Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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«Tu travailles beaucoup trop, Valérie… lui dis-je un soir de mai, alors qu'elle reposait, recroquevillée par la fatigue, sur le canapé du salon. Il faut au moins que ça serve à quelque chose. Tu devrais mettre du fric de côté, sinon d'une manière ou d'une autre on finira par le dépenser bêtement.» Elle convint que j'avais raison. Le lendemain matin elle prit deux heures et nous nous rendîmes au Crédit Agricole de la Porte d'Orléans pour y ouvrir un compte commun. Elle me signa une procuration, et je revins discuter avec un conseiller deux jours plus tard. Je décidai de mettre de côté vingt mille francs par mois sur son salaire, la moitié dans un plan d'assurance, l'autre dans un plan d'épargne-logement. J'étais maintenant à peu près tout le temps chez elle, ça n'avait plus tellement de sens que je garde un appartement.

Ce fut elle qui me fit la proposition, au début du mois de juin. Nous avions fait l'amour une grande partie de l'après-midi: enlacés entre les draps, nous marquions de longues pauses; puis elle me branlait ou me suçait, je recommençais à la pénétrer; ni l'un ni l'autre nous n'avions joui, à chaque fois qu'elle me touchait je rebandais facilement, sa chatte était restée constamment humide. Elle se sentait bien, je le voyais, l'apaisement emplissait son regard. Vers neuf heures, elle me proposa d'aller dîner dans un restaurant italien près du parc Montsouris. La nuit n'était pas encore tout à fait tombée; il faisait très doux. Je devais passer chez moi ensuite, si je voulais, comme d'habitude, aller au bureau en costume-cravate. Le serveur nous apporta deux cocktails maison.

«Tu sais, Michel… me dit-elle une fois qu'il se fut éloigné, tu pourrais très bien t'installer chez moi. Je ne crois pas que ce soit nécessaire de jouer plus longtemps la comédie de l'indépendance. Ou bien, si tu préfères, on peut prendre un appartement à deux.»

Oui, dans un sens, je préférais; disons, j'avais davantage l'impression d'un nouveau départ. D'un premier départ, à vrai dire, en ce qui me concernait; et, dans son cas, finalement, aussi. On s'habitue à l'isolement, et à l'indépendance; ce n'est pas forcément une bonne habitude. Si je voulais vivre quelque chose qui ressemble à une expérience conjugale, c'était de toute évidence le moment. Je connaissais bien entendu les inconvénients de la formule; je savais que le désir s'émousse plus vite au sein d'un couple constitué. Mais il s'émousse de toute façon, c'est une loi de la vie; et il est peut-être possible, alors, d'atteindre une union d'un autre ordre – beaucoup de personnes, quoi qu'il en soit, l'ont pensé. Ce soir, de toute façon, mon désir pour Valérie était loin d'être émoussé. Juste avant de la quitter, je l'embrassai sur la bouche; elle ouvrit largement les lèvres, s'abandonnant complètement au baiser. Je passai les mains dans son jogging, sous sa culotte, posai mes paumes sous ses fesses. Elle recula son visage, regarda à gauche et à droite: la rue était parfaitement calme. Elle s'agenouilla sur le trottoir, défit ma braguette, prit mon sexe dans sa bouche. Je m'adossai aux grilles du parc; j'étais prêt à venir. Elle retira sa bouche et continua à me branler de deux doigts, tout en passant son autre main dans mon pantalon pour me caresser les couilles. Elle ferma les yeux; j'éjaculai sur son visage. À ce moment, je crus qu'elle allait avoir une crise de larmes; mais finalement non, elle se contenta de lécher le sperme qui coulait le long de ses joues.

Dès le lendemain matin, je me mis à faire les petites annonces; il fallait plutôt chercher dans les quartiers sud, pour le travail de Valérie. Une semaine plus tard, j'avais trouvé: c'était un grand quatre-pièces au trentième étage de la tour Opale, près de la porte de Choisy. Je n'avais jamais eu, auparavant, de belle vue sur Paris; je ne l'avais jamais tellement recherché non plus, à vrai dire. Au moment du déménagement, je pris conscience que je ne tenais à rien de ce qui se trouvait dans mon appartement. J'aurais pu en tirer une certaine joie, ressentir quelque chose qui s'apparente à l'ivresse de l'indépendance; j'en fus au contraire légèrement effrayé. Ainsi, j'avais pu vivre quarante ans sans établir le moindre contact un tant soi peu personnel avec un objet. J'avais en tout et pour tout deux costumes, que je portais à tour de rôle. Des livres, oui, j'avais des livres; mais j'aurais pu facilement les racheter, aucun d'entre eux n'avait quoi que ce soit de précieux ni de rare. Plusieurs femmes avaient croisé mon chemin; je n'en conservais aucune photo, ni aucune lettre. Je n'avais pas non plus de photos de moi: ce que j'avais pu être à quinze, vingt ou trente ans, je n'en gardais aucun souvenir. Pas non plus de papiers véritablement personnels: mon identité tenait en quelques dossiers, aisément contenus dans une chemise cartonnée de format usuel. Il est faux de prétendre que les êtres humains sont uniques, qu'ils portent en eux une singularité irremplaçable; en ce qui me concerne, en tout cas, je ne percevais aucune trace de cette singularité. C'est en vain, le plus souvent, qu'on s'épuise à distinguer des destins individuels, des caractères. En somme, l'idée d'unicité de la personne humaine n'est qu'une pompeuse absurdité. On se souvient de sa propre vie, écrit quelque part Schopenhauer, un peu plus que d'un roman qu'on aurait lu par le passé. Oui, c'est cela: un peu plus seulement.

