Carlos Zafón - L'ombre du vent

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Nous prîmes le petit déjeuner sur le balcon. Julián parlait tout le temps, mais il fuyait mon regard. A la lumière de l'aube, je lui trouvai l'air d'un vieil enfant.

Il s'était rasé et avait revêtu ce que je supposai être son seul costume décent, un complétée coton beige, usé mais élégant. Je l'écoutai me parler des mystères de Notre-Dame, d'une prétendue barque fantôme qui voguait la nuit sur la Seine pour recueillir les âmes des amants désespérés qui s'étaient suicidés en se jetant dans l'eau glacée, de mille et une histoires fantastiques qu'il inventait au fur et à mesure de manière à ne pas me laisser le temps de poser des questions. Je le contemplais en silence, acquiesçant, cherchant en lui l'auteur des livres que je connaissais presque par cœur à force de tant les relire, le garçon que Miquel Moliner m'avait si souvent décrit.

– Combien de temps vas-tu rester à Paris ?

demanda-t-il.

J'estimais que mes tractations avec Gallimard me prendraient deux ou trois jours. J'avais mon premier rendez-vous dans l'après-midi. Je lui dis que je pensais consacrer deux jours à visiter la ville, avant de rentrer à Barcelone.

485

Nuria Monfort : mémoire de revenants

– Paris exige plus de deux jours, dit Julián. Il ne se livre pas comme ça.

– Je ne dispose pas de plus de temps, Julián. M.

Cabestany est un patron généreux, mais tout a une limite...

– Cabestany est un pirate, mais même lui sait que Paris ne se visite pas en deux jours, ni en deux mois, ni en deux ans.

– Je ne peux pas rester deux ans à Paris, Julián.

Julián me regarda longuement et me sourit :

– Pourquoi pas ? Quelqu'un t'attend ?

Les discussions avec Gallimard et les visites de politesse à divers éditeurs avec qui Cabestany avait des contrats me prirent trois jours pleins, comme je l'avais prévu. Julián m'avait pourvu d'un guide et garde du corps, un garçon nommé Hervé qui avait tout juste treize ans et connaissait la ville comme sa poche. Hervé m'accompagnait de porte en porte, tenait à m'indiquer dans quels cafés manger un sandwich,

quelle

rue

éviter,

quels

passages

emprunter. Il m'attendait pendant des heures devant les bureaux des éditeurs sans perdre le sourire et sans accepter le moindre pourboire. Hervé baragouinait un espagnol comique, mêlé d'italien et de portugais.

Signore Carax ya me a pagato con tuoda gènerosidade por meus serviçios...

D'après ce que je pus déduire, Hervé était l'orphelin d'une dame de l'établissement d'Irène Marceau et vivait dans la mansarde de celle-ci. Julián lui avait appris à lire, écrire et jouer du piano. Le dimanche, il l'emmenait au théâtre ou au concert.

Hervé idolâtrait et semblait prêt à faire n'importe quoi pour lui, y compris me guider jusqu'au bout du monde si nécessaire. Le troisième jour, il me demanda si j'étais la fiancée signore Carax. Je lui dis que non, juste une amie de passage. Il sembla déçu.

486

L’ombre du vent

Julián passait presque toutes les nuits éveillé, assis à sa table avec Kurtz sur les genoux, corrigeant des pages ou regardant simplement, au loin, les tours de Notre-Dame. Une nuit que je ne pouvais pas dormir non plus, à cause du bruit de la pluie qui criblait le toit, je le rejoignis dans la pièce principale.

Nous nous regardâmes sans rien dire, et Julián m'offrit une cigarette. Puis, quand la pluie eut cessé, je lui demandai qui était P.

—Penélope, répondit-il.

Je le priai de me parler d'elle, de ces quatorze années d'exil à Paris. A mi-voix, dans la pénombre, Julián me raconta que Penélope était la seule femme qu'il ait jamais aimée.

Une nuit de l'hiver 1921, Irène Marceau avait trouvé Julián Carax errant dans les rues, incapable de se rappeler son nom et vomissant du sang. Il n'avait sur lui que quelques pièces de menue monnaie et des pages pliées, écrites à la main. Après les avoir lues, elle avait cru qu'elle était tombée sur un auteur célèbre, ivre mort, et qu'un éditeur généreux la récompenserait peut-être, quand il aurait repris conscience. Telle était du moins sa version, mais Julián savait qu'elle lui avait sauvé la vie par pitié. Il avait passé six mois dans une chambre du dernier étage du bordel d'Irène, en reprenant des forces. Les médecins avaient prévenu la matrone que si cet individu retombait malade, ils ne répondraient de lui.

