Emile Gary - Gros-Câlin

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Gros-Câlin: краткое содержание, описание и аннотация

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J’ai donc dit que Gros-Câlin est très beau. Lorsqu’il rampe gaiement ici et là sur la moquette, dans la lumière, ses écailles prennent de jolies teintes verdâtres et beiges harmonieuses, qui se marient très bien avec la couleur de la moquette, que j’ai choisie exprès d’un vert profond, un peu boueux, pour lui donner l’impression de la nature. Pas tellement à la moquette, mais à Gros-Câlin et à moi-même, à cause de l’importance du cadre de vie. Je ne sais pas si les pythons distinguent les couleurs mais je fais ce que je peux. Il a des dents qui sont légèrement inclinées vers l’intérieur du gosier en oblique, et lorsqu’il prend ma main pour me faire comprendre qu’il a faim, je dois faire attention à la dégager doucement pour ne pas l’écorcher. Je suis obligé de le laisser seul tous les jours, car il n’est pas question de le prendre au bureau avec moi. Ça ferait jaser. C’est dommage, parce que je suis dans les statistiques et il n’y a rien de plus mauvais pour la solitude. Lorsque vous passez vos journées à compter par milliards, vous rentrez à la maison dévalorisé, dans un état voisin du zéro. Le nombre I devient pathétique, absolument paumé et angoissé, comme le comique bien triste Charlie Chaplin. Chaque fois que je vois le nombre I, j’ai envie de l’aider à s’échapper. Ça n’a ni père ni mère, c’est sorti de l’assistance publique, il s’est fait tout seul et il a constamment à ses trousses, derrière, le zéro qui veut le rattraper, et devant, toute la mafia des grands nombres qui le guettent. I, c’est une sorte de certificat de pré-naissance avec absence de fécondation et d’ovule. Ça rêve d’être 2, et ça ne cesse de courir sur place, à cause du comique. C’est les micro-organismes. Je vais toujours au cinéma pour voir les vieux films de Chariot et rire comme si c’était lui et pas moi. Si j’étais quelqu’un, je ferais toujours jouer I par Chariot, avec son petit chapeau et sa badine, poursuivi par le gros zéro qui le menace avec cet œil rond qui vous regarde et qui fait tout ce qu’il peut pour empêcher I de devenir 2. Il veut que I ce soit cent millions, il veut pas moins, parce que, pour que ce soit rentable, il faut que ce soit démographique. Sans ça, ce serait une mauvaise affaire et personne n’irait s’investir dans les banques de sperme. C’est comme ça que Chariot est tout le temps obligé de fuir, et il se retrouve toujours seul, sans fin et sans commencement. Je me demande ce qu’il mange.

La vie est une affaire sérieuse, à cause de sa futilité.

Mes parents m’ont quitté pour mourir dans un accident de circulation et on m’a placé d’abord dans une famille, puis une autre, et une autre. Je me suis dit chic, je vais faire le tour du monde.

J’ai commencé à m’intéresser aux nombres, pour me sentir moins seul. À quatorze ans, je passais des nuits blanches à compter jusqu’à des millions, dans l’espoir de rencontrer quelqu’un, dans le tas. J’ai fini dans les statistiques. On disait que j’étais doué pour les grands nombres, j’ai voulu m’habituer, vaincre l’angoisse, et les statistiques, ça prépare, ça accoutume. C’est comme ça que madame Niatte m’a surpris un jour debout au milieu de mon habitat, à me serrer dans mes bras tout seul, à m’embrasser, à me bercer presque, c’est une habitude d’enfant, je sais bien et j’ai un peu honte. Avec Gros-Câlin, c’est plus naturel. Quand je suis tombé sur lui, j’ai tout de suite compris que tous mes problèmes affectifs étaient résolus.

J’essaye cependant de ne pas pencher d’un seul côté et d’avoir un régime équilibré. Je vais régulièrement chez les bonnes putes et je tiens à proclamer ici, que j’emploie ce mot généreux « putes » avec son plus noble accent de reconnaissance, d’estime publique et d’Ordre du Mérite, car il m’est impossible d’exprimer ici tout ce qu’un homme qui vit dans la clandestinité avec un python ressent parfois dans nos circonstances. C’est quand même une façon de faire le mur. Le cœur des putes vous parle toujours, il suffit de mettre l’oreille, et il ne vous dit jamais d’aller vous faire voir. Je mets l’oreille dessus et nous écoutons tous les deux, avec mon sourire. Je dis parfois aux filles que je suis étudiant en médecine.

