Yasmina Reza - Babylone

Здесь есть возможность читать онлайн «Yasmina Reza - Babylone» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2016, ISBN: 2016, Издательство: Éditions Flammarion, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Babylone: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Babylone»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. »
Romancière et dramaturge de renommée mondiale,
a publié chez Flammarion
(prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza

Babylone — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Babylone», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— D’autant que vous êtes le seul à vouloir rester dessus, a voulu dédramatiser Pierre.

– Ça c’est vrai, j’ai confirmé.

— Chaque seconde compte ! On perd du temps !

— Il a raison…

— Ressaisissez-vous Jean-Lino !

— Elle est morte je vous dis !

Pierre s’est laissé choir sur le canapé, son pied s’est pris dans le fil de la lampe qui est tombée par terre et nous a plongés dans le presque noir.

— Putain, j’ai besoin de tout ça !

J’ai allumé le plafonnier qu’on n’allume jamais. Pas le plafonnier, pas le plafonnier par pitié ! a gémi Pierre. J’ai allumé un lampadaire. Jean-Lino a affronté les éclairages successifs en conservant sa posture marmoréenne. Je ne savais plus quoi faire entre un mari vautré dans la position du type qui choisit de tout laisser à vau-l’eau et un Jean-Lino fossilisé et méconnaissable. On avait tous trop bu. J’ai commencé à ranger le salon. J’ai débarrassé les verres, les bouteilles, tout ce qui traînait. J’ai secoué la nappe du coffre sur le balcon. J’ai disposé, en rang, près de la porte, les chaises prêtées par Lydie. J’ai rapporté l’aspirateur à main, mon Rowenta adoré, pour enlever les miettes. J’ai commencé à aspirer la table basse, le tapis en dessous, Pierre est sorti de son amollissement et me l’a arraché des mains. C’est le moment de faire ça ! Tu penses que c’est l’heure de faire le ménage ? Il s’est relevé, tenant le Rowenta comme un fusil-mitrailleur et il a dit à Jean-Lino, bon mon vieux, maintenant on monte, allez, hop ! Jean-Lino a esquissé un mouvement mais il semblait rivé à sa chaise marocaine, incapable de s’en extraire. Pierre a remis en marche l’aspirateur manuel en direction de la poitrine de Jean-Lino, happant un pan de chemise avec un bruit inusité. J’ai crié, qu’est-ce que tu fais ? Jean-Lino a été terrifié par cette aspiration et s’est mis debout dans une attitude de défense. J’ai su à cet instant qu’on allait vraiment y aller là-haut. Jean-Lino a replacé sa mèche recouvrante en la lissant plusieurs fois de façon compulsive, je l’ai doucement emmené vers l’entrée. Pierre a enfilé des chaussures de ville et nous avons quitté l’appartement. Nous sommes montés à pied, dans la lumière jaunâtre de la cage, Pierre devant, en caleçon évasé rose pâle, jambes nues et mocassins, Jean-Lino dans ses vêtements de soirée défraîchis et moi derrière en pyjama et pantoufles en fausse fourrure. Arrivé sur son palier, Jean-Lino a farfouillé dans ses poches avant de sortir la bonne clé, on entendait derrière la porte Eduardo miauloter et gratter, Jean-Lino lui susurrait des petits mots, sono io gioia mia, sta’ tranquillo cucciolino. J’ai pris la main de Pierre, je me sentais un peu anxieuse avec en même temps une envie terrible de m’avancer dans l’épaisseur de la nuit.

Nous sommes entrés. Il n’a pas allumé la lumière du vestibule. Eduardo glissait entre nos jambes avec un dos de dromadaire. Au bout du couloir, la salle de bain et la chambre étaient éclairées. Jean-Lino a repris sa position d’attente, épaules hautes, bras ballants comme chez nous au même endroit. Elle est où ? a dit Pierre en chuchotant. J’ai trouvé bizarre ce chuchotement et en même temps je comprenais qu’il n’y avait pas moyen de parler à volume normal. Jean-Lino a penché sa tête vers la chambre. Pierre s’est engagé dans le couloir. Avec moi derrière. Du couloir on la voyait déjà. Pieds côté tête de lit, robe chiffonnée, encore habillée comme chez nous. Pierre a poussé la porte. Elle gisait la mâchoire pendante, les yeux grands ouverts et exorbités sous le poster de Nina Simone dans sa robe de cordage avec ses pendentifs sans fin. On voyait tout de suite que c’était très grave. Dans un élan de professionnalisme (séries ? polars ?) Pierre a saisi son poignet pour vérifier le pouls. Jean-Lino est apparu dans l’embrasure, hochant la tête comme un témoin lugubrement soulagé de voir confirmer son impression première. Il avait remis ses lunettes sable. Pierre a regardé Jean-Lino avec effarement. Il a dit, vous l’avez vraiment… Elle est morte. Jean-Lino a acquiescé. Plus personne n’a bougé. Puis Pierre a dit, il faudrait peut-être… peut-être lui fermer les yeux.

