Emile Gary - Gros-Câlin

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Il est sorti dehors suivi par tous les étudiants en Dieu sait quoi car il ne faut pas chercher la grosse bête. L’Assistant fut le dernier à se replier.

Il vint près de mon lit et me tendit la main.

— Serre-moi la main, Gros-Câlin, dit-il.

J’hésitai. J’hésitai terriblement. C’est peut-être un faux-frère. Et puis je pris encore un risque, avec confiance dans l’avenir.

— Vous savez bien que je ne peux pas, lui murmurai-je.

Il me mit la main sur l’épaule et j’en ai eu les larmes aux yeux sans crainte de flagrant délit.

— Et autre chose, murmurai-je. Je leur ai menti, tout à l’heure. Ce n’est pas prolégomènes. C’est prologomen, et ce n’est pas sans espoir…

Il sortit et je pus entrer chez moi le surlendemain avec approbation et une feuille de la sécurité sociale. Je me suis glissé sous le lit, je me suis replié sur moi-même et j’ai dormi vingt-quatre heures, après quoi j’ai pris des dispositions pour m’entourer de garanties nécessaires. J’ai parlé longuement de l’essence chère et du coût de la vie en général avec des commerçants du quartier et je me suis entretenu longuement avec M me Niatte du chauffage, gaz et électricité, tranquillement, avec familier et quotidien. J’avais un peu peur mais ça s’est très bien passé. Au début, ils étaient nerveux parce qu’ils avaient peur d’être découverts eux aussi mais ils ont vite compris que je jouais le jeu avec comportement social à l’appui et ils ont été sécurisés. Je suis allé partout où il fallait pour du pain, du vin, du fromage et du beurre, je disais à haute et intelligible voix « bonjour messieurs’dames », et « allez au revoir, messieurs’dames, bonne continuation » mais j’ai évité d’aller chez le boucher pour acheter de la viande parce qu’il fallait exagérer les précautions du moins pendant un temps. La clandestinité était plus facile sous les allemands à cause des fausses cartes d’identité. J’ai même acheté des journaux et j’ai bousculé deux ou trois personnes dans la rue en leur disant « Vous ne pouvez pas faire attention ? ». Je passe comme ça une heure ou deux à rassurer par mon comportement social et je crois qu’ils commencent déjà à ne plus me voir. La compression a encore augmenté de plusieurs millions d’entrées pendant mon séjour au Jardin d’Acclimatation et celui d’hommes sans provision et à des cris défiant toute concurrence ne peut même plus être estimé faute d’estime nécessaire. J’ai fait un petit lapsus chez l’épicier, tout à l’heure, lorsqu’il me parla de la hausse des cris, je pouffai, je n’arrêtais plus de rire, car personne ne les entend à cause de leur abondance. Mais il ne s’est aperçu de rien parce qu’il avait d’autres objets de préoccupation. J’ai croisé le gérant dans l’escalier et je l’ai félicité pour les soins qu’il prodiguait à l’immeuble. Je suis même allé à la sécurité sociale et là non plus il n’y eut pas de difficultés, avec les certificats que j’avais et d’ailleurs ils ne m’ont même pas regardé. J’avais toujours un peu l’impression que ça se voyait mais c’est normal, c’est toujours comme ça après une mue quand on se retrouve comme avant et qu’il faut s’y faire. Je mets parfois astucieusement un disque de Mozart, assez haut, pour que les voisins entendent et pour qu’ils sachent qu’il y a là un homme qui écoute du Mozart. Je fais très attention, je présente toutes les marques extérieures de respect.

