Emile Gary - Gros-Câlin

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— Je suis heureux de vous l’entendre dire, monsieur Cousin.

— Voilà. Vous m’avez demandé pourquoi j’ai adopté un python et je vous le dis. J’ai pris cette décision amicale à mon égard au cours d’un voyage organisé en Afrique, avec ma future fiancée M lle Dreyfus, qui a les mêmes origines. J’ai été très frappé par la forêt vierge. De l’humidité, de la pourriture, des vapeurs… les origines, quoi. On comprend mieux, après avoir vu ça. Des bouillonnements, des proliférations… C’est marrant, la nature, lorsqu’on pense à Jean Moulin et Pierre Brossolette…

— Attendez, attendez. Quels noms déjà ?

— Non, personne, je parle comme ça, au figuré. Il n’y a pas lieu d’enquêter. Ils sont déjà au point.

— Si je comprends bien, vous avez adopté votre python à cause de cette rencontre avec la nature, dans un moment de communion ?

— Écoutez, j’ai des angoisses. Des terreurs abjectes. J’ai des moments où je ne crois pas que je vais donner autre chose. Que la fin de l’impossible, ce n’est pas français. Descartes, au grand siècle, ou quelqu’un comme ça, a dû dire, j’en suis sûr, une chose formidable, que je ne connais pas, mais j’ai quand même décidé de regarder la vérité en face pour avoir un peu moins peur. Mon grand problème, monsieur l’angoisse, c’est le commissaire.

— Vous n’avez rien à craindre. Vous êtes ici dans un poste de police.

— Alors, quand j’ai vu le python devant l’hôtel, à Abidjan, j’ai tout de suite compris qu’on était fait l’un pour l’autre. Il s’était à ce point enroulé sur lui-même, que je voyais bien qu’il essayait de disparaître à l’intérieur, se refouler, se cacher, tellement il avait peur. Il fallait voir les petites mines dégoûtées que les dames de notre groupe organisé prenaient en regardant la pauvre bête. Sauf M lleDreyfus, justement. L’autre jour, elle m’a même remarqué sur les Champs-Élysées. Le lendemain, au bureau, elle me l’a fait sentir, très discrètement. Elle m’a dit : « Je vous ai aperçu dimanche sur les Champs-Élysées. » Bref, j’ai tout de suite adopté le python, sans même demander combien. Le soir, à l’hôtel, il a rampé sur le lit et il m’a fait un gros câlin et je l’ai appelé comme ça. Quant à M lle Dreyfus, elle vient de la Guyane et elle doit son nom à la francophonie, car le faux capitaine Dreyfus, qui n’était pas coupable, est là-bas très populaire, à cause de ce qu’il a fait pour le pays.

J’aurais voulu prolonger cette conversation, car il y avait là peut-être une amitié en train de naître, à cause de l’incompréhension réciproque entre les gens, qui sentent ainsi qu’ils ont quelque chose en commun. Mais le commissaire paraissait épuisé et il me regardait avec une sorte de peur, ce qui nous rapprochait encore, parce que moi aussi j’avais une peur bleue de lui. Il fit cependant d’une main tremblante un effort pour s’intéresser à moi.

— Vous avez une vignette ? me demanda-t-il.

J’achète chaque année la vignette pour sentir que je vais bientôt avoir une voiture, pour l’optimisme. Je lui expliquai tout ça.

— Si vous voulez bien, nous pourrions aller au Louvre ensemble, dimanche, lui proposai-je.

Il parut encore plus épouvanté. Je le fascinais, c’était clair. C’est dans tous les ouvrages. J’étais là, debout devant lui assis, et je m’approchai de plus en plus de lui, mine de rien, en détours, il y avait une demi-heure déjà, qu’il s’intéressait à moi. Je m’attache très facilement. C’est un besoin, chez moi, de protéger, de m’offrir à quelqu’un d’autre. Et un commissaire de police, c’est bien quelqu’un d’autre. Il semblait gêné, peut-être parce que je lui faisais de la sympathie. Dans ces cas-là, d’habitude, on regarde ailleurs. C’est la dignité humaine qui fait ça, comme pour les clochards. On regarde ailleurs. D’ailleurs, le grand poète François Villon a prévu ça dans un vers. Frères humains qui après nous vivez… Il a prévu l’avenir, les frères humains. Qu’il y en aura un jour.