5

Durant la deuxième quinzaine de juin, Valérie eut à nouveau énormément de travail; le problème de travailler avec des pays multiples, c'est qu'avec les décalages horaires on pourrait pratiquement être en activité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il faisait de plus en plus chaud, l'été promettait d'être splendide; pour l'instant, nous n'en profitions pas beaucoup. Après mon travail j'aimais bien aller faire un tour chez Tang Frères, je fis un essai pour me mettre à la cuisine asiatique. Mais c'était trop compliqué pour moi, il y avait un nouvel équilibre à trouver entre les ingrédients, une manière particulière de hacher les légumes, c'était presque une autre structure mentale. Je me rabattis sur la cuisine italienne, quand même plus à ma portée. Je n'aurais jamais pensé que je trouverais, un jour dans ma vie, du plaisir à faire la cuisine. L'amour sanctifie.

Dans la cinquantième leçon de sociologie, Auguste Comte combat cette «étrange aberration métaphysique» qui conçoit la famille sur le type de la société. «Fondée principalement sur l'attachement et la reconnaissance, écrit-il, l’union domestique est surtout destinée à satisfaire directement, par sa seule existence, l'ensemble de nos instincts sympathiques, indépendamment de toute pensée de coopération active et continue à un but quelconque, si ce n'est à celui de sa propre institution. Lorsque malheureusement la coordination des travaux demeure le seul principe de liaison, l'union domestique tend nécessairement à dégénérer en simple association, et même le plus souvent elle ne tarde point à se dissoudre essentiellement.» Au bureau, je continuais à en faire le minimum; j'eus quand même deux ou trois expositions importantes à organiser, je m'en tirai sans grande difficulté. Ce n'est pas très difficile de travailler dans un bureau, il suffit d'être un peu méticuleux, de prendre des décisions rapidement, et de s'y tenir. J'avais vite compris qu'il n'est pas forcément nécessaire de prendre la meilleure décision, mais qu'il suffit, dans la plupart des cas, de prendre une décision quelconque, à condition de la prendre rapidement; enfin, si on travaille dans le secteur public. J'éliminais des projets artistiques, j'en retenais d'autres: je le faisais selon des critères insuffisants, il ne m'était pas arrivé une seule fois en dix ans de demander un complément d'information; et je n'en éprouvais en général pas le moindre remords. Au fond, j'avais assez peu d'estime pour les milieux de l'art contemporain. La plupart des artistes que je connaissais se comportaient exactement comme des entrepreneurs: ils surveillaient avec attention les créneaux neufs, puis ils cherchaient à se positionner rapidement. Comme les entrepreneurs, ils sortaient en gros des mêmes écoles, ils étaient fabriqués sur le même moule. Il y avait quand même quelques différences: dans le domaine de l'art, la prime à l'innovation était plus forte que dans la plupart des autres secteurs professionnels; par ailleurs les artistes fonctionnaient souvent en meutes ou en réseaux, à l'opposé des entrepreneurs, êtres solitaires, entourés d'ennemis – les actionnaires toujours prêts à les lâcher, les cadres supérieurs toujours prêts à les trahir. Mais il était rare, dans les dossiers d'artistes dont j'avais à m'occuper, que je ressente une véritable nécessité intérieure. Fin juin il y eut quand même l'exposition de Bertrand Bredane, que j'avais soutenu depuis le début avec acharnement – à la grande surprise de Marie-Jeanne, qui s'était habituée à ma docilité indifférente, et était elle-même profondément révulsée par les œuvres de ce type. Ce n'était pas exactement un jeune artiste, il avait déjà quarante-trois ans, et il était physiquement plutôt usé – il ressemblait assez au personnage du poète alcoolique dans Le Gendarme de Saint-Tropez. Il s'était surtout fait connaître en laissant pourrir de la viande dans des culottes de jeunes femmes, ou en cultivant des mouches dans ses propres excréments, qu'il lâchait ensuite dans les salles d'exposition. Il n'avait jamais eu beaucoup de succès, il n'appartenait pas aux bons réseaux, et il s'obstinait dans une veine trash un peu datée. Je sentais en lui une certaine authenticité – mais c'était peut-être simplement l'authenticité de l'échec. Il ne paraissait pas très équilibré. Son dernier projet était pire que les précédents – ou meilleur, c'est selon. Il avait réalisé une vidéo sur le parcours des cadavres de ces gens qui acceptent après leur mort de donner leur corps à la science – c'est-à-dire, par exemple, de servir de sujet d'entraînement pour les dissections dans les écoles de médecine. Quelques véritables étudiants en médecine, habillés normalement, devaient se mêler au public et exhiber de temps à autre des mains coupées, ou des yeux détachés de leurs orbites – enfin, ils devaient se livrer à ces plaisanteries qu'affectionnent selon la légende les étudiants en médecine. Je commis l'erreur d'emmener Valérie au vernissage, alors qu'elle était déjà épuisée par sa journée. Je fus surpris de constater qu'il y avait pas mal de monde, dont plusieurs personnalités importantes: était-ce le début d'une période de grâce pour Bertrand Bredane? Au bout d'une demi-heure elle en eut assez, me demanda de partir. Un étudiant en médecine s'immobilisa devant elle, tenant dans sa paume une bite coupée, avec les testicules encore entourés de leurs poils. Elle détourna la tête avec écœurement, m'entraîna vers la sortie. Nous nous réfugiâmes au café Beaubourg.

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