Michel Houellebecq - Plateforme
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– Et ça ne se terminera jamais?
– Je ne crois pas, Michel. Je suis bien payée, à l'intérieur d'un système que je connais; j'ai accepté les règles du jeu.»
Je dus avoir l'air sombre; elle passa une main autour de mon cou. «Allons manger… dit-elle. Mes parents vont nous attendre.»
Nous rentrâmes à Paris le dimanche soir. Dès le lundi matin, Valérie et Jean-Yves avaient rendez-vous avec Eric Leguen. Il tenait à leur exprimer la satisfaction du groupe devant les premiers résultats de leur action de redressement. À l'unanimité, le directoire avait décidé de leur allouer une prime sous forme d'actions – ce qui était exceptionnel, pour des cadres ayant moins d'un an de maison.
Le soir, nous dinâmes tous les trois dans un restaurant marocain de la rue des Écoles. Jean-Yves était mal rasé, il dodelinait de la tête et paraissait un peu bouffi. «Je crois qu'il s'est mis à boire, m'avait dit Valérie dans le taxi. Il a passé des vacances infectes avec sa femme et ses enfants à l'île de Ré. Il devait rester quinze jours, mais il est reparti au bout d'une semaine. Il m'a dit qu'il n'arrivait vraiment plus à supporter les amis de sa femme.»
Effectivement, ça n'avait pas l'air d'aller: il ne touchait pas à son tagine, il se resservait de vin sans arrêt. «Ça y est! lança-t-il d'un ton sardonique, ça y est, on commence à s'approcher de la grosse thune!» Il secoua la tête, vida son verre de vin. «Excusez-moi… dit-il, pitoyable, excusez-moi, je ne devrais pas parler comme ça.» Il posa sur la table ses mains légèrement tremblantes, attendit; le tremblement se calma peu à peu. Puis il regarda Valérie droit dans les yeux. «Tu as su ce qui était arrivé à Marylise?
– Marylise Le François? Non, je ne l'ai pas vue. Elle est malade?
– Pas malade, non. Elle a passé trois jours à l'hôpital sous tranquillisants, mais elle n'est pas malade. En fait elle s'est fait agresser et violer, en revenant du travail, dans le train pour Paris, mercredi dernier.»
Marylise reprit son travail le lundi suivant. De toute évidence, elle avait été nerveusement choquée; ses gestes étaient ralentis, presque mécaniques. Elle racontait son histoire facilement, trop facilement, ça ne paraissait pas naturel: son ton était neutre, son visage inexpressif et rigide, on aurait dit qu'elle répétait machinalement sa déposition. En sortant du travail à 22 heures 15, elle avait décidé d'attraper le train de 22 heures 21, en pensant que ça irait plus vite que d'attendre un taxi. Le wagon était aux trois quarts vide. Les quatre types s'étaient approchés d'elle, ils avaient tout de suite commencé à l'insulter. D'après ce qu'elle pouvait en savoir, ils étaient de type antillais. Elle avait tenté de discuter, de plaisanter avec eux; en échange, elle avait récolté une paire de gifles qui l'avait à moitié assommée. Puis ils s'étaient jetés sur elle, deux d'entre eux l'avaient plaquée au sol. Ils l'avaient pénétrée violemment, sans ménagements, par tous les orifices. Chaque fois qu'elle tentait d'émettre un son elle recevait un coup de poing, ou une nouvelle paire de gifles. Cela avait duré longtemps, le train s'était arrêté plusieurs fois; les voyageurs descendaient, changeaient prudemment de compartiment. En se relayant pour la violer les types continuaient à plaisanter et à l'insulter, ils la traitaient de salope et de vide-couilles. À la fin, il n'y avait plus personne dans le compartiment. Ils finirent par lui cracher et lui pisser dessus, réunis en cercle autour d'elle, puis la poussèrent à coups de pied, la dissimulant à moitié sous une banquette, avant de descendre tranquillement gare de Lyon. Les premiers voyageurs montèrent deux minutes plus tard et prévinrent la police, qui arriva presque tout de suite. Le commissaire n'était pas réellement surpris; d'après lui elle avait eu, relativement, de la chance. Il arrivait assez souvent, après avoir utilisé la fille, que les types la terminent en lui enfonçant une barre cloutée dans le vagin ou l'anus. C'était une ligne classée comme dangereuse.
