Carlos Zafón - L'ombre du vent

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Plus tard, il sut que M. Ricardo Aldaya, fatigué de voir Jacinta monter la garde aux portes de chez lui en mendiant des nouvelles de Penélope, avait eu recours à ses nombreuses connaissances haut placées pour faire interner la gouvernante de sa fille à l'asile de Horta. Quand Miquel Moliner voulut lui rendre visite, on lui en refusa l'accès. Jacinta Coronado devait passer ses trois premiers mois à l'isolement.

Après cette période de silence et d'obscurité, lui expliqua l'un des docteurs, un individu très jeune et souriant, la docilité de la patiente était garantie.

Miquel eut soudain l'inspiration de se renseigner dans la pension où Jacinta avait logé à la suite de son renvoi. Après qu'il se fut présenté, la patronne se souvint que Jacinta avait laissé un message à son intention et trois semaines impayées. Il régla la dette, quoique doutant de sa véracité, et prit le message où la gouvernante écrivait qu'une bonne de la maison, Laura, avait été renvoyée quand on avait su qu'elle avait expédié à Julián une lettre écrite par Penélope.

Miquel pensa que la seule adresse à laquelle Penélope, du fond de sa captivité, pouvait envoyer la missive était celle des parents de Julián, boulevard San Antonio, avec l'espoir que ceux-ci la feraient suivre à Paris.

499

Nuria Monfort : mémoire de revenants Il décida donc d'aller voir Sophie Carax afin de récupérer la lettre et de l'expédier lui-même à Paris.

En arrivant au domicile de la famille Fortuny, Miquel eut une mauvaise surprise : Sophie Carax n'y habitait plus. Elle avait quitté son mari quelques jours plus tôt. Telle était du moins la rumeur circulant dans l'escalier. Il essaya alors de parler au chapelier, qui passait toutes ses journées enfermé dans son magasin, rongé par la rage et l'humiliation. Miquel lui expliqua qu’il était venu chercher une lettre qui avait dû arriver au nom de son fils Julián. La seule réponse de Fortuny fut :

– Je n'ai pas de fils.

Miquel Moliner repartit sans savoir que la lettre avait échoué dans les mains de la concierge de l'immeuble et que, des années plus tard, toi, Daniel, tu la trouverais et lirais les mots que Penélope avait adressés, cette fois du fond du cœur, à Julián et qu'il n'avait jamais reçus.

Au moment où il sortait de la chapellerie, une voisine d'escalier qui dit s'appeler Viçenteta l'aborda en lui demandant s'il cherchait Sophie. Il répondit par l'affirmative.

– Je suis un ami de Julián.

Viçenteta l'informa que Sophie habitait une pension située dans une ruelle derrière l'immeuble de la Poste, en attendant le départ du bateau qui devait la mener Amérique. Miquel se rendit à cette adresse et gravit un escalier étroit et misérable, privé de la lumière du jour. Au quatrième étage de cette spirale crasseuse aux marches de guingois, il trouva Sophie Carax dans une chambre sombre et humide. La mère de Julián était assise face à la fenêtre sur un sommier où deux valises, qu'elle n'avait même pas défaites, gisaient comme des cercueils scellant ses vingt-deux années barcelonaises.

500

L’ombre du vent

En lisant la lettre signée par Penélope que Jorge Aldaya avait remise à Julián, Sophie versa des larmes de rage.

– Elle sait, murmura-t-elle. Pauvre petite, elle sait...

– Elle sait quoi ? demanda Miquel.

– Tout est ma faute, dit Sophie. Tout est ma faute.

Miquel lui tenait les mains, sans comprendre.

Sophie n'eut pas le courage d'affronter son regard.

– Julián et Penélope sont frère et sœur, murmura-t-elle.

3

Bien des années avant de devenir l'esclave d'Antoni Fortuny, Sophie Carax était une jeune fille qui devait subvenir à ses besoins par elle-même. Elle avait à peine dix-neuf ans quand elle était arrivée à Barcelone où l'attendait un emploi qu'elle ne put garder. Avant de mourir, son père lui avait procuré des références pour qu'elle puisse entrer au service des Benarens, une famille prospère de commerçants alsaciens établis à Barcelone.

