Emile Gary - Gros-Câlin
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- Название:Gros-Câlin
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
- Жанр:
- Год:2013
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Le jour suivant j’étais très en avance en arrivant à la STAT, car j’étais angoissé et j’avais peur d’être en retard, au cas où quelque chose se produirait. Je dois avouer aussi sans fausse honte que je redoutais un peu de revoir M lle Dreyfus au lendemain de notre intimité. Je pensais nerveusement à toutes les choses que nous ne nous sommes pas dites mais que nous avions néanmoins échangées d’une manière tacite et par affinité. J’ai lu dans l’ Histoire de la Résistance en cinq volumes pour se rattraper, qu’il y avait ainsi un courant mystérieux souterrain du grand fleuve Amour qui circulait en profondeur avec complicité, et qu’il suffisait d’un moment de faiblesse pour s’y rejoindre et pour que l’impossible cessât d’être français. C’est justement à cause de sa faiblesse que l’on parle de l’étincelle sacrée, il y a là une très grande justice dans l’expression, car c’est en général seulement là qu’elle se trouve. Ceux qu’on appelait alors les « résistants », au sens propre du terme, sortaient avec toutes sortes de prudences et de ruses de Sioux de leurs forts intérieurs, se rejoignaient subrepticement et il s’allumait alors de grandes et belles choses. Des illuminations. C’étaient donc des êtres de la même espèce. Je le souligne pour le salut et pour le bon entendeur. Je ne suis pas un incendiaire, je parle dans le sens de chaleur, les étincelles sacrées servant surtout aujourd’hui à se réchauffer les mains.
Il y eut, ce jour-là, selon les informations parvenues par télex à la STAT, qui est spécialisée dans les calculs de rendement, une nouvelle arrivée de bras – dans le sens bien connu de « l’agriculture manque de bras » – dont le chiffre pour la France, la France seule ! se montait au capital de trois cent mille, immédiatement vocabularisés sous forme de nouveau-nés, avec des mères de famille heureuses parce que cela arrivait enfin à quelqu’un d’autre. Je pus tout de suite voir que mon IBM était contente, il y eut même sur le clavier une espèce de sourire : on n’allait pas manquer, et c’est toujours très important pour la machine. Trois cent mille de nouvelles arrivées par voies urinaires, c’est ce qu’on appelle le revenu national brut. Je me bornai à aller boire un café, car je ne me prends pas pour Jésus-Christ et après tout, le plein emploi du foutre, les besoins de l’expansion, l’agriculture qui manque de bras, les nouveau-nés pseudo-pseudo et l’encouragement de la vache française et la compétition de nos banques de sperme avec la Chine, ce ne sont pas là pour moi, ni d’ailleurs pour Jésus-Christ, des problèmes de naissance.
Au café, j’ouvris courageusement mon journal et je lus dans ce contexte que le Ministre de la Santé qui s’appelait alors provisoirement Jean Foyer, s’était vigoureusement prononcé contre l’avortement, à la tribune démocratique, dans le sens du pareil au même. Il déclara, et c’est moi qui cite, à cet égard : « J’ai certaines convictions auxquelles je ne renoncerai jamais. » J’étais content. Moi aussi, je suis contre l’avortement, des pieds à la tête. Je suis pour l’intégrité de la personne humaine, des pieds à la tête, avec droit à la naissance. Moi non plus, j’ai « des convictions auxquelles je ne renoncerai jamais ». Moi aussi, je préfère que ce soient les autres qui y renoncent. Moi aussi, j’attache une grande importance à mon confort et à ma propreté. Moi aussi, je me lave les mains.
Il y a même chaque jour dans le journal une page consacrée aux manifestations artistiques et culturelles sustentatoires dans un but de consolations de l’Eglise et d’inaperçu. L’inaperçu avec continuation est le grand but de ces encouragements. C’est le pseudo-pseudo. Moi, je suis pour. Ça permet de mieux cacher Jean Moulin et Pierre Brossolette, vous pensez bien que ce n’est pas là qu’on irait les chercher.
Et ça donne même plus de goût au café expresso bien fort à l’italienne, car c’est authentique.
