Emile Gary - Gros-Câlin
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- Название:Gros-Câlin
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
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- Год:2013
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— Qu’est-ce que tu fous là, Gros-Câlin ? T’en fais une tête !
Ils m’appellent tous Gros-Câlin, à l’agence, à cause de l’esprit. Je ne trouve pas cela drôle mais on vit, quoi.
— Enfin, qu’est-ce qui t’arrive ?
Je me suis bien gardé de lui faire des confidences. Je ne sais pas pourquoi, mais je me méfie de ce gars-là. Il me fait même un peu peur. J’ai toujours l’impression qu’il a des intentions. Il me dérange. Mais enfin, c’est le rôle de la police, ce n’est pas à moi de m’en occuper. C’est le genre de personne qui fait semblant d’être là chez lui, alors qu’on sait bien que c’est pas vrai, qu’il fait semblant. Je me méfie de ceux qui cherchent tout le temps à vous culpabiliser. Ce garçon de bureau, il a toujours l’air renseigné, avec des coups d’œil malin à la française, avec lueurs d’ironie et clartés, comme pour vous dire que lui, il connaît la manière, on peut en sortir, il y a qu’à pousser.
Je n’aime pas cette façon indignée qu’il a de me regarder. On dirait que je lui fais mal. J’ai ma dignité, je ne permets à personne de me manquer.
— À propos, dit-il, derrière ses paniers. On a une réunion, samedi soir. Tu veux venir ? Ça te changera.
Des ambitieux, tous, avec des exigences et des prétentions. C’est même le fascisme, au fond. Ce n’est pas que je sois contre le fascisme sans espoir pour tout le monde, parce qu’au moins là, ce serait la vraie démocratie, on saurait pourquoi, il n’y aurait plus de liberté, ce serait l’impossible, on aurait des excuses. Il paraît même qu’il y a des gens qui ont une telle peur de la mort qu’ils finissent par se suicider, à cause de la tranquillité.
— C’est à huit heures trente, à la Mutualité. Viens. Ça te sortira de ton trou.
S’il y a une chose qui me vexe, c’est qu’on dise du mal de mon habitat. J’en fais le plus grand cas. Chaque chose, chaque objet, meubles, cendrier, pipe, est un ami durable. Je les retrouve chaque soir à la même place où je les ai laissés, et c’est une certitude. Je peux compter dessus à coup sûr. C’est une angoisse en moins. Le fauteuil, le lit, la chaise, avec une place pour moi au milieu, et quand j’appuie sur un bouton, la lumière se fait, tout s’éclaire.
— Mon appartement n’est pas un trou, lui dis-je. Je ne vis pas dans un trou, nulle part. Je suis très bien logé, avec adresse.
— Tu es tellement dedans que tu ne le vois même pas, me lança-t-il. C’est pas que je m’intéresse à toi, t’as pas à te fâcher, mais ça me fait mal de te voir. Alors, viens avec nous samedi. Tiens, j’ai les mains occupées, prends cette feuille dans ma poche, il y a le jour et l’heure. Ça te changera.
J’ai quand même hésité un moment, à cause de ma faiblesse. On ne sait pas assez que la faiblesse est une force extraordinaire et qu’il est très difficile de lui résister. Et je ne voulais pas non plus être pris pour une espèce d’égoïste qui ne s’intéresse qu’à son python. Dans le même ordre d’idées, je ne suis pas non plus le genre de mec qui irait donner à Jésus-Christ le prix Nobel de littérature. Et ma température est, aussi étrange que cela puisse paraître, 36° 6, alors que je sens quelque chose comme 5°au-dessous de zéro. Je pense que ce manque de chaleur pourra être remédié un jour par la découverte de nouvelles sources d’énergie indépendantes des Arabes, et que la science ayant réponse à tout, il suffira de se brancher sur une prise de courant pour se sentir aimé.
Tout cela me paraît si évident et péremptoire que j’ai même rédigé à quelques éditeurs triés sur le volet la lettre suivante, bien que mon ouvrage soit encore à l’état de cru et de cri, avec une extrême prudence, l’étouffement dans l’œuf étant ici une des méthodes les plus couramment employées.
