mémoire de revenants Miquel arriva au numéro 32 de l'avenue du Tibidabo, une vallée lugubre et déserte striée de rayons de lune qui filtraient entre les arbres. Miquel n'avait pas vu Julián depuis des années, mais il le reconnut tout de suite à la légèreté de son pas, presque félin. Sa silhouette glissait dans l'ombre du jardin, non loin du bassin. Julián, après avoir sauté par-dessus le mur, guettait la maison, tel un animal inquiet. Miquel aurait pu l'appeler de là où il était, mais il préféra ne pas alerter d'éventuels témoins. Il avait l'impression que des regards furtifs espionnaient l'avenue depuis les fenêtres obscures des maisons voisines. Il contourna l'enceinte de la propriété jusqu'à la partie qui donnait sur les anciens courts de tennis et les remises. Il trouva les fissures et les pierres descellées dont Julián s'était servi pour son escalade. Il se hissa à grand-peine. Le souffle lui manquait, des élancements lui lacéraient le cœur, des éclairs aveuglants passaient devant ses yeux comme des coups de fouet. Il s'allongea sur le faîte du mur, les mains tremblantes, et appela Julián tout bas. La silhouette s'immobilisa près de la fontaine, se confondant avec les statues. Miquel put voir des yeux briller, braqués sur lui. Il se demanda si Julián allait le reconnaître, au bout de dix-sept ans et malgré la maladie qui lui avait pris jusqu'à son souffle. Une silhouette s'approcha lentement. Elle tenait un objet dans la main droite, luisant et long. Un éclat de verre.

– Julián... chuchota Miquel.

La forme s'arrêta net. Miquel entendit le verre tomber sur le gravier. Le visage de Julián émergea de l'obscurité. Une barbe de quinze jours couvrait ses traits émanés.

– Miquel ?

Incapable de sauter de l'autre côté, et pas davantage de rebrousser chemin, Miquel tendit le 532

L’ombre du vent

bras. Julián grimpa sur le mur et, saisissant d'une main le poing de son ami avec force, posa l'autre sur son visage. Un long moment, ils se regardèrent en silence, chacun cherchant sur l'autre les blessures que la vie lui avait infligées.

– Il faut filer d'ici, Julián. Fumero te cherche.

L'histoire avec Aldaya était un piège.

– Je sais, murmura Carax d'une voix neutre.

– La villa est fermée. Cela fait des années que personne n'y habite, ajouta Miquel. Vite, aide-moi à descendre et allons-nous-en.

Carax reprit son ascension. Quand il put tenir les deux mains de son ami dans les siennes, il sentit à quel point le corps de celui-ci s'était consumé sous les vêtements trop larges. Il n'avait presque plus de chairs ni de muscles. Une fois de l'autre côté, Carax saisit Miquel sous les aisselles et, chargé ainsi de tout son poids, ils s'éloignèrent dans l'obscurité de la rue Roman Macaya.

– Qu'est-ce que tu as ? chuchota Carax.

– Ce n'est rien. Un peu de fièvre. Ça sera bientôt passé.

Tout, en Miquel, sentait la maladie, et Julián ne le questionna pas plus avant. Ils descendirent la rue Léon-XIII jusqu'au cours San Gervasio, où l'on apercevait les lumières d'un café. Ils s'attablèrent au fond, loin de l'entrée et des fenêtres. Deux clients fumaient au comptoir en écoutant la radio. Le garçon, un homme au teint cireux dont les yeux semblaient rivés au sol, prit leur commande. Brandy chaud, café, et, si possible, quelque chose à manger.

Miquel n'avala pas une bouchée. Carax, apparemment affamé, dévora pour deux. Les amis se dévisageaient à la lueur glauque du café, pris dans les sortilèges du passé. Ils s'étaient quittés adolescents et la vie les réunissait de nouveau, l'un fugitif, l'autre 533

Nuria Monfort : mémoire de revenants moribond. Chacun se demandait si, au jeu de la vie, les cartes les avaient trahis ou s'ils n'avaient pas su s'en servir.

– Je ne t'ai jamais dit merci pour tout ce que tu as fait pour moi, Miquel.

– Ne commence pas maintenant J'ai fait ce que je devais et ce que je voulais faire. Tu n'as pas à me remercier.

– Comment va Nuria ?

– Comme tu l'as laissée.

Carax baissa les yeux.

– Nous nous sommes mariés il y a quelques mois. Je ne sais si elle t'a écrit pour te l'annoncer.

Les lèvres de Carax se contractèrent, et il fit lentement signe que non.

– Tu n'as pas le droit de lui faire des reproches, Julián.

– Je sais. Je n'ai aucun droit, à rien.

– Pourquoi n'as-tu pas fait appel à nous, Julián ?

– Je ne voulais pas vous compromettre.

– Cela ne dépend plus de toi. Où étais-tu, tout ce temps ? Nous avons cru que la terre t'avait avalé.

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