J’ai pris également, dans un but de sécurité, une décision grave. J’ai longuement parlé avec Jean Moulin et Pierre Brossolette dans mon fort intérieur, et je leur ai dit que j’avais été emmené à l’adoptoir et que j’y avais été mis en surveillance avec observation sans communication avec l’extérieur. Il est d’ailleurs faux de prétendre que l’Église monte la garde à l’entrée de l’avortoir au nom du droit sacré à la vie par voies urinaires, car ils se feraient excommuniquer par Dieu qui n’est malgré tout pas le pape, c’est pourquoi on ne retrouve nulle part dans l’avortoir et pour cause et comme il se doit. Je leur ai expliqué que j’avais réussi à convaincre les autorités de l’adoptoir et à être rendu à moi-même par électrochoc mais que j’avais néanmoins été l’objet de soupçons. Je ne pouvais donc plus les cacher chez moi, j’avais déjà beaucoup de mal à me cacher moi-même. Des prétentions pareilles chez quelqu’un qui se prétend en ordre, ça provoque tout de suite le rejet par l’organisme de défense à cause de l’uniforme. Je leur ai dit qu’il fallait faire malin-malin et pseudo-pseudo. Ils ont très bien compris, l’un à cause du coup de Caluire et l’autre à cause des cinq étages sans ascenseur. J’ai donc enlevé les deux portraits du mur et je les ai brûlés astucieusement car ils étaient mieux cachés ainsi et couraient moins de risques. J’ai la chance de disposer de beaucoup de place dans mon fort intérieur. Il n’y a pas mieux, comme clandestinité. Je les ai assurés que j’allais les nourrir tous les jours de tout ce que j’avais de mieux et je suis allé acheter des provisions de piles pour leurs torches électriques parce qu’on ne peut pas rester tout le temps dans le noir, il faut de l’espoir. Je ne pense jamais à M lle Dreyfus, sauf pour m’assurer tout le temps que je pense pas à elle, pour la tranquillité d’esprit et je ne suis jamais revenu la voir au bordel car je ne vois pas ce que j’ai à offrir à une jeune femme libre et indépendante. Je suis cependant obligé de reconnaître que je cours souvent m’asseoir sur le bidet pour me laver le cul, car il m’arrive de me sentir atrocement seul et on ne peut pas vivre sans rêver un peu. Je tire des satisfactions de ma montre de chevet, qui a vraiment besoin de moi. J’ai été heureux de constater qu’elle s’était arrêtée pendant mon absence à l’adoptoir, comme le marchand me l’avait promis, et bien qu’elle fût sans garantie. Il y a maintenant évidemment des montres qui marchent toutes seules et qui n’ont besoin de personne, ce qui est tout le but de l’opération. Je l’ai remontée et j’en éprouvais de la gratitude à son égard, c’est la réciproque. Je crois toujours que 2 est le seul 1 concevable et que tout le reste est dépourvu d’erreur humaine, ce qui s’obtient avec les grands nombres et les opérations en cours. J’entends souvent les pas du professeur Tsourès qui marche au-dessus de ma tête et j’ai toujours l’impression qu’il va descendre, mais il reste toujours chez lui à l’étage supérieur, souffrant d’insomnie, à cause de sa générosité.

Et puis, il y a les petits riens. Une lampe qui se dévisse peu à peu sous l’effet de la circulation extérieure et qui se met à clignoter. Quelqu’un qui se trompe d’étage et qui vient frapper à ma porte. Un glouglou amical et bienveillant dans le radiateur. Le téléphone qui sonne et une voix de femme très douce, très gaie, qui me dit : « Jeannot ? C’est toi, chéri ? » et je reste un long moment à sourire, sans répondre, le temps d’être Jeannot et chéri. Dans une grande ville comme Paris, on ne risque pas de manquer. À la STAT aussi, tout se passe bien, avec bon usage. Mon caractère humain crève les yeux et je ne suis donc l’objet d’aucune attention. Le garçon de bureau n’est plus là, il a été foutu à la porte, on avait fini par le repérer. Je ne peux pas dire qu’il me manque mais je pense beaucoup à lui, cela me sécurise de savoir que je ne risque plus de le rencontrer. J’éprouve, certes, certes, qui n’en éprouve pas, de-ci, de-là, des états latents et aspiratoires qui se manifestent par des angoisses, des sueurs froides et des nausées prénatales, à cris défiant toute concurrence. Je prends des produits pour ne pas me trahir et ne pas inquiéter, pour demeurer bien élevé et de bonne compagnie. On fabrique d’ailleurs des membres artificiels pour permettre à tous et chacun de faire semblant avec bonne présentation et en vue d’emploi, de vie utile et sans rougir. Je me lève parfois au milieu de la nuit et je fais des exercices d’assouplissement de l’échine en vue d’acceptations futures. Je me tords, détords et retords sur la moquette de toutes les façons possibles et accessibles, je me contorsionne, m’entortille, me noue et m’enroule avec extrême bonne volonté et exigence, me plie et déplie en essayant de prendre toutes le formes pour les besoins éventuels de la cause et les impératifs de l’environnement afin de coller de mon mieux et de faire tout mon possible. J’en ai les yeux qui me sortent parfois de la tête et il y a des moments de tel aplatissement et de telle exaction que j’ai vraiment l’impression d’exister. Je raconte cela par souci de mise en garde et de prévention routière, car je ne voudrais surtout pas qu’on croit ou qu’on s’imagine, mais ce fut comme par hasard au cours de ces exercices d’adaptation que j’ai entendu des coups frappés à la porte. Je me suis bien gardé d’ouvrir, car ma faiblesse à ce moment là était telle que j’étais en proie à l’angoisse de l’espoir, qui a comme c’est de notoriété avec l’espoir des rapports connus. Les coups étaient frappés de l’extérieur sans aucun doute possible et tout de suite je me suis bien gardé d’ouvrir, car j’étais à ce moment là visible à l’œil nu étant en état d’angoisse et d’abandon. J’ai donc fait avec ruse semblant qu’il n’y avait personne à l’intérieur comme il fallait. J’ai malgré tout mis mon pyjama en forme humaine.

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