Yasmina Reza - Babylone
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- Название:Babylone
- Автор:
- Издательство:Éditions Flammarion
- Жанр:
- Год:2016
- Город:Paris
- ISBN:978-2081375994
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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Romancière et dramaturge de renommée mondiale,
a publié chez Flammarion
(prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza
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— Mes cicatrices ?
— Oui…
— Des cicatrices d’acné. J’étais couvert de boutons.
Il fumait en regardant la cuisine. À quoi pensait-il ? Moi je visualisais Lydie allongée morte dans l’autre pièce. C’était à la fois immense et rien. La maison était calme. Le frigidaire continuait à émettre son bruit. Quand on avait vidé l’appartement de notre mère, on avait retrouvé dans un tiroir tout son petit matériel de bureau. Il datait d’années, du temps où elle tenait le livre de caisse de Sani-Chauffe. Une trousse avec une règle, un Bic à quatre couleurs, des agrafes, un bloc de papier parfaitement frais, des ciseaux prêts à couper pour cent ans. Les objets sont des salauds, avait dit Jeanne. J’ai encore une fois demandé à Jean-Lino ce qui s’était passé.
Quand ils sont remontés, Lydie l’a accusé de l’avoir humiliée en société. Qu’il ait pu revenir sur l’épisode des Carreaux Bleus assorti de la caricature du poulet constituait en soi une trahison à laquelle s’ajoutait le fait d’y avoir mêlé Rémi. Il n’aurait pas dû mentionner Rémi, a dit Lydie, et certainement pas pour rapporter qu’il s’était moqué d’elle, sa grand-mère, ce qui en plus n’était pas vrai. Jean-Lino, encore dans une disposition euphorique, a répondu avec désinvolture qu’il ne pensait pas à mal, qu’il avait raconté tout ça emporté par la volonté de faire rire, comme c’est fréquent dans ce genre de soirée, d’ailleurs tout le monde avait ri de bon cœur, et il lui a rappelé comment elle-même avait fini par rire lors de leurs imitations de poulet voletant. Lydie s’est mise hors d’elle, prétendant qu’elle n’avait ri (et encore) que pour le préserver, lui, Jean-Lino, aux yeux de l’enfant, pour éviter que le petit ne réalise, étant donné son ultrasensibilité, combien cette imitation était navrante. Elle ne se serait jamais imaginé, par-dessus le marché, a-t-elle ajouté, devoir revivre publiquement ce ridicule, et elle a souligné que le numéro avait été applaudi essentiellement par un type bourré et belliqueux. Elle lui a reproché de ne pas avoir senti sa raideur, ses signaux étouffés et d’une façon générale de manquer de finesse à son endroit. Jean-Lino a voulu protester car s’il y a un homme attentionné et même aux aguets, c’est bien lui, mais Lydie, emmurée dans ses griefs, ne voulait rien entendre. Cette anecdote du poulet, racontée, hélas oui, dans le seul but de déclencher une stupide hilarité, révélait son insensibilité pour ne pas dire sa médiocrité. Elle avait toujours admis qu’il n’adopte pas son mode de vie dès lors qu’elle se sentait respectée et comprise. Ce qui visiblement n’était pas le cas. Oui, certains êtres avaient des ailes au lieu de bras ! Et par conséquent volaient et se perchaient. Enfin, a-t-elle ajouté comme visant Jean-Lino lui-même, si la lâcheté ou l’indifférence des hommes n’avaient pas rendu la chose improbable. Qu’est-ce qu’il y avait de drôle là-dedans ? Elle ne comprenait pas qu’on puisse rire à la barbe de vies misérables de la naissance à l’abattoir. Et entraîner dans ce rire un gosse de six ans pour en faire un tortionnaire de demain. Les bêtes ne veulent rien d’autre que vivre, picorer, brouter l’herbe des prés. Les hommes les jettent dans le pire confinement, des usines de mort où elles ne peuvent ni bouger, ni se retourner, ni voir le jour, a-t-elle dit. S’il avait vraiment voulu le bien de l’enfant et non se faire adopter par lui avec les bassesses accessoires, ce sont ces choses