— Oui…

— Je vous laisse faire…

Jean-Lino s’est approché de Lydie et a passé sa main sur ses paupières, un geste d’épure religieuse. Mais le menton pendait toujours. J’ai dit, on ne peut pas la remettre un peu mieux ?… Jean-Lino a ouvert un tiroir où il y avait toutes sortes de foulards, j’ai pris le premier venu, un voile transparent avec un motif de fleurs pâles, Jean-Lino a refermé la bouche en appuyant, j’ai enveloppé la tête et j’ai serré le nœud au maximum sous le menton. Elle était beaucoup plus agréable à regarder. Elle avait l’air de faire une petite sieste dehors sous un arbre. Et pourquoi, on ne sait pas, Jean-Lino lui a aussi remis aux pieds ses chaussures, des escarpins à bride rouges avec un nœud plat. Je voyais ces extrémités sur le couvre-lit en boutis, c’était impensable que ces pieds et le bracelet à cheville avec breloques n’appartiennent plus à personne. Je me suis surprise à cadrer l’image dans ma tête : de la lisière de la robe jusqu’au bord du lit en laissant quelques centimètres de mur, les jambes fines, les pieds ensatinés, offerts sur un tissu matelassé comme après un amour brutal. L’image déjà passée de Lydie Gumbiner. Une breloque était plus longue que les autres, je n’avais pas mes lunettes mais j’ai cru reconnaître un hibou ou une chouette. Qu’avait signifié cet oiseau qui pendait le long de la peau ? Sur la commode, il y avait aussi une chouette en étain. Pour supporter la vie sur terre on s’accompagne d’éléments fabuleux. Ce sont eux qui me captivent quand je regarde le monde arrêté des photographies, tous ces détails comme des élégies. Fringues, bricoles, talismans, tous les fragments d’attirail chics ou miteux soutiennent les hommes en silence. Pierre a dit, maintenant il faut appeler la police, Jean-Lino.

— La police. Ah non, non, non.

Pierre m’a jeté un petit coup d’œil.

— Mais qu’est-ce que vous comptez faire ?…

— Non, pas la police.

— Jean-Lino, vous avez… Il vous est arrivé ce drame… Vous êtes venu nous voir… Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ?

Pierre se tenait debout près d’une commode, la gravité du ton et l’expression bigote des mains étant un peu atténuées par le caleçon-jupette rose. Jean-Lino, tête baissée, suivait les mouvements d’Eduardo autour du lit.

— Vous voulez qu’on appelle quelqu’un ?… Un avocat ? Je connais un avocat.

Eduardo est monté sur le pot de chambre. Un pot de chambre en faïence avec un plateau de bois rond par-dessus (plateau à fromage ?) et j’ai pensé que ce n’était pas une mauvaise idée ce pot de chambre au pied du lit, moi qui me lève trois fois par nuit pour pisser. Jean-Lino a dit, non sul vaso da notte micino , avec une petite caresse censée le faire redescendre. Eduardo s’en est foutu, occupé par l’examen, à exacte hauteur de sa vue, du corps de Lydie.

Ti ha fatto male, eh, piccolino mio…

— Jean-Lino, il va falloir être un peu coopérant, a repris Pierre.

— Allons dans le salon peut-être ? j’ai dit.

Povero patatino…

Pierre est allé jeter un coup d’œil par la fenêtre. Il a fermé les rideaux. Mocassins en canard et caleçon vaporeux, il a déclaré, alors moi je vais vous dire Jean-Lino, si vous n’appelez pas la police, à un moment donné c’est nous qui allons le faire.

— Ce n’est pas à nous de le faire ! j’ai protesté.

— Ce n’est pas à nous de le faire. Mais il faut que quelqu’un le fasse.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Babylone»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Babylone» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Yasmina Khadra - The Angels Die
Yasmina Khadra
Yasmina Reza - Desolation
Yasmina Reza
Yasmina Reza - Happy Are the Happy
Yasmina Reza
Yasmina Reza - Adam Haberberg
Yasmina Reza
Yasmina Khadra - The African Equation
Yasmina Khadra
Yasmina Khadra - The Swallows of Kabul
Yasmina Khadra
Yasmina Khadra - La parte del muerto
Yasmina Khadra
Mohammad Reza Schah Pahlavi - Reza Schah der Große
Mohammad Reza Schah Pahlavi
Отзывы о книге «Babylone»

Обсуждение, отзывы о книге «Babylone» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x