Emile Gary - Gros-Câlin
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- Название:Gros-Câlin
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
- Жанр:
- Год:2013
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Ce fut alors que je les ai surpris en flagrant délit. Ils avaient pris ma valise et ils y fourraient des vêtements pour mon séjour au Jardin d’Acclimatation. Des vêtements avec des bras, des jambes, des corps humains futurs. Y es, des vêtements d’homme. Je dis yes en anglais pour ne pas dire toujours oui, il ne faut pas se laisser faire. Je crus d’abord que c’était une ruse de guerre pour me faire avouer et arriver ainsi à Jean Moulin et Pierre Brossolette avec torches électriques et fil à aiguille, mais ce n’était pas ça, c’était beaucoup plus grognard. Je dis grognard à cause de leur fidélité à Napoléon et complètement hors du contexte pour brouiller les pistes et ne pas me laisser surprendre avec fidélité à l’intérieur. Car ce qui se passait était immense. Ils y croyaient. Même les flics y croyaient. Ils tenaient à la main un pyjama qui avait une forme humaine indiscutable et même des chaussettes et caleçons en vue d’homme. Je ne crois pas que c’était dans un but de provocation, pour me faire avouer. Je crois que c’était malgré eux, le caleçon, les chaussettes, le pantalon, c’était prémonitoire, la sublimation, quoi. J’éprouvai une nouvelle poussée d’angoisse prénatale avec passages vertigineux de garçon de bureau. Je tremblais même des pieds à la tête, faute de mieux. Une sorte de fin de non recevoir. Je me tenais tout nu devant eux et ils voyaient bien qui j’étais, écailles et tout, ayant tout avalé comme de droit sous leurs yeux, avec acceptation, mais ils n’en mettaient pas moins dans ma valise, en vue d’avenir, des provisions de métamorphose et des signes avant-coureurs, des prologomen. J’emploie ce mot dans son sens prémonitoire avec espoir dans l’inconnu et confiance dans autre chose. J’ai couru rapidement dans la salle de bain, je me suis assis sur le bidet et je me suis lavé le cul pendant qu’il était encore là.
C’était un moment bouleversant. Là où il y a vêtement, il y a espoir. L’homme s’annonçait sur toutes les coutures. Là où il y a vêtement, il y a moule à remplir, il y a forme humaine. Je compris immédiatement que le Jardin d’Acclimatation était un lieu de passage pour objets en souffrance en vue d’une destination heureuse et ultérieure. Il y a bien sûr des garçons de bureau qui se perdent mais on ne peut pas se retrouver sans se perdre. La seule façon sûre de ne pas se trouver c’est de ne pas savoir qu’on est perdu.
Quand ils ont mis mon pyjama dans la valise, indubitablement, pour usage futur, je compris que l’on me voulait du bien et je n’ai fait aucune difficulté. Je les ai suivis au Jardin d’Acclimatation en me frottant les mains et avec bonne humeur.
Je sais, je sais, j’y viens ! Je n’ai pas demandé à Jean Moulin et à Pierre Brossolette de m’accompagner. Ils étaient déjà nés et n’avaient pas besoin de métamorphose.
Au Jardin d’Acclimatation, j’ai eu des moments pénibles parce qu’ils avaient des difficultés d’approvisionnement et je n’ai pas pu me nourrir convenablement. Ils étaient désolés mais j’étais le premier python qu’ils recevaient. Finalement, ils m’ont alimenté par tube, qui avait à peu près ma forme mais était beaucoup plus mince et plus court. Je me suis tout de suite senti amical et un peu protecteur à son égard. C’était assez pénible mais il faut bien essayer et c’était quand même déjà un acte contre nature. Je réclamais Gros-Câlin mais le vétérinaire en chef me dit qu’il se portait bien et qu’il était déjà rentré chez moi. Le vétérinaire était à lunettes, de taille moyenne, qui avait une certaine sympathie pour les autres espèces et qui venait me voir avec des étudiants en zoologie que j’intéressais à cause de ma rareté. J’étais très content de pouvoir me dérouler de toute ma longueur. Le vétérinaire aimait beaucoup m’entendre parler. Il voulait savoir pourquoi je courais me laver le cul tout le temps mais là j’étais intransigeant, je refusais d’en parler, je voulais garder cela pour moi-même.
