Carlos Zafón - L'ombre du vent

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De la posséder totalement et pleinement. En cela, oui, ils se ressemblaient

Lorsque sa femme lui annonça qu'elle avait découvert Julián et Penélope nus, dans des circonstances qui ne prêtaient pas à confusion, l'univers entier s'embrasa. L'horreur et la trahison, la colère indicible de se savoir outragé dans ce qu'il avait de plus sacré, roulé à son propre jeu, humilié et frappé par celui qu'il avait appris à adorer comme lui-même, l’envahirent avec une telle fureur que personne ne put comprendre la violence de son emportement. Quand le médecin venu examiner Penélope confirma que la jeune fille avait été déflorée et qu'elle se trouvait probablement enceinte, l'âme de M. Ricardo Aldaya plongea tout entière dans le liquide épais et visqueux de la haine aveugle. Il sentait que la main de Julián, la main qui avait planté le poignard au plus profond de son cœur, était sa propre main. Il ne le savait pas encore, mais le jour où il donna l’ordre d'enfermer Penélope à clef dans la chambre du troisième étage fut aussi celui où il commença de mourir. Tout ce qu'il accomplit dès lors ne fut que les manifestations de son autodestruction.

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L’ombre du vent

En collaboration avec le chapelier tant méprisé, il s'arrangea pour que Julián disparaisse de la scène.

Une fois celui-ci à l'armée, il donnerait des instructions pour que sa mort soit déguisée en accident. Il interdit à tous, médecins, domestiques ou membres de la famille excepté sa femme, de voir Penélope au cours des mois où la jeune fille demeura emprisonnée dans cette chambre qui sentait la maladie et la mort. Pendant ce temps, ses associés commençaient de le lâcher et manœuvraient dans son dos pour le priver de son pouvoir en y employant la fortune qu'ils ne devaient qu'à lui. Déjà l'empire Aldaya se défaisait en silence, dans des réunions et des conciliabules de couloir, à Madrid et dans les banques de Genève. Julián, comme il s'en était douté, s'était échappé. Au fond de son cœur, sans se l'avouer, il se sentait fier du jeune homme, même s'il le souhaitait mort. Il avait fait ce que lui-même aurait fait à sa place. Quelqu'un paierait pour lui.

Le 26 septembre 1919, Penélope Aldaya mit au monde un enfant mort-né. Si un médecin avait pu l'examiner avant, il aurait immédiatement dit que le bébé était en danger et qu'une césarienne était indispensable. Si un médecin avait été présent lors de l'accouchement, il aurait probablement pu maîtriser l'hémorragie dans laquelle s'enfuyait la vie de Penélope, qui hurlait en griffant la porte fermée tandis que, de l'autre côté, son père pleurait en silence sous le regard de sa mère tremblante. Si un médecin avait assisté à la scène, il aurait accusé M.

Ricardo Aldaya d'assassinat, car aucun autre mot ne pouvait décrire la vision de cette cellule ensanglantée et obscure. Mais il n'y avait personne, et quand ils finirent par ouvrir la porte pour découvrir Penélope morte, gisant dans son sang et étreignant un bébé cramoisi et luisant, ils furent incapables de desserrer 509

Nuria Monfort : mémoire de revenants les lèvres. Les deux corps furent enterrés dans la crypte de la cave, sans cérémonie ni témoins. Draps et vêtements allèrent aux chaudières, et la chambre fut scellée par un mur en pierre.

Lorsque Jorge Aldaya, accablé de culpabilité et de honte, révéla ce qui s'était passé à Miquel Moliner, celui-ci décida d'envoyer à Julián la lettre signée de Penélope où elle déclarait qu'elle ne l'aimait pas, lui demandait de l'oublier et annonçait un mariage imaginaire. Plutôt que de lui livrer la vérité, il préférait que Julián croie à ce mensonge et refasse sa vie à l'ombre d'une trahison. Deux ans plus tard, quand Mme Aldaya mourut, beaucoup accusèrent les maléfices qui hantaient la villa, mais son fils Jorge sut qu'elle avait été tuée par le feu qui la dévorait de l’intérieur, que les cris de Penélope et ses coups désespérés conte la porte n'avaient cessé de résonner en elle. La famille était en plein déclin, et la fortune des Aldaya s'écroulait comme châteaux de sable sous la marée des convoitises effrénées, de la revanche et de la marche inéluctable de l'histoire. Des secrétaires et des comptables mirent au point le départ en Argentine, début d'un nouveau commerce plus modeste. Il importait avant tout de mettre de la distance. De fuir les spectres qui hantaient les couloirs de la villa Aldaya depuis toujours.