Il s’est levé.

— Bon, je vais déjeuner…

Ce n’était pas une invitation, mais il y pensait tout de même. Je pris un crayon et marquai mon nom et adresse, pour les rondes de police, de temps en temps.

— Ça me ferait plaisir. La police, ça sécurise.

— Je manque un peu d’hommes, en ce moment.

— Je comprends, je sais. L’état de manque.

Il m’a serré la main très vite et il est parti déjeuner. C’est moi qui souligne, pour qu’on voie que je n’ai pas perdu le fil et que ça se tient, c’est justement de cela que je parlais, cette question de nourritures terrestres.

Il fallait donc trouver autre chose pour nourrir Gros-Câlin, je ne voulais pas lui servir des souris et des cochons d’Inde, cela me rendait malade. J’ai d’ailleurs l’estomac très sensible.

C’est ce que j’exposai au père Joseph. On voit donc que je sais parfaitement à chaque instant où j’en suis et c’est d’ailleurs là tout mon problème.

— Je me sens incapable de le nourrir. L’idée de lui donner une pauvre souris blanche à manger me rend malade.

— Faites-lui bouffer des souris grises, dit le curé.

— Grises ou blanches, pour moi c’est la même chose.

— Achetez-en un tas, de souris. Vous les remarquerez moins. C’est parce que vous les prenez une à une que vous faites tellement attention. Ça devient personnel. Prenez-en un tas anonyme, ça vous fera beaucoup moins d’effet. Vous y regardez de trop près, ça individualise. Il est toujours plus difficile de tuer quelqu’un qu’on connaît. J’ai été aumônier pendant la guerre, je sais de quoi je parle. On tue beaucoup plus facilement de loin sans voir qui c’est, que de près. Les aviateurs, quand ils bombardent, ils sentent moins. Ils voient ça de très haut.

Il suça un moment sa pipe pensivement.

— Et puis qu’est-ce que vous voulez que je fasse, dit-il. C’est la nature. Il faut que chacun bouffe ce qui lui tient à cœur. L’appétit, vous savez…

Il soupira, à cause de la famine dans le monde.

Ce qui me bouleverse chez les souris, c’est leur côté inexprimable. Elles ont une peur atroce du monde immense qui les entoure et deux yeux pas plus gros que des têtes d’épingles pour l’exprimer. Moi, j’ai des grands écrivains, des génies picturaux et musicaux.

— C’est très bien exprimé dans la neuvième symphonie de Bach, dis-je.

— De Beethoven.

Un de ces jours, je vais me foutre sérieusement en rogne.

Ils veulent pas que ça change, voilà.

— Grises ou blanches, c’est toujours une question de tendresse, dis-je.

— Vous vous faites des idées. D’ailleurs, si mes souvenirs sont exacts, les pythons ne mâchent pas, ils avalent. Alors, vous comprenez, cette question de tendresse n’intervient pas.

On ne se comprenait pas. Et puis, brusquement, il trouva.

— Faites-le nourrir par quelqu’un d’autre, votre animal.

Je fus tellement étonné de ne pas y avoir pensé moi-même que je fus pris d’angoisse. Il me manquait quelque chose, c’est évident.

Je me taisais en battant des paupières, à cause de l’ahurissement. Toujours cette histoire d’œuf de Saint-Colomb. Je manque de simplicité.

J’ai essayé de me rattraper.

— Quand je parlais de tendresse, tout à l’heure, je ne parlais pas de la qualité de la viande, dis-je.

— Vous souffrez de surplus, dit le père Joseph. D’excédent, si vous préférez. Et je trouve un peu triste, monsieur Cousin, qu’au lieu de le donner à vos semblables, vous le donniez à un python.

On se comprenait de moins en moins.

— Comment, de surplus ?

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