Emile Gary - Gros-Câlin

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Je note rapidement et en passant que j’aspire de tout mon souffle respiratoire à une langue étrangère. Une langue tout autre et sans précédent, avec possibilités.

J’ai oublié également de mentionner dans ce contexte que chaque fois que je passe devant la boucherie rue des Saules, le boucher me cligne de l’œil, en touchant du couteau sa viande rouge qui se tait en silence à l’étalage. Les bouchers, évidemment, ont une grande habitude de la viande. Je voudrais tellement être Anglais et imperturbable. La vue de la langue muette sur l’étalage des bouchers me frappe d’injustice et de perroquet consterné au fond du panier. Il ne convient pas d’oublier que les perroquets consternés sont des spécimens particulièrement typiques à observer, en raison de leur manque d’expression par vocabulaire calculé, prémédité, répétitif et imposé d’avance, précisément, dans ce but de limite qui leur a été conféré. D’où consternation et œil rond au fond du panier frappé d’incompréhensible. On m’objectera qu’il y a évidemment les poètes qui luttent héroïquement pour passer au travers mais ils ne sont pas considérés comme dangereux, à cause des tirages extrêmement limités et des moyens audiovisuels chargés de les éviter. Sauf en Russie soviétique, où ils sont soigneusement foudroyés, à cause de leur caractère d’erreur humaine qui ne saurait être tolérée, pour la bonne marche des avortements et de la civilisation qui en dépend et y affaire. Affère.

Je me méfie particulièrement de ce boucher, parce qu’il aime les morceaux de choix, c’est connu dans tout le quartier.

M lle Dreyfus mit le bâton de rouge dans son sac à main et le referma avec clic. Elle me tendit la main. Elle n’avait même pas regardé Gros-Câlin. Il y a toujours chez les Noirs une gêne au rappel de leurs origines, à cause de la jungle, des singes et des racistes. Il n’existe pas de race inférieure, car à l’impossible nul n’est tenu.

— Excusez-moi, mais je vais être en retard. À lundi. C’est gentil d’être venu.

Je crois que ce fut moi qui dis cette dernière phrase, avec savoir-vivre.

Lamberjac me tapota l’épaule.

— Je suis content d’avoir vu ça, dit-il. Il faut garder un lien avec la nature. Je vous félicite.

— Oui, c’est bien, c’est bien ce que vous faites, dit Brancadier avec patronage.

— Merci encore, dit M lle Dreyfus. À lundi.

— À un de ces jours, leur dis-je, sans m’engager.

Je refermai la porte. Ils attendaient l’ascenseur. J’hésitai un moment, car au fond je ne voulais pas savoir mais c’était trop tard.

— C’est pas vrai ! disait Lamberjac. C’est pas vrai ! Vous vous rendez compte ?

— Ah j’vous jure, ça valait le coup ! disait Brancadier. Vous avez vu les deux cœurs sur la table ?

— Qu’est-ce qu’il tient, celui-là ! disait Lotard, qui était sans doute remonté pour la compagnie.

— Tu te rends compte d’une existence ? disait Brancadier, pour se sentir plus haut et au-dessus.

— Pauvre mec, disait Lamberjac, différent lui aussi.

C’était démographique, chez eux : ils essayaient par tous les moyens de lever le nez au-dessus des flots. C’est une méthode respiratoire bien connue, par le nez, que l’on essaye de lever pour sauver sa respiration personnelle. C’est la personnalité, avec autosuggestion.

J’attendais derrière la porte pour le bénéfice du présent traité, dans un but documentaire.

M lle Dreyfus ne disait rien.

Elle ne disait rien. C’est moi qui souligne.

Elle était émue, bouleversée, au bord des larmes.

C’était un silence comme ça, je l’entendais clairement en moi, avec évidence. J’appuyai ma joue contre la porte de mon habitat, je l’appuyai tendrement, comme si j’étais elle (M lle Dreyfus), et je souriais. Je sentais que nous étions tous les trois dans la Résistance, dans le même réseau clandestin et que nous faisions du bon travail. Et ce n’était pas peu, pas peu de chose, vu l’organisation mise sur pied par IBM pour empêcher l’erreur humaine, en vue de sa suppression.