Les Aldaya partirent un matin de 1922 dans le plus obscur des anonymats, voyageant sous un taux nom sur le bateau qui devait les mener à travers l'Atlantique au port de La Plata. Jorge et son père partageaient la même cabine. Le vieil Aldaya, portant sur lui l’odeur de la mort et de la maladie, tenait à peine debout. Les médecins à qui il n'avait pas permis de visiter Penélope le craignaient trop pour lui dire la vérité, mais il savait que la mort avait embarqué sur le même bateau, et que ce corps que Dieu avait 510

L’ombre du vent

commencé à lui voler le jour où il avait décidé de connaître son fils Julián se consumait. Au cours de la traversée, installé sur le pont, grelottant sous les couvertures et affrontant le vide infini de l'océan, il sut qu'il ne reverrait pas la terre. Parfois, assis à l'arrière, il observait la bande de requins qui suivait le navire depuis l'escale de Tenerife. Il avait entendu un officier de bord dire que cette escorte sinistre était habituelle dans les navigations transocéaniques. Les squales se nourrissaient des charognes que le bateau laissait dans son sillage. Mais, pour Ricardo Aldaya, c'était lui que ces démons suivaient « Vous m'attendez », pensait-il et il voyait en eux le véritable visage de Dieu. C'est alors qu'il fit jurer à son fils Jorge, qu'il avait tant méprisé et auquel il lui allait maintenant recourir, d'accomplir sa dernière volonté.

– Tu trouveras Julián Carax, et tu le tueras.

Jure-le-moi.

En se réveillant un matin, deux jours avant l'arrivée à Buenos Aires, Jorge vit que la couchette de son père était vide. Il sortit pour le chercher sur le pont désert, couvert de brouillard et d'embruns. Il trouva son peignoir abandonné sur la plage arrière, encore tiède. Le sillage du navire se perdait dans une forêt de brumes écarlates, et l'océan saignait, luisant et calme. On put constater alors que la bande de requins ne les suivait plus, et que, au loin, un cercle de nageoires dorsales semblait danser. Jusqu'à la fin de la traversée, aucun voyageur ne revit les squales, et quand Jorge Aldaya débarqua à Buenos Aires et que l'officiel des douanes lui demanda s'il voyageait seul, il se borna à répondre oui II voyageait seul depuis longtemps.

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Nuria Monfort : mémoire de revenants 5

Dix ans après son arrivée à Buenos Aires, Jorge Aldaya, ou la loque humaine qu'il était devenu, revint à Barcelone. Les malheurs qui avaient commencé à disloquer la famille Aldaya sur le vieux continent n'avaient fait que se multiplier en Argentine. Là, Jorge avait dû affronter seul le monde et l'héritage moribond de Ricardo Aldaya, un combat pour lequel il n'avait jamais eu les armes ni l'aplomb de son père. Il avait débarqué à Buenos Aires le cœur vide et l'âme déchirée de remords.

L'Amérique, devait-il dire plus tard en manière d'excuse ou d’épitaphe, est un mirage, une terre de prédateurs et de charognards, alors qu'il avait été élevé pour les privilèges et les façons absurdes de la vieille Europe, cadavre qui tenait debout par là force d'inertie. En quelques années, il avait tout perdu, en commençant par sa réputation et en finissant par sa montre en or, cadeau de son père pours a première communion. Grâce à elle, il put acheter le billet de retour. L'homme qui rentra en Espagne était une épave, un sac d'amertume et d'échecs, qui ne possédait rien d'autre désormais que la mémoire de tout ce qu'on lui avait arraché et la haine pour celui qu'il considérait comme le coupable de sa ruine : Julián Carax.

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