Rene Menard: La Vie Privée Des Anciens

LtS MORTS EN liGYl'TE.

35

de momies diffèrent entre eux parce que les emblèmes de résurrection, qu'on y rencontre toujours, n'occupent pas la même place^ mais le principe décoratif qui guide le peintre se rattache invariablement à la même idée.

« Pour ceux qui ont des sépultures privées, dit Dio-dore de Sicile, le corps est déposé dans un endroit réservé. Ceux qui n'en ont pas construisent dans leur maison une cellule neuve et y placent le cercueil debout contre le mur. » En effet, la momie restait quelque temps dansl'habitation avant d'aller prendre sa place dans les nécropoles. La famille et les amis venaient Jui faire des offrandes, consistant en vases, en paniers de fruits, et en objets divers qu'on mettait devant elle. La figure 80 nous montre deux momies placées sur un traîneau qu'on tire avec des. cordes, jusqu'à la petite c apclle où aura lieu la cérémonie funèbre. C'est là que la momie reçoit les honneurs qui lui sont dus et que le prêtre vient brûler devant elle des parfums.

Sur quelques monuments, la momie déjà placée

h'ig. as. — Cacloiiuage de momie.

dans sa chapelle funéraire a devant elle une table doffrandes; on

Hig. S9, — La momie amenée à la chapelle.

verse des parfums et on brûle de l'encens en son honneur; tandis que des femmes échevelées donnent tous les signes extérieurs de la douleur la plus profonde.

Convoi d'un scribe rotal. — Les funérailles d'un scribe royal, peintes sur les murs de son tombeau, dans la nécropole de Thèbes, peuvent nous donner l'idée d'une cérémonie funèbre sous la xviii* dynastie.

En tête de la procession, un serviteur soutient d'une main une table

Fig. 90. — Les objets sacrés

h offrandes chargée de fruits et de pains sacrés; de l'autre main il tient un bouquet de fleurs de lotus. Deux hommes, dont les épaules sont cliargées d'amphores, marchent après lui : le premier porte un cône

LtS MOKÏS EN EGYPTE.

37

funéraire dans la main droite; le second tient en laisse un veau tacheté et porte dans l'autre main trois petits oiseaux percliés sur un juclioir. Immédiatement après celui-ci vient un groupe de personnages dont le premier et le troisième soutiennent des tables, tandis que celui

Fij;. 01. — Les coffrets, les tablettes, les poignards et l'arc.

qui se trouve au milieu a un pliant placé en sautoir autour de la poitrine, une peau' de panthère pond à son bras. Les objets sacrés dont il est chargé montrent qu'il appartient à la caste des prêtres : il tient une

Fig. 92. — Le carquois, l'eveiitail, les sandales.

petite table sur laquelle sont placées des fioles à encens. Les deux autres tables sont chargées de vases de diverses formes, et laissent pendre, la première une paire de sandales, l'autre une tablette de bois (fig. 90 et 91).

Le groupe suivant (fig. 91 et 92) est composé d'hommes vêtus de la t jnique courte et d'une pièce d'étoffe blanche à franges, qui est posée

CO-NSTITLTIO.N DE LA FAMILLE.

sur l'épaule ci retombe de chaque côté au-dessous de la ceinture. Ces personnages, qui sont tous costumés de la même manière et qui marchent du même pas lent et régulier, soutiennent des coffrets de dil-

La table à oilraLdj-,

férentes formes placés sur des supports, d"oà pendent divers ol>jets ayant appartenu au défunt, des poignards, des sandales, un éventail de

plumes de paon, des tablettes pour écrire, un arc, un carquois.

Le défilé des meubles est extrêmement curieux. La première pièce que l'on voit emporter est une table à offrandes (fig. 93) chargée de fruits et recouverte de palmes. Un prêtre, porlant une peau de léopard, insigne de sa dignité, tient un pliant, et les hommes qui marchent derrière lui emportent une chaise et un lit de repos (fig. 9k). Les meubles qui avaient servi au défunt devaient l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure, afin qu'au jour du réveil il ne manquât de rien et put retrouver autour de lui tous les objets qui lui avaient été familiers pendant sa vie. C'est ainsi que des serviteurs portent (fig. 95) un char au timon duquel sont suspendus deux carquois assez longs et probablement destinés à renfermer des javelines. Voici maintenant un autre char, celui probablement que le défunt affectionnait le plus, car il est traîné

Fig. 94.

Les meubles du défunt.

LES MORTS EN EGYPTE.

39

par deux chevaux accouplés, et dirigé par le coclier, qui le suit à pas

lents, en tenant les rênes

(fig. 96). Des hommes

portant sur leur tête des

coffrets marchent à côté

du char, qu'ils semblent

escorter.

Une table d'où pend un large éventail à plumes apparaît ensuite : elle est chargée de troi-; vases d'or et d'une cuillère (ûg. 97). Deux autres tables chargées de la même manière viennent après celle-ci; derrière elles on porte des coffrets où sont enfermés des objets que le défunt avait aimés pendant sa vie, ou des présents que des parents ou amis lai font à l'occasion de ses funérailles.

Une grande caisse en marqueterie, dont la base pose sur un petit

Fig. 05. — Los chars.

Vis- 96. — Le char proféré

trahieau porté par quatre hommes, renferme probablement des objets sacrés, car elle est accompagnée de chaque côté d'un prêtre vêtu d'une longue robe et qui lève la main en signe d'adoration. Les porteurs de la caisse sont suivis par deux serviteurs tenant chacun sur son épaule une ligure d'Osiris, image des ancêtres (fig. 98).

Un buste de grande dimension ouvre ensuite une série nouvelle: ce

l)uste,dont la face et les cheveux sont entièrement dorés dans la peinture,

Fig. in. — Los tables et les coffrets.

doit représenter le père du défunt, si ce n'est le défunt lui-même. Le

Fig. 98. — La caisse en marqueterie.

serviteur qui le porte tient en même temps à son bras un énorme collier