Une note interne rappela aux employés les mesures de prudence habituelles, insistant sur le fait que des taxis étaient à leur disposition s'ils devaient travailler tard, et que les frais étaient intégralement supportés par l'entreprise. La patrouille de vigiles qui surveillait les locaux et le parking du personnel fut renforcée.
Ce soir-là Jean-Yves raccompagna Valérie, dont la voiture était en réparation. Au moment de quitter son bureau il jeta un regard sur le paysage chaotique de maisons individuelles, de centres commerciaux, d'échangeurs et de tours. Loin à l'horizon, la nappe de pollution donnait au coucher de soleil d'étranges teintes mauves et vertes. «C'est curieux… dit-il, on est là, à l'intérieur de l'entreprise, comme des bêtes de somme très bien nourries. Et à l'extérieur il y a les prédateurs, la vie sauvage. Je suis allé une fois à Sao Paulo, c'est là que l'évolution a été poussée à son terme. Ce n'est même plus une ville mais une sorte de territoire urbain qui s'étend à perte de vue, avec des favelas, des immeubles de bureaux gigantesques, des résidences de luxe entourées de gardes armés jusqu'aux dents. Il y a plus de vingt millions d'habitants, dont beaucoup naissent, vivent et meurent sans jamais sortir des limites du territoire. Là-bas les rues sont très dangereuses, même en voiture on peut très bien se faire braquer à un feu rouge, ou prendre en chasse par une bande motorisée: les mieux équipées ont des mitrailleuses et des lance-roquettes. Pour se déplacer, les hommes d'affaires et les gens riches utilisent presque uniquement l'hélicoptère; il y a des terrains d'atterrissage un peu partout, au sommet des buildings des banques ou des immeubles résidentiels. Au niveau du sol, la rue est abandonnée aux pauvres – et aux gangsters.»
En s'engageant sur l'autoroute du Sud, il ajouta à voix basse: «J'ai des doutes, en ce moment. J'ai des doutes, de plus en plus souvent, sur l'intérêt du monde qu'on est en train de construire.»
Quelques jours plus tard, le même entretien se reproduisit. Après s'être garé devant l'immeuble de l'avenue de Choisy, Jean-Yves alluma une cigarette, resta silencieux quelques secondes, puis se retourna vers Valérie: «Je suis très ennuyé, pour Marylise… Les médecins ont dit qu'elle pouvait reprendre son travail, et c'est vrai que dans un sens elle est normale, elle n'a pas de crises. Mais elle ne prend plus aucune initiative, elle est comme paralysée. Chaque fois qu'il y a une décision en suspens, elle vient me consulter; et si je ne suis pas là elle est capable d'attendre des heures sans lever le petit doigt. Pour une responsable de la communication, ça ne peut pas aller; on ne peut pas continuer comme ça.
– Tu ne vas pas la virer?»
Jean-Yves écrasa sa cigarette, fixa longuement le boulevard à l'extérieur de la voiture; il serrait le volant entre ses mains. Il avait l'air de plus en plus tendu, égaré; Valérie remarqua que son costume lui-même commençait à avoir quelques taches.
«Je ne sais pas, souffla-t-il finalement avec effort. Je n'ai jamais eu à faire ce genre de choses. La virer, non, ça serait trop dégueulasse; mais il va falloir lui trouver un autre poste, où elle ait moins de décisions à prendre, moins de contacts avec les gens. En plus, depuis ce qui lui est arrivé, elle a tendance à avoir des réactions racistes. C'est normal, ça peut se comprendre, mais dans le tourisme ce n'est vraiment pas possible. Dans la publicité, les catalogues, dans tout ce qui concerne la communication en général, on présente systématiquement les autochtones comme des gens chaleureux, accueillants et ouverts. Il n'y a pas moyen de faire autrement: ça, c'est vraiment une obligation professionnelle.»
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