Emile Gary - Gros-Câlin

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Une chose était certaine : Gros-Câlin n’avait pu sortir, car il n’avait pas la clef. La seule explication possible, c’était qu’il avait dû faire des heures supplémentaires au bureau. Il était peu probable qu’il était allé chez les bonnes putes, car il n’y va en général qu’entre midi et deux heures, ce sont des heures creuses et il s’imagine qu’il y a moins d’hommes à l’intérieur. C’est purement une vue de l’esprit, mais il est comme ça. Je ne pouvais pas croire qu’il avait été découvert dans le métro et tué à coups de talons, car les habitants du grand Paris, quand ils rentrent chez eux après une journée de travail, sont en général épuisés et ne se manifestent pas beaucoup. Je ne pensais pas non plus que ce fût la police, car au fond elle n’est pas du tout contre, puisque ça rampe.

Je ne saurais vous en dire plus sur mon état de confusion, en raison même de cet état. Que l’on sache en tout cas, en langage du grand siècle, que je réussis peu à peu à me dénouer et à retrouver mon état de clarté cartésienne habituel. Il était certain que Gros-Câlin avait rampé hors de l’appartement, car je savais qu’il était un grand amateur d’orifices et en rêvait tout le temps. C’est le genre de python qui rêve toujours de dehors et de ce qui n’est pas en train de s’y produire. Il n’est pas à proprement parler un invertébré, mais un informulé.

Je me remis à chercher. Il n’était pas là. C’est toujours un grand triomphe de la lucidité, lorsqu’on réalise qu’on n’est pas là.

J’allai prendre Blondine dans le creux de la main, lui caressant doucement l’échine, et me sentis mieux, comme toujours lorsqu’on vous témoigne de l’amitié. J’imagine que Blondine est plutôt contente du départ de Gros-Câlin, pour des raisons culinaires.

Je l’ai ensuite raccompagnée chez elle et c’est au moment où je refermai l’armoire, que j’entendis des sirènes qui s’arrêtaient sous ma fenêtre. Je courus l’ouvrir et, me penchant dehors, je perçus un car de police et une ambulance.

Je sus aussitôt qui était dans l’ambulance : Gros-Câlin, mort, écrasé par l’autobus 63, où ils ont un passager qui m’a traité il y a cinq ans de pauvre type. On avait mis le corps dans l’ambulance et la police venait enquêter chez moi sur les conditions dans lesquelles j’hébergeais un travailleur étranger sauvage. Je fis alors le geste de saisir ma mitraillette pour vendre chèrement ma peau, le geste seulement, uniquement pour me remonter dans mon estime, car je suis incapable de mitraillette. J’étais debout au milieu de la pièce, avalant mes preuves d’humanité pour ne pas me trahir, dont quelques-unes glissèrent cependant sur ma joue dans une tentative de fuite. On allait apporter Gros-Câlin sur une civière sans espoir. Le Directeur du jardin Zoologique m’avait dit un jour : « C’est un beau python que vous avez là, monsieur. » Peut-être l’avaient-ils lynché, parce qu’il était trop ressemblant.

J’attendais, les poings serrés par l’impuissance. Mais personne ne venait. Il y avait du remue-ménage mais cela se passait quelque part plus bas dans l’escalier. Finalement, abandonnant toute prudence, j’ouvris la porte moi-même et sortis.

Ça gueulait à l’étage au-dessous et me penchant du palier, j’aperçus non sans surprise les infirmiers qui emportaient sur les brancards madame Champjoie du Gestard. J’ai omis de mentionner que les Champjoie du Gestard habitent au-dessous, car il n’y avait aucune raison de le faire. Il y avait là aussi deux agents et monsieur Champjoie du Gestard, chauve. Il était également en bretelles. Je commençais déjà à me sentir déconcerné, lorsque monsieur Champjoie du Gestard leva la tête et me remarqua. Son regard exprima une telle fureur et une telle indignation que je me sentis enfin motif de quelque chose ou de quelqu’un.

— Saligaud ! Ignoble individu ! Satyre dégénéré !

Il fut sur moi en deux coups de cuiller à pot et je crois qu’il m’aurait frappé si les agents qui l’avaient suivi n’étaient intervenus par les bras. Monsieur Champjoie du Gestard est grand, gros, chauve et commerçant ; il est titulaire d’un visage triple-menton qui devrait donner quelque chose au Secours Catholique. Nous avons toujours eu jusque-là des rapports aimables car lorsqu’on habite l’un au-dessus de l’autre, il faut savoir s’éviter. Mais cette fois il était en proie à lui-même, dans toute sa fureur.

— Saloperie ! Maniaque !

Il s’arrêta un instant à court de pensée, car selon une étude récente le vocabulaire des Français a baissé de cinquante pour cent depuis le siècle dernier. Je voulus lui venir en aide. Je suggérai :

— Marchapied ! Merdapied ! Giclure !