J’avoue cependant que l’épreuve à laquelle j’avais été soumis me laissa tellement noué et enroulé sur moi-même que je n’osai pas bouger de peur de me faire encore plus mal.

Je me suis calmé peu à peu, et je fis un petit somme pour me récupérer. Je me récupérai du reste sans peine, indemne, avec toutes mes mutilations intactes et en bon état de marche. Je suis même allé dîner dans un restaurant chinois de la rue Blatte, où on est très bien, car l’endroit est tout petit, les tables et les personnes humaines sont très serrées les unes contre les autres et quand on est seul, on a l’impression d’être plusieurs, parce qu’on est au coude à coude fraternel avec les autres tables. On saisit des propos qui ne vous sont pas adressés, mais qui vous vont droit au cœur. On participe à des conversations, on profite des bons mots qui passent, et on a ainsi l’occasion de témoigner aux autres de son intérêt et de sa sympathie, et de leur prodiguer des marques d’attention. C’est la chaleur humaine. Là, dans cette ambiance fraternelle, je m’épanouis, je fais le boute-en-train dans mon fort intérieur, le cigare aux lèvres, je suis bien. La compagnie et la bonne franquette, c’est tout à fait mon genre. Je sais d’ailleurs parfaitement que l’on ne peut pas emmener son python dans un restaurant et je fais ce qu’il faut pour respecter les convenances. Cela s’était particulièrement bien passé ce jour-là, il y avait des couples d’amoureux, l’un à gauche, l’autre à droite, et j’ai eu droit à des mots doux, tendres, à la main serrée, à tout. C’est le meilleur restaurant chinois de Paris.

Je suis rentré chez moi mais après une journée aussi remplie, j’ai eu du mal à m’endormir. Je me suis levé deux fois pour me regarder dans la glace des pieds à la tête, peut-être y avait-il déjà des signes. Rien. Toujours la même peau et les mêmes endroits.

Je pense que lorsqu’il y aura ouverture, cela ne se fera pas d’ici, mais de là-bas. Un moment de distraction dans la bonne marche, avec début de bonté, à la suite d’inattention. Je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi le printemps se manifeste seulement dans la nature et jamais chez nous. Ce serait merveilleux si on pouvait donner naissance vers avril-mai à quelque chose de proprement dit.

Je me suis donc examiné des pieds à la tête, mais je n’ai trouvé qu’un grain de beauté sous l’aisselle gauche qui était peut-être déjà là auparavant. Il est vrai qu’on était en novembre.

J’allai chercher Gros-Câlin mais il était de mauvais poil, refusa de s’occuper de moi et se coula sous le lit, ce qui est sa façon de mettre une pancarte avec « prière de ne pas déranger ». Je me recouchai, avec une horrible impression de mortalité infantile. J’entendais dehors les avions à réaction qui vrombissaient, les police-secours qui perçaient la nuit dans un but bien déterminé, les véhicules qui avançaient et je tentais de me réconforter en me disant que quelqu’un allait quelque part. Je pensais aux oranges de la lointaine Italie, à cause du soleil. Je me répétais également qu’il y avait partout des extincteurs d’incendie et que l’on continuait même à les fabriquer avec prévoyance, et que ce n’était quand même pas pour rien, de vaines promesses, que c’était malgré tout en vue de et dans le domaine du possible. Ma fenêtre est assez éclairée de l’extérieur par voie publique et s’il y avait une de ces échelles extensibles qui montent en cas d’urgence jusqu’à n’importe quel étage pour sauver les victimes, j’aurais pu apercevoir une silhouette humaine à l’horizon. Il est d’ailleurs parfaitement possible que l’on cherche à m’isoler, à me découvrir et à m’identifier, à me décrire et à m’introduire pour l’autodéfense de l’organisme, comme Pasteur ou la pénicilline, mais dans l’ensemble je crois qu’il y a des prix Nobel qui se perdent. Finalement, je me suis levé sous prétexte de pisser, j’ai pris Blondine dans le creux de ma main et la plaçai sous ma protection. À plusieurs reprises, elle toucha ma paume de sa mini-truffe et c’était comme le baiser d’une goutte de rosée.

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