– A ma mort, lui avait-il recommandé, va les voir, et ils t'accueilleront comme leur enfant.

L'accueil, en effet, avait été chaleureux. Trop chaleureux, hélas. Car M. Benarens avait décidé de la recevoir à bras et gonades ouverts. Mme Benarens, non sans s'apitoyer sur elle et sur sa mauvaise 501

Nuria Monfort : mémoire de revenants fortune, lui avait donné cent pesetas avant de la mettre à la rue.

– Tu as la vie devant toi, et moi je n'ai que ce mari misérable et lubrique.

Une école de musique de la rue Diputación s'arrangea pour lui procurer du travail comme professeur particulier de piano et de solfège. Il était alors de bon ton que les filles de bonne famille soient instruites dans les arts de société et possèdent quelques notions de la musique pratiquée dans les salons, où la polonaise était réputée moins dangereuse que les conversations ou les lectures osées. Sophie Carax commença donc à visiter régulièrement des hôtels particuliers où des femmes de chambre amidonnées et muettes la conduisaient aux salles de musique retrouver la progéniture hargneuse de l'aristocratie industrielle, qui se moquait de son accent, de sa timidité ou de sa condition de domestique tout juste bonne à servir de métronome. Avec le temps, elle apprit à se concentrer sur la mince part des élèves, pas plus de dix pour cent, qui s'élevaient au-dessus de leur condition de petits animaux parfumés, et à oublier les autres.

Sur ces entrefaites, elle fit la connaissance d’un jeune chapelier (puisque, tout fier de sa profession, c’est ainsi qu'il se présentait). Antoni Fortuny, pour qui elle ressentait une chaude sympathie et rien de plus, ne tarda pas à lui proposer le mariage, offre que Sophie déclinait une douzaine de fois par mois.

Chaque fois qu'ils se quittaient, Sophie décidait de ne plus le revoir, car elle ne souhaitait pas le blesser. Le chapelier, imperméable à ses refus, revenait à l'assaut en l'invitant à un bal, une promenade ou à un chocolat avec des meringues rue Canuda. Seule à Barcelone, Sophie résistait difficilement à son enthousiasme, à sa compagne et à son adoration. Il 502

L’ombre du vent

lui suffisait de regarder Antoni Fortuny pour savoir qu'elle ne pourrait jamais l'aimer. En tout cas pas comme elle espérait aimer un jour quelqu’un. Mais elle avait du mal à refuser l'image d'elle-même qu'elle lisait dans ses yeux humides. Il n'y avait que là qu'elle lisait le reflet de la Sophie qu'elle aurait désiré être.

C'est ainsi que, plaisir ou faiblesse, Sophie continuait à jouer avec les sentiments du chapelier en croyant qu’il finirait par rencontrer une jeune fille mieux disposée et qu'il s'en irait vers un destin plus généreux. Entretemps, se sentir ainsi désirée et admirée suffisait à tromper sa solitude et sa nostalgie.

Elle voyait Antoni Fortuny le dimanche, après la messe. La semaine était occupée par ses leçons de musique. Son élève préférée était une jeune fille douée d'un vrai talent, nommée Ana Valls, fille d'un riche fabricant de machines textiles qui avait fait fortune en partant de rien, au prix d'efforts et de sacrifices immenses consentis surtout par les autres Ana proclamait son ambition de devenir une grande compositrice et interprétait pour Sophie de petits morceaux comportant inévitablement des motifs de Grieg et de Schumann, mais non dénués d'une certaine inventivité. M. Valls, convaincu que les femmes étaient incapables de composer autre chose que des chaussettes tricotées et des courtepointes crochetées, voyait néanmoins d'un bon œil que sa fille sache se débrouiller au piano, car, projetant de lui faire épouser un héritier titré, il savait que les gens raffinés aimaient qu'à la docilité et la fertilité de leur jeunesse en fleur, les demoiselles à marier ajoutent un ou deux talents pour les arts d'agrément.

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