En attendant, je m’installe dans un fauteuil, je prends Gros-Câlin et il met son bras de deux mètres vingt de long autour de mes épaules. C’est ce qu’on appelle « état de besoin », en organisme. Il a une tête inexpressive, à cause de l’environnement originel, évidemment, c’est l’âge de pierre, comme les tortues, les circonstances pré diluviennes. Son regard n’exprime pas autre chose que cinquante millions d’années et même davantage, pour finir dans un deux-pièces. Il est merveilleux et rassurant de sentir chez soi quelqu’un qui vient d’aussi loin et qui est parvenu jusqu’à Paris. Cela donne de la philosophie, à cause de la permanence assurée et des valeurs immortelles, immuables. Parfois, il me mordille l’oreille, ce qui est bouleversant d’espièglerie, lorsqu’on pense que cela vient de la préhistoire. Je me laisse faire, je ferme les yeux et j’attends. On aura compris depuis longtemps par les indications que j’ai déjà données que j’attends qu’il aille encore plus loin, qu’il fasse un bond prodigieux dans l’évolution et qu’il me parle d’une voix humaine. J’attends la fin de l’impossible. Nous avons tous et depuis si longtemps déjà une enfance malheureuse.

Souvent, je m’endors ainsi, avec ce bras de deux mètres de long qui m’entoure et me protège en toute confiance, avec le sourire.

J’ai pris une photo de Gros-Câlin endormi autour de moi dans le fauteuil. J’ai voulu la montrer à M lle Dreyfus mais j’ai eu peur qu’elle renonce à moi en croyant que j’étais déjà pourvu. J’aurais pu évidemment lui expliquer que ce n’était pas une question de longueur de bras, seulement d’aspiration et du sentiment qu’on y met, mais il ne faut jamais risquer d’éveiller chez quelqu’un un sentiment d’infériorité.

Il est cependant évident que les rapports exceptionnels que j’entretiens avec Gros-Câlin me coûtent cher. Très peu de jeunes femmes, ainsi que je l’ai déjà exposé en connaissance de cause, accepteraient de partager la vie d’un python. Cela demande beaucoup de tendresse et de compréhension, c’est une véritable épreuve, un test, ça prouve. Pour franchir une telle distance d’une personne à une autre avec python, il faut un vrai élan. Je suis sûr et certain que M lle Dreyfus en est capable et qu’elle a d’ailleurs un avantage au départ à cause de ses origines communes.

Je me réveille parfois dans mon fauteuil car Gros-Câlin dort si fort qu’il risque de m’étrangler. C’est l’angoisse et je prends deux valiums, puis je me rendors. Le professeur Fischer, dans son ouvrage sur les pythons et les boas, nous dit qu’ils rêvent aussi. Il ne nous dit pas de quoi. Mais moi j’ai ma conviction là-dessus. Je suis sûr que les pythons rêvent de quelqu’un à aimer.

C’est chez moi une certitude.

C’est donc dans un but d’intuition et de compréhension que je me suis mis à faire des rêves de python. On ne peut évidemment pas se mettre à sa propre place, parce qu’on y est déjà et on se heurte aussitôt à l’angoisse, mais on peut se mettre à la place d’un autre, par la méthode sympathique. Je ne puis être scientifiquement sûr de ma découverte, mais c’est ainsi que je suis arrivé à la conclusion que les pythons rêvent d’amour.

Je fais aussitôt plusieurs constatations bouleversantes.

La première chose que je découvre ainsi est que je suis très beau. On remarque que je souris de plaisir. Je le dis en toute modestie, parce qu’il ne s’agit pas de moi. En ce qui me concerne personnellement, si j’ose m’exprimer ainsi, un peu prétentieusement, je posai un jour cette question à une bonne pute. Je prends là un terme courant que j’emprunte aux autres, dans un but de rapprochement et de fraternité, mais je ne suis pas d’accord avec lui, car il est péjoratif et je ne péjore jamais. Je lui ai demandé ce qu’elle pensait de mon apparence physique. Elle parut très étonnée, car elle croyait en avoir fini avec moi. Elle s’est arrêtée à la porte et s’est tournée vers moi. Une petite blonde bien en place partout.

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