Il m’encourageait beaucoup à continuer les présentes notes et observations sur l’état de python à Paris. Malheureusement, au bout de quelques semaines, je fus atteint de troubles la personnalité pour cause inconnue, comme son nom l’indique. Il m’est très difficile de m’expliquer là-dessus car il y a du stratagème dans l’air. J’ai l’impression que l’on cherche à me faire renaître de mes cendres dans un but de remise en circulation. Je sentais toujours que je n’avais ni bras ni jambes et le vétérinaire utilisa deux ou trois fois devant les étudiants l’expression « quelqu’un à aimer » et on voulait me faire jouer avec un petit chat, mais j’ai aussitôt essayé de l’avaler. Les petits chats, merde. L’infirmière venait s’asseoir à côté de moi mais c’était professionnel. Elle voulait me tenir la main mais c’était thérapeutique chez cette salope. Je continuais à ne pas avoir de main. Ils m’ont donné des chocs électriques pour me faire avouer. Ils m’ont mis une télévision avec ORTF et il suffisait de tourner le bouton pour y avoir droit. Je continuais à ne pas avoir de main. Le caractère humain, ils peuvent toujours venir.
J’ai eu un choc. Un vrai. L’infirmière avait laissé la porte entrouverte. Il y avait là deux étudiants qui parlaient avec le couloir.
— C’est un cas intéressant. Je dirais même : pathétique. Tu as vu son cahier ? C’est l’espoir qui est pathétique, là-dedans. L’espoir par n’importe quel moyen. Par exemple, il écrit pro-logomen. Et il dit que ça vient de l’anglais prologue et men, hommes, et que cela veut dire prologue à des hommes, à l’homme, à l’humain, en somme…
— Oui, je sais. J’ai failli même faire une connerie et lui dire que le mot se dit et s’écrit prolégomènes, et que cela n’a rien à voir avec la venue ou la naissance de quelque homme nouveau et hypothétique. C’est un humaniste attardé, à sa façon, au fond. Heureusement, je me suis rattrapé à temps, j’ai dit oui, prologomen, prologue à l’homme. Quand un mec n’a qu’un mot pris de travers pour tout espoir… On ne se méfie jamais assez, avec eux.
— Oui, jamais assez.
— Comme ça, au moins il a de l’espoir.
Je ne peux pas dire l’effet que ça m’a fait. Aucun. Strictement aucun. J’ai même eu l’impression que j’allais très bien, que c’était fini, que c’était le désespoir. J’ai toujours senti que le désespoir, c’était cela qui me manquait et que si j’y arrivais, je serais très bien, ce serait même plus bouffer des souris ou des rats, je tournerais le bouton de la télévision, je prendrais connaissance d’un nouveau massacre qui m’a épargné, et je me sentirais bien, avec reconnaissance.
À partir de ce moment, je commençai vraiment à me plaire. J’ai repris bras et jambes avec l’air de leur dire « tenez bande de salauds voilà vous êtes contents, maintenant. Regardez ce que vous avez fait avec les splendeurs de la nature, et je ne parle pas seulement du condor royal des Andes ». Ce n’était pas l’acceptation, il ne faut pas croire, mais il m’arrivait même de penser à mon bureau, à mon IBM et au grand Paris avec perspectives d’avenir. C’était bien fait pour leur gueule, quoi, et la mienne, c’était peu de chose et j’étais prêt à payer le prix. Je devins même râleur et je traitais l’infirmière de « salope » pour la normalisation et pour leur montrer que je pouvais être remis en circulation.
Un matin je me suis réveillé en me sentant très bien dans ma peau et c’est tout juste si j’ai éprouvé un petit moment d’appréhension à l’idée de l’effort qu’il me restait à accomplir. Je regardai autour de moi et je demandai à l’infirmière depuis combien de temps j’étais là et ce que j’y faisais. Elle me dit que j’avais été malade, des virus dans l’air de Paris qui attaquent le système. Le médecin est arrivé aussitôt tout intéressé et m’a demandé si j’avais faim et si je voulais mon petit déjeuner. Je dis ben merde oui. L’infirmière est sortie et au bout d’un moment revint avec… trois souris dans une cage !
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