J’étais donc tranquillement accoudé lorsque qui je vois à l’autre bout du comptoir ? Le garçon de bureau. Comme ça, comme par hasard, en pleine cheptelisation. C’est un petit râblé du genre Français, avec un regard rieur et gai en même temps, mais pas du tout vachard. Il buvait un café, lui aussi, accoudé à l’abreuvoir de zinc, mine de rien avec clin d’œil en coin. C’est-à-dire, il ne me clignait pas de l’œil, mais je sentais qu’il aurait pu. Je lui ai fait dans ce but un petit salut, mais il ne réagit pas, rien. Pas même bonjour. Mon cœur s’est glacé, comme chaque fois qu’il y a manifestation de rejet et échec de greffe du cœur. On n’avait absolument rien à nous dire mais c’était le même rien, on l’avait vraiment en commun. Il se tenait là accoudé au zinc de l’avortoir et il mangeait un œuf dur, buvait un café et rien d’autre. Il y avait une lueur contente dans son regard, mais c’était le café, ce n’était pas moi. L’appréciation, la satisfaction, l’amitié même que les gens peuvent témoigner à une vulgaire tasse de café, c’est pas croyable. Et puis, il s’adressa à moi, mû sans doute par un pressentiment, car c’est incontestablement quelqu’un qui continue de croire à la chance avec ses deux mains, je veux dire, il croit que la chance c’est quelque chose que l’on peut faire avec ses mains, au sens orgueilleux du terme.
— J’ai pensé à toi, hier.
Comme ça, droit au cœur.
— Et je t’ai apporté quelque chose, tiens…
Il sortit de sa poche tout simplement un feuillet imprimé d’avance et me le tendit.
— Apprends-le par cœur. Ça te fera du bien, rien qu’à savoir que ça se peut et que ça existe.
Il jeta une pièce de un franc et s’en alla d’un pas sûr et certain, les mains dans les poches, qui ne craint ne craint rien ni personne et se dirige vers la sortie. Le genre de mec qui fait lui-même ses portes, quoi. Ça m’irrite parce que ça m’inquiète, comme s’il y avait quelque chose à faire.
Je regardai la feuille. C’était très mal imprimé, à la ronéo. Je dus mettre mes lunettes. Il y avait un titre. Comment fabriquer des bombes à domicile avec des produits de première nécessité…
Je crus que mon cœur allait s’arrêter. C’est une croyance populaire. Et s’il y avait des gens en civil dans le bistro, pour m’avoir à l’œil ? Vite, j’ai déchiré le prospectus. Je voyais une espèce de brouillard qui flottait et les phares aveuglants par leur lumière qui me fouillaient dans les moindres recoins et sonnaient à la porte à six heures du matin, en manteaux de cuir noir. J’étais épouvanté à l’idée que j’avais oublié d’enlever les portraits de Jean Moulin et de Pierre Brossolette de mes murs et que les phares-poursuite allaient voir ça du premier coup. J’ai même entendu clairement la sonnette à six heures du matin, bien qu’on fût au comptoir, parmi les croissants et les œufs durs. Chez moi la panique prend toujours des formes humaines, avec coup d’État militaire au Chili, torture en Algérie, conflit israélo-arabe et paix au Vietnam. C’est tout de suite le règne intérieur de la terreur, alors qu’ailleurs tout est si paisible. On n’a pas suffisamment noté que la peur abjecte et l’horreur sont des états de parfaite lucidité, avec prise de conscience objective de l’existoir, avec conséquences et ce qui en suit. La confusion psychique totale témoigne d’un jugement parfaitement juste et de l’état des choses. L’angoisse doit être à tout prix encouragée chez les prématurés dans un but de naissance. On peut naître de peur, c’est bien connu.
Je me ressaisis cependant très vite, juste au moment où j’allais confesser que je cachais chez moi un python juif. Je me repris en main et à mon propre compte, avec la virtuosité d’un habitué de la clandestinité, pour que vive la France. Je finis mon café mine de rien et en commandai même un autre, là, bien en évidence pour bien marquer que je n’avais aucune intention de fuir. J’ai tout lu sur la Résistance de l’intérieur, mais je savais aussi que cette fois c’était très différent : on ne fusille plus au mont Valérien.
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