Il s'était détruit l'estomac le foie, et il devrait vivre le reste de ses jours sans pouvoir se nourrir d'autre chose que de lait, de fromage blanc et de pain de mie.

Quand Julián avait recouvré la parole, Irène lui avait demandé qui il était.

– Personne, avait répondu Julián.

487

Nuria Monfort : mémoire de revenants

– Eh bien, personne ne vit à mes crochets.

Qu'est-ce que tu sais faire ?

Julián avait dit qu'il savait jouer du piano.

– Montre-moi ça.

Julián s'était mis au piano du salon et, devant une assistance intriguée de quinze très jeunes demoiselles en petite tenue, il avait interprété un nocturne de Chopin. Elles avaient toutes applaudi, sauf Irène qui avait affirmé qu'il s'agissait d'une musique de morts et qu'elles étaient au service des vivants. Julián lui avait joué un ragtime et des airs d'Offenbach.

—Voilà qui est mieux.

Son nouveau travail lui assurait un salaire, un toit et deux repas par jour.

Il avait survécu à Paris grâce à la charité d'Irène Marceau, seule personne qui l'encourageât à écrire.

Elle aimait les romans sentimentaux et les biographies de saints et martyrs qui l’intriguaient énormément. D'après elle, le problème de Julián était qu’il avait le cœur empoisonné, raison pour laquelle il ne pouvait écrire que ces histoires d'épouvante et de ténèbres. Pourtant, elle lui avait trouvé un éditeur pour ses premiers romans et lui avait procuré cette mansarde où il se cachait du monde. Elle l'habillait et l'emmenait prendre l'air et le soleil, elle lui achetait des livres et lui demandait de l'accompagner à la messe tous les dimanches avant une promenade au Tuileries. Irène Marceau le maintenait en vie sans rien exiger d'autre que son amitié et la promesse de continuer à écrire. Avec le temps, elle lui avait permis de faire venir une de ses filles dans la mansarde, même si ce n'était que pour dormir l'un contre l'autre.

Irène riait en disant qu'elles se sentaient presque aussi seules que lui et avaient surtout besoin d'un peu de tendresse.

488

L’ombre du vent

—Mon voisin, M. Darcieu, me tient pour l'homme le plus heureux du monde.

Je lui demandai pourquoi il n'était jamais retourné à Barcelone retrouver Penélope. Il s'enferma dans un long silence et, quand je cherchai son visage dans l'obscurité, je le découvris baigné de larmes.

Sans bien savoir ce que je faisais, je m'agenouillai près de lui et le serrai dans mes bras. Nous restâmes ainsi, enlacés sur cette chaise, jusqu'à ce que l'aube nous surprenne. Je ne sais lequel donna le premier baiser, ni si cela a de l'importance. Je sais que nos lèvres se joignirent et que je me laissai caresser sans me rendre compte que je pleurais aussi, ni sans savoir pourquoi. Ce matin-là, et tous ceux qui suivirent pendant les deux semaines que je passai avec Julián, nous nous aimâmes à même le sol, en silence. Puis, assis dans un café ou nous promenant dans les rues, je le regardais dans les yeux sans jamais avoir besoin de lui demander s'il continuait d'aimer Penélope. Je me souviens que, ces jours-là, j'appris à haïr cette fille de dix-sept ans (parce que, pour moi, Penélope a toujours eu dix-sept ans) que je n'avais jamais rencontrée et dont je commençais à rêver. J'inventai mille et une excuses pour télégraphier à Cabestany et prolonger mon séjour. Je ne m'inquiétais plus de perdre mon emploi et l'existence que j'avais laissée à Barcelone. Je me suis souvent demandé si c'était parce que ma vie était tellement vide qu'en arrivant à Paris j'étais tombée dans les bras de Julián, comme les filles d'Irène Marceau qui mendiaient un peu de tendresse faute de mieux. Je sais seulement que ces deux semaines ont été le seul moment de ma vie où je me suis sentie vraiment moi-même, où j'ai compris, avec cette absurde clarté des choses inexplicables, que je ne pourrais jamais aimer un autre homme 489

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