qu’il aurait fallu lui enseigner. Les bêtes n’ont pas de voix et ne peuvent rien exiger pour elles-mêmes, mais par chance, s’est-elle vantée, il se trouvait de par le monde des Mamie Lydie pour déposer plainte en leur nom : voilà ce qu’il aurait pu apprendre à Rémi au lieu de se payer sa tête. D’une façon générale, elle lui a reproché de draguer le gosse à ses dépens — Jean-Lino s’est offusqué du mot, un mot à côté de la plaque a-t-il dit, choisi pour mortifier inutilement —, de n’avoir trouvé que cette combine pour avoir un embryon de complicité avec lui. Elle lui a dit que son comportement avec le gosse était pathétique, qu’il n’était rien, strictement rien pour lui et ne serait jamais Papy Lino. Elle s’est montrée outrée qu’il puisse dire notre petit-fils alors qu’il n’était personne et que le gosse avait des vrais grands-pères même si l’un était mort et qu’il ne voyait pas l’autre. Que cette usurpation, en particulier devant elle, en société, était d’une grande violence, puisqu’il connaissait parfaitement sa position sur le sujet et la traitait par-dessus la jambe dans un contexte où elle ne pouvait pas le reprendre. Elle lui a fait savoir également que l’enfant le méprisait et qu’il ne s’en rendait même pas compte, parce que les enfants n’ont aucun respect pour ceux qui veulent leur plaire et font leurs quatre volontés, en particulier ce genre d’enfant, a-t-elle dit, mûri par les circonstances de la vie et doté d’une intelligence supérieure. Quand Jean-Lino a voulu lui opposer les récentes marques de tendresse de Rémi à son égard, elle n’a pas hésité à dire que tous les enfants, et Rémi pas moins qu’un autre, étaient des petites putes. Elle en a d’ailleurs profité, sous prétexte de le dédouaner, pour lui rappeler son inexpérience dans ce domaine. Elle lui a dit qu’un homme qui gâtifiait perdait tout sex-appeal pour une femme normale et qu’elle en avait déjà assez vu avec Eduardo. Qu’elle s’était accommodée malgré elle à souffrir en privé du spectacle de sa régression mais qu’elle ne s’attendait pas à le voir se dérouler en plein jour. Dans un couple, a-t-elle dit, chacun doit s’efforcer de faire honneur à l’autre. Ce qu’on donne à voir de soi rejaillit sur ce que les gens vont penser de l’autre. À quoi bon la chemise parme et les Roger Tin si c’est pour avoir des bras de nain et caqueter ? Quand je mets mes créoles corail et mes Gigi Dool rouges, quand j’annule deux rendez-vous de patients, a-t-elle dit, pour aller faire ma couleur et mes mains le matin même, c’est pour me mettre en harmonie avec ce que je crois devoir être Ta femme, c’est pour te faire honneur. C’est valable dans tous les domaines. Au lieu de ça, alors qu’on se trouve avec des gens raffinés et intellectuels, a-t-elle poursuivi, mon mari boit comme un trou, fait le poulet, raconte à qui veut l’entendre que mon petit-fils se fout de ma gueule, que le serveur se fout de ma gueule, je l’avais oublié celui-là, et qu’il se fout lui-même de ma gueule en déformant une histoire sur un sujet qui ne devrait pas prêter à rire et dont personne ne mesure la gravité. Jean-Lino a fait remarquer (ou l’a tenté) que plusieurs personnes dans la soirée lui avaient donné raison. Non, non, non, a dit Lydie, une seule, et encore, la chercheuse froide comme une tombe. Tu as vu sa tête quand j’ai dit que je chantais. Même ta chère Elisabeth, ton amie chérie n’a rien dit. Tous ces gens qui sont soi-disant dans la science ou je ne sais pas où s’en foutent. Ils n’ont aucun état d’âme, leur cerveau s’arrête à leur branche. Si ça se trouve c’est eux qui ont mis au point les antibios qu’on refile dans les porcheries industrielles. Il n’avait pas tort le dingue. Les hommes se gavent et s’en mettent plein les poches. Ils se foutent des abattoirs abjects, ils exterminent la nature et s’en foutent. Ça ne t’intéresse pas non plus, tout ce que tu veux c’est descendre fumer ta merde de Chesterfield.
