Emile Gary - Gros-Câlin

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— Quoi ? Qu’est-ce que tu m’as demandé ?

— Comment tu me trouves, physiquement ?

Elle n’était pas obligée, car nos rapports s’étaient déjà dénoués. Mais c’est un métier qui donne de l’humanité.

— Laisse voir… Je ne t’ai pas regardé. On est toujours si occupé en faisant le boulot…

Elle m’a bien regardé. Gentiment, ni oui ni non. Heureusement qu’elle ne l’avait pas fait avant, j’aurais pas pu, à cause de l’angoisse.

— Ben, tu sais… Ça se vaut. Tu es même plutôt mieux, on dirait que t’as peur d’être mangé…

Elle haussa les épaules et elle a ri, mais sans rigoler.

— T’en fais pas, va. Il faut jamais y penser. Et puis, tu sais, dans les histoires de cul, il n’y a que les sentiments qui comptent.

J’ai eu soudain envie de pleurer, comme ça arrive parfois quand on voit quelque chose de beau. C’est toujours merveilleux lorsque toutes les barrières tombent et on se retrouve tous ensemble, on se rejoint. Au moment de la grande peur, en mai 1968 – je n’ai pas osé sortir de chez moi pendant trois semaines, à cause de l’espoir, de la fin de l’impossible, j’avais l’impression que ce n’était même pas moi, que c’était Gros-Câlin qui rêvait – j’ai vu une fois, en regardant prudemment par la fenêtre, des gens qui se rencontraient au milieu de la rue et qui se parlaient.

— Et puis, toi, au moins, tu as un regard. La plupart des gens ils n’ont rien dans les yeux, tu sais, comme les voitures qui se croisent la nuit, pour ne pas éblouir, allez, au revoir.

Elle s’en alla et je suis resté encore dix minutes seul dans la chambre. Je me sentais bien, j’éprouvais une sorte d’euphorie et de prologomène, mot dont je ne connais pas le sens et que j’emploie toujours lorsque je veux exprimer ma confiance dans l’inconnu.

Ça tombait bien, parce que le lendemain Gros-Câlin commença sa mue. Il a déjà changé deux fois de peau, dans ses efforts, depuis qu’il vit chez moi.

Quand ça commence, il devient inerte, il a l’air complètement écœuré de tout, il n’y croit plus. Ses paupières deviennent blanches, laiteuses. Et puis sa vieille peau commence à craquer et à tomber. C’est un moment merveilleux, le renouveau, la confiance règne. Bien sûr, c’est toujours la même peau qui revient, mais Gros-Câlin est très content, il frétille, il cavale partout sur la moquette et je me sens heureux, moi aussi, sans raison, ce qui est la meilleure façon d’être heureux, la plus sûre.

À la STAT, je fredonne, je me frotte les mains, je cours ici et là, et mes collègues remarquent ma bonne mine. Je m’achète un bouquet de fleurs sur le bureau. Je fais des projets d’avenir, puis ça se calme. Je reprends mon pardessus, mon chapeau, mon écharpe et je rentre dans mon deux-pièces. Je retrouve Gros-Câlin enroulé sur lui-même dans un coin. La fête est finie. Mais c’est émouvant pendant que ça dure. Et c’est très bon pour les pressentiments, ça encourage l’aspiration chez l’organisme.