Monsieur,
Je vous adresse ci-joint un ouvrage d’observation sur la vie des pythons à Paris, fruit de longues expériences personnelles. Je n’ignore pas que les ouvrages sur la clandestinité abondent et que tous les états latents sont des états d’attente mais en cas de non-réponse, selon l’usage, je m’adresserai ailleurs. Veuillez agréer.
J’ai adopté exprès un ton sec et péremptoire pour leur faire peur et leur faire comprendre que j’ai d’autres possibilités. Je n’ai pas mentionné spécifiquement ces possibilités, que je n’ai évidemment pas, afin qu’elles paraissent plus grandes et pour ainsi dire illimitées. Je me suis senti aussitôt mieux, car il n’y a rien de tel que les perspectives illimitées.
On aura remarqué que je n’ai pas mentionné les femmes dans ma lettre, pour ne pas lui donner un ton trop confessionnel.
Je venais de poser mon stylo lorsqu’on sonna. J’ai vite couru me donner un coup de peigne et rectifier le nœud de mon papillon jaune à pois bleus, comme je le fais toujours lorsque quelqu’un se trompe de porte. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis le garçon de bureau et deux autres jeunes gens que je n’avais jamais vus au cours de mes regards. Le garçon de bureau me tendit la main.
— Salut. On passait par là, alors on s’est dit : on va voir le python. Tu permets ?
J’étais indigné. S’il y a une chose à laquelle je tiens, c’est ma vie privée. Je n’admets pas qu’on entre chez moi comme ça, sans crier gare. La vie privée, c’est sacré, c’est ce qu’ils ont justement perdu, en Chine. J’étais peut-être en train de regarder la télévision ou de réfléchir librement, sans contrainte, ou songer à tous les livres que l’on est libre de publier en France. M lle Dreyfus aurait pu se trouver là et cela aurait été terrible pour elle si quelqu’un du bureau la voyait chez moi et découvrait nos rapports intimes. Les Noires sont d’ailleurs obligées de faire plus attention que les autres, à cause de leur réputation.
Je n’ai rien dit mais c’était l’angoisse, sans raison, car par chance M lleDreyfus n’était pas là.
Ils sont entrés.
Je n’ai même pas eu le temps d’enlever du mur les photos de Jean Moulin et de Pierre Brossolette. Je n’aime pas qu’on se moque de moi, comme tout le monde. Et d’abord, pour vivre dans un agglomérat de dix millions d’habitués – et je m’excuse de le répéter, je le fais pour m’accoutumer si possible –, il faut avoir quelque chose de bien à soi, des choses, des trucs, qui une collection de timbres-poste, qui des rêveries, son petit quant-à-soi, une vie intérieure. Mais surtout, je ne veux pas que personne au sens de vraiment personne, s’imagine, en trouvant les photos de deux hommes véritables sur mon mur, s’imagine que je me complais dans des états vagues et aspiratoires avec dignité, que l’on appelle astucieusement bourrage du crâne, pour faciliter le lavage du cerveau. Le bourrage du crâne, s’il n’y avait pas eu ensuite lavage du cerveau, ça aurait continué. C’est ce que les fascistes appellent « continuer à croire et à espérer ». C’est le pire truc facho, ça, et ça mène tout droit à la politique et à toutes sortes de trucs boutonneux, comme le printemps de Prague pour hivers russes. Quand je vois Gros-Câlin complètement enroulé sur lui-même, entortillé, des kilos de nœuds, c’est là que j’apprécie le mieux ma liberté et les droits dont je jouis quand je suis chez moi, dans mon fort intérieur. De toute façon, on ne peut m’accuser de rien nourrir, car lorsque je suis né, ces deux héros de la Résistance étaient déjà dans l’autre monde, au sens propre du figuré, l’autre monde, le monde des hommes, ils étaient déjà nés, eux.
Ils ont regardé le python, longuement. Gros-Câlin roupillait sur le fauteuil. Il faisait le flasque, genre pneu de bicyclette dégonflé. Il adore faire le flasque. Il ne bande ses muscles que pour agir, s’entortiller, faire des nœuds, ramper sur la moquette.
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