Jean-Lino ne sait pas quoi faire. La laisser à sa bile et partir fumer. Ou bien rester pour tenter un adoucissement. Elle s’était installée à son bureau, un petit secrétaire à l’ancienne dans le salon, avait chaussé ses lunettes, et lisait ses mails sur l’ordinateur portable avec la tête d’une femme qui retourne aux choses dignes d’intérêt. Il ne l’avait jamais vue faire son courrier la nuit. La pente semblait longue à remonter. Il décide de sortir fumer sa clope. Il met son blouson et s’en va. Il prend l’escalier. Arrivé à notre étage, il entend des bruits de voix. Des gens partent de chez nous et papotent sur le palier en attendant l’ascenseur. Il pense qu’il y a ma sœur et Serge dans le groupe. Il entend des rires, il entend ma voix charmante (c’est le mot qu’il emploie). Bien que la porte qui sépare le palier de l’escalier soit fermée, il remonte de quelques marches pour éviter de se faire voir. Il a perdu toute assurance. Il a honte. Une heure avant il faisait partie de cette bande joyeuse, il se sentait admis, peut-être même apprécié à certains moments. Maintenant il ne veut même plus prendre le risque de croiser quelqu’un en bas. Même quand ceux-là seront partis, d’autres peuvent suivre. Quand il entend l’ascenseur démarrer et que notre porte se referme, il remonte au cinquième. Il s’assoit sur la dernière marche, sur la moquette râpée, et allume sa cigarette. C’est la première fois qu’il fume dans l’escalier. Il n’en avait jamais eu l’idée. Il se repasse la soirée. Il sourit en repensant à tous les bons moments, il n’a pas senti de moquerie quand il faisait rire, mais peut-être est-il naïf. Ils n’ont pas l’habitude de sortir, en tout cas pas dans ce genre de société. Au départ, ils avaient eu un peu le trac mais ils s’étaient vite sentis à l’aise. Il n’est plus sûr de rien. Tout ce qu’il sait c’est qu’il était heureux et qu’il ne l’est plus. Et que quelqu’un a fait en sorte de lui retirer sa gaieté. Je le comprenais mieux que personne, il avait trouvé à qui parler. Mon père ne savait pas s’énerver sans distribuer des coups. À table, un jour où j’étais contente, j’avais piqué une pomme de terre du plat avec un couteau et j’avais porté le tout à ma bouche. J’ai reçu la raclée sur-le-champ et j’en ressens encore la brûlure aujourd’hui. Pas parce qu’il m’avait frappée, j’étais habituée, mais parce qu’il avait flingué ma gaieté. Jean-Lino a le sentiment d’une injustice. Il se voit, plié en deux sur la marche avec son blouson, dans l’horrible lumière de la cage. Lui reviennent les paroles de Lydie à propos de Rémi. Il s’était arrangé pour ne pas trop les entendre. Il avait bu, ça aidait. Mais tout avait disparu, la joie, l’euphorie. Est-ce que l’enfant le méprisait ? Jean-Lino ne croyait pas que ça puisse être un sentiment d’enfant de cet âge, mais elle avait dit aussi qu’il n’y connaissait rien. Il avait renoncé à Papy Lino, il espérait autre chose, de plus construit et plus profond. La dernière fois qu’il a vu Rémi, il l’a emmené au Jardin d’Acclimatation. C’était en semaine, pendant les vacances scolaires d’hiver. Dans le métro il lui avait acheté un stylo laser vendu par un type à la sauvette. Le trajet était long avec des changements. Après avoir fait des zigzags au sol et sur les murs, Rémi s’était mis à attaquer les passagers avec son rayon. Jean-Lino lui avait dit de n’attaquer que les pieds mais il remontait furtivement au visage en faisant semblant de regarder à côté. Les gens l’insultaient et Jean-Lino avait dû confisquer le jouet jusqu’à Sablons. Rémi faisait la gueule. Même arrivé au jardin, il