D’ailleurs, mon problème principal n’est pas tellement mon chez-moi mais mon chez-les-autres. La rue. Ainsi qu’on l’a remarqué sans cesse dans ce texte, il y a dix millions d’usagés dans la région parisienne et on les sent bien, qui ne sont pas là, mais moi, j’ai parfois l’impression qu’ils sont cent millions qui ne sont pas là, et c’est l’angoisse, une telle quantité d’absence. J’en attrape des sueurs d’inexistence mais mon médecin me dit que ce n’est rien, la peur du vide, ça fait partie des grands nombres, c’est pour ça qu’on cherche à y habituer les petits, c’est les maths modernes. M lleDreyfus doit en souffrir particulièrement, en tant que Noire. Nous sommes faits l’un pour l’autre mais elle hésite, à cause de mon amitié avec Gros-Câlin. Elle doit se dire qu’un homme qui s’entoure d’un python recherche des êtres exceptionnels. Elle manque de confiance en elle-même. Pourtant, peu de temps après notre rencontre sur les Champs-Élysées, je tentai de lui venir en aide. Je me suis rendu au bureau un peu plus tôt que d’habitude et j’ai attendu M lle Dreyfus devant l’ascenseur pour voyager avec elle. Il fallait quand même nous connaître un peu mieux, avant de nous décider. Lorsqu’on voyage ensemble, on apprend des tas de choses les uns sur les autres, on se découvre. Il est vrai que la plupart des gens restent debout dans l’ascenseur, sans se regarder, verticalement et raides, pour ne pas avoir l’air d’envahir le territoire des autres. C’est des clubs anglais, les ascenseurs, sauf que c’est debout, avec les arrêts aux étages. Celui de la STAT met une bonne minute dix pour arriver chez nous et si on fait ça tous les jours, même sans se parler, on finit malgré tout par faire une petite bande d’amis, d’habitués de l’ascenseur. Les lieux de rencontres, c’est capital.

J’ai voyagé avec M lle Dreyfus quatorze fois et ça n’a pas raté. Heureusement, ce n’est pas un grand ascenseur, juste ce qu’il faut pour que huit personnes puissent se sentir bien ensemble. Je garde pendant le parcours un silence expressif, pour ne pas faire le boute-en-train ou Gentil Organisateur des clubs de voyages, et parce que cinquante secondes n’est pas assez pour me faire comprendre. Lorsque nous sommes sortis au neuvième, devant la STAT, M lle Dreyfus m’a adressé la parole et elle est tout de suite entrée dans le vif du sujet.

— Et votre python, vous l’avez toujours ?

Comme ça, en plein dedans. En me regardant droit dans les yeux. Les femmes, quand elles veulent quelque chose…

J’en ai eu le souffle coupé. Personne ne m’a jamais fait des avances. Je n’étais pas du tout préparé à cette jalousie, à cette invitation à choisir, « c’est lui ou c’est moi ».

J’ai été à ce point secoué que j’ai fait une gaffe. Une gaffe terrible.

— Oui, il vit toujours avec moi. Vous savez, dans l’agglomération parisienne, il faut quelqu’un à aimer…

Quelqu’un à aimer… Il faut être con, quand même, pour dire ça à une jeune femme. Car ce qu’elle en a compris, à cause de l’incompréhension naturelle, c’est que j’avais déjà quelqu’un, merci beaucoup.

Je me souviens très bien. Elle portait des bottes à mi-cuisses et une minijupe en quelque chose. Une blouse orange.

Elle est très jolie. Je pourrais la rendre plus belle encore, dans mon imagination, mais je ne le fais pas, pour ne pas augmenter les distances.

Le nombre de femmes que j’aurais eues si je n’avais pas un python chez moi, c’est fou. L’embarras du choix, c’est l’angoisse. Je ne veux pas qu’on s’imagine pourtant que j’ai pris un reptile universellement réprouvé et rejeté pour me protéger. Je l’ai fait pour avoir quelqu’un à… Je vous demande pardon. Cela sort de mon propos, ici, qui est l’histoire naturelle.

Elle m’a regardé d’une certaine façon, quand je lui dis que j’aimais déjà quelqu’un. Elle ne paraissait pourtant pas vexée, blessée. Non, rien. Les Noirs à Paris ont beaucoup de dignité, à cause de l’habitude.

Elle m’a même souri. C’était un sourire un peu triste, comme si elle avait de la peine. Mais les sourires sont souvent tristes, il faut se mettre à leur place.

— Allez, au revoir, au plaisir.

Très poliment, en me donnant la main. J’aurais dû la baiser, cela se faisait autrefois, et il n’y a pas de raison. Mais je risquais de paraître antédiluvien, et ça, jamais.

— Allez, au revoir et merci.

Et puis elle s’en est allée en mini-jupe.

Je suis resté là, décidé à ouvrir le gaz. J’avais envie de mourir, en attendant mieux. Je me disposais donc à reprendre mes occupations à cet effet, lorsque le garçon de bureau passa par là, avec cinq corbeilles à papier les unes sur les autres, comme un sportif.

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