Il ne comprit pas que je lui donnais des idées et crut à des insultes personnelles. Les deux agents eurent du mal à l’empêcher.

— Salope ! Faire ça à une honnête femme !

— Vous allez nous suivre au poste ! dit l’un des deux agents, inquiet parce qu’on parlait de l’honnêteté, pendant que l’autre le laissait faire.

Monsieur Champjoie du Gestard m’envoya un crachat à la figure mais j’étais trois marches au-dessus et ce fut en pure perte.

Ils l’ont enfermé dans son habitat. Puis ils m’ont invité fermement par les bras à les suivre au poste.

Imaginez ma joie, mon bonheur, lorsque je vis dans la cage au commissariat du XV earrondissement… qui croyez-vous, si ce n’est mon cher vieux Gros-Câlin en personne, enroulé vingt fois sur lui-même, dans un but de terreur et d’autodéfense ! Il était seul, on avait fait sortir de la cage les bonnes putes habituelles et les touristes sans papiers d’identité qui ne pouvaient pas prouver qu’ils étaient japonais. Je tendis les mains entre les barreaux et je caressai Gros-Câlin qui me reconnut à la douceur du toucher et s’extriqua aussitôt de ses nœuds dans un mouvement somptueux et se déroula avec une aisance royale dans toute sa splendeur, se dressant en spirales pour que je lui caresse la tête qu’il a particulièrement sensible à l’affection des siens et il y avait là une pute – je le dis avec la plus grande tendresse – une pute blonde très douce, comme elles le sont souvent quand elles croient encore à ce qu’elles font, qui dit :

— Il est mignon.

Je fus ému et je rougis même complètement sous ce compliment. Je fus alors prié d’entrer chez le commissaire que je connaissais déjà et c’est là que j’appris ce qui s’était passé entre Gros-Câlin et le monde qui nous est extérieur.

Je savais qu’il aimait beaucoup l’eau et je ne le laissais jamais jouer dans les W. -C., à cause de leur usage. Mais ce jour-là, en partant, j’avais mal fermé la porte et Gros-Câlin, qui est très explorateur, s’était glissé à l’intérieur. De là à s’intéresser à la cuvette des W. -C. il n’y a qu’un pas et Gros-Câlin, avec son goût pour les orifices, s’était d’abord coulé dans la cuvette et de là dans le tuyau de canalisation. Après une descente rafraîchissante d’un étage, il avait débouché dans la cuvette des W. -C. des Champjoie du Gestard, juste au moment où le malheur voulut que madame Champjoie du Gestard venait de prendre ses aises sur le siège. Gros-Câlin se dressa pour respirer et avec curiosité hors du tuyau et ce faisant toucha la personne de madame Champjoie du Gestard. Celle-ci étant très réservée, aimant la musique et les broderies fines, crut d’abord à une illusion, mais lorsque Gros-Câlin persévéra dans ses efforts, donnant ici et là à la moumonette de madame Champjoie du Gestard des coups de tête dans sa sensibilité, celle-ci crut à un accident dans le tuyau et regarda à l’intérieur de la cuvette, pour se trouver devant un python de belle taille, qui émergeait. Elle poussa alors un hurlement affreux et s’évanouit aussi sec, car il faut bien dire que Gros-Câlin a deux mètres vingt et elle n’y est pas habituée. Il s’ensuivit un grand remue-ménage déjà mentionné, avec monsieur Champjoie du Gestard, police-secours et ambulance. J’essayai d’expliquer au commissaire que mon python était absolument inoffensif et qu’il avait touché par le plus pur des hasards la mistouflette de madame Champjoie du Gestard, mais ce fut en ce moment que monsieur Champjoie du Gestard y fut introduit à son tour, et m’accabla à nouveau d’« ordure ! » « vicieux ! », comme si c’était moi qui m’étais introduit dans le tuyau pour toucher la clopinette de madame Champjoie du Gestard. Je me défendis pied à pied, en lui disant que j’étais dans les statistiques et dans rien d’autre, et que je ne me glissais pas dans les tuyaux à merde, mais il n’en démordait pas. Le commissaire me dit que je risquais d’être traîné en justice pour choc nerveux avec dommages-intérêts. Il me demanda encore une fois si j’avais l’autorisation de garder des immigrés sauvages dans mon appartement et je lui montrai mes papiers d’identité. Mais j’eus beaucoup de mal à le convaincre que je n’avais pas fait descendre exprès Gros-Câlin dans le tuyau à merde dans un but inavoué. Quand je pus enfin entrer dans la cage et prendre Gros-Câlin dans les bras, celui-ci posa sa tête sur mon épaule et s’endormit aussitôt d’émotion.

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