traînait des pieds. Il s’était réveillé aux miroirs déformants, se gondolant devant les formes aberrantes que prenaient son corps et surtout celui de Jean-Lino. Jean-Lino n’était jamais venu au Jardin d’Acclimatation, il s’émerveillait plus que l’enfant. Ils avaient fait la rivière enchantée, les autos tamponneuses, les montagnes russes, il y avait peu de monde, ils pouvaient profiter de tout sans attendre, Rémi avait conduit des avions, dans les stands, ils avaient gagné un singe en peluche, un pistolet à eau, un baby-bulle, une balle rebondissante, Rémi avait mangé une crêpe au chocolat et ils avaient partagé une barbe à papa. Rémi a voulu faire une balade à dos de dromadaire. Il avait vu une photo à l’entrée du jardin. Ils ont cherché les dromadaires mais il n’y en avait pas. On leur a dit qu’ils reviendraient au printemps, comme les poneys. Rémi a de nouveau fait la gueule. Ils sont allés à l’aire de jeux. Jean-Lino s’est assis sur un banc. Rémi aussi. Jean-Lino lui a demandé s’il ne voulait pas grimper sur la toile d’araignée géante, Rémi a dit non. Il s’est renfrogné dans son anorak, laissant traîner ses nouveaux jouets autour de lui comme s’il s’en fichait. Jean-Lino a dit qu’il terminait sa cigarette et qu’ils allaient rentrer. Un gosse de l’âge de Rémi est passé devant eux, il faisait le train et traçait une ligne sur le sable devant lui avec une branche. Rémi la suivait des yeux. Le garçon est reparu et s’est arrêté. Il a dit en montrant le banc, c’est la gare de Maleficia. Rémi lui a demandé où il avait trouvé la branche, ils sont partis ensemble vers un petit groupe d’arbustes. Deux minutes après, ils repassaient à grande vitesse en se croisant devant Jean-Lino, Rémi était devenu un train. Après plusieurs circonvolutions, ils abandonnaient leur branche pour s’engouffrer dans le toboggan par l’arrivée du tuyau. Ils ressortaient en se marrant par le haut, déséquilibrant au passage les petits qui arrivaient par l’échelle. Ils faisaient toutes sortes de choses dans le jardin, ils creusaient le sable jusqu’au ciment, ils discutaient contre un poteau de cabane en bois, ils grimpaient sur la toile d’araignée géante et s’amusaient à pendre dangereusement. Rémi avait un éclat que Jean-Lino ne lui avait jamais vu. Même de loin, il pouvait ressentir la surexcitation de l’enfant, l’urgence de complicité avec le nouvel ami. Il voyait aussi son envie de se conformer, sa soumission. Jean-Lino avait froid. De temps en temps il faisait des signes à l’enfant qui ne le voyait pas. Il en avait marre d’attendre sur le banc dur. Le jour tombait. Il éprouvait aussi une chose qu’il ne pouvait s’avouer, un sentiment d’abandon. Comme il repense, seul dans l’escalier de service, à cet après-midi au Jardin d’Acclimatation, la mélancolie le reprend. Il se souvient des jouets qu’il avait lui-même ramassés et fourrés dans un sac en coton acheté dans un kiosque. Rémi n’avait pas voulu le porter et il l’avait trimballé en bandoulière jusqu’à la maison. À part le baby-bulle, les autres jouets n’avaient jamais été ressortis du sac. Dans le métro, Rémi s’était endormi contre son épaule. Et il avait mis sa main dans la sienne dans les rues du retour. Les mots de Lydie noircissent les images. Il ne sait plus quoi penser. Les mots se sont infiltrés dans son corps et le saignent de façon incontrôlable. Jean-Lino écrase sa clope sur le béton, il fait glisser le mégot sous le tapis. Il trouve que ses pieds sont riquiqui dans les mocassins habillés. Il se sent